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les hommes de ma vie - Page 3

  • Me faire ça, à moi !

    Je bouffe souvent – mais pas toujours - dans de supers endroits. Il y a peu, j’étais en Touraine, région réputée pour sa gastronomie. Il neigeait. Je débarque le premier jour dans une salle de réunion non chauffée. Je frissonne, je passe la journée à éternuer, je peste « Et merde, je vais tomber malade avec leurs conneries ! ». Ça m’énerve d’autant plus que j’ai réussi à ne pas tomber malade de tout l’hiver, même en me baladant en maillot de bain par -7 degrés. L’heure du déjeuner approche, pause bienvenue car je me suis réveillée aux aurores. L’occasion de me réchauffer et de reprendre des forces. Habituellement, je déjeune à l’extérieur et propose à mes stagiaires de m’accompagner. Ce jour-là, je posai la question habituelle « Est-ce que vous venez déjeuner avec nous ou est-ce que vous rentrez chez vous ? ». « On déjeune avec vous, le directeur a tout prévu », me répondent-elles.

    « Le directeur a tout prévu », ça veut dire qu’on mange sur place. Bon, déjà, manger dans une salle de réunion me plaît moyen. J’ai besoin de voir un peu la lumière du jour, moi.  

    Aux alentours de midi, un gugusse passe la tête par la porte et dit « Les plateaux-repas sont au frigo ». Au frigo ?! (Je vous rappelle qu’il neigeait). Je redoute le pire. J’avais raison. Peu après, la responsable pose sur la table de la salle des plateaux-repas. A l’intérieur, 2 tranches de jambon, une salade piémontaise (enfin, un vague mélange de légumes imbibés de mayonnaise), un paquet de chips et un yaourt aux fruits. Ceux qui me connaissent peuvent imaginer la tronche que j’ai tirée. Je n’aime pas manger froid, et encore moins quand il neige. Une semaine qui commence avec un plateau industriel de pique-nique est une mauvaise semaine. Celle-là fut une semaine de merde.

    Le soir, on a mangé dans un restaurant dégueulasse et j’ai bossé sur le programme de la journée suivante jusqu’à 1 heure du matin. Le lendemain, au petit déj’, mon collègue, livide, m’apprend qu’il a passé la nuit la tête plongée dans la cuvette des chiottes et qu’il a failli frapper à ma porte en pleine nuit (ç’aurait pas été une mauvaise idée, entre nous). De mon côté, comme prévu après m’être gelé la veille dans leur salle de merde, j’ai le pif comme une pastèque et je passe la journée à parler du nez. Le midi, on nous a resservi les mêmes plateaux-repas (si, si, le jambon, la piémontaise, les chips, tout y était). Le soir, de rage, j’ai cassé les pattes arrières à un cochon de lait rôti au restaurant Porto Fino, près de Chambray les Tours avant de bosser encore jusqu’à minuit.

    Le mercredi soir, quand mon pote Hervé est venu me chercher à l’hôtel pour m’emmener bouffer à Tours, j’étais proche de la dépression nerveuse (j’exagère à peine). Sur la route, j’ai vidé mon sac, il riait, moi pas, et puis je me suis détendue. On a mangé dans un restaurant du vieux Tours, ensuite on s’est baladés autour de la place Plumereau avant de rentrer.  Ça m’a fait un bien fou de le voir. Du coup, une fois rentrée à Paris, j’ai fini la semaine en allant au resto tous les soirs.

  • 2 jours à revivre*

    Il a suffi d’une note d'elle, d’une voix rocailleuse sur une mélodie d’amour, comme ce paysage de landes et de pierres que j’aime tant et qui me manque, pour que le souvenir de cette journée, pourtant banale, me revienne.

    Je pense souvent à l’Irlande, ces derniers temps.

    Peut-être parce que l’automne est une saison qui lui va bien, et que la pluie d’ici me rappelle celle de là-bas.

    Cette journée là, pourtant, était une journée d’été, mais l’été irlandais, vous savez …

     

    J’avais emmené un ami sur les routes du Connemara, pour plusieurs jours de flâneries, sans montre ni télévision. Nous roulions au hasard de nos envies, nous arrêtant au hasard d'un lac, d'un pub ou d'un port, et dormions dans quelque Bed & Brekfast qui nous avait plu. Mes yeux d'enfant émerveillé embrassaient les falaises, jouaient avec les mouettes, dialoguaient avec les old Paddy's burinés du coin, s'embuaient au fond d'un pub noirci par la fumée, où des musiciens chantaient ma mélancolie. Ce jour-là, l'air était vif, et nous avons partagé un panier de pinces de crabes dans un pub, sur le port du vieux village de pêcheurs de Roundstone.

     

    Je m’en souviens, nous nous étions attablés près d'une fenêtre et nous sucions avec gourmandise les pinces charnues en mordant dans du pain maison, à la mie bien brune. Pour étancher notre soif, une pinte de Guinness, bien sûr, à la mousse bien noire.

    La lumière était belle et le soleil dardait parfois ses rayons à travers l'épais voile gris.

    Après le repas, nous nous sommes promenés sur le port de Roundstone.

    Nous avons admiré ses jolies maisons colorées qui se découpaient dans les gris des pierres et du ciel, ses jardinets fleuris, ses barques abandonnées au fil de l’eau et la silhouette des twelve Bens qui se découpaient sur le ciel. Nous avons respiré le vent iodé, il nous fouettait les joues et emmêlait me cheveux.

     

    Pus tard, nous avons repris la voiture. Je voulais m’arrêter à chaque virage tellement la beauté de la nature me coupait le souffle.

    Ici, les ruines d’un château posé au bord d’un lac, là une maison au toit de chaume, ailleurs des rocailles, avec pour seul horizon le bleu de la mer.

    Des panneaux écrits en gaélique, source de fou-rires mémorables et répétés, parfois un vieux papy irlandais, la casquette vissée sur le crâne, pédalant nonchalamment sur une bicyclette aussi rouillée que lui.

    Dans le Connemara, le temps n'existe pas, à l’instar de ces troupeaux de moutons tranquillement allongés au milieu de la route. Que faire, sinon couper le moteur et attendre qu'ils daignent aller brouter ailleurs ?

    Le vert n'a jamais été aussi beau que sur cette terre arrosée par la pluie et battue par le vent. Et la tourbe brune et luisante, comme des mottes de chocolat noir, et des buissons de bruyère pour toute végétation, dans ce paysage lunaire.

    Plus tard, pour nous réchauffer, nous nous sommes arrêtés dans un pub qui surplombait un lac magnifique. Il était vide et le patron, un jeune homme jovial, a discuté avec nous. Nous avons joué aux fléchettes, bu de la Guinness, encore, et puis, alors que nous repartions, ils nous a offert un pack de deux pintes de Guinness, que j’ai longtemps gardées, et utilisées.

     

    C'était il y a dix ans mais je n'ai pas oublié cette après-midi là. Je la garde au chaud dans mes souvenirs, quand j'ai besoin d'un rayon de soleil à travers le voile gris qui s'abat parfois. 

    J’espère que tu ne l’as pas oubliée, toi non plus, où que tu sois maintenant.  J’aimais ton profil d'oiseau de nuit, ton catogan, ta misanthropie, ton cynisme et ta culture.

    Ton amitié me manque, parfois, mais les paysages du Connemara me manquent si souvent, si tu savais.  

     

    * parce que Jean Becker a magnifiquement filmé le Connemara dans "2 jours à tuer". J'ai eu un énorme pincement au coeur en y reconnaissant Rounstone, justement.

     

     

  • I heard ...

    "I heard she broke your heart again, I heard she broke your heart..."

    J'ai pas oublié, tu sais.

    Pas oublié cette soirée où on s'est rencontrés, le soir de la coupe du monde 98, devant l'IFC, à Dublin. On ne se connaissait pas mais on s'est charriés direct.

    Pas oublié non plus, cet autre soir où tu m'as donné la becquée. Tu avais fait des pommes sarladaises, et des mini-madeleines en dessert, une de ces bouffes que se font les expat' quand ils ont le mal du pays, et t'as dit "on s'en branle du cholestérol". J'étais comme un petit pingouin, avec mes deux bras dans le plâtre. C'était pas à toi de t'occuper de moi, ce soir-là, mais c'est toi qui l'a fait. Alors, quand tu t'es fâché avec quelqu'un qui m'était proche, et même si à l'époque, j'ai pensé que tu avais tort, tu étais mon ami, quoi qu'il arrive. Je n'ai pas regretté ce choix, par la suite.

    Depuis, on s'est surtout parlé au téléphone, des soirées à se pisser dessus de rire, même quand on avait envie de pleurer. Je suis venue te voir dans ta tanière de vieux loup solitaire.

    Je sais que cette année a été dure pour toi.  C'est ton anniversaire dans moins d'un mois. Je connais un jeu bien plus marrant que de planter les bougies sur le gâteau (mais oui, j't'en ferai un de gâteau au chocolat !!)

    T'as toujours ton jeu de fléchettes ? J'arrive. On va la ruiner pour de bon, ta cheminée, ma poule.

    (pis, sérieux, comment on peut rester triste en écoutant ce son de Metronomy, ça déchire, non ? moi je danse à chaque fois que je l'écoute)

     

  • A toi, "mon chéri d'amour"

    Je t’aime, tu sais. Je te l’ai déjà dit et si je le fais aussi facilement, c’est parce qu’on ne s’est jamais goûtés, toi et moi.  

    Pourtant notre histoire, comme avec la plupart des hommes qui me sont chers, avait mal commencé. Tu bossais sur un autre site et je t’avais, à priori, pris en grippe parce que tu étais tout le temps injoignable. Alors le jour où je suis venu sur ton terrain et que, curieuse de savoir qui tu étais, mon sourire s’est heurté à ton visage fermé, l’à priori s’est renforcé.

     

    Il a fallu 4 ans pour qu’on se rencontre vraiment. A la faveur d’une pause, on a commencé à discuter et là, j’ai découvert une montagne de sensibilité et d’humour.

    Accessoirement, t’as un beau cul. Et quand tu rosis, comme maintenant, je craque.

    ***

    Quand je t’ai connu, t’étais au fond du gouffre. Les deux femmes de ta vie t’avaient quitté. Tu prenais sur toi comme un bon petit soldat, personne n’a rien vu, rien su, pourtant t’en menais pas large, je crois, quand tu repartais vers ta solitude toute neuve, avec ton écouteur sur les oreilles.

    « J’suis un mec», tu disais …

    Quelle connerie, excuse-moi de te le dire, j’ai fait semblant de te croire mais entre tes mains toujours ornées d’une clope, le gobelet de café tremblait.

    Ca m'a touché, ta pudeur, ta fragilité et désormais, je les ai attendus avec impatience, les appels pour un café. Quand ton nom s’affichait sur le téléphone et que dans le combiné j’entendais « bonjour ma petite langoustine des îles », un sourire superbement niais se dessinait sur ma face.

    ***

    Le lundi matin, on se racontait nos week-ends dans de grands éclats de rire. Je crois que je n'ai pas ri autant depuis bien longtemps. Je complimentais très sincèrement tes tenues, toujours originales, qui n’iraient à personne d’autre que toi, et ces détails qui révèlent le goût des belles choses, une ceinture, une paire de chaussures, des boutons de manchette.

    Un jour où on était deux à te dire à quel point t’étais mignon dans ton petit pantalon, tu as dit, visiblement touché : « Merci les filles, vous pouvez pas savoir à quel point ça me fait du bien, je me sens moche, l’impression d’être transparent ».

    ***

    Quand j’ai su que tu étais devenu un ami, un intime, de ceux qui m'acceptent telle que je suis, je t’ai filé le lien vers un billet où je racontais une de tes soirées délirantes. Je te donnais ainsi la clé vers mon blog, c’est pas rien, tu l’avais compris. Je t’y fais souvent des clins d’œil, depuis.

    ***

    Et puis, après des mois à se tourner autour, au moment où tu avais décidé de te lancer et de m’emmener en week-end à Londres, coup de théâtre. C'est marrant, la vie, non ? Un lundi matin, tu lances « Tu sais pas ce qui m’arrive ? ».

    On a déjeuné en tête à tête, tu étais gêné, tu as parlé des sentiments qu’on avait l’un pour l’autre, c’était mignon, on aurait dit deux ados. Tu disais que tu ne voulais pas me faire souffrir, t’as même employé le mot « salaud », si je me souviens bien.

    Quelle drôle d’idée ce mot pour parler de toi, pour lequel j'ai tant de respect et d'estime. Je n’étais pas triste, ou si peu, plutôt amusée de ce pied de nez mais surtout, surtout, inquiète pour toi qui commençait tout juste à accepter son départ.

    Je ne suis pas sûre que tu m’aies crue, ni même que tu aies compris quand je t’ai expliqué ma philoSophie de la vie, mon côté fataliste. La vie donne même quand elle semble refuser.

     

    Moi je savais déjà que j’avais gagné un ami, un vrai, un de ces hommes que j’aime passionnément et inconditionnellement.

    Mon ami, tu serais donc, et bien plus précieux à mon cœur qu’un ex-amant.

    Tu opinais de la tête mais ce jour là, comme souvent depuis, j’ai eu la désagréable impression que tu ne comprenais rien à ce que je suis. Tu me vois toujours masquée alors qu’avec toi, ça fait longtemps que je l’ai enlevé, ce p*** de masque.

    Pourquoi regretter ce qui aurait sans doute été un beau moment, mais un moment seulement, puisque tes questions s’étaient heurtées à son silence, puisque tu l’aimais encore ? J’ai vécu assez de ruptures pour savoir qu’on ne s’en remet pas si vite.

    Je n’ai jamais envisagé ni espéré prendre sa place. J’aurais été ton amie-amante, je t’aurais câliné, pris soin de toi, ça je sais bien faire, t’inquiète pas, à mon âge, on peut pas prétendre ne pas savoir où on met les pieds. Ou alors c’est qu’on se ment.

    Plusieurs fois, depuis, tu m’as demandé « Dans le billet d’hier, c’est de moi que tu parlais ? ». Je riais et répondais «Non, c’était pas toi. Tu sais bien, c’est cet homme, là, dont je t’ai parlé… »

    Peut-être que tu as douté de ma sincérité, mais c’était vrai, je ne parlais pas de toi.

    Tu n’es pas, ou plus, dans mes fantasmes.

    Et si ça te déçoit, c’est que t’as rien compris.

    (Ca n’exclut pas la possibilité qu’un jour, je te roule une pelle langoureuse, en toute amitié …)