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  • La casbah des Oudayas

    La porte de ma chambre s'ouvre : "Tu es réveillée ? Il est 10h".
    Yo n'a pas dormi plus de 2 heures, plié en deux par des crampes d'estomac. Il n'a pas faim du tout mais veut sortir appeler ses autres amis pour les retrouver. Nous prenons un "petit taxi" pour le centre ville.

    Dans la boulangerie-traiteur Le Pacha, je voulais un petit déjeuner marocain, je me retrouve avec un toast oeuf-fromage. Un jeune stationne devant la terrasse, profitant du réseau wifi. J'envoie un mail à Boug' et répond aux commentaires sur mon blog.   
    Nous entrons dans une pharmacie acheter des médicaments pour Yo' et du paracétamol car mon stock est vide.
    Yo m'entraîne dans la médina. Les élégantes se pressent autour de mottes colorées de savons, qui ne sont pas sans me rappeler celles de Lush. Se seraient-ils inspirés des souks arabes ?

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    Yo réprime un haut le coeur devant les étals des bouchers exhibant pieds, têtes et tripes de mouton. Plus loin, un enfant se penche sur des tortues. Je palpe un très beau sac de voyage en cuir et établit déjà la liste de cadeaux que je ramènerai.

    Le souk Tahti est très calme et c'est un vrai plaisir d'y déambuler car on n'y est absolument pas sollicité. Après la rue des Consuls et le souk des tapis, on arrive au pied de la casbah des Oudayas qui, du haut de son promontoire, surplombe l'oued Bou Regreb et l'Atlantique.Nous entrons dans la casbah par la porte Bab Oudaia. Ses ruelles blanchies à la chaux et ses maisons peintes d'un bleu très vif font penser à la Grèce.
    Sur la plateforme du sémaphore, on découvre un très beau panorama : à droite, la ville nouvelle et au loin, le pont Hassan II, le mausolée des rois et la tour Hassan, vestige d'une ambitieuse mosquée jamais terminée, en face, de l'autre côté de l'oued, la ville de Salé, et à gauche, le cimetière et le phare.

    Une petite vidéo maison pour goûter l'ambiance ? C'est .

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    Les jeunes font du surf et en contrebas, un énorme rat furète dans les détritus. C'est le deuxième que je vois aujourd'hui et ça me fait froid dans le dos.
    Nous restons un long moment à goûter l'air vivifiant de l'Atlantique avant d'aller nous installer sur les banquettes du café maure, dans les jardins andalous, lieu de villégiature de nombreux chats et chatons. Là, je grignote quelques pâtisseries; Yo, lui, carbure toujours au Coca.
    Yo, affaibli, commence à avoir froid et nous rentrons. Il dort une heure pendant que je rassemble mes souvenirs sur mon précieux ordi.

  • De Rabat à Salé, en tramway

    J'ai très bien dormi et même l'appel à la prière, à l'aube, m'a bercée. Après seulement une journée, je maîtrise parfaitement le tirage de chasse d'eau sans chasse d'eau  - il n'y en pas chez Y. - et balance mon seau d'eau sans m'éclabousser les pieds. En revanche, j'écourte la douche glacée même si ça retend les tissus (il n'y a plus d'eau chaude chez Y., la réparation est prévue mais quand ?)

    La première urgence, maintenant que mon chef de projet préféré m'a envoyé mon n° de passeport par sms, est d'aller au consulat français. Ben oui, parce que j'ai bien pensé, il y a des années, à faire des photocopies de tous mes papiers, permis de conduire inclus, mais elles sont restées chez moi. Vachement utile, hein ?
    En y réfléchissant bien, je penche plutôt pour le vol de mon passeport que sa perte. Je ne l'ai pas sorti une seule fois de mon sac depuis mon arrivée et je pense que c'est dans la médina des Habbous, à Casablanca, que je me suis fait voler. Il nous est revenu en mémoire l'instant où un gamin a tendu à Yo une carte de visite d'un restaurant parisien, tombée de mon sac. Plus probablement, c'est celui qui y a plongé la main qui l'a faite tomber. Je n'ai jamais aimé ce sac et j'ai manqué de prudence, voilà, punie.
    Au delà des venelles calmes de la médina, nous retrouvons l'agitation des abords du mini-parc de Youssoufia. Yo pointe la façade d'un immeuble "Tu sais ce que c'est ? En tout cas, ça ne donne pas envie d'y aller ..."

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    Au consulat français, j'attends très peu et un homme très gentil me reçoit. "Vous ne faîtes pas votre âge" dit-il. Merci monsieur. Il gratifie son mail de la mention URGENT car sans papiers, je suis bloquée à Rabat. Avec un peu de chance, il aura une réponse lundi.

    Nous retournons ensuite au commissariat central où j'ai commencé la procédure de plainte la veille mais là, on nous envoie au comissariat du 2ème arrondissement dont dépend la gare où, officiellement, le vol s'est produit. Au premier étage, dont les couloirs sont bardés d'intercitions de fumer, un fonctionnaire dans un costume trop grand, clope au bec, nous fait assoir dans un nuage de fumée. Il n'a visiblement jamais entendu parler de la Nouvelle-Calédonie et veut absolument que je sois née en Californie. "Celui-là il est typique" dit Yo. Le fonctionnaire m'envoie acheter un timbre fiscal de 20 drh juste à côté et tend mon dépôt de plainte en demandant si je suis satisfaite.

    Nous retrouvons Y. devant l'hôtel Balima, il nous emmène dans sa famille à Salé, la ville qui fait face à Rabat, juste de l'autre côté du fleuve Bou Regreg. Pour y aller, on prend le tram, mis en circulation depuis 6 mois et très beau avec son plafond reproduisant des zelliges.

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    Après avoir franchi le pont Hassan II, nous sommes à Salé; la famille de Y. habite un bel appartement dans une résidence toute neuve. Une petite fille chaussée de lunettes nous ouvre la porte et dans un grand sourire, dévoile ses dents du bonheur. Hiba est facétieuse et du haut de ses 6 ans, pas timide du tout. Elle commente, en arabe, le dessin animé qui pass à la télé et apporte son cahier de jeux où elle reproduit des phrases en français. Sa maman arrive bientôt, une jolie jeune femme aux yeux ourlés de noir, qui porte le petit dernier sur son dos.

    Y. amène un grand plat dans lequel se trouve un couscous de carottes, oignons, haricots verts et potiron et de la viande. Ca fait du bien de manger car je n'ai avalé qu'un pain au chocolat et du thé depuis le réveil. Après ce bon repas, nous nous assoupissons tous les trois - enfin, surtout moi, apparemment - sur les banquettes, jusqu'à l'arrivée de la mère de Y. qui rentre d'une cérémonie de mariage ratée. Elle ne parle pas français mais étreint Yo qu'elle connaît bien et je profite des formules de politesse pour parfaire mon vocabulaire arabe : la bes, qu'elle répète plusieurs fois.
    Y. me propose de l'accompagner pour acheter des pâtisseries. Dans une boulangerie, il choisit des tartelettes à la crème pâtissière et aux fruits. Devant la boutique, une femme cuit des pains ronds qu'elle retourne inlassablement. De retour à l'appartement, toute la famille se réunit autour d'un thé. ur la table, il y a les tartelettes et des portions de Vache Qui Rit, dont la mère de Y. enduit des rghaifs. Moi je les mange nature et j'aime beaucoup ça.

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    La nuit est tombée lorsque nous prenons congé de la famille. Au moment du départ, j'apprends un nouveau mot au contact des joues rebondies de Hiba : bouss (bisou en arabe)

    Nous montons dans un "grand taxi", tellement grand que nous sommes 4 à l'arrière et 3 à l'avant, soit 7 personnes au total. Y. nous emmène manger au snack La Renaissance, sur l'avenue Mohamed V, où les seules femmes sont européennes. L'endroit est très enfumé et rempli d'hommes qui alignent les bouteilles de Flag. Prudente car les intestins un peu sensibles après le bouillon d'escargots, je choisi un filet de merlan et ne mange que du riz, délaissant les crudités. J'observe à la dérobée le manège du type qui dîne seul, à ma droite : caché derrière une casquette en lainage, des lunettes et une épaisse moutache poivre et sel, il ne perd pas une miette de la conversation de ses voisins en plissant les yeux, un sourire aux lèvres. Il y a quelque chose de parfaitement burlesque dans ce Hercule Poirot local.

    Yo, épuisé, ne mange que des frites; avant de rentrer avec lui, ne me sentant ni l'énergie ni l'envie d'enchaîner une soirée comme celle de la veille, nous achetons des rouleaux de papier toilette, oui car ça non plus, il n'y a pas chez Y., ni dans la plupat des cafés où nous allons. Au Maroc, toujours avoir un rouleau de PQ sur soi !

    De retour dans la maison, je blogue jusqu'à presqu'une heure du matin, reçois quantité de messages d'un admirateur loin d'être anonyme, et m'endors sans difficulté. 

  • Arrivée à Rabat

    16h, notre train entre en gare de Rabat-Ville. Yo est ému. La gare est belle, toute blanche. Notre hôtel se trouve à quelques rues de là. Premier constat : le centre-ville de Rabat est bien paisible, en comparaison avec la cacophonie casablancaise. La chambre est simple mais correcte. Tout s'annonce pour le mieux jusqu'au moment où je dois donner mon passeport à l'hôtelier et que je ne le trouve pas dans mon sac à main. Nous retournons nos deux valises, tous les sacs mais j'ai déjà compris : je ne l'ai plus.

    Pas de passeport = pas d'hôtel au Maroc. Première urgence, trouver un endroit où dormir. Heureusement, Yo a tous ses copains marocains à Rabat et il en appelle un, qui nous donne immédiatement rendez-vous au mini-parc de Youssoufia. Nous prenons un "petit taxi", qui ici sont bleus, pour ce quartier populaire de Rabat. Y. est un jeune hommes maigre et sympathique. L'arrivée jusqu'à chez lui est sportive : il pleut et nous dévalons, jambes écartées, entraînés par nos valises à roulettes,  les venelles escarpées et glissantes de ce qui ressemble à une médina, jambes écartées, pour éviter le ruisselet qui coule au milieu.

    rabat, maroc
    Le salon de Y. est pareil à tous les salons marocains : des banquettes tendues de tissu rouge entourent la pièce d'un U et au centre trône une table basse de bois sombre.
    Nous posons nos valises et discutons un peu. Y. se remet difficilement d'une soirée arrosée la veille, il a la gueule de bois et je lui donne du paracétamol. Nous partons au commissariat central pour que je dépose plainte. Yo redoute de longues démarches administratives. On nous fait assoir quelques minutes et je me fais charrier : "T'es sans papiers au Maroc", dit Yo. C'est vrai, Fiso en mode clando, je ne l'avais encore jamais faite, celle-là ...

    Le jeune homme qui nous reçoit, de surcroît très serviable, a du mal à comprendre pourquoi je suis là. Il pense que je veux mon numéro de passeport et me fait assoir à côté de lui pour remplir le formulaire.
    "Le général de Gaulle, c'était un militaire ? Vous êtes mariée ? Ah, célibataire .... dit-il avec un sourire entendu.
    Moins de 30 minutes plus tard, nous sommes dehors. Je dois revenir le lendemain, après être allée au consulat. Le premier contact avec l'administration marocaine a été plutôt agréable et ma contrariété commence à retomber.

    Y. nous propose de dîner à la Véranda mais l'endroit, au-dessus duquel des mains semblent jaillir du mur blanc, est fermé. "Ca vous dit des huîtres ?"
    - Heu, pas trop, je préfèrerais du poisson.
    Nous voici au Yucatan, un de ses bars préférés. En fait d'huîtres, ce sont de grosses moules en sauce tomate qu'on pose devant nous, sur le comptoir.
    "Ce ne sont pas des huîtres Y, ce sont des moules !"
    "Comme des huîtres, comme des moules" répond-il avec un grand sourire.

    Le Yucatan est un bar bien approvisionné en alcools de toutes sortes, et l'on y passe de la bonne musique jazz et blues. Après un long moment, nous montons nous assoir à l'étage où nous sommes rejoints peu après par un jeune homme brun coiffé d'une casquette. C'est B., un autre des copains de Yo, qu'il a connu lors de sa participation à des chantiers sociaux marocains. B. voyage souvent en Europe et en France. Il est vif et souriant et nous fait rire :
    "En France, j'ai juste un problème avec les policiers. Dès que j'arrive à l'aéroport, ils m'arrêtent pour un contrôle : "Bonjour monsieur" et ils me montrent leur carte mais moi, je suis marocain, je ne reconnais pas leur carte. Je sors de l'aéroport, je vais à la gare pour prendre le train, ils m'arêtent pour un contrôle. J'arrive à Paris, dans la rue, ils m'arrêtent pour un contrôle. Tout le temps des contrôles !"

    Vers 23h, nous montons dans la voiture de B, direction le bar-club "Le 5th avenue", dans le quartier d'Agdal. Un groupe y reprend des tubes, comme The Wall de Dire Straits. Il y a très peu de femmes dans le club, et je soupçonne celles qui y sont d'être des prostituées, mais l'ambiance est bonne. Je danse avec les garçons et Y. réclame aux musiciens un standard marocain. Yo et ses yeux bleus font fureur et un vieux, bien éméché, l'invite même à danser. A la faveur d'une pause, le chanteur, visage fin et cheveux longs, vient s'assoir à notre table, il a énormément de charme. Le guitariste a la migraine et je lui file du paracétamol. A défaut d'avoir un passeport, j'ai au moins ça ...

    Vers 2 heures du matin, nous quittons le club. Sur la petite place, Y. s'arrête devant le stand de vendeurs d'escargots. Tiens, jusement, je n'ai jamais goûté ici ce plat de la rue dont les Marocains raffolent. Le vieil homme dépose devant nous des bol remplis de gastéropodes. Yo me conseille de prendre une photo de lui en train d'en manger car l'instant est rare. La tradition veut qu"on avale également un bol du bouillon de cuisson - aux herbes - des escargots. Je vous le dis, rien de tel que le bouillon d'escargots pour se faire une purge ...

    De retour chez Y., nous buvons un dernier thé et notre hôte pose devant nous un seau en plastique blanc et des cuillères pour que nous goûtions la sfoufe, un mélange de sésame et amande moulue, canelle, anis, muscade, beurre et miel. B. a mal au crâne et finit mon tube de paracétamol. Yo et Y. montent fumer une dernière clope sur la terrasse et je me réfugie sous la couverture en fausse fourrure.

    PS : Cette paire d'yeux charbonneux vaut bien celle-là, non ?

    rabat, maroc

  • Sur la corniche de Casblanca

    Ce matin, j'ouvre les yeux à 8h45. Yo a encore mal dormi. Je ne sais pas comment il va tenir ce ryhtme.
    Nous faisons nos valises, les confions au réceptionniste et quittons l'hôtel. Dehors, la terre, lavée par des averses soutenues, est rouge et boueuse.

    A l'entrée de la Sqala, A. saute dans mes bras. J'ai bien cru ne pas la voir avant de quitter Casa. Elle me présente à un de ses collègues, comme étant "la fille qui a fait des commentaires sur les photos" et nous installe à l'abri car le jardin, trempé, est inaccessible.
    Le ftor fera office de brunch car il est gargantuesque : assortiment de crêpes marocaines, coupelles remplies d'amlou, huile d'argane, beurre et confiture, oeufs brouillés au khlie en tajine, fromage jben et olives noires, salade de fruits frais, verre de lait aux fruits secs, jus d'orange pressé. Les averses se succèdent et nous retardons le départ, craignant même de devoir écourter notre promenade sur la corniche, prévue en attendant l'heure de prendre le train.

    Il est presque midi lorsqu'après quelques photos souvenirs, nous quittons la forteresse de la Sqala.

    "A la prochaine" ai-je promis à N. et A. "Inch'Allah" a été leur réponse...

    "Y'a quand même un truc chiant au Maroc, je dis à Yo, c'est cette façon de te rappeler sans cesse que tu sais pas si tu seras encore là demain."

    On en rit ensemble et Yo me raconte qu'un de ses amis marocains déteste cette réponse systématique "Inch'Allah". Pourquoi ? Parce que quand il était petit et qu'il réclamait un truc à ses parents, ceux-ci répondaient invariablement "Inch'Allah", ce qu'il traduisit vite par "Cause toujours".

    casablanca,maroc

    Le long du boulevard, côté port, un chantier gigantesque prépare l'implantation de bureaux et les photos promettent des immeubles ultra-modernes de verre er d'acier, dignes des plus belles constructions de Dubai.
    Nous atteignons la mosquée Hassan II, que j'ai visitée l'année dernière, peu après l'appel à la prière. Son élégante silhouette couleur sable, incrustée de vert et turquoise, se découpe sur le bleu lumineux du ciel. Au pied du parapet où les promeneurs sont nombreux, les vagues se fracassent avec violence et envoient dans les airs des gerbes mousseuses chargées de débris noirs. Les enfants s'en amusent et poussent des cris effarés.

    Plus loin un jeune pêcheur nous gratifie d'un sourire éclatant et nous aborde; il s'appelle Younes et vient de Bordeaux, comme l'indique son accent chantant. Arrivé la veille, il est en vacances et suivra à peu près le même parcours que nous. "Bienvenue chez vous, lance-t-il en nous quittant, la planète est à tout le monde".
    Les averses, nombreuses ce matin, semble vouloir nous épargner et le ciel se fait de plus en plus bleu. Bientôt, le soleil cogne de nouveau. Nous marchons toujours et après l'usine d'épuration d'El Hank, nous longeons les chantiers à ciel ouvert. "C'est bien, les ouvriers portent leurs casques de protection " remarque Yo, avant de faire une grimace plus loin en découvrant des pointes de fer non vrillées et d'autres ouvriers, tête nue et à califourchon en équilibre instable.

    Nous marchons très longtemps et n'en voyant pas le bout, nous hélons un couple. "C'est loin le Mac Do ?" "C'est loin", répond le type avec un grand sourire. Nous prenons un taxi qui nous dépose devant le Mac Do'. "Bon appétit" lance le chauffeur. Ouais ... enfin, nous, on va juste pisser au Mac Do', pas question d'y bouffer !
    Je fais remarquer à Yo qu'une clinique soignant l'obésité fait exactement face au Mac Do.

    Peu avant 15h, nous pénétrons dans la gare de Casa-Port. Vingt minutes plus tard et pour 35 drh (soit 3€50), notre train longe l'océan en direction de Rabat. Le long de la voie ferrée, j'aperçois parfois des tentes de fortune, en tout point semblables à celles qui habillent désormais les abords du périphérique parisien.

    Casablanca, cette fois c'est fini, le reste du voyage jusqu'à Tanger sera pour moi découverte. Yo, quand à lui, est tout excité à l'idée de retrouver Rabat où il a travaillé dans une association bénévole il y a 6 ans.

  • Les splendeurs d'antan de Casablanca

    Je pensais que la balade-découverte du patrimoine architectural de Casa, suggérée dans notre guide, m'amènerait aux mêmes endroits que l'année dernière mais il n'en est rien. Tant mieux.

    La promenade démarre à la Cathédrale du Saint-Esprit, une bâtisse blanche imposante, certes, mais pas élégante. La surprise se trouve à l'intérieur de l'édifice car celui-ci est totalement vide, seulement habitée par des pigeons. La lumière du jour anime joliment les ouvertures colorées, comme serties de pierres précieuses.

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    De là, nous longeons le parc de la Ligue Arabe pour rejoindre la place Mohamed V. Garée sous les arbres, une dépanneuse transporte les carcasses éventrées de voitures. Son conducteur regagne le véhicule en nous jetant une mimique complice : "Whisky" dit-il. La place Mohamed V est flanquée de deux superbes bâtiments déjà immortalisés l'année dernière : la wilaya, ancienne préfecture, et le palais de justice. Entre les deux, un joli bâtiment qu'un garde embusqué nous interdit formellement de photographier.
    Nous traversons la place pour atteindre la grande poste puis la banque al-Maghrib, très belle.

    De là, nous empruntons la rue Indriss Lahrizi où nous admirons la très belle façade du salon de thé La Princière, avec ses délicats balcons en fer forgé et sa couronne de pierre. Nous ratons, à droite, la rue Mohamed Belloul et pour cause : le tronçon qui part de la rue s'appelle d'abord Brahim ben Ahmed. Là, l'hôtel Guynemer, modeste mais coloré, "aux lambris Art déco", dixit le guide car moi je n'y connais rien en architecture, à tester lors d'un prochain séjour. A l'angle de la rue Tahar Sebti - résistant - , une autre très belle construction.

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    Tout au bout de cette rue, avant de tourner à gauche dans l'ex-rue Colbert, rebaptisée Chaouia - de nombreuses rues ont perdu leur nom français et ont été rebaptisées -, nous nous amusons du contraste entre deux pans d'un même immeuble, l'un restauré et l'autre non. Si les bâtiments de Casablanca étaient entretenus, la ville serait bien plus somptueuse.

    casablanca, maroc

    Curieux de découvrir ce qui se cache derrière la façade du très élégant hôtel Transatlantique, construit en 1922, nous y entrons et nous plions à la règle qui veut que "pour visiter, il faut consommer". Nous commandons deux thés à la menthe et admirons le riche mobilier de l'hôtel, les affiches anciennes, poteries, céramiques, le jardin intérieur ainsi que, derrière les lourdes portes en bois, les salons où banquettes épaisses et poufs moelleux invitent au farniente.
    casablanca, maroc

    Plus loin, l'hôtel Volubilis, cerné de laideur, affiche sa façade dorée et raffinée. A gauche de l'entrée, une plaque rappelle l'auteur de cet ouvrage : Marius Boyer, 1919.

    Suivant les indications de notre guide, nous cheminons maintenant sur la rue Ibn Batouta jusqu'au boulevard Mohamed V. A l'angle, la carcasse vide de l'hôtel Lincoln menace de s'écrouler. Nous voici maintenant devant le marché central. La faim commence à se faire sentir et bien inspirés, nous évitons les assauts des serveurs des rôtisseries et nous attablons au snack Amine, où j'accompagne mon assiette de friture de poissons variés (6€70) d'une succulente (et je pèse mes mots) salade de concombre crquant et parfumé, mais et pamplemousse, parsemée de quelques haricots rouges, persil et rondelles de citron vert, ce petit délice à la saveur sucrée ne coutant que 2€.
    Notre parcours arrive sur sa fin. A l'angle du boulevard, la poste du marché central et ses jolis candélabres et plus loin, le Matin/Maroc Soir.
    Plus loin, les voies du tramway ont rendu une partie de l'avenue piétonne. Car oui, le tramway arrive à Casablanca et ses travaux sclérosent encore plus un trafic déjà saturé.

    Dans une rue à gauche, le cinéma le Rialto, "bâtiment purement Art Déco" a gardé de son panache même si je cherche encore les "quelques détails éblouissants" mentionnés par notre guide. Notre promenade s'achève dans la rue piétonne Prince Moulay Abdellah qui compte encore quelques belles façades.

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