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Femme active - Page 10

  • Mon métier

    Je travaille depuis toujours dans le domaine des services. Spécialité centres d’appels (réservations aériennes, support technique, service consommateurs).   Ecouter, rassurer, conseiller, surprendre, remplacer l'anxiété par un sourire, voilà qui m’honore.  Devancer et répondre aux besoins d’autrui me stimule.  La compétition m’a toujours ennuyée et faire du chiffre me déprime. Je n’ai pas à me forcer. Sourire est naturel, désormais. J’ai appris à écouter, à me mettre à la place de l’autre, à être positive, rassurer mais aussi à être ferme, toujours avec le sourire.

    Mes nombreux voyages m'ont confrontée à l’image de la France et des Français à l’étranger. J’ai pu constater souvent que l’accueil que j’y recevais était bien meilleur que dans mon propre pays, pourtant si touristique. Mes compatriotes m’ont parfois fait honte. Dès lors, j’ai été soucieuse de l'image donnée.

    Déjà, quand je bossais à Orly et Roissy, je récupérais régulièrement des touristes paumés dans l’aéroport ou le RER et je finissais par les accompagner jusqu’à leur destination finale, après leur avoir laissé mon n° de téléphone « au cas où ».

    Pendant mes 6 années en Irlande, je me suis réchauffée au contact de ce peuple chez lequel le sourire et le dévouement semblent innés. Pas étonnant qu’il y ait autant d’Irlandais dans le monde humanitaire et hospitalier. A chaque retour en France, mon sourire se fracassait douloureusement sur les mines revêches des employés de la RATP, des garçons de café, des chauffeurs de taxis.

    Quand j’étais hôtesse de l’air, mes collègues irlandaises me laissaient avec plaisir gérer les passagers français qui ronchonnaient systématiquement et pour tout : les retards, les bagages à ranger, la bouffe dégueulasse, le temps, le charmant accent de mes collègues qui elles au moins faisaient l’effort de parler une autre langue. Avec les touristes en partance pour Paris, mon plus grand plaisir était de griffonner sur leurs guides touristiques les adresses des restaurants, bars, musées à ne pas rater, les lignes de métro à prendre. Je me souviens d’un passager irlandais qui a embarqué sur mon vol plâtré des pieds à la tête ; il arrivait d’Afrique et était le seul survivant du crash d’un petit coucou. Traumatisé, il tremblait. Je lui ai tenu la main pendant le décollage et l’atterrissage. Atténuer un peu les peurs fait partie du métier. Arno et Fa, dont la vocation est similaire mais le métier bien plus difficile, savent de quoi je parle.

    Technicienne de support informatique, j’ai dû subir la bêtise doublée de mauvaise foi de clients même pas foutus de lire leur mode d’emploi avant d’appeler. Assistés, les Français ?

    Aujourd’hui je gère principalement des hôtesses d’accueil et un plateau d’appels. Ce sont des métiers peu valorisés alors qu’ils représentent l’image d’une entreprise et demandent de nombreuses qualités. Et pourtant avec le développement de la concurrence et l’uniformisation de l’offre, c’est désormais la qualité du service qui fait la différence pour le client.

    En 4 ans, ma société actuelle est passée de dernière à première de son secteur d’activité pour la qualité de l’accueil téléphonique de son siège social et service client. Manager et motiver des métiers aussi peu considérés est un travail de tous les jours. Parce que sourire face au mépris, malgré les soucis et la fatigue demande un effort sur soi-même. Je suis crédible parce que j’ai fait le boulot et que je valorise mes équipes. Exigeante, je le suis mais je sais aussi les récompenser et les féliciter de leurs efforts.

    Une chose m’a toujours frappé chez mes compatriotes, en opposition avec l’attitude des Américains par exemple. C’est la facilité avec laquelle les Français se plaignent et leur difficulté à complimenter, féliciter, remercier. Je l’ai vécu et sensibilisée à cette carence, je m’étonne toujours moi-même de la surprise avec laquelle on accueille mes remerciements ou mes encouragements.  

    Alors s’il vous plaît, pensez-y la prochaine fois que vous appellerez un quelconque service client. Quel que soit le litige qui vous oppose à votre prestataire, la voix au bout du fil qui enchaîne son 100ème appel de la journée n’y est pour rien. Et tout comme vous avez le droit d’exprimer votre mécontentement, un « merci de votre gentillesse » ou « bon courage », c’est peu mais c’est beaucoup !

  • Mois de juin chargé

    Ma société déménage bientôt dans notre nouveau siège social et je me retrouve affublée de nouvelles responsabilités. Mon équipe passe de 4 à 15 personnes puisqu'on me confie la gestion du service consommateurs en plus de l'accueil et du standard. Je vais enfin pouvoir confier le management "terrain" à des encadrants qui assureront tout ce que je fais aujourd'hui : la formation des nouvelles recrues, la formation continue, les audits qualité, les statistiques quantité et qualité, la rédaction des procédures, la mise à jour des outils de travail. Je vais pouvoir prendre le recul nécessaire pour travailler sur la qualité. J'espère aussi que ma responsable sera remplacé par quelqu'un de compétent, qui me fera progresser et sera véritablement un guide. Je dois réécrire toutes les procédures et former les prestataires avant fin juin.  Yalla !

  • Vérification des références : pour ou contre ?

    En Angleterre et en Irlande, il est d'usage d'indiquer sur son CV les coordonnées de précédents employeurs qui pourront attester de votre sérieux. Cette précaution semble séduire de plus en plus d'employeurs en France. De même, en Irlande où j'ai vécu pendant 6 ans, on pouvait également vous demander les coordonnées de bailleurs dont vous aviez été locataire.

    Alors, pour ou contre la vérification des références auprès des employeurs / propriétaires ?

    A l'époque, je trouvais cette mesure de précaution plutôt à mon avantage et j'avais l'impression qu'elle facilitait l'accès à l'emploi et au logement (parce qu'il y a emploi et logements, c'est vrai). En effet, pour obtenir un logement en Irlande, pas d'exigence de CDI, de demande de garants gagnant au minimum 4 fois le loyer, de caution égale à 2 mois de loyer. La France à cet égard, comme dans bien d'autres domaines, pratique l'exclusion et frôle le grotesque. La classe moyenne se retrouve, comme d'habitude, la victime de ces mesures discriminatoires.

    Imaginez donc ma stupéfaction de petite française quand 6 mois après mon arrivée et alors serveuse "au black", je n'eus à verser qu' 1 mois de loyer d'avance pour me retrouver logée. Il faut admettre que les locataires sont bien moins protégés qu'en France, mais ne le sont-ils justement pas trop ici ? Certaines situations de locataires squatteurs pendant des années sont intolérables, du point de vue des propriétaires qui ont épargné pendant des années.

    Ce système est-il souhaitable en France ? Pas sûr. D'abord parce que la situation de l'emploi est loin d'être la même ici. Ensuite, parce que cette mesure ajouterait à une liste, déjà longue, de filtres rendant difficile l'accès à l'emploi. Enfin parce que, pour être équitable, la vérification devrait se faire auprès d'au moins 2 employeurs et porter exclusivement sur les détails fournis lors de l'entretien (intitulé du poste, durée de la collaboration). En aucun cas elle ne devrait porter sur des critères subjectifs tels que le relationnel, les compétences ou l'absentéisme.

    Votre avis sur la question ?

  • Vieille France, cher pays de mon enfance ...

    Suivi hier soir un débat télévisé au cours duquel Jean-François Coppé affrontait 2 "jeunes" représentatifs du mouvement anti-CPE. J'ai trouvé Coppé brillant et ses vannes m'ont fait sourire; ça change du discours paternaliste des septuagénaires habituels. En revanche, j'ai eu envie de coller des baffes au petit mec au teint de jeune fille qui osait comparer sa situation à de l'esclavage et reprochait à Coppé de ne rien faire d'autre que de la représentation en costard-cravate. Je précise que je ne me situe pas d'un côté ou de l'autre en politique mais je trouve quand même que le gouvernement actuel est courageux; pour prendre de tels risques si près de la présidentielle, il doivent quand même y croire un minimum. Pour citer Coppé "Faudrait arrêter un peu de tout voir par le petit oeil d'idéologies écrites par des mecs il y a 150 ans". Et arrêter de prendre les politiques pour des décervelés. Eux aussi lisent, s'informent et s'inspirent de ce qui se fait (et fonctionne) ailleurs . Ce jeune homme, donc, n'arrêtait pas de dire "vous savez bien que ça ne marche pas et que le CPE ne réduira pas le chômage". Ben, comment il le sait, on a pas encore essayé ? Et d'autres conneries comme "on peut se faire virer du jour au lendemain". Franchement, quel interêt pour employer de former quelqu'un (ce qui a un coût) pour le virer, s'il est compétent ? Les Français s'expatrient de plus en plus, sans parler des entreprises, vous trouvez que c'est un signe de bonne santé économique ? 

    Je commence à penser comme Doudou qui me disait récemment que "le stress au travail venait de l'attachement stupide de l'employé envers son entreprise" ou quelque chose comme ça (merci de rectifier, JM). Un emploi pour la vie, c'est fini et personnellement, je trouve que c'est plutôt une bonne nouvelle. Qu'est ce que j'en ai à foutre de faire carrière et d'aligner 15 ans d'ancienneté ? La mobilité ça me plaît et ne vous avisez pas pas de me traiter de nantie, je n'ai pas le bac et commencé à travailler à 18 ans. Seulement, j'ai pas attendu que ça me tombe tout cuit dans la bouche, j'ai retroussé mes manches, bossé le jour, la nuit, ai toujours considéré mes rapports avec un employeur comme un échange de bons procédés (salaire contre travail), suis même partie bosser ailleurs (because délocalisation et oui, déjà en 1996). Quand on arrête de se considérer comme une victime, on devient maître de son destin.

    Alors, quand on invoque l'horrible précarité qui va s'abattre sur les français avec les CPE et CNE, réveillez-vous, la précarité, elle est déjà là !

    - échec scolaire, dévaluation des diplômes,

    - exploitation des stagiaires utilisés à la place de CDI

    - durée moyenne des missions d'intérim inférieure à 5 jours, celle des CDD égale à 1 mois

    - départ du foyer familial et entrée dans la vie active de plus en plus tardifs

    - exigence de garants et revenus égaux à 4 fois le loyer pour obtenir un logement 

    - augmentation des sans domicile fixe...  

    La France est elle incapable de réformes ? Allons nous rester à la traîne de la modernité, accrochés que nous sommes à notre petit confort individuel ? (car c'est bien de ça qu'il s'agit, chacun pour SA gueule).

    Lu dans Courrier International :

    22 % des jeunes Français de moins de 26 ans sont actuellement au chômage, chiffre qui atteint 50 % dans les banlieues. C'est le record d'Europe", note le Corriere della Sera.

    "Ce n'est pas le CPE en soi qui pose problème, mais bien plutôt le fait qu'il ouvre une brèche dans un dispositif légal et réglementaire fondamentalement dissuasif pour l'emploi", écrit La Tribune de Genève. "Car, si la France connaît un taux de chômage élevé, et particulièrement chez les jeunes, ce n'est pas que sa main-d'œuvre serait moins qualifiée qu'ailleurs, mais uniquement que les employeurs hésitent à embaucher des travailleurs qu'il leur sera ensuite très difficile de licencier." Le quotidien suisse stigmatise le Code français du travail, "l'une des législations les plus rigides qui soient".

    Dernière chose : Qu'on arrête de prendre les employeurs pour des "Mère Teresa". Un employeur est un chef d'entreprise dont le but est de dégager des bénéfices, pas de faire du social. Voilà où on en est en France : des propriétaires qui préfèrent laisser leur logement innocupé plutôt que de subir un mauvais payeur qu'ils ne pourront pas expulser, des employeurs qui ont peur d'embaucher pour les mêmes raisons. Et puis, si vous en avez marre de la France, allez travailler ailleurs, c'est ce que j'ai fait pendant 6 ans ! Rien de tel pour prendre du recul ...