"Coucou ! On va se promener en début d'aprèm à Montmartre. Tu nous fais la guide ??"
J'ai reçu ce sms hier midi, alors que je vidais une cafetière, en pyjama devant la télé.
A 15h15, je les retrouve à Barbès, devant Tati (A). Yo nous fait remonter la rue Christiani, jusqu'à l'angle de la rue Myrrha, où se dresse un drôle d'établissement : le Floors, sans carte mais dont j'apprends, de retour chez moi, qu'il s'agit d'un restaurant américain à burgers. Puis nous empruntons la rue Muller en direction du Sacré-Coeur.
Juste après la jolie terrasse multicolore de l'Eté en pente douce, nous attaquons nos premières marches et rejoignons le parvis (B), au pied de la basilique blanche, où les touristes prennent des photos de la vue quelque peu couverte. Tout le long du parvis, les marchands ont profité de l'approche de Noel pour installer de pseudos chalets en bois, vrais attrape-couillons. Ils vendent foie gras et autres spécialités françaises, comme des mini-macarons à 1€50 ou encore de la brioche vendéenne à 23€ le kg !
Nous prenons la rue du Chevalier de la Barre puis celle du Mont Cenis. Je cherche, en vain, le fameux calvaire, chemin de croix de neuf stations en plein coeur de Montmartre, décrit dans mon bouquin de fouineuse, "Paris méconnu". L'agitation de la place du Tertre, toute proche, se fait sentir.
Après avoir visité le bas de Montmartre avec M. et Mme Usclade, j'ai formulé mon envie de découvrir la butte Montmartre, la vraie, celle que la plupart des touristes délaissent pour les alentours de la place des Abesses. Tout au bout de la rue du mont Saint-Cenis, je découvre, sur le mur surplombant les escaliers menant au métro Lamarck-Caulaincourt, la mention "Ancienne rue Saint-Denis". La rue Saint-Denis s'étendait donc jusqu'ici !
Nous empruntons maintenant la rue Saint-Vincent qui s'écarte de la foule. Hélas, une grille fermée nous interdit l'accès au jardin sauvage Saint-Vincent, qui n'est ouvert que d'avril à octobre. Mais jouxtant le jardin, les vignes du clos Montmartre (D), plantées en 1933 sur l'emplacement d'une guinguette champêtre, « Le Parc de la Belle Gabrielle », s'étalent sur quelques niveaux. La fête des vendanges qui célèbre la cueillette de ce raisin - véritable piquette, selon Yo, qui y a goûté - a lieu le deuxième weekend d'octobre.
A droite, à l'angle de la rue des Saules, une petite bicoque rouge brique, palissée de vert, étale son célèbre nom : le Lapin Agile (C), ancien Cabaret des Assassins, qui doit son nom à la célèbre enseigne peinte par André Gill, habitué des lieux. Le lapin à Gill devint ainsi le Lapin Agile, fréquenté par Alphonse Allais, Toulouse-Lautrec et Picasso.
C'est aussi au Lapin Agile que fut peinte la célèbre oeuvre du peintre Joachim Raphaël Boronali "Coucher de soleil sur l'Adriatique", pied de nez aux critiques de la peinture non académique. En effet, l'oeuvre, saluée par les critiques au Salon des indépendants de 1910, étaient celle de Lolo, l'âne de Frédé, alors propriétaire du lapin Agile, à la queue duquel Roland Dorgelès et ses amis avaient attaché un pinceau.
Après avoir longé le cimetière Saint-Vincent, nous bifurquons à gauche et rejoignons la place Dalida (E) où se dresse le buste de cette célèbre habitante de Montmartre. A gauche, la rue de l'Abreuvoir remonte vers le Sacté-Coeur A droite, à l'angle de l'allée du même nom, la bâtisse blanche du château des Brouillards, où habita Gérard de Nerval, se dresse.
Nous prenons la rue Girardon jusqu'au square Suzanne Buisson (F) qui rend hommage à la célèbre résistante mais d'abord à Saint-Denis, dont la statue, tenant sa tête entre ses mains, trône au centre de la place. Montmartre tire son nom de "Mont des martyrs", en référence à celui subi par Saint-Denis, décapité par les Romains au 3ème siècle. La légende dit qu'il aurait trempé ici sa tête dans une fontaine et qu'après l'avoir prise sous son bras, il aurait continué son périple jusqu'à l'actuelle ville de Saint-Denis.
Au bout du square, nous rejoignons l'avenue Junot où j'entraîne mes compagnons jusqu'à la villa Léandre (G). Puis nous remontons jusqu'au moulin Radet et la rue d'Orchamp (H) où Yo se recueille quelques instants devant la maison de Dalida. Au Studio 28, rue Tholozé (I), nous nous réchauffons quelques minutes et mes deux titis profitent de la fin d'une séance pour se faufiler dans la salle 1 jeter un oeil aux lustres dessinés par Cocteau.
Nous descendons la rue, croisons celle des Abbesses et continuons la descente de la rue Lepic. Je suis contente de constater que je me repère désormais plutôt bien dans les rues de Montmartre.
Juste avant le café des deux moulins, nous prenons à droite dans la rue Constance et jusqu'au bout de l'impasse Marie-Blanche (J), plongée dans l'obscurité. On y distingue encore pourtant très nettement la belle façade de la maison de l'Escalopier et à travers ses fenêtres, de magnifiques escaliers. J'ai hâte d'être à l'été prochain pour visiter cette belle demeure, dont je peux déjà admirer quelques photos ici et là.
Je crois que je peux désormais prétendre à servir de guide dans le village montmartrois. Vers 17h30, nous reprenons le métro à Pigalle (K). Mes deux flâneurs m'accompagnent dans le centre de Paris, rue de Rivoli, où j'ai rencard devant le BHV avec un homme de 29 ans croisé sur le site de la Société Protectrice des Hommes ...