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maroc - Page 2

  • Une journée dans la médina de Fès

    Ce matin, après un petit déjeuner quelconque à l'hôtel Splendid, nous nous mettons en route pour une promenade dans la fameuse médina de Fès. Une véritable fourmillière, pire que la bulle Météor de la gare Saint-Lazare !

    Le spectacle surgit sans cesse, à chaque coin de rue : des vendeurs de litchis beaux comme des bouquets de fleurs, des mules chargées, des hommes occupés à cuire du pain dans le four commun, des charrettes d'oignons ou d'oranges.

    Derrière les vitres, des crêpes "mille-trous" et des pyramides de pâtisseries au miel assaillies de guêpes !

    fès, maroc

    Sur un mur, en grosses lettres bleues s'étale un nom : MERCURIALE et dessous, une liste de fruits et légumes et leur prix. J'ajoute ainsi un nouveau mot à mon vocabulaire car la mercuriale c'est, entre autres, le cours officiel des denrées sur un marché public.

    fès, maroc

    Il fait très chaud mais dans les venelles bordées de très hauts murs, la fraîcheur est étonnante.

    Après deux bonnes heures à se promener, nous avons faim. Devant une porte, un groupe d'allemandes est stationné. J'engage la conversation avec l'une d'elles, originaire de Stuttgart. Elle parle arabe et congédie un des faux guides qui pullulent dans la médina, puis me conseille l'endroit qu'elle vient de quitter.
    Le restaurant Asmae, caché dans un vieux riad, est clairement un restaurant à touristes, rempli de touristes, avec menu "spécial" à 100 drh, cependant l'endroit est magnifique, l'assortiment de 12 assiettes d'entrées, délicieux, et les plats aussi.

    fès, maroc

    Après ce repas, Yo m'emmène dans le quartier des tanneurs, qu'on devine à l'odeur. Dans des cuves de pierre blanche, des hommes remuent des liquides colorées doù ils extirpent des peaux de mouton. Le mieux, pour vous rendre compte de l'ambiance, c'est encore un film, mais je ne résiste pas à l'envie de poster aussi cette photo que j'aime beaucoup :

    fès, maroc

    Bien sûr, on n'échappe pas au type qui nous guide vers la terrasse en nous faisant traverser des magasins où, c'est indéniable, le cuir est d'une souplesse incroyable et décliné dans toutes les couleurs. La réputation du cuir de Fès n'est plus à faire et je me laisserai sans doute tenter lors d'un prochain voyage.
    Au détour d'un escalier, j'aperçois l'atelier du couturier de babouches ...

    fès, maroc

    Nous voici maintenant dans le souk aux tissus chatoyants puis nous visitons la médersa Bou Inania (10 drh) juste avant qu'elle ne ferme.

    fès, maroc


    A la sortie, Yo discute avec le jeune guide qui nous a expliqué l'histoire du lieu pendant que je m'amuse de l'assiduité des chats postés sous les confectionneurs de saucisses :

    fès, maroc

    Nous quittons la médina pour retrouver un petit taxi, passant à côté d'un immense marché aux fripes. Sur l'avenue, hésitant sur la direction à prendre, nous faisons rougir un groupe de jeunes filles en sollicitant leur aide.

    La balade dans la médina, c'est passionnant mais aussi éreintant; assaillis de bruits, de couleurs, les sens en alerte, nous frayant un chemin dans la foule, c'est fourbus que nous nous écroulons sur nos lits pour une pause réparatrice.

    PS : Boug' se plaignait d'un manque de photos ... Satisfaite, cette fois ? ;)

  • Arrivée à Fès

    Zakaria nous escorte jusqu'à la station de petits taxis de la gare de Fès. La liste de mes contacts au Maroc s'est étoffée et je dois avouer que la fête des cerises à Sefrou m'évoque quelque chose de délicieusement paisible, un peu comme les pommiers en fleurs de la campagne roumaine.

    Le taxi nous dépose dans la nouvelle ville. L'hôtel Splendid porte bien son nom. C'est un établissement très grand et parfaitement tenu. En bas, près de la piscine, on capte - parfois - le wifi. Le jeune homme de la réception ne tique même pas et se contente de photocopier ma déclaration de vol. Tarif d'une chambre par nuit : 450 drh.
    C'est notre premier hôtel depuis Casablanca, et surtout le premier lit pour Yo depuis 5 jours. Il est tellement content qu'il se prosterne devant son lit en criant "Allah akbar !"

    La panne en gare de Fès a retardé notre arrivée. Il est 21 heures et nous nous hâtons vers la médina pour dîner. Nous nous attablons à l'entrée de la médina fassi, sur une des deux tables, en terrasse si l'on peut dire, du restaurant Chez Tham's, rue Serrajine. En amuse-bouche, on nous sert une assiette de lentilles bien piquantes et de makoda, des galettes de pommes de terre. C'est délicieux et ça arrache. Ensuite, je commande un tajine de poulet aux haricots verts. Facture : 140 drh pour 2.

    Sur le retour vers l'hôtel, le taxi roule à tombeau ouvert, c'est impressionnant ....

    Splendid Hôtel

    9, rue Abdelkrim El Khattabi à Fès (+212-5) 35 62 21 48

    fès,maroc

  • Au café avec les hommes et une nuit à Takadoum, en famille

    Au Zenith, avenue Okba à Agdal, nous retrouvons B. avec un de ses amis, auquel Yo trouve des airs de ressemblance avec Djamel Debbouze.

    Peu après, nous sommes rejoints par un autre homme, puis un artiste-peintre qui ne décroche pas un mot, un jeune homme que je crois un instant français, superviseur dans un centre d'appels et travaillant avec un de nos concurrents directs, et bientôt, le cercle s'élargit et je me retrouve au milieu de 8 hommes, dont Abdel qui nous a rejoints. Je savoure mon privilège d'être au milieu d'une assemblée exclusivement masculine.
     
    En lui racontant notre visite à Chellah, Abdel m'apprend que le sultan Abou Al-Hassan qui y est enterré était noir de peau et sa femme, une anglaise, raison pour laquelle il donna Gibraltar aux Anglais. En effet, il était surnommé "le sultan noir" et sa sépulture se trouve dans la forteresse de Chellah, où il repose près de sa femme, "la sultane Chams al Doha, une Anglaise convertie à l'islam".

    Je parle avec Abdel de mon nouveau hobby de guide touristique bénévole et lui promet une visite privée lors de sa venue à Paris.

    La nuit est tombée lorsque B. nous fait visiter les nouveaux locaux de l'association qu'i a créée, dans le quartier de Youssoufia. Deux salles de cours, fraîchement repeintes, sont déja équipées de bureaux et chaises.   

    Ce soir, nous dormirons dans la famille de B., dans le quartier de Takadoum. Nous passons chercher nos valises chez Y. à Youssoufia. Je comprends que Yo aime ce quartier car l'agitation fébrile qui grandit aux abords du mini-parc, au fur et à mesure que la nuit tombe, est fascinante.
    B. s'arrête au carrefour du mini-parc pour que je prenne des photos de ce quartier si animé, ce qui amuse beaucoup les vendeurs dans leurs cahutes, qui crient "Photo ! Photo !"

    L'animation dans le quartier de B. est plus intense même qu'à Youssoufia.
    B. raconte qu'un volontaire de l'association, en découvrant les tentes, les lumières, les grillades et la musique, lui demanda s'il y avait un festival dans son quartier. Un instant perplexe, B. avait répondu, hilare "Un festival ? C'est tous les jours le festival ici !"

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    Nous suivons un dédale de ruelles et nous arrêtons devant une porte de fer. C'est la maison de B., où nous passerons la nuit. Sa soeur et son père nous accueillent; le père va souvent en France, notamment à Marseille, Montpellier et Ajaccio.
    Nous nous asseyons dans le salon familial et ce qui suit est très drôle; le père descend des albums photos du temps de sa jeunesse et même des photos de son propre père, ainsi qu'une carte de famille nombreuse des années 60, faite à Béziers, c'est du collector !

    Sur les photos dentelées, le père de B. a une coupe de cheveux à la Mike Brant et porte les mêmes pantalons moule-boules jaunes soleil que le mien, dans les années 70, et sa mère porte des pattes d'eph rouges comme la mienne alors. C'est marrant de constater à quel point la jeunesse marocaine de l'époque était interchangeable avec la jeunesse française.

    "A table !" crie la mère de B. Nous mangeons des sortes de tortillas fourées de viande hachée, avec une salade de tomates, concombre et oignons. L'avantage d'être une femme, c'est qu'on me réserve toujours la chambre où il y a le lit. Je m'endors donc dans un cocon douillet et le calme le plus complet.

  • La tour Hassan avec Lotte et la forteresse de Chellah (avec Yo)

    Ce matin, le réveil est plus difficile. Yo, en preux chevalier, a protégé ma vertu, un instant menacée, en dormant avec moi. Ça lui a visiblement réussi, il a dormi comme un bébé et se réveille requinqué.

    Vers 11h, nous retrouvons Lotte dans le quartier qui est encore assoupi. Le contraste est grand entre le matin et le soir, où la foule se presse devant les étals. Il nous emmène d'abord nous promener dans la forêt Ibn Sina. En ce dimanche matin, on se croirait au bois de Boulogne. La forêt est vaste et les joggeurs nombreux, des panneaux promeuvent la lutte contre la désertification.

    Après ce réveil en douceur, Lotte propose de visiter la tour Hassan. Nous traversons le quartier paisible des ministères et ambassades. Lotte pointe le ministère de l'intérieur, l'état-major, "le bureau de Mohamed VI", puisqu'il en est le chef. Dans la voiture de Lotte, il y a du son égyptien, Amr Diab. Je n'ai pas déjeuné ce matin et achète une madeleine dans une boutique.
    La tour Hassan est le vestige du minaret d'une mosquée jamais terminée, projet pourtant ambitieux. A proximité, une construction blanche coifée d'un cône vert abrite les tombeaux de Mohamed V et de ses deux fils, dont Hassan II.

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    Vers 13h, nous rejoignons le quartier de Takadoum où nous avons rendez-vous avec B., qui vient de tomber de son lit. Nous nous installons au premier étage du café Miami, juste en face du lycée où B. a fait ses études. Je commande un petit déjeuner Miami, oeuf dur et olives noires, et me fais servir un pain rond au lieu de la crêpe commandée. Je commence à avoir l'habitude de manger ce qu'on me sert et pas forcément ce que j'ai commandé.
    Lotte et B. discutent affaires. De retour à Youssoufia, je monte sur la terrasse pour prendre des photos des toits, couverts de satellites. Je m'allonge un peu mais ne parviens pas à dormir et nous prenons un petit taxi jusqu'à Chellah, le dernier des trois sites inratables de Rabat.

    Cette ancienne cité romaine et nécropole mérinide est majestueuse. Passée la grande porte, on découvre d'énormes couffins de branchages posés au sommet du minaret de l'ancienne mosquée et des arbres environnants; des dizaines de cigognes y nichent et balaient le ciel de leurs grandes ailes. La dernière fois que j'en ai vu, c'était en Roumanie.

    La lumière du soleil couchant sur la muraille ocre jette des reflets dorés. L'endroit, peu fréquenté, respire la tranquilité et c'est un réel plaisir de se promener sous la fraîcheur des orangers et bananiers. Plus loin, Yo, qui a fait des études d'histoire, me montre les ruines du forum, la medersa et les toits arrondis de l'ancien hammam.

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    Près du bassin aux anguilles, où les femmes stériles jetaient des oeufs durs en offrande, c'est le royaume des chats. Nous nous promenons longtemps dans cet endroit empreint de douceur et d'histoire.

  • Une soirée avec Abdel

    Vers 18h, nous retrouvons Lotte, qui était venu nous attendre à la sortie de l'avion à Casa, devant les stands d'où s'échappent des volutes de viande grillée, aux abords du mini-parc de Youssoufia. Ces effluves me donnent faim et j'engloutis une brochette de saucisses épicées, en guise d'apéro.

    Peu après, un homme nous rejoint, c'est Abdel, un homme au visage rond et mat, très souriant. Son projet initial de nous inviter chez lui a été bousculée par un deuil survenu la veille. Nous prenons congé de Lotte, que nous retrouverons le lendemain matin et à bord de la Renault de son frère, Abdel nous emmène boire un verre au Bluberry, sur la marina de Rabat.

    Nouvellement aménagé, c'est un endroit très agréable, en bordure du fleuve, prisé de la jeunesse dorée et des famille rabatis. Sur la longue espanande, les amateurs de rollers se laissent glisser.

    Devant un thé à la menthe (pour changer), je fais la connaissance d'Abdel, germanophile ayant vécu 8 ans à Berlin, devenu père de famille depuis sa rencontre avec Yo.
    En comparaison avec les hommes marocains que j'ai croisés jusqu'ici, très réservés, Abdel est volubile et s'adresse directement à moi. C'est agréable, j'avais parfois l'impression d'être transparente.
    Nous remontons en voiture et je prends quelques notes sur mon téléphone, ce qui amuse Abdel. "Sophie, tu notes ? N'oublie pas de noter que nous écoutons de la musique gnawa !"
    J'apprends ainsi qu'Essaouira, capitale de la musique gnawa, a accueilli Jimi Hendrix dans les années 70 et a aussi servi de décor au film Othello d'Orson Welles, un de mes premiers chocs cinématographiques, dans une salle déserte du cinéma Mac Mahon, près des Champs-Elysées.

    Nous longeons une large avenue où les résidences luxueuses se succèdent. Dans un quartier populaire, Abdel gare sa voiture et nous entraîne dans une cour surmontée d'un auvent en toile, sous lequel des tables et chaises de jardin en plastique sont installées. Un homme vient à notre rencontre, c'est le père du petit garçon décédé. Au fond de la cour, des hommes, la plupart âgés, sont assis par terre. Abdel nous tend des chaises, sa femme vient nous saluer puis une petite fille court vers lui et nous dévisage avec curiosité. Bientôt, un homme amène le petit dernier aux joues rebondies et au caractère déjà bien trempé.

    Nous discutons avec Abdel, il demande à la petite de nous montrer comment elle parle bien le français. Elle récite les jours de la semaine, c'est très mignon et son père est fier. Yo distribue les cadeaux aux enfants et le petit Otman semble frôler la syncope devant sa peluche.

    Peu après, un jeune homme, serviette sur l'épaule et plateau dans les mains arrose les notres à l'aide d'une théière. Après lui, un autre dépose devant nous un grand plat rond en fer-blanc rempli de viande, légumes et d'une fine semoule arrosée de bouillon et d'oignons fondants. Je dois dire que j'ai rarement mangé une semoule aussi aérienne et parfumée, c'est un délice. Yo, prudent, me refile sa part de potirons.

    Il est tard lorsqu'Abdel nous dépose devant la mosquée de Youssoufia. Visiblement peu rassuré de nous voir nous enfoncer dans le dédale de ruelles, il nous fait promettre de lui envoyer un sms dès notre arrivée à bon port.