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Boulot - Page 2

  • Aller au boulot la nuit

    Non, ce n'est pas ce que vous croyez.

    C'est super fun d'aller au boulot la nuit, quand notre immense siège social est désert. La rue intérieure a des allures de fête foraine et on peut faire les cons dans les couloirs.

    Vendredi soir, nous étions invités, mes collègues et moi, à un dîner "underground" au restaurant de luxe de notre siège social. Apéro sur les coups de 19h.

    Comme je bosse avec une bande de grands gamins et que je suis pas la dernière à faire des conneries, on avait pas fini l'apéro qu'on s'était déjà vidé des bouteilles d'eau sur la tête.

    Ensuite, on a mangé le délicieux festin que nous avait concocté le chef, landais. 

    Avant le dessert, on est allés faire un tour sur le salon qui se tient dans nos murs. C'est un salon qui présente des produits et équipements à acheter pour l'été. J'avais entendu parler d'un spa à tester et les connaissant, j'avais prévu le maillot de bain.

    A 1h, je faisais du tricycle en talons aiguille dans les allées du salon, poussée par D., pendant que les autres tapaient dans le ballon.

    Après on a joué au frisbee avec des coupelles en terre cuite mais personne n' a réussi à les rattraper.

    A 1h30, je sautais sur un trampoline. Sans les talons aiguille.

    Et à 2h, les garçons me balançaient dans le spa.

    Je me suis changée 3 fois cette nuit-là.

     

  • A con, con et demi

    Et bien voilà, entretien annuel sans surprises hier. 

    En septembre dernier, suite au départ de ma boss - qui n'a pas été remplacée -, on m'a confié un beau package de nouvelles responsabilités (2 collaborateurs et 3 prestataires supplémentaires à gérer). Cette promotion n'a été accompagnée d'aucune mise à jour de mon contrat ni augmentation, ni même du statut cadre, inhérent à mes responsabilités.

    Hier donc, le principal objectif de mon entretien était pour moi, en dehors d'un point sur mes objectifs passées et futurs, d 'obtenir cette régularisation qu'on me doit depuis 8 mois (4 ans en ce qui concerne le statut mais bon, passons...)

    Je savais déjà que j'aurai à batailler car mon boss direct, arrivé il y a 4 mois, m'avait laissé entendre qu'on l'avait gentiment renvoyé dans ses buts quand il avait évoqué mon cas auprès de Big Boss. 

    Comme je m'y attendais, j'ai donc essuyé un refus net, sous le prétexte de 2 dossiers que j'ai mal gérés, dossiers dont personne ne voulait et pour lesquels je n'avais, en fait, pas les compétences nécessaires.

    En dépit de ce constat, on m'informe qu'on souhaite me confier bientôt une autre tâche pour laquelle une de mes collègues est incompétente (j'ai déjà récupéré une partie de son boulot en avril).

    Pas d'augmentation, donc, pour la première fois depuis 4 ans, et un point prévu en octobre pour "voir où j'en suis".

    Un coup de bâton et une carotte, quoi, pour faire avancer la bourrique ...

    A court d'arguments quand j'ai mis en balance tous les points sur lesquels j'avais donné satisfaction avec les 2 dossiers que j'avais mal gérés, Big Boss n'a plus argumenté et s'est contenté de répéter :

    "Et bien, non, je vais être clair, je ne vous donne pas le statut cadre. Vous manquez de maturité."

    "C'est très clair, en effet" lui ai-je répondu.

    "Vous devez avoir raison, on m'a donné trop de choses à gérer d'un coup.

    En revanche, dans la mesure où vous estimez que je n'arrive pas à gérer mon travail actuellement, expliquez-moi comment vous pensez que je vais mieux m'en sortir en m'en rajoutant encore plus ?"

    "En mettant en place le plan d'actions dont nous venons de parler" me répond-il.

    " Et bien, écoutez, partont des faits :

    Jusqu'en septembre dernier, vous étiez satisfait et moi aussi : j'avais un poste relativement peinard, que je maîtrisais parfaitement, et un minimum d' augmentation assurée, chaque année. Aujourd'hui, vous me dîtes, en résumé, que vous me laissez toutes ces tâches mais pour le même prix parce que je ne vous donne pas entière satisfaction. 

    Je pense donc que le mieux à faire, pour vous comme pour moi, c'est de m'en tenir à ce que je sais faire de mieux, comme ça l'année prochaine, en supoosant que je sois enncore là, j'aurai la garantie de remplir mes objectifs et d'avoir une augmentation."

    (crispation en face)

    "Si c'est ce que vous voulez, on peut vous en retirer", dit-il.

    "Ben oui, je crois que c'est ce qu'on va faire.

    Parce qu'aujourd'hui, concrètement j'assume des responsabilités pour lesquelles je n'ai ni la rémunération ni le statut correspondant. Ca, c'est dans le code du travail, ça n'est pas discutable ni soumis à une appréciation sur la qualité du travail."

    JM a bien raison : "L'arme absolue des patrons, c'est l'attachement stupide qu'ont les salariés envers leur emploi et leur entreprise."

    Et j'ajouterai : "et leur soif de pouvoir".

    Il me prend pour une mule ? Il va tâter de mon coup de sabot.

    C'est bien dommage parce que j'aime mon travail, mes collègues et même mon nouveau chef.

    Mais l'heure n'est pas à l'affectif.

  • L., un homme que j'estime

    Ca fait 4 ans que je travaille dans le même service que L. Il a mon âge. Il rêvait de s'engager dans l'armée et mon vécu de fille de militaire nous a donné une certaine complicité.

    Sous ses airs bourrus, il est d'une grande sensibilité. En couple depuis plus de 10 années, il avait 3 petites filles. Lors mon arrivée dans ma boîte, j'ai appris que sa dernière était atteinte d'une leucémie. Un jour, L. m'a dit : "Je n'ai qu'une hâte au boulot : rentrer chez moi retrouver ma femme et mes filles; c'est toute ma vie". Moi le coeur d'artichaut, j'ai trouvé ça très émouvant. C'est un homme droit, sincère, loyal, déconneur aussi mais jamais ambigu. Il y a 2 ans à mon retour du Vénézuela, j'ai appris que sa petite dernière était décédée. J'ai été impressionnée par sa dignité. Quelques mois plus tard, il épousait sa compagne. Il nous a annoncé son mariage en disant "Je pense qu'on a connu la pire épreuve qu'un couple puisse connaître."  

    Depusi le départ de ma boss - qui n'appréciait pas mon entente avec les services techniques - et le déménagement de notre siège social, nous sommes devenus plus proches et solidaires que jamais. Je m'entend très bien avec les 2 collaborateurs de L., surtout mon compatriote chtimi O. Le matin, je pose mes affaires dans mon bureau et je file direct dans le bureau de L. boire un café avec eux. Ils me charrient sur mes décolletés et mes bottes et font leurs machos à 2 balles "Alors, il vient ce café?" Le midi, on s'appelle pour aller manger. Je pense qu'ils m'ont prise un peu sous leur protection car je suis la seule fille du service. Et surtout, avec ma promotion en septembre, je suis maintenant au même niveau que L.

    Pourquoi je parle de L. aujourd'hui en particulier? Parce que la semaine dernière, il a fait quelque chose qui m'a durablement touchée. Mercredi dernier, c'était l'arrivée de notre nouveau responsable, celui qui va désormais piloter nos 3 pôles, le mien, celui de L. et celui de P. Entre parenthèses, je le sens bien le nouveau responsable. La cinquantaine, le regard franc, une bonne expérience des services généraux. Le jour de son arrivée, il m'invite à présenter mon service et veut savoir comment je m'entend avec ses autres collaborateurs. Lorsqu'il me demande où j'en suis sur un dossier particulier, dossier qu'on m'a balancé en septembre et que j'ai mal géré car il ne relève pas de mes compétences, je devine qu'il a été "briefé" sur mon cas par "Big boss". Je lui explique au passage le contexte de ma promotion.

    Le lendemain, L. me dit "Alors, t'as vu le chef?". Je lui répond "Oui, il m'a demandé de me présenter, et comment on s'entendait tous les 3, et quels problèmes j'avais dans mon équipe." Il me dit "Ouais, moi aussi, je lui dit qu'on se mettait sur la gueule tous les jours, lol. Au fait, je lui ai parlé de toi." Moi : "Comment ça parlé de moi?" Lui "Ben oui, je lui ai dit que t'avais eu une promotion en septembre, mais que ni ton contrat, ni ton salaire, ni ton statut n'avaient été revus en conséquence". Moi, bouche bée, je n'ai pu bafouiller qu'un "Merci L. mais pourquoi t'as fait ça ?" Lui :"Parce que je trouve ça dégueulasse."

    Le jour même, mon nouveau boss déboulait dans mon bureau, s'asseyait en face de moi et me disait "Tu sais, "Michoko", s'il y a bien une chose que je ne supporte pas, c'est l'injustice."

    Voilà, je ne m'en suis toujours pas remise. Dans le monde de chacals dans lequel nous évioluons, où chacun n'a pour but que de tirer la couverture à lui et de s'assurer les faveurs de la hiérarchie, le geste de L. m'a touchée à un point que vous n'imaginez pas. J'en parle à tout le monde depuis, famille et amis. Ca fait du bien et en même temps, je ne pense pas que ce soit un hasard. Ce n'est que le retour de ce que je diffuse autour de moi : l'ambition mais pas l'arrivisme, la justice, la sincérité.

    "What goes around comes around", they say ...

  • Vérification des références : pour ou contre ?

    En Angleterre et en Irlande, il est d'usage d'indiquer sur son CV les coordonnées de précédents employeurs qui pourront attester de votre sérieux. Cette précaution semble séduire de plus en plus d'employeurs en France. De même, en Irlande où j'ai vécu pendant 6 ans, on pouvait également vous demander les coordonnées de bailleurs dont vous aviez été locataire.

    Alors, pour ou contre la vérification des références auprès des employeurs / propriétaires ?

    A l'époque, je trouvais cette mesure de précaution plutôt à mon avantage et j'avais l'impression qu'elle facilitait l'accès à l'emploi et au logement (parce qu'il y a emploi et logements, c'est vrai). En effet, pour obtenir un logement en Irlande, pas d'exigence de CDI, de demande de garants gagnant au minimum 4 fois le loyer, de caution égale à 2 mois de loyer. La France à cet égard, comme dans bien d'autres domaines, pratique l'exclusion et frôle le grotesque. La classe moyenne se retrouve, comme d'habitude, la victime de ces mesures discriminatoires.

    Imaginez donc ma stupéfaction de petite française quand 6 mois après mon arrivée et alors serveuse "au black", je n'eus à verser qu' 1 mois de loyer d'avance pour me retrouver logée. Il faut admettre que les locataires sont bien moins protégés qu'en France, mais ne le sont-ils justement pas trop ici ? Certaines situations de locataires squatteurs pendant des années sont intolérables, du point de vue des propriétaires qui ont épargné pendant des années.

    Ce système est-il souhaitable en France ? Pas sûr. D'abord parce que la situation de l'emploi est loin d'être la même ici. Ensuite, parce que cette mesure ajouterait à une liste, déjà longue, de filtres rendant difficile l'accès à l'emploi. Enfin parce que, pour être équitable, la vérification devrait se faire auprès d'au moins 2 employeurs et porter exclusivement sur les détails fournis lors de l'entretien (intitulé du poste, durée de la collaboration). En aucun cas elle ne devrait porter sur des critères subjectifs tels que le relationnel, les compétences ou l'absentéisme.

    Votre avis sur la question ?

  • Merci de votre appel ....

    Hier, j'étais invitée par un outsourceur de services en centres d'appels à la présentation de son dernier outil  interactif, dans un hôtel de Saint Germain des Prés. Je ratai une bonne partie de la présentation mais assistai à des exmples concrets de l'utilisation de l'outil. En fait, il s'agit de remplacer les personnes chargées de l'accueil et du support téléphonique à distance par un système d'automatisation (serveur vocal). Concrètement, vous composez le numéro d'un service client ou d'une société et vous dialoguez avec un ordinateur qui remplit les mêmes fonctions qu'une personne en chair et en os. Le "robot" vous écoute, vous reconnaît, traite votre demande et vous met en relation avec la personne ou le service demandé. Cet outil est particulièrement judicieux pour le traitement des paiements par carte bancaire à distance car il offrirait une plus grande sécurité.

    Je suis assez favorable à ce type d'évolution. Mon expérience de management en centres d'appels m'a démontré que d'une part, les métiers du téléphone étaient stressants et peu valorisés (donc peu valorisants) et d'autre part, en tant que manager, qu'il était difficile de motiver et fidéliser les collaborateurs. Le turnover est très important dans ce secteur d'activité et maintenir la qualité du service est un travail de tous les instants. Garder le sourire et un ton aimable et chaleureux après 400 appels où tout ce que vous devez dire est "Bonjour, je vous mets en relation,au revoir" demande beaucoup de maîtrise de soi. Et quand je vois comment je suis accueillie parfois au téléphone, je me dis que j'aimerais autant parler à un serveur. L'automatisation est tentée actuellement dans certains supermarchés où les caissières ont disparu.  Je pense que remplacer l'humain par la machine pour des tâches répétitives et mal payées comme celles qu'accomplissent à longueur de journée les caissières et standardistes est plutôt bien. En revanche, on peut se demander quelles seront les opportunités laissées aux personnes dépourvues de qualifications. J'ai entendu dire qu'au Japon, on avait également remplacé les hôtesses d'accueil des sociétés par des poupées robotisées qui disent bonjour et au revoir comme les vraies (et en prime avec le sourire et une voix de chaudasse). Là, en revanche, je suis sceptique. OK pour la relation à distance mais pour le contact physique je pense qu'un accueil personnalisé est indispensable.  Qu'en pensez-vous ?