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J'déconne ! - Page 3

  • Fiso sur les pistes

    Ce matin, nous partons pour les pistes de la Sierra Nevada, à une trentaine de kilomètres de Grenade. B. m'avait écrit, peu avant mon arrivée " Nous n'avons pas les mêmes formes, certes, mais nous avons la même taille et des chaussettes épaisses devaient compenser la diiférence de pointure".

    Le matin, B. dépose une tenue dans ma chambre. Je pique une crise de fou-rire en enfilant le long caleçon d'homme avec une fente pour laisser passe la zigounette. Ptain, j'ai une touche là-dedans !

    Grenade fév 20124.jpg

    A l'arrivée sur les pistes, il galère pour clipser mes chaussures de ski. Je marche comme un robot et j'ai la sensation que tout le monde a capté que je suis une quiche au ski. J'achète mon forfait journalier (47€) et nous grimpons dans une cabine de téléski.

    "J'ai bien envie de t'emmener en haut, même si ça fait longtemps que tu n'as pas skié" dit B.

    Longtemps, c'est le moins qu'on puisse dire. La dernière fois que j'ai chaussé des skis (de fond), c'était en 86, lors d'un retour à Munsingen, le village de mon enfance.

    Les premiers mètres me donnent pourtant grand espoir. J'ai d'instinct retrouvé le geste pour freiner, la position dite "chasse-neige'. Mon optimisme sera de courte durée car hélas, c'est la seule figure que je serai foutue de faire.

    Lorsque B. m'enjoint de négocier un virage et m'arrêter en levant les fesses, façon grand champion, je me lance, vire et bouffe la poudreuse lamentablement. Je mets quelques instants à comprendre comment désemberlificoter mes skis et une fois debout, contemple la longue pente que j'ai à descendre en me demandant dans quel état je vais arriver en bas. B. est moins optimiste aussi, désormais, il me parle doucement, d'un ton rassurant, un peu comme une mère qui a enlevé les petites roues du vélo de son gosse. Il tente encore quelques essais de "virer, pousser sur les jambes, stopper" mais c'est peine perdue. "Tu es debout, dit-il, il faut que tu baisses le cul. C'est comme la salsa, tout est dans les fesses".

    Finalement, il se résigne à me faire descendre la pente en mode chasse-neige et en slalomant, quand même, histoire que l'honneur soit sauf. Ca me parait interminable et je regarde avec envie les surfeurs qui évoluent élégamment. Arrivée en bas, mes cuisses et mes mollets me brûlent comme à l'époque où je prenais des cours de callinetics à Dublin et les chaussures de ski sur mes péronés me donnent l'impression d'avoir une armure.

    " Tu peux t'acheter à manger, casser une petite croûte et puis descendre la piste des débutants, là où il y a 95% d'enfants et quelques adultes " dit B.

    Il croit toujours en ma ténacité. Moi pas. De toute façon, si je desserre les sangles, il me sera impossible de les remettre toute seule. J'opte pour la terrasse du restaurant et desserre mes chaussures de Goldorak avec un soulagement inexprimable.

    Je choisis un croque-monsieur et une bouteille d'eau en priant de ne pas m'étaler avec mon plateau sur le sol glissant de la cafétéria. Après avoir déjeuné, je sors sur la terrasse et dégote peu après une table au soleil d'où je ne bouge plus jusqu'à ce que B. m'appelle et me donne rendez-vous au parking. Je reprends le téléski et le retrouve à sa voiture. La porte du coffre est ouverte.

    " Change-toi, je vais chercher un sandwich" di-il en s'éloignant. Je claque la porte du coffre, me dirige vers le siège passager. Damned, la porte est fermée ! Pas question que B. revienne et que je sois encore dans ma tenue de Robocop. Pas le choix, pas de recoin, je baisse la salopette, le caleçon d'homme et me voilà en string dans le parking ....

    Lorsque B. revient, il s'exclame "Oh, zut ! La fermeture centralisée, j'ai oublié de te laisser la clé". Je lui raconte que je me suis retrouvée les fesses à l'air au milieu des bagnoles. Il éclate de rire

    " Voilà le fantasme absolu ! Une fille en string dans le parking d'une station de sports d'hiver, manquerait plus qu'elle fasse du stop !"

    Arrivés à Grenade, il me laisse à un arrêt de bus et file bosser. Bon, le moins qu'on puisse dire, c'est que mon retour sur les pistes après 25 ans d'abstinence n'aura pas laissé de traces impérissables, ni de fractures, c'est déjà ça. On se console comme on peut. 

  • L'Irlande au fond d'un verre

    Hier soir, j’ai ri de bon cœur à ma table du restaurant de l’hôtel Van der Valk. Je fus bien aise de n’avoir pas de voisins me dévisageant d’un air interrogateur. Pourtant, lorsqu’on rit, le nez plongé dans un livre, la nature de cette soudaine bonne humeur ne fait pas de doute, à moins d’être munie par ailleurs de boules de geisha ou autre joujou ré-jouissant, me direz-vous.

    Ce soir, dans un Thalys bondé, j’ai failli être gênée de pouffer à nouveau en continuant la lecture des mésaventures d’un Anglais en Irlande qui fantasme le complot de quelque membre de l’IRA qui lui aurait fourré « un oiseau dans le fion » (je cite).Dit comme ça, ce n’est pas drôle, mais moi j’ai d’abord gloussé, puis lâché un éclat de rire qui m’a surprise autant que mes voisins.

    N’osant lever les yeux, j’ai perçu dans mon champ de vision le mouvement de tête vers la droite d’un des hommes qui, me faisant face, tentait de déchiffrer le titre de l’ouvrage à l’origine de mon hilarité. Me sentant observée, les tentatives de me calmer provoquèrent l’effet inverse, et en quelques instants, je plongeais dans une crise de fou-rire quasi-hystérique. Tandis que j’écrasais mes larmes le plus discrètement possible et tentais de reprendre mon souffle, entre deux hoquets, j’ai regardé mon voisin d’en face, casque vissé sur les oreilles, qui me fixait, visage impassible, comme si j’étais folle.

    « Comment font-ils pour afficher une telle absence d'émotions ? » me suis-je alors demandé. Dans ce monde de plus en plus sinistre où tirer la gueule devient la norme, les gens joyeux passent pour de doux illuminés. Au moins un domaine dans lequel je suis une lumière.

    Pour ma part, je suis tellement perméable à ce qu’il se passe autour de moi que les larmes d’autrui en amènent vite à mes yeux et que de la même façon, je ne peux m’empêcher longtemps de partager une hilarité contagieuse.

    Dans le wagon cahotant, à l'approche de ma jungle urbaine, j’ai regretté un instant le sourire enjôleur de la petite fille brune de la gare de Verviers.   

  • Changé d'avis

    Mais rien ne prouve, sur cette effrayante vidéo, que c'était moi au volant !

  • La Sky Road de nuit avec "Changing your demeanour" en stéréo

    Retour du Kings restaurant, à Clifden.

    "Tu prends la haute ou la basse?" demande Boug'. Elle parle de la Sky Road. "La haute, c'est plus sûr, y'a une haie".

    Sur la Sky Road, c'est nuit noire. Mes pleins phares éclairent la route bordée de murets de pierres et de haies d'épineux. A gauche, le gouffre maritime.

    "Quand tu ne vois plus la haie, tu cries", je dis. Boug' se marre, pousse des petits cris apeurés quand on se prend une butte ou qu'elle voit la haie de trop près.

    Je change de chanson et met la n°5, "Changing your demeanour", une de mes préférées. "Ah ben, en plus, elle met la chanson où elle tape dans ses mains" s'écrie Boug', hilare.

    Mais je ne tape pas dans mes mains, quand même. Enfin, juste deux fois, et vite (Boug' vient de contrôler ma note et elle insinue que je mens ! Moiiiiii ???)

    PS : Boug' m'informe qu'elle a filmé le retour. Une vidéo arrivera plus tard mais ne comptez pas sur moi pour en faire la pub (il paraît qu'elle a vu la haie intimement dans ses moindres détails, et même de nuit après un verre de vin blanc, c'est dire).

  • Un arrêt plus long que prévu à Dingle : la faute à Gerald !

    En quittant Brandon's creek, en direction de Dingle, nous embarquons deux jeunes filles auto-stoppeuses, une blonde, l'autre rousse. Je ne comprends pas leurs prénoms. Elles m'indiquent une boutique où acheter un adaptateur mais la porte est close.

    "Il va revenir dans peu de temps, me lance un homme debout devant le pub next door. Tu peux aller te boire une pinte en attendant". "Exactement, répondis-je. Ca tombe bien, c'est l'heure du déjeuner et je déjeune d'un verre de Guinness".

    Il désigne la porte du pub "Ben voilà une excellente idée. Entre ici".

    Nous les suivons à l'intérieur du pub sombre. "Ils sont très bons pour te ramener des clients", dis-je à la jeune propriétaire". Perchés sur des tabourets, au comptoir désert, les présentations sont faites : Gerald est le grand blond qui m'a apostrophée, et Enda (end of the world, end of whatever you want, plaisante-t-il) et Padraig, ses amis. Ils posent les questions habituelles, d'où nous venons, où nous allons.

    Après les poignées de main et les "Nice to meet you" d'usage, Gerald nous offre à boire et s'écrie en me voyant descendre mon verre de Guinness "Jaysus Christ ! That french girl can drink !!" Tout le monde se marre, même Boug' qui près quelques gorgées de cidre, fait des progrès fulgurants en anglais (et parlé avec un ptain d'accent ilrlandais, s'il vous plaît)

    Padraig nous prédit un temps superbe pour quelques jours : "Un de mes amis Américains a passé 10 jours ici, il n'a eu que 2 minutes de pluie, le temps d'aller de la maison au pub !" Gerald me prendpar l'épaule et entonne une cahnson irlandaise. Enda essaie de s'incruster dans notre bagnole (décidément, ça devient une habitude !) et répond à un de ses appels téléphoniques "Je te rappelle, je pars en France". Je sors une méga grosse connerie comme je sais si bien le faire et ils gloussent dans leur mousses.

    Bon, comme j'ai - un tout petit peu - honte, je vous la fais en V.O., ça limitera les dégâts : "We have our irish deserts everyday" "Well, I'll be your desert, Fiso" "Do you come with cream too ?" "Plenty ! Bags of cream !"

    Pas mal, hein ? Je ne sais pas comment je me démerde, j'en loupe pas une !

    Je refuse le deuxième verre de Guinness et après une photo souvenir, nous prenons la route en direction du Connor's pass (le col de Connor).