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Femme active - Page 8

  • Mes vrais patrons

    Lundi, c’était la dernière fois que je me retrouvais face à nos VIP, à l’occasion d’une réunion générale. L’occasion pour moi - et j'y tenais - de dire au revoir à quelques-uns de mes « chouchous », généralement quinquas ou au-delà, la nouvelle génération étant beaucoup moins sympa, je dois le dire. Sans doute cela est dû au fait que leurs pères sont de véritables hommes d’affaires qui ont gravi les marches de la réussite, alors que les fistons n’ont fait qu’hériter.

    Quand je suis arrivée ici, mon ex-boss m’a prévenue « Tu vas voir, ILS sont pas faciles ».

    Ca ne me faisait pas peur, habituée que je suis, depuis plus de 15 ans, à désamorcer des situations délicates. Finalement, je me suis vite rendu compte qu’ILS sont juste exigeants. J’aime bien les gens exigeants, et apprivoiser les bougons est un défi qui m’amuse. Au fil des années passées ici, j'ai eu l'occasion de me rendre compte que ces hommes d'affaires, pour la plupart autodidactes, sont bien moins puants que beaucoup de cadres dits supérieurs.

    Lundi donc, je me suis mise sur mon 31 pour la dernière, tailleur pantalon clair, top chocolat, écharpe Kenzo, talons hauts.

    ***

    Ca m'a fait plaisir qu'il soit le premier à arriver, mon "roi des chouchous". C'est simple, je l'adore. 

    Sans doute parce que M. B. est le premier des VIP de la boîte à m’avoir véritablement parlé, il y a 6 ans, un soir qu’il attendait son taxi. Il m’avait complimentée sur le travail de mon équipe et comme c’est une pointure dans la boîte, j’avais été flattée.

    Il doit approcher la soixantaine, un bel homme et surtout un beau sourire, les tempes grisonnantes, je lui trouve un faux air de Sardou. Depuis quelques mois, il s'est amaigri, j’espère qu’il va bien.

    M.B. est aussi jovial et sympathique que sa femme est revêche. Au début, je me suis demandé pourquoi elle était aussi glaciale mais ensuite, une collègue m’a dit qu’elle était comme ça avec toutes les femmes, et sans doute très jalouse. Ca me fait toujours bizarre qu’une femme puisse se sentir menacée par moi, à fortiori si son mari a l’âge de mon père. 

    ***

    Et puis, elle, la seule femme dans cette meute de loups, sèche comme un coup de trique, un regard perçant et dénué d’émotion, aux remarques acerbes sur la tenue des hôtesses ou la gueule des plantes, toujours pendue au téléphone à invectiver sa pauvre assistante. Colette, si tu me lis, sache que j’ai souvent compati.

    Lundi, énervée de devoir attendre 30 secondes, elle a lancé « Et celles-là, elles peuvent pas aider au lieu de discuter ? » à l’attention de la chargée de com’, la tronche de l’autre, elle a failli s’étrangler de fureur contenue, et moi je riais sous cape.

    ***

    Bien après tout le monde, quand la réunion était déjà commencée, y'a un autre célèbre râleur qui s’est pointé. Je l’aime bien, cet alsacien rondouillard aux yeux bleus, qui pique systématiquement le taxi des copains, à l'accent traînant. Je l’ai envoyé chier une ou deux fois, au début, quand il oubliait de dire bonjour avant de commencer à gueuler, et depuis, il m’adore. M’a invitée à passer boire un café à Colmar, ça tombe bien, paraît que le marché de Noël est superbe là-bas.

    ***

    Et puis, il y a aussi M. R., un brun aux yeux bleus, discret, d’origine italienne. Il m’a souhaité bonne chance et a expliqué à son copain « Elle connaît I., sa maman est de là-bas ».

    ***

    M.L., la terreur de tous, m’a demandé si je pouvais contacter quelqu’un pour lui commander un taxi. J’ai sorti mon portable et ce fut fait en 30 secondes. Impitoyable, paraît-il, il est pourtant le seul à se présenter systématiquement lorsqu’il appelle mon plateau. La politesse est une vertu à laquelle je suis particulièrement sensible, surtout quand elle s’adresse à des « petites gens » que beaucoup méprisent généralement. M.L. a le charisme naturel des hommes de pouvoir. De sa belle voix chaude, il dit "qu’on va me regretter".

    ***

    Ah et puis, voilà M. P., un autre grand ponte. Notre rencontre fut renversante, surtout pour moi. J’avais déboulé au 6ème étage, à sa recherche, et au détour d’un couloir, je m’étais étalée, sous ses yeux, sur une p*** de table basse en verre. Je m’étais niqué les jambes, c’est pas peu de le dire, mais son extrême sollicitude avait instantanément effacé les hématomes faits à mon orgueil.

    ***

    Il jette sa cigarette juste avant de franchir la porte, le voilà mon camé à la nicotine. Les dents pourries, les doigts jaunis, pas spécialement affable, je ne sais pas pourquoi je me suis prise de sympathie pour lui, mais ça a au moins rapporté quelques boîtes de chocolat à mon équipe. Il a l'air ailleurs, comme d'hab, et répond poliment « bonne chance ».

    ***

    Vers midi (2 heures de retard), une silhouette de boucher-charcutier rougeaud se découpe sur le parvis. « Chuis à la bourre, et je me suis même salement engueulé avec le mec du parking ». Je souris, ça ne m’étonne pas, c’est un sanguin le G.  Pendant longtemps, je l’ai détesté, d’ailleurs, et encore plus quand j’ai appris qu’il appelait les membres de son équipe par leur nom de famille. Ca donne : les pieds sur le bureau, un bouledogue qui aboie « Dupont !!!!!!! Ramenez-moi le dossier Untel ! ».

    Pionnier de la première heure, il a aidé à la construction de l'empire. C'est un vrai gueulard, un pitbull matîné bouledogue, mais tous ses salariés l’adorent, y’a sûrement une raison, je me suis dit. "C’est un vrai tendre", m’a encore confié l’autre jour son assistante qui ne se remet pas du départ prochain de son patron.

    Lundi, je lui glisse timidement (enfin, presque) "Moi aussi, je m'en vais", et là, il a un mot gentil, le premier !

    ***

    Et puis, M.R. reconnaissable entre mille avec son épaule droite plus haute que l’autre et ses yeux bleus, aussi. Un queutard de première, paraît-il. Mon ex-boss flashait sur lui, ou plutôt sur sa carte bleue, les yachts à l’année sur une île de la Méditerranée, ça fait rêver les petites arrivistes comme elle. Toujours été très correct avec moi, une seule fois, il m’a confié qu’il était grand-père, j’ai répondu « C’est pas possible, vous faîtes surper jeune », il a ri et a répondu qu’il avait eu sa fille à 18 ans, et elle de même, donc oui, il était jeune. Et lundi il a dit « Vous allez nous manquer, enfin, à moi vous allez me manquer, en tout cas ».

    ***

    Il en manquait quand même quelques-uns, de mes chouchous.

    Le blond qui a une tête d’adolescent, président d’une équipe de foot. Un soir, il avait appris que j’étais cycliste et m’avait raconté un périple à vélo avec son fils, de France jusqu’aux confins de l’Asie, et d’autres rêves de voyages, j’avais rêvé, les yeux pleins d’étoiles.

    ***

    Pas vu non plus, le petit nerveux de Brive, qui arrive la tête dans le cul à ses rdv, le mardi matin, après avoir passé une nuit arrosée à faire la fête avec ses potes.

    ***

    Ni le landais qui m’avait hurlé un jour au téléphone « Mais vous savez qui je suis ??? Je suis le directeur de … » et j’avais répondu très calmement, en savourant l’écho de ma voix en « mains-libres » : « Si vous vous présentiez poliment, comme tout le monde, au lieu d’hurler, je le saurais, M.B et nous perdrions moins de temps ».

    Un brouhaha avait suivi, j’étais pas mécontente d’avoir renvoyé ce fanfaron dans ses buts devant ses petits copains.

    Et la fois d’après, je lui en avait remis une couche « Ben, alors, M.B, qu’est ce qui vous est arrivé, l’autre jour ? »  

    ***

    Et puis, le plus séduisant de tous mais certainement pas le plus sympa, impeccable dans des costumes italiens taillés au cordeau, cheveux poivre et sel, ondulés et gominés, regard azur (encore !), un vrai petit bonheur pour les yeux.

    ***

    Dans l’après-midi, j’ai encore croisé M.A., beau brun proche de la cinquantaine, une poigne franche et chaleureuse. Paraît que c’est un vrai connard dans son service, avec moi, toujours très sympa, on a discuté, m’a demandé ce que j’allais faire et chez qui, justement il est client :"Si vous passez en Normandie, venez me dire bonjour, ça me fera plaisir, hein ?"

    Je ne suis pas vraiment triste, d'abord parce que faut pas se leurrer, ils en vu d'autres, ensuite parce que je suis sûre que je vais effectivement en recroiser quelques-uns, dans le cadre de ma nouvelle activité.

    Mes vrais patrons, ils sont durs, souvent détestés, toujours craints, mais leur parcours force le respect.

    Concarneau, Mont de Marsan, Saint-Nazaire, Niort, Bourg-en-Bresse, Orléans, Colmar, je fais faire mon tour de France, moi ...

     

  • Fiso pose sa dém' !

     

     

    Ce matin, j’ai annoncé à mon boss que je quittais la boîte. Ca fait longtemps que j’attendais ce moment.

    En fait, j’avais surtout rêvé de claquer ma dém’ à celle qu’il a remplacée et qui m’en avait fait voir de toutes les couleurs – ainsi qu’à toute son équipe – pendant 3 ans et demi.

    Même si elle est partie 3 mois après que j’aie alerté les RH sur son comportement, mon N+2 ne m’a jamais pardonné d’avoir tenu le bras de fer.

    D’ailleurs, ce matin, peu après « l’annonce », j’ai rejoint mon boss et mon N+2 en réunion, et mon N+2 m’a serré la main en regardant ailleurs …

    Bref, c’est de l’histoire ancienne maintenant. Comme toute expérience, celle-ci fut riche en enseignement. Et n’empêche, mardi dernier, quand j’ai appris que j’avais le poste dont je rêve depuis mon bilan de compétences en 2005, j’ai réalisé à quel point ma vie allait changer.

     

    Ca va me manquer de ne plus :

    -          faire le kéké pendant 6 kms sur mon vélo, matin et soir.

    -          débouler dans le parking de la boîte à fond les pédales et être saluée d’un « Et voilà Jeanie sur son vélo » par notre gardien de sécu, un ancien gendarme grisonnant.

    -          être accueillie d’un « Salut ma loutre » par mon gentil collègue L., quand je débarque dans son bureau le matin

    -          appeler mon collègue préféré qui m'accueille d'un « salut ma langoustine des îles » pour aller boire un café à la pause de 10h.

    -          dire à mon collègue préféré (le même, l’en a de la chance celui-là) avec un sourire polisson « Vas-y passe devant » pour mater son joli petit cul sur le chemin vers la cantine.

    -          faire la bise à mon PDG, autoproclamé défenseur du pouvoir d’achat, et tenir compagnie à son vieux papa, en attendant le taxi que je lui ai commandé.

    -          Etre celle qu’on appelle quand on cherche une info sur « qui fait quoi »   

     

    Ca va pas me manquer :

    -          de manquer me décrocher un sein dans les trous des routes parisiennes

    -          de ne plus m’engueuler copieusement avec les automobilistes parisiens

    -          de ne plus voir s’afficher sur mon téléphone le nom de l’autre excitée de la com’ interne

    -          de ne plus participer à la mascarade de l’évaluation annuelle

    -          les odeurs nauséabondes de nos voisins de l’autre côté de la rue

     

    Et puis, quand même, je vais :

    -          quitter le monde de la grande distribution !

    -          parcourir la planète

    -          et travailler quotidiennement en anglais et espagnol

     

    Ca s’arrose, comme dirait Nicolas …

    J’ai commencé ce midi au champagne et pour répondre à ton SMS reçu ce matin, Nicolas, je passe à la Comète ce soir avant de retrouver Bougrenette, Oh!91 et Conan le barbare dans un resto libanais du 15ème arrondissement.

  • Sophie

    J’appelle un ami :

    « Tu te rappelles l’actrice de 15 ans qui t’a provoqué tes premiers émois sexuels dans son tee-shirt blanc ? »

    «  La boum ? »

    « Oui … ben elle est en face de moi … »

    Il a crié et supplié que j’obtienne un autographe, mais c’est pas mon genre d’emmerder les people.

    Tout à l’heure, je suis allée la voir « de près ». Mes collègues masculins m’avaient dit que c’était une belle femme. Mouais. Moins que ce à quoi je m’attendais.

    Grande et classe certes (maquillée, coiffée, en tailleur cintré vert amande) mais sans plus. Très (trop ?) mince.

    Dommage pour mes collègues, la bretelle de son débardeur n’a pas glissé !

    Marceau.jpg
     
  • Prestataires

    Je viens de suivre une formation très intéressante qui s’intitule : « Piloter des contrats de prestations de service ».  Au cours de la première journée, j’ai réalisé, avec une certaine irritation, que cette formation, j’aurais dû la faire il y a 5 ans quand j’ai intégré ma société ou d’urgence en 2006, quand on m’a ajouté 3 prestataires à celui que je gérais déjà.  

    La jurisprudence dit que « pour qu’un contrat de prestations de services soit recevable en tant que tel, il doit avoir pour objet une tâche précise et ponctuelle qui nécessite un savoir-faire particulier que l’entreprise cliente n’est pas capable d’assumer en interne. »

    Je suis responsable d’une équipe mixte d’hôtesses d’accueil -standardistes internes et prestataires, ce qui est donc interdit et constitue de toute façon une configuration hautement déconseillée, car propice aux conflits.

    Et aussi « Par la suite, le prestataire doit être la seule autorité hiérarchique et disciplinaire concernant ses salariés qu’il aura mis à la disposition de l’entreprise cliente. »

    Si ces conditions ne sont pas respectées, on est en délit de marchandage. J’ai été dans cette situation, sans le savoir, pendant 3 ans et demi. Jusqu’en 2006, mon job au quotidien consistait à sélectionner les hôtesses d’accueil proposées par mon prestataire (je précise pour Tonnegrande que non, ça ne consistait pas à les faire défiler en lingerie), les former et les manager, ceci incluant la rédaction des procédures, des évaluations et des notations indivuelles.

    « D’autre part, le contrat doit prévoir une obligation de résultat, en aucun cas de moyens, pour laquelle l’entrepreneur est seul responsable. C’est à lui de s’organiser pour atteindre l’obligation de résultat. »

    C'est-à-dire que le donneur d’ordre ne doit en aucun cas s’immiscer dans le management des prestataires, ni imposer les moyens à mettre en œuvre. Cela comprend le matériel, les tenues éventuelles, les fournitures et les documents de travail. Le contrat ne doit préciser ni le nombre de personnes, ni les noms, ni les qualifications professionnelles. Le montant de la prestation doit donc être forfaitaire et non basé sur un nombre d’heures ou de personnes.

    Il faut savoir que la plupart des sociétés qui emploient des prestataires de service sont en permanence ou à la limite du délit de marchandage ou d’immixtion.

    Il y a de nombreuses clauses qu’il est conseillé de faire figurer au contrat, par exemple pour se protéger de la sous-traitance. J’ai également eu la confirmation, suite au cas de Seiji, qu’il est du devoir du client de s’assurer que le travailleur prestataire est en règle avec son titre de séjour, et ce tous les 6 mois.

    La bonne nouvelle, c’est que j’ai du pain sur la planche. Cette formation m’a permis de comprendre les difficultés auxquelles je me heurte depuis 5 ans et elle m’a remotivée. Je dois réécrire entièrement le contrat d’un de mes prestataires, revoir mes outils de suivi et surtout, je vais me simplifier la vie. Mais je vais aussi être beaucoup plus exigeante quand au suivi du contrat. Ca va faire tout drôle au prestataire avec lequel je bosse depuis 5 ans. N’empêche, j’ai bien la haine. C’est quand même rageant qu’on m’ait laissée me démerder, à vue, pendant aussi longtemps.

    Si vous êtes concerné et que recherchez des informations juridiques, vous pouvez consulter le site Legifrance ou NetPME. Si vous recherchez des outils pour gérer vos prestataires de service, le site de l’ARSEG fourmille d’informations. Prestataire ou client, comment ça se passe pour vous ?

       

     

  • J'aimerais bien m'en foutre

    P’tain j’suis vraiment trop con des fois … Ça m’énerve d’être aussi consciencieuse alors que la reconnaissance est quasi-nulle, mais bon, on se refait pas, hein ?

    La raison du tourment qui assombrit ma joie d’être en vacances et de m’envoler dans quelques jours ? La soirée de fin d’année de ma boîte, que j’organise mais à laquelle je n’assisterai pas cette année, pour la première fois.

    L’année dernière, ma boss n’ayant pas été remplacée, mon N+2, bien emmerdé, m’a refilé le bébé. On était 750. Il s’agissait de choisir une agence, la salle, le traiteur (faire un déjeuner test où on goûte à tout, ça j’adore !), les animations. Et puis, quand l’évènement se rapproche, établir la liste des participants, acheter le papier et faire imprimer les invitations, commander les boissons (y’a pas de petites économies dans la grande distrib’), distribuer les invitations et s’assurer, le jour J, que l’agence fait son boulot et que tout se passe bien. J'avais peur de ne pas assurer, d'oublier un truc, mais tout s'était bien passé. Du coup, cette année, bien qu’un responsable soit arrivé en février, mon N+2 me dit en mars « Il faut commencer à s’occuper de la soirée de fin d’année, « Fiso ».

    Vous avouerez, y’a plus chiant que d’organiser une fête pour les salariés, donc je m’y suis collée avec joie. C’était avant mon évaluation annuelle, j’étais motivée. Cette tâche supplémentaire n’avait cependant pas été jugée comme assez « significative » par mon N+2 pour être notée sur mon évaluation annuelle. Alors quand les vacances prévues en novembre avec mon frère ont été décalées par son directeur aux 2 premières semaines de décembre, je me suis dit « Je me casse, après tout, y’a un nouveau chef, il se démerdera ».

    En novembre, j’ai donc posé mes vacances (je prendrai l’avion du retour le jour de la soirée), attendu anxieusement que mon boss les accepte (me suis bien gardée de lui rappeler que ça tombait pile poil au moment de la soirée, après tout, il a un agenda). Tout va bien, me direz-vous ? Ben non. Parce que je bosse avec la chargée de communication interne sur ce dossier. On s’entend bien mais c’est une chieuse, le genre furie qui gueule d’abord et qui écoute ensuite. Tout le temps débordée, tout le temps grincheuse, à l’écouter il n’y a qu’elle qui bosse, les autres sont des branleurs ou des incapables.

    Quand mes vacances ont été acceptées, je me suis dit « Oulala, quand je vais lui dire, elle va criser ! ». Je me suis même demandée si mon boss avait capté la période mais oui, apparemment. Il doit pas réaliser l'enjeu et surtout que ça va être à lui de gérer à ma place.

    J’en ai parlé à un collègue qui m’a dit « Tu veux qu’on te sucre tes vacances ? Ferme la, Fiso, si tu lui dis que tu seras pas là, tu la connais, elle va faire un esclandre. Tu dis rien, tu te casses et quand elle appellera, on lui dira que tu es en vacances.»

    Je précise quand même que je ne laisse mon boulot à faire à personne, ou si peu, à mon boss. Je me suis arrangée pour en faire le maximum avant mon départ. Il aura juste à acheminer les boissons jusqu’à la salle, à faire distribuer les invitations aux salariés et surtout, à veiller au grain le jour J..

    Depuis 2 semaines, je m’auto convainc en me répétant tous les jours « C’est pas ta boss, t’as pas de comptes à lui rendre ».   Elle ne sait pas encore que vendredi est mon dernier jour. Et plus les jours passent, plus ça me rend malade de me tirer sans rien dire. C’est pas mon genre de faire la sournoise. Je suis con, hein ?