C'est le jour du départ. Pour notre dernier petit-déjeuner, Dana nous a fait une surprise : une brioche au chocolat, truffée de dés de loukoums, des pains fourrés au fromage doux et des strudels aux pommes. Nous quittons Rm Vâlcea un peu avant 9h.
La route jusqu'à Sibiu ne nous est pas familière puisqu'à l'aller, nous l'avons faite de nuit. Dans ce sens et en journée, il y a beaucoup moins de poids-lourds et elle nous paraît moins longue. A Sibiu, aucune direction du centre-ville, nous nous retrouvons à proximité un peu par hasard. Nous garons la voiture sur un parking près d'une station-service Rompetrol et en profitons pour faire une photo souvenir pour Stéphane.
Guide en main, nous arrivons sur la Piaţa Cibin où se tient un marché que nous traversons. La ville de Sibiu tire son nom de la rivière Cibin, afluent de l'Olt. Fondée par des colons allemands au 12ème siècle, Sibiu, anciennement Hermannstadt, a miraculeusement été épargnée des destructions sous la seconde guerre mondiale puis sous l'ère communiste, sans doute parce que le fils de Ceauşescu y avait des responsabilités et aimait y séjourner. Les Strada Filozofilor (rue des Philosophes), Masarilor (des Tisserands) et la Piaţa Armelor (place des Armes) témoignent du passé médiéval de Sibiu. Du marché, nous prenons la Strada Azilului (rue de l'Asile, où se trouve un hospice de vieillards) et apercevons les tourelles de monuments sur notre droite. Je voudrais commencer notre rapide visite de Sibiu par la Ville Basse, nous montons donc les marches qui mènent au pont de fer Podul Minciunilor (Pont des Mensonges) et prenons à gauche. Nous nous engouffrons dans le pasajul Aurarilor (passage des Orfèvres), un charmant escalier menant à la place du même nom, dans la Ville Basse. Là, nous remarquons les pittoresques maisons basses et à large toiture, trouée de lucarnes en forme d'amandes qu'on surnomme « les yeux de Sibiu » ou « ochii oraşului » (yeux de la ville). On les retrouve un peu partout dans la ville.
Quasiment toutes les maisons portent une plaque indiquant qu'elles sont monument historique et contrairement aux autres villes de Roumanie, de nombreux plans du quartier ou plaques devant les monuments (et en français aussi !) expliquent ce que l'on admire. Quel dommage cependant que les voitures soient autorisées à pénétrer dans la Ville Basse et que la municipalité n'interdisent pas les enseignes criardes qui enlaidissent les somptueuses façades aux teintes pastel !
Nous remontons vers la ville et débouchons sur la Piaţa Mică (Petite Place) entourée de maisons aux teintes pastel, blotties les unes contre les autres. Je comprends pourquoi mon guide indique que Sibiu est la plus jolie ville du pays et pourquoi Dana insistait tant pour que nous la visitions. Le voyage de la veille jusqu'à Brasov valait le déplacement pour les paysages montagneux grandioses que nous avons traversés mais la ville médiévale de Brasov fait triste mine à côté de la beauté de Sibiu. On retrouve tout à fait l'influence austro-hongroise de cette ville qui appartient déjà à la Transylvanie, longtemps empire hongrois. Dépassant les toits des maisons, nous apercevons même les tuiles vernies d'une église, tout à fait semblables à celles que l'on trouve dans le quartier du château de Budapest.
Nous rejoignons la Piaţa Huet, passant devant la magnifique cathédrale orthodoxe dotée de coupoles rebondies, qui se donne des airs de Sainte-Sophie d'Istanbul.
Je hâte le pas et Boug' trottine derrière moi. Nous parvenons enfin à une rue commerçante et entrons dans un café (j'avais une envie pressante de café, ça ne se commande pas). Après une courte pause et deux espressi, nous ressortons et parvenons à la Piaţa Mare (Grande Place) au charme saisissant. Là encore, de très beaux bâtiments entourent la place, celui, jaune pâle, de la Banca Agricola, des bâtiments rose saumon, bleu pâle, mauve, vert tendre. J'ai l'impression d'être dans le quartier du château de Prague, cette fois. Nous prenons un tel nombre de photos que les piles de nos appareils photos rendent l'âme simultanément.
Après une heure et quart à marcher dans la ville, nous nous résignons à abandonner la visite car la route est encore longue jusqu'à Budapest. En redescendant vers le marché, nous nous faisons la remarque de la physionomie très différente des passants. Ils sont beaucoup moins typé s et ont le teint et les cheveux beaucoup plus clairs que la plupart des Roumains que nous avons croisé lors de notre séjour. Nous empruntons l'artère centrale du marché et prenons quelques clichés des étals : radis énormes et ronds (que j'ai croqué à chaque petit-déjeuner, avec concombres, tomates, olives et fromage de brebis), poireaux, fraises, tomates, assortiment de miels, mottes de fromages granuleux.
Nous reprenons la voiture, un tantinet frustrées. La magnifique ville de Sibiu aurait bien mérité que nous lui consacrions une journée entière.