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  • Daouda ou da da da

    Lundi, j'avais rendez-vous avec une belle brune au métro Pyramides à 19h30. J'avais prévenu que je serais vraisemblablement là à 19h40. A 19h37 très précisément, alors que, mon métro s'engouffrant dans le tunnel entre Opéra et Pyramides, je me félicite déjà de ma perspicacité, la chenille de métal s'immobilise. "Bla bla bla, merci de votre patience". J'envoie un sms à la belle brune "J'ai failli être là à 19h40 !"

    Les minutes s’écoulent. Le conducteur réitère son annonce. Ça commence à faire long quand même 5 minutes d'attente dans un tunnel, surtout que j'ai une faim de loup. Après un moment, il annonce qu'il va couper le courant et que nous risquons d'être plongés dans le noir. Mon espoir d'un retard à peine perceptible s'éteint en même temps que les loupiotes.

    A 19h54 (croyez-pas que j'ai une mémoire aussi précise, j'ai les sms sous les yeux), coup de théâtre : "Nous allons devoir évacuer, ne vous inquiétez pas, le courant est coupé, je vais venir évacuer chaque wagon avec une échelle et je vous demande de marcher le long du mur jusqu'à la station Pyramides".

    Je me marre. Ça c'est une première ! Tout en coulant un regard compatissant vers les touristes à valise, je me félicite d'avoir choisi, le matin même, un pantalon en toile et des baskets. Comme ça fait déjà 30 minutes qu'on est bloqués dans ce wagon, un homme ouvre les portes et nous sautons tous du wagon sur le sol (un bon mètre de hauteur quand même). Une jeune femme se plaint derrière moi de son infortune. "Oh moi, tant qu'il n'y a pas un rat pour me grimper le long de la jambe, tout va bien !" dis-je. Un homme réplique "Oui, par contre, s'ils rebranchent le courant, on passe tous dans Le Parisien demain matin !"

    Finalement, on se marre bien dans cette longue procession qui s'achemine lentement sur le sol caillouteux du tunnel. Tout le monde sort son appareil photo et les flashes éclairent le boyau métallique. A défaut d'être dans Le Parisien, je vais me retrouver sur Facebook ou Twitter, pas de doute. La station Pyramides est quand même assez loin et on marche bien sur 200 mètres. A 20h15 je retrouve la belle brune devant Naniwa-Ya et après les nouilles, raviolis et boulettes de poulpe, on va se prendre le dessert au Stube, juste en face de l'Oustaou (je vous jure que c'est un pur hasard que je me retrouve dans ce bar toutes les semaines).

    Peu avant 22h, la belle brune me quitte et moi je vais juste faire une bise à Chichi. Sauf que comme je passe souvent à l'Oustaou, je commence à connaitre les habitués et du coup, maintenant, je trouve toujours quelqu'un pour me donner une bonne raison de boire un verre. A 23 heures, je prends le bus avenue de l'Opéra : ce soir, je devrais me coucher avant minuit.

    Au coin de ma rue, un homme d'une soixantaine d'années me fait des signes. Je m'approche, sur mes gardes, prête à lui décoller un jump-kick entre les gencives (après 22 heures dans une rue déserte, je ne suis plus une dame). Il ne parle visiblement pas un mot de français et me tend une carte magnétique d'hôtel en répétant "Campanile, Artistide Briand". Je suis perplexe. Il y a plein d'hôtels dans mon quartier mais un Campanile, ça ne me dit rien. Je tape sur un moteur de recherche pour trouver l'adresse, car il ne l'a pas (ah ces touristes !) et lui montre le numéro sur l'écran en lui indiquant la direction à prendre. Il rejoint une femme qui l'attend au coin de la rue et je me dirige vers chez moi avant de ralentir. Non vraiment, un Campanile dans ce coin, je ne vois pas. Ça m'embêterait de leur avoir indiqué une mauvaise direction, surtout qu'ils ne parlent pas français et sont complètement paumés. Je fais demi-tour et rattrape mes deux touristes qui sont plantés devant le numéro indiqué où comme je m'en doutais, il n'y a aucun hôtel. Je devine qu'ils sont russes. Dada : ils confirment. Je lance de nouveau ma recherche et cette fois, j'appelle l'hôtel qui valide l'adresse. "Vous êtes dans quelle ville ?" demande-t-il avant de me fournir le pourquoi du comment "Ah mais non, c'est à Arcueil !". J'ai envie de lui dire "Campanile porte d'Orléans, mon cul oui !" mais il n'y est pour rien dans la publicité mensongère faite aux touristes.

    Au moins, je me serai couchée moins conne ce soir-là : j'ai appris que lorsqu'une rue traverse plusieurs villes, sa numérotation redémarre dans chacune. En l'occurrence il n'y a pas un seul n°73 avenue Aristide Briand. Devant la mine de mes touristes, je me résigne : je ne me coucherai pas avant minuit ce soir. J'essaie de leur expliquer pourquoi leur hôtel n'est pas là où il devrait être puis leur fais signe de me suivre. En avant, toute !

    J'ai vérifié : il y a 1,3 km entre l'endroit où je les ai récupérés et leur hôtel. Nous avons marché une bonne demi-heure. De plus, la conversation était très limitée, la dame ne parlant que peu le français et pas du tout l'anglais. Elle n'arrêtait pas de dire "Merci beaucoup madame". A minuit, je les lâche devant leur hôtel et j'attends le bus qui me ramènera chez moi car j'ai la flemme de refaire le trajet à pied. A 0h25, je me couche.

    Le lendemain, mon frère auquel je raconte toutes les aventures vécues en l'espace de 4 heures me dit : "C'est bon pour ton karma, Fiso, tes bonnes actions vont te revenir".

    Et avoir la tête dans le cul, c'est bon pour mon karma, Léon ?

     

  • Gusto Divino

    il gusto divino, restaurants, boulogne-billancourtGusto Divino, c'est un restaurant-traiteur italien ouvert en début d'année, à Boulogne-Billancourt, non loin du métro Marcel Sembat.

    Une façade sombre qu'on pourrait louper, et ce serait bien dommage. Dès ma première visite, j'ai été séduite par le lumineux sourire de Jérôme, le patron, et le temps qu'il consacre à chacun de ses clients, affluence ou pas, pour détailler avec une fierté évidente les produits frais qui parfument ses plats. Ce jour-là, il m'assura que la sauce tomate était faite par la grand-mère. Je ne sais si c'était une blague, en tout cas on a envie de tout goûter tant il les vend bien, ses plats.
    J'y ai déjeuné souvent avant l'été (hélas, il lui manque une terrasse) et converti beaucoup de mes collègues. Récemment, j'y ai emmené un client italien qui a validé la qualité de la maison et reconnu les produits de l'Italie du sud.
    Gusto Divino propose plusieurs formules plat-boisson-dessert au déjeuner, renouvelées chaque jour par le jovial cuisinier : pâtes fraiches (12€50), plats (11€), salades (10€) et foccacias (12€), comme celle que dégusta mon frérot ce jour-là. L'union de la mozzarella et du speck, sur un lit de roquette parfumé au basilic.

    il gusto divino, restaurants, boulogne-billancourt

    Pour faire couler tout ça, Jérôme fait venir d'Italie des limonades artisanales et bios. Et en cuisine, Luciano confectionne des desserts à se pâmer : je raffole de sa mousse puissante en chocolat et légère en sucre, comme j'aime.  Il a même réussi à me faire aimer son tiramisu, dessert qui m’écœure habituellement. "C'est parce qu'il le fait au jaune d’œuf et le travaille jusqu'à obtenir une mousse. C'est comme ça qu'il faut le faire, sinon le mascarpone est écœurant" a dit mon client italien. Tout s'explique.

    il gusto divino, restaurants, boulogne-billancourt

    S'il n'y a plus de places dans cet exigu restaurant qui peut difficilement accueillir des tablées supérieures à 4 convives, on peut aussi emporter les petits plats de Jérôme, dans de jolis boites en bambou.
    Pour finir, Jérôme vend aussi des pâtes fraiches, charcuterie, fromages (dont la célèbre burrata) et épicerie fine. Mais attention, le restaurant-boutique ferme vers 19h !
    Je lis sur le site - qui mériterait une mise à jour - que des cours de cuisine étaient prévus en 2013. En attendant, Jérôme (à gauche) et son cuisinier, Luciano, ont gentiment pris la pose pour illustrer ce billet.  Le jeune serveur, dont le visage m'est étrangement familier, apporte la touche finale à ce joyeux et attentionné trio. Vous la sentez, la convivialité ?

    il gusto divino, restaurants, boulogne-billancourt

    Gusto Divino au 165 rue d'Aguesseau (angle avenue André Morizet) à Boulogne-Billancourt

    Tél : 01 79 71 33 86

  • Dimanche, jour du baigneur

    Depuis quelques semaines, mes dimanches ont pris une routine fort agréable.
    Vers 11h45, je monte dans un bus qui me dépose devant la piscine du Kremlin-Bicêtre. Je suis dans l'eau aux alentours de 12h15 et nage 45 minutes en moyenne, parfois 1 heure. Vers 13h30, je traverse le marché du KB et m'arrête à mes stands préférés.
    Celui des femmes maghrébines, tout sourire dehors, qui cuisent des crêpes à trous, des pains maison tout chauds et vendent de savoureux petits sandwichs.
    J'avais trouvé leur nom sur internet mais hier quand je leur ai demandé un batbout, elles ont désigné un pain rond nature.
    - Et ça c'est quoi ? leur ai-je demandé en pointant les mini-sandwichs.
    - Des fricassés, ont-elles répondu.

    Soit. Je leur achète donc, chaque dimanche maintenant, un "fricassé" au thon et olives vertes, histoire de me tapisser un peu l'estomac après la piscine et avant l'apéro.Pour la recette, c'est , par exemple.

    Fricassé.jpg

    Ensuite, je m'arrête chez quelque maraîcher où je me leste de figues, avocats ou autre envie. La semaine dernière, j'ai acquis une belle tranche de pastèque et réalisé une recette devant laquelle je salive depuis des années : gelée de pastèque à la canelle, pistache, orange confite et chocolat. La recette est complètement foirée, la gelée n'a jamais prise. Il faut dire que j'ai réduit la quantité de sucre de moitié. Et je pense que le chocolat devait rester dur, hors le mien a fondu.Ceci étant dit, je ne suis pas fan du chocolat qui gâche la fraîcheur de la pastèque.

    Bref, je vais devoir me taper des dizaines de cubes liquides de pastèque. Et réitérer l'expérience avec des recettes plus épurées, comme celle de Viviana, blogueuse disparue trop tôt, à moins que je ne m'aventure dans une version salée pour l'apéro.

    Gelee-de-pasteque_visuel_recette.jpg
    Pour finir, je stoppe chez un boulanger qui vend un assortiment de natas toutes plus délicieuses les unes que les autres : nature, aux poires, au chocolat et praliné, et hier au curacao.  En prime, il m'offre une crêpe au sucre à chaque fois.
    A la Comète, je retrouve Nicolas, le nez sur son I-Phone ou dans un verre. Mais pas hier. Il était en route pour la Bretagne, m'a invitée à appeler Tonnegrande, visiblement rentré de Guyane, lequel m'a répondu à ... 19h30.
    Que vais-je faire sans toi, Nicolas ? Les copains ne sont pas foutus de prendre la relève !

  • C'est SaaS qui est bon !

    Préambule : Nicolas va être sur le cul : je me mets à faire des billets techniques.

    Lorsque je suis partie à la recherche d'un nouvel employeur en décembre dernier, la mention "pionnier du SaaS" qui figurait sur l'annonce n'a pas particulièrement retenu mon attention. Le SaaS (Software As A Service), c'était un vague projet de mon ex-employeur, et la présentation de sa valeur ajoutée avait été tout aussi vague. En gros, il fallait s'y mettre parce que c'était à la mode, et ce service ne serait proposé qu'aux petites entreprises. Depuis j'ai compris qu'un véritable gouffre existe entre les EDL (éditeurs de logiciels) traditionnels et les EDL en offre SaaS : limiter son offre aux petites entreprises va complètement à l'encontre de l'esprit même du SaaS. C'est sans doute là que la différence entre les entreprises visionnaires, à la pointe de la technologie, et les bricoleurs qui ne voient pas plus loin que le prochain trimestre est la plus criante.

    N'ayant pas compris l'intérêt du SaaS pour les clients, vous imaginez bien que j'en avais encore moins compris les avantages dans mon quotidien de formatrice. Et par extension, à quel point il faciliterait le quotidien de mes ex-chefs de projets qui devaient orchestrer des installs, annoncer les bugs et gérer les clients qui vont avec.
    Clin d'oeil à mon geek préféré : quand tu seras prêt, vises le SaaS, tu vas t'éclater !

    Mi-mai, mon PDG a allumé la lumière dans mon cerveau. Alors que je m'emmerdais copieusement devant mon PC, j'ai été conviée à un "induction program" de 2 jours, au cours duquel, avec les 7 autres nouveaux embauchés, j'allais rencontrer mon PDG et les principaux responsables de services. Je dois avouer, et j'ai un peu honte, que j'étais curieuse de voir ce qu'un parcours d'intégration à la française pouvait donner, vu que seules les boîtes américaines pour lesquelles j'ai bossé m'avait accordé cette attention. Pourtant, chez Leclerc, vu la complexité de l'organisation du groupe mouvement, ça n'aurait pas été du luxe.

    Je ne m'étendrai pas sur le fait qu'après quelques minutes, j'étais en mode carpe et buvais littéralement les paroles de mon PDG, extraordinairement passionné et charismatique.

    Il commenca sa présentation du SaaS, des débuts à aujourd'hui, par un coup de projecteur sur les valeurs de la boîte. Je dois être vieux jeu ou alors c'est mon éducation professionnelle par les Américains mais que ça fait du bien de découvrir une culture d'entreprise, ses valeurs et sa stratégie !
    Je n'ai ressenti émotion et fierté de bosser pour un PDG qu'une seule autre fois dans ma vie : c'était en écoutant Michel Edouard Leclerc raconter les débuts de son père, et ensuite à chacun de ses meetings car il est un formidable communicant. Mais revenons à nos moutons.

    Je vous livre un copié-collé de l'intervention de mon PDG (j'ai noirci des pages tant ce qu'il disait résonnait chez moi) car à la différence de Nicolas, je n'ai pas signé de clause de confidentialité. Entre crochets, ce sont mes réflexions personnelles (et alors silencieuses).

    - Les valeurs de notre société, c'est la performance du client.
    Mon PDG, en fervent défenseur du SaaS, ne mâche pas ses mots et se fend même d'un petit historique (accrochez vos ceintures, on décolle)
    [Petite explication pour les non-initiés : le SaaS, c'est un logiciel web qui est hébergé chez son éditeur. Pour le client, plus besoin de gérer des serveurs, installations et mises à jour : c'est la responsabilité de l'éditeur, chez lui.]

    - Ce qui fait le succès du Saas auprès des clients, outre cette particularité, c'est l'accès au logiciel qui se fait par abonnement mensuel avec résiliation  possible à tout moment. Et pour les dirigeants qui ont compris l'intérêt collaboratif de l'outil, c'est la possibilité d'y donner accès à un nombre quasi illimité d'utilisateurs.
    [Je me souviens, à cet instant, des sueurs froides de mes débuts et de formations polluées par des installations à faire sur des PC datant de Mahusaleme et/ou verrouillés de partout. Et plus récemment, à partir de janvier 2012, de formations d'où je suis repartie en rasant les murs, furieuse et frustrée, parce que mon logiciel était bugué et ma prestation pitoyable, ce qui a fortement contribué à ma décision de démissionner. Pour moi, donc, formatrice, le SaaS ce sont des soucis techniques en moins : tout bug détecté est corrigé immédiatement et c'est invisible pour l'utilisateur. Les nouvelles fonctionnalités sont balancées au fil de l'eau. Pas de bugs subis jusqu'à la prochaine mise à jour (l'année dernière, j'en étais réduite à paramétrer mon logiciel pour contourner les bugs, pas mal, non, en terme d'efficacité ?)
    Je réalise surtout à cet instant qu'en permettant à l'utilisateur de résilier son abonnement, on place la barre de l'excellence à un niveau supérieur. Car si les outils se ressemblent, ce sera le service client et la réactivité qui feront la différence entre les éditeurs SaaS]

    Mon PDg continue sa croisade.
    - Dans le soft(ware), on a des Microsoft, Oracle etc. (NDLR : comprenez éditeurs traditionnels) qui n'ont pas envie de voir bouger les choses. C'est que l'installation et la maintenance d'un logiciel "tradi", ça rapporte. Les directions informatiques ne voient pas non plus d'un très bon oeil l'arrivée du SaaS : il y a des mecs dont la mission est de gérer le parc applicatif de la boîte. Il se souvient du CEO d'Oracle qui déclarait il y a seulement 2 ans qu'il ne croyait pas au SaaS. Pendant 30 ans, la promesse des ERP c'était productivité et fiabilité.
    La révolution du SaaS et par extension du Cloud, c'est de redonner le pouvoir à l'utilisateur en offrant un produit que les utilisateurs aiment.
    Jusque dans les années 80, la modernité et la technologie étaient dans l'entreprise. Avec la révolution internet, on dispose maintenant, à titre personnel,  d'applications super "user friendly" (NDLR conviviales). En parallèle, dans de nombreuses entreprises, on doit encore bosser sur des logiciels qui datent de 4 ou 5 ans quand sur votre ordinateur perso, vous disposez toujours de la toute dernière version.

    Mon PDG fait un apparté sur les SSII.
    - En France, on est les champions des SSII : "Je suis un cas particulier, je vais aller voir une SSII qui va me faire un développement particulier".  
    Il esquisse un mouvement et change de rôle.
    - Je mets ma casquette d'éditeur de logiciels : essayons d'avoir le réflexe d'imaginer des logiciels qui répondent à tous les besoins.
    Il émet un constat : l'offre logicielle européenne est pauvre, et la France, plus particulièrement, en fin de cortège technologique.  

    Mon PDG expose maintenant pourquoi on ne peut plus échapper au SaaS, et pourquoi les éditeurs tradis qui s'y mettent seulement ont un train de retard sur les autres.
    Le SaaS permet, d'une part, de toujours disposer de la dernière version, comme à la maison. C'est une des garanties qu'on donne à l'utilisateur. L'autre garantie, c'est de pouvoir utiliser l'appli partout et à toute heure. Mon PDG l'assure : tout éditeur de logiciels qui se respecte doit travailler sur la mobilité, et vite.

    Pour l'éditeur, le SaaS constitue une merveilleuse opportunité d'enrichier son métier en lui offrant une relation intimiste avec l'utilisateur de son application. Connecté en temps réel à la plateforme de son client, il dispose de rapports détaillés de l'utilisation qui en est faite : le nombre d'utilisateurs réels par rapport au nombre de comptes créés dans l'outil, la fréquence et la durée des connexions, les pages visitées, les fonctionnalités utilisées (et celles qui ne le sont pas). Le SaaS constitue, pour l'éditeur, un véritable outil de suivi de l'adhésion et des performances de son client.

    Ces rapports sont également envoyés au client qui peut piloter, chiffres en main, l'utilisation qui est faite (ou pas) de l'outil par ses collaborateurs : accompagner la conduite au changement, dénouer les réticences dues à la mise en place d'un nouvel outil, identifier des besoins de formation que révèleraient la non-utilisation de certaines fonctionnalités.

    La révolution du SaaS, selon mon PDG, c'est qu'on ne vend plus un logiciel mais un service. A cette fin, un éditeur en SaaS se doit d'avoir un service qui s'assure du succès de la mise en place de son produit. Il est vital dans la relation avec le client. Sinon, dit-il, on n'a rien compris au métier.
    Parce que le SaaS est une plateforme internet, donc à vocation collaborative, il faut positionner le débat au niveau du dirigeant. C'est lui qui doit être le sponsor du produit et obtenir la cohésion et l'adhésion de tous les utilisateurs à l'outil. Dans cette démarche, ma société a été pionnièe dans la mobilisation pour que tout le monde travaille ensemble.

    [Là, vous auriez vu ma tête ... J'avais du mal à contenir mon enthousiasme. Je me suis souvenue que dans mon ex-boîte, nous déplorions que les décideurs, ceux qui avaient acheté notre logiciel, n'assistent pas à la formation ni ne s'y connectent. Combien de fois suis-je tombée sur des bases au paramétrage modifié à seule fin de punir tel collaborateur ou de privilégier tel autre ? Et lorsque le directeur, qui n'avait aucune idée du fonctionnement de l'outil (et pour cause) s'étonnait, le manager répondait "C'est pas moi, c'est l'outil !". Et le directeur pestait contre cet outil qu'il avait acheté si cher pour si peu de résultats. En tant que prestatiaire de services, on ne peut pas dénoncer un management déficient. 'Combien de fois encore ai-je vu des managers corriger les données pour présenter un joli tableau à leur directeur ? J'avais beau leur dire qu'ils se tiraient une balle dans le pied en faussant des statistiques révélant un manque de personnel, ils tremblaient de trouille qu'on leur reproche de mal faire leur boulot. Et là encore, lorsque le directeur voyaient les clients excédés s'entasser, il hurlait contre le logiciel qui lui avait pourtant dit que tout irait bien.
    Nul doute qu'un logiciel accessible via internet aurait favorisé leur intérêt pour l'outil.]

    Mon PDG résume : logiciels traditionnels = fiabilité et automatisation / SaaS = fiabilité, automatisation + partage d'informations. Et il rappelle que les futurs salariés sont les jeunes d'aujourd'hui, ceux qui surfent sur les réseaux sociaux et désinstallent une application insatisfaisante en un clic.  

    Vous l'aurez compris à la longueur de ce billet : ce qui n'était qu'un détail sur l'offre d'emploi publée par mon employeur est devenu une exigence : je ne formerai plus jamais sur autre chose que des logiciels en mode SaaS !

  • Fiso s'offre un petit jeûne

    Hier, j'ai fait une expérience inédite et surprenante. Une de mes ex-collègues (musulmane), a organisé un dîner dans un restaurant-riad près de Beaubourg, et proposé à ceux qui voudraient éprouver leur volonté et/ou montrer leur solidarité, de jeûner comme elle de 4h57 à 21h32.

    Vous me connaissez, je suis une femme de défis. Pourtant j'avais de gros doutes sur ma capacité à supporter, non pas la privation de nourriture puisque je m'essaie au jeûne intermittent depuis plusieurs semaines, mais celle d'eau.

    La veille, j'ai profité de la terrasse de ma douce Chacha et savouré un délcieux barbecue aux accents grecs, avec féta grillée et raki artisanal. A 2 heures, après une dernière rasade de flotte, je me couche.

    Le lendemain, je réfrène mon premier geste du matin, qui est de boire un verre d'eau. La première moitié de journée ne m'inquiète pas : le weekend, je déjeune rarement avant 15h. Mais je m'imagine déjà en fin d'après-midi, langue dehors, au bord de la syncope et obsédée par la sensation d'une goutte d'eau sur ma ma langue.
    Au pire, me dis-je, si je souffre vraiment je me rincerai la bouche, ce qui est autorisé (tant qu'on n'avale pas car avaler, c'est tromper péché).   

    La matinée se passe sans encombres. Ma collègue s'enquiert gentiment de mon état et m'encourage. Vers 13h, je tourne un peu en rond. C'est que manger, ça occupe, mine de rien. Et pas question de tuer les heures en me lançant dans le ménage !

    J'échange des sms avec les 2 autres volontaires; l'une a mal à la tête et l'autre a tellement bu d'eau la veille qu'il n'arrête pas de pisser. Nous tenons bon.

    Je m'installe devant mon ordinateur et rédige le long billet précédent, ce qui m''occupe jusqu'à 16h. Toujours pas la moindre sensation de faim, je suis très surprise. Je pourrais boire un verre d'eau, certes, mais rien d'insurmontable et même pas le besoin de me rafraîchir la bouche. Je compte le délai qui me sépare de mes amis : il me reste quand même presque 6 heures à tenir. Le plus dur est devant moi.

    Vers 17h30, je ressens un coup de barre et décide de prendre une douche, ce qui m'achève. A 19h, je me glisse entre les draps pour un somme réparateur de 30 minutes. A 20h je sors de chez moi, reposée, pomponnée et toujours pas affamée. Je touche au but et ne peux m'empêcher d'envoyer un message à quelques amis musulmans pour leur annoncer mon dernier exploit, dont je ne suis pas peu fière.
    A 21h15, visiblement un peu déphasée, je dépasse le resto et suis hélée par mes compagnons, hilares.

    A 21h30, ayant un doute sur l'heure exacte de la rupture du jeûne (ce serait quand même con de se louper à quelques minutes près), nous appelons ma Jam qui confirme : c'est bon pour vous à Paris !

    [Ben oui, logique, le soleil ne se couche pas à la même heure pour tout le monde]

    Nous avons enfin mérité de lever nos verres (d'eau) à ce défi relevé, sans aucune souffrance en ce qui me concerne, et je dois dire que le bien le plus précieux de l'humanité a une saveur nouvelle dans ma bouche, tout comme le repas que nous partageons ensuite.

    Cette expérience a fini de me convaincre : les sociétés occidentales mangent bien plus que nécessaire et tout est question de volonté. L'année prochaine, je pourrais bien m'offrir un jeûne prolongé, recommandé par de nombreux médecins désormais, mais avec eau car je reste persuadée que s'en priver est mauvais pour la santé.