Hier soir, j'ai entraîné mon ami "Dyvyne", grand adepte de la littérature russe, au théâtre des deux Portes, ancienne école du mime Marceau, ou se jouait la pièce "Les Tolstoi, journal intime". Je dois préciser que je n'ai jamais lu un seul roman de Tolstoi et je ne connais rien de sa vie.
Basée sur les lettres et journaux intimes de Léon et Sonia (qui s'appelait Sophia en fait, j'y tiens), cette pièce met en scène 2 comédiens époustouflants. Déjà, quelle drôle d'idée que ces journaux intimes que chacun des époux s'échangeaient et lisaient chaque soir ! C'est complètement à l'opposé de l'idée même d'intimité, pour moi.
J'ai découvert Léon Tolstoi et ai eu envie de le lire, enfin. Un Tolstoi attendrissant, très porté sur la chose ("Quelle virilité, mon mari, à 60 ans !" s'écrie Sonia), amoureux de sa femme jusqu'à la fin de sa vie, qui rêve de solitude et d'abstinence sexuelle, mais est incapable de s'y résoudre. Des rôles physiques, sans doute épuisants (la pièce dure près de 2 heures et demie), des larmes, des cris, des plaintes, des "Que je suis malheureuse" suivis de "Comme je t'aime, mon mari".
Sonia, sa femme, qui nous confie avec un sourire mutin : "c'est arrivé ! je suis encore enceinte! " (ils eurent douze enfants). Elle le hait et l'aime tout à la fois, à travers tous ses errements, même quand il plonge dans le mystique. Un moment grandiose, vraiment, et très émouvant. Beaucoup d'érotisme dans ces caresses et ces baisers échangés. Le théâtre, c'est vraiment magique.
«Si un homme a beaucoup plus qu'il ne faut, c'est que d'autres manquent du nécessaire.»
[ Léon Tolstoï ]