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  • Avec Tony et Stéphane Ravor au Carbet

    Photo047.jpgJeudi, 15h. La veille, j’avais reçu un sms de Tony : « Bonjour ma chérie, tu es invitée demain soir à un cocktail de presse, je t’appelle quand j’atterris à Fort-de-France ».

    Je finis à 18h30, la journée fut longue et fatigante et je suis bien contente à l’idée de me détendre. Tony propose que je récupère un de ses amis au Marigot et que nous le rejoignions au Carbet, om a lieu la soirée. « Quand tu arrives au Marigot, tu l’attends au premier arrêt de bus que tu vois ».

    Je longe la côte, malheureusement je ne profite pas du paysage car il fait déjà nuit. A gauche, un énorme panneau publicitaire pour un magasin dit « Bienvenue, kontan wè zot’ ».

    Après quelques péripéties (je crois être au Marigot alors que je suis encore à Sainte-Marie), je rencontre C., martiniquais en vacances comme Tony et la plupart des amis qu’il me présentera. Nous décidons de ne prendre que ma voiture et repartons sur les routes sinueuses du nord de la Martinique. Aucune n’est éclairée, il fait nuit noire. Au détour d’un virage, dans mes phares, une ombre : un homme titube sur la route, complètement saoul. Ils ont pas peur, les mecs.  J’ai une pensée pour JM en traversant le Lorrain, puis nous arrivons à Ajoupa-Bouillon, ville entièrement détruite par l’éruption de la Montagne Pelée en 1902. « C’est vraiment dommage qu’il fasse nuit, dit C. car la région et les paysages sont magnifiques ». Nous voici au Morne Rouge, puis nous passons devant la rhumerie Depaz avant d’arriver à Saint-Pierre, l’ancienne capitale du pays. « C’est une ville pleine de charme, dit C., il faudrait que tu reviennes ». Là de nouveau, l’immensité noire à notre droite et nous arrivons au Carbet.

    Devant l’entrée de l’hôtel Marouba, je saute dans les bras de Bibiche. Ca me fait trop plaisir de le retrouver ailleurs qu’à Paris ! Nous entrons dans l’hôtel et rejoignons l’endroit d’où parvient du zouk. C’est la soirée de lancement du dernier album de Stéphane Ravooooor, comme dit le monsieur au micro. Un concert privé, avec planteur et buffet. Bien sûr, je ne le connais pas, mais assise à une table, une dame, visiblement grande fan, chante toutes ses chansons. Il est beau dans sa chemise rose vif, Stéphane, et le discours qu'il tient à l'égard de ses invités me touche par sa simplicité et son évidente humilité.

    N'empêche, moi j'aurais bien zouké sur celle-là, ne serait-ce que pour répondre à certaines interrogations :


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    Il est 22h30 lorsque je reprends ma voiture en direction de FDF tandis que Bibiche ramène son pote au Marigot. Bellefontaine, Case Pilote, Schoelcher, Fort de France, puis l’accent circonflexe bleu de mon hôtel. Mine de rien, ce soir, j’ai longé une bonne partie de la côte nord de la Martinique.

  • Bien marlin qui rira le dernier

    Mon client m’a donné rendez-vous au Robert (c'est une ville). Je traverse l’île dans sa largeur et me gare,  un ¼ d’heure plus tard, sur le parking d’un magasin . Dans l’autre sens, en direction de FDF, ça roulait beaucoup moins bien.

    Olivier vient me chercher devant l’entrée et m’emmène en salle de réunion. « J’ai super faim, j’étais sur Skype avec la métropole, au réveil, et je n’ai pas déjeuné », lui dis-je. « Ben moi non plus, alors on y va ».

    La boulangerie du centre commercial n’est pas encore ouverte, mon client vient d’arriver et me propose de visiter le magasin. Par un hasard que je ne m’explique pas, nous tombons tous 3 en arrêt devant le rayon rhums. Les fameux cubis que je veux ramener sont justement en promotion. Olivier me désigne les meilleurs. « Il n’y a rien qui vous choque ? » demande M. Il m’emmène au rayon produits frais : 5 € le paquet de Roquefort, 3€85 le camembert, les 24 pots de yaourts en promotion à … 6€. « La charcuterie, n’en parlons même pas » dit Olivier.

    Devant un café et une pomme-cannelle (la brioche locale), ils m’expliquent que la vie est en moyenne 20% plus chère ici qu’en métropole. Sur les produits importés, cela s’explique par les frais de logistique, mais d’autres postes sont surprenants. Le téléphone est plus cher qu'en métropole, internet est hors de prix et Olivier paie 70€ par mois son abonnement à CanalSat.

    Les fonctionnaires bénéficient d’une prime de vie chère de 40% mais pour les personnes travaillant dans le privé, la vie est de plus en plus dure, surtout après les évènements qui ont secoué les Antilles françaises et laissé beaucoup de sociétés sur le carreau. « Les syndicalistes ont foutu une belle merde et ils ont surtout réglé leurs comptes ».

    M. est fatigué « Ma femme m’a ramené un marlin de 180 kilos hier, je l’ai découpé jusqu’à 22h30 hier, je suis crevé ». Le marlin, c’est ce poisson avec une pointe énorme ?

    « Oui, il a une sorte de sabre sur la tête et cause beaucoup d’accidents. Si les pêcheurs ne le tuent pas du premier coup, il devient fou et bondit dans tous les sens, dans le bateau, au-dessus.  Certains se penchent et se prennent le marlin en pleine poitrine. Mais c’est très bon, le marlin. »

  • Chez Maimaine

    Photo006.jpgLe deuxième jour, vers 7h45, je quitte l’hôtel dans ma 107 et je prends la direction de Fort-de-France au lieu d’aller vers le Lamentin. Mauvaise idée, je tombe dans un embouteillage. Il paraît que j’ai de la chance car ce sont les vacances scolaires. En temps normal, les embouteillages aux abords de FDF sont gigantesques et mon client met parfois 1h30 à 2h pour rallier Le Lamentin au François (20 minutes actuellement). On ne parle pas en kilomètres mais en temps de transport, comme à Paris, quoi. 

    Comme promis, M. mon client nous emmène déjeuner chez Maimaine, « un des endroits les plus créoles de Martinique ». Mon client parle posément et d’une voix très douce, soit l’inverse de moi, mais en bagnole, il dépote.  Il enchaîne les ronds-points à toute berzingue jusqu’à l’aéroport Aimé Césaire.

    « Ah, il y a un aéroport Aimé Césaire ? » demandai-je. « Oui, c’est celui où vous êtes arrivés ». « Ah, je croyais que ça s’appelait l’aéroport du Lamentin ? » Le chef de projet aux yeux dorés répond en riant : « Ça s’appelle l’aéroport de Fort-de-France, Aimé Césaire, du Lamentin. C’est la grande mode de tout rebaptiser ».

    Derrière la zone de fret, en bordure de mangrove, le restaurant « Chez Maimaine » est là, posé comme une soucoupe volante au milieu de nulle part.  Une grande case créole. Ici on commande son repas au comptoir, en arrivant. Nous nous asseyons à la table 40, sur une toile cirée à carreaux. Le restaurant, ouvert de toutes parts, est agréablement ventilé et encore vide.

    On nous offre d'abord une entrée de, sorte de rillettes de harengs à la tomate et aux oignons. Ça commence bien. Lorsque nos plats arrivent sur un plateau, le restaurant est bondé de locaux. On dépose devant nous un bol de riz, un de haricots rouges et une assiette de légume pays : ignames, bananes jaunes et fruit à pain. Mon poisson grillé est un énorme vivaneau, beau comme un jeune communiant dans sa robe d’épices et piments. « Faîtes attention, ils sont forts » prévient M. Normalement, ça devrait aller. J’ai un peu d’entraînement.

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    Voici l’occasion de faire plus ample connaissance avec mes compagnons de la semaine. Mon client demande d’où je suis. « Et vous, d’où êtes vous ? » « Parigot tête de veau, depuis plusieurs générations ». Il vit en Martinique depuis 2007, du côté du François, et s’y sent très bien, entre voile et pêche au gros. Mon commercial m’avait prévenue : « Il est super sympa » et c’est vrai. Il m’a même appelée la veille de mon départ pour me donner son n° de portable et s’assurer que j’avais tout, réservation de voiture et coordonnées de l’hôtel.

    De mes 3 autres stagiaires, Martiniquais, seul Olivier a vécu en métropole. Je fais l’erreur de commencer par des ignames, fruits à pain et bananes jaunes, dont je raffole, et calée en 5 minutes, je ne parviens à manger que la moitié de mon énorme poisson.   M. déconseille le restaurant le soir, à cause du bruit des avions et des moustiques de la mangrove. Je quitte le restaurant en me disant que la digestion va être longue.

    En arrivant dans la Z.I. de Place d’Armes, Olivier pointe une rivière brune et boueuse et en contrebas, le parking d’une grande surface : « Vous voyez, ici, en saison de pluies, le toit des voitures sur le parking n’est même plus visible ».

    Ami lecteur, si un jour tu as du temps à tuer à l’aéroport de FDF Aimé Césaire du Lamentin, vas chez Maimaine. Tu ne le regretteras pas.

  • Au Babaorum, sur les hauts de Fort-de-France

    Photo105.jpgCe soir, au moment de boucler la première journée de formation, je demande à Olivier, le chef de projet : « Vous connaissez un resto sympa où je pourrais aller dîner ce soir ? ». 

    Il met à contribution mon client qui arrive sur ces entrefaites. « Vous voulez manger quoi ? » « Cuisine créole, poisson ». « Allez au Babaorum » dit-il, c’est à côté de votre hôtel et c'est très sympa. Mais attention, pensez à éteindre votre téléphone en entrant dans le restaurant, sinon vous paierez le champagne. Et demain midi, on vous emmènera manger chez Maimaine. Y’a pas plus créole que Maimaine ».

    (Je défie quiconque d'entendre mon téléphone sonner dans un restaurant)

    Il dessine un plan sur une feuille de papier : « Sur le boulevard des Arawaks, vous laissez votre hôtel à gauche et continuez. Vous passez les dos d’âne et juste avant le rond-point, vous tournez à gauche dans une rue en épingle à cheveux. Le restaurant se trouve quasiment accolé à une station essence ».

    Le soir, je prends la voiture et suis ses indications. Je descend une route sombre et laissant l’Habitation Dillon à gauche, je tourne juste avant le rond-point et me gare à la barbare en face de la station Texaco. Après avoir traversé le jardin sombre et sa terrasse sur lattes de bois éclairée de loupiotes, je pénètre dans un restaurant à plusieurs niveaux, ouvert de tous côtés et décoré de tables et chaises aux couleurs vives.

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    On m’installe à une table surplombant la nuit d’où émerge  bananiers, cocotiers et arbres à pain. Vous voulez l’ambiance ? Voilà :

     
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    « Je vous sers un apéritif ?» demande le serveur aux tresses collées sur le crâne, en posant l’ardoise sur le siège voisin. Je veux, mon neveu. Et un ti’punch, comme hier.  Je connais une berrichonne qui trinquerais bien avec moi, ce soir. Enfoncée dans mon siège, no stress, je lis paisiblement dans le vacarme nocturne. Je souris car si je me suis munie de vaporisateurs anti-moustiques, craignant l’épidémie de dengue « sans précédent qui frappe la Martinique », j’ai jusqu’ici oublié de m’en asperger. Il est déjà trop tard, de toute façon, la veille à Trois Ilets, je me suis fait bouffer.

    En entrée, j’hésite entre féroce d’avocat et salade de chatrou. Je vérifie auprès  de la serveuse : « Le chatrou, c’est quoi ? » « Du poulpe ». Je la choisis en format plat principal et on dépose devant moi une salade de chatrou, accompagné de chou rouge, carottes, concombre et salade. Un délice. J’aime le poulpe même caoutchouteux mais là, il fond dans la bouche. Le lendemain, mon client me dira que le camemebert frit est la spécialité du Baborum.

    Le personnel s’active en silence et avec le sourire, tous parés du même tee-shirt noir, en vente à l'entrée. Devant, on lit « T’as des envies ? », derrière « Babaorum ». Je finis sur un clafoutis caramélisé à l’ananas et après m’être délestée de 22 €, je quitte l’endroit en me promettant de ne plus jamais dîner au restaurant de mon hôtel.

    Le Babaorum au 42, route de Chateauboeuf à Fort-de-France (05.96.75.03.32)

    PS : De retour à l’hôtel, je navigue sur le site internet du Babaorum et de son frère du nord, le Petitbonum ; la présentation de l’équipe n’a rien à envier à l’humour de Nicolas et Tonnegrande.

  • Trois Ilets

    Photo145.jpgLe jour de mon arrivée, j’ai tenu jusqu’à 22h avant de me coucher (3h du matin heure française), histoire de me mettre à l’heure locale. Ma première soirée en Martinique a été calme.

    Après avoir récupéré ma 107 à l’aéroport, j’ai repéré mon parcours sur la carte de l'île (hé oui, pas de GPS), pris l’axe principal qui relie l’aéroport à Fort de France, suis sortie en direction de l’hôpital. Je voyais mon hôtel, sur les hauteurs, mais ne savais quelle route choisir pour y accéder. Enfin j’y suis et après avoir déballé quelques vêtements, je saute dans mon bikini tout neuf et monte me poser sur le toit de l’hôtel, là où il y a piscine, jacuzzi et chaises longues. C’est la saison des pluies, le ciel est couvert et l’air moite. Plus tard, je dîne au restaurant de l’hôtel, plongée dans un des livres que j’ai emporté et que je ne tarderai pas à finir, tant il me plait : « Écoute-moi » de Margaret Mazzantini.

    Le lendemain, dimanche, je suis réveillée à 8h. Enfin, c’est ce qu’affiche l’horloge sur la télé ; en réalité, il est 7h15. Je monte prendre mon petit déjeuner puis vais m’allonger sur une chaise longue.

    Un petit tour sur Skype puis vers 14h, je prends la route jusqu’à Trois Îlets. Je passe des rivières et des bourgs aux noms amusants : Rivière Citron, Cocotte, Rivière Lézarde.

    Je m’arrête au restaurant du Golf mais il est 15h et le service est terminé. La patronne m’indique la Pointe du Bout où il y a plein de restaurants. Je gagne au change. A la Pointe du Bout, c’est très animé car sur la plage se tient la fête de l'Anse Mitan. Dans l’avion, mon voisin, salarié de Veolia, m’a dit qu’à Sainte-Marie, le 15 août, il y a des combats entre serpents et mangoustes. « Ça se mange la mangouste ? » je demande. « Non, mais tu peux manger du manicou ». Faudra que je négocie pour bouffer du manicou, moi.

    Au restaurant la Marine, il n’y a pas de climatisation. Tant mieux. Je déteste la clim et les glaçons dans l’eau. La veille, je me les suis pelé au restaurant de l’hôtel. Un vrai frigo.

    Je siffle un ti punch qui me met un coup de savate derrière les oreilles puis déjeune rapidement d’une dorade grillée avant de marcher jusqu’à la plage où se tient la fête de l’Anse Mitan. Phoenix Foundation remplit l’air, chargé d’effluves de ganja et d’odeurs de beignets, de son reggae revendicateur sublimé par trois jolies chanteuses et boosté par le sourire étincelant du clavier sanglé dans ses bretelles. Il s'éclate, c'est visible. Du reggae, putain, que pouvais-je espérer de mieux pour commencer ce séjour ? En passant d'un pied sur l'autre, je me dis que demain, ça va être dur de se mettre en mode taf'. Le son n'est pas top mais ça pourrait être pire et surtout, c'est pour l'ambiance et parce qu'hier, j'aurais voulu que JM, mon ami de presque toujours soit là avec moi, chez lui  :

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    Sur la plage, les hommes sont assis en terrasse, pieds dans le sable et bière à la main. Dans l’eau, les nageurs flottent dans le soleil couchant et me font envie mais je n’ai pas pris mon maillot de bain. Qu’aurais-je fait de mes clés de bagnole, permis et autres ? Pour la plage, j’attendrai l’arrivé de Bibiche, prévue le 19. Je m’assieds, plante ma bière Lorraine dans le sable et mords dans un bokite, un beignet bien gras farci de morue, crudités et relevé de piment et sauce chien. Je contemple les lumières scintillantes de la baie, le soleil qui tisses des dentelles dorées derrière les nuages et un enfant qui gambade dans l’écume mousseuse. A côté de moi, un jeune homme au torse nu retient la main d’une jeune fille, la caressant de ses yeux de velours.

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    Il est presque 20h, il fait nuit noire et je décide de rentrer, ignorant que Dédé Saint-Prix passe en 2èmepartie de soirée. Sur la route, je capture sur mon dictaphone les bruits de la nuit martiniquaise qui s’éveille. Le soir, devant mon ordinateur, je mords dans la chair sucrée des tomates du jardin de Pap’s, qui ont fait le vol avec moi. Trop bonnes.