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Oh!91 - Page 3

  • Paris Carnet de février

    Nouvelle soirée Paris Carnet hier, toujours à l’Assassin. Ma dernière datait de septembre 2007. Cette fois, j’ai eu le plaisir d’y entraîner mon ami Oh!91 qui s’impatientait de rencontrer Fauvette.

    Arrivés tôt, vers 19h20, j’ai reconnu Adrian et Pierre, jeune nouveau marié, que je n’avais pas vus depuis ma première en juillet 2007. Adrian est toujours aussi sympathique et Pierre, éternel adolescent, toujours aussi blagueur. Alors qu’Oh!91 discutait déjà à bâtons rompus avec eux, j’ai reconnu la silhouette de la douce Fauvette franchissant la porte.

    Nichevo s’est assis à notre table. Entre deux bribes de conversation, j’ai entendu qu’il était policier. Surprenant, non pas que les policiers bloguent, mais qu’ils participent à des rencontres de blogueurs, en toute simplicité. Une agréable surprise, d’autant plus qu’ils étaient 2 hier soir. « C’est marrant comme les flics sont reconnaissables », me suis-je dit, en observant son pull gris à col camionneur. Y’a des professions comme ça, où on se dit d’emblée : « Ouais, ça se voit ». Une façon de se tenir, de s’habiller, d’appréhender l’autre. Les militaires, par exemple, à la démarche si particulière. Mon boss est un ex-gendarme et j’ai senti un lien avec l’armée avant même qu’il en parle. Les coiffeuses et esthéticiennes, toujours impeccables. Les adeptes d’arts martiaux, que mon frère reconnaît direct.

    On a commandé à manger et c’était loin d’être un repas de Carême. Le restaurant se remplissait. Derrière nous, une femme s’est installée à une table, seule. Fauvette l’a saluée et je lui ai demandée si elle était blogueuse. « Non, a-t-elle répondu en riant, mais ça n’empêche pas de se saluer ! » Elle était amusée d’apprendre que ce type de rencontres avait lieu chaque mois. Rendons hommage à Embruns qui a eu cette heureuse initiative !

    Oh!91 a entrepris de faire le tour des tables pour se présenter, visiblement très à l’aise, sous le regard amusé de Fauvette. On a même dû le tirer par la manche pour lui éviter de manger un confit de canard refroidi.

    Pendant son absence, un géant blond aux cheveux longs et sa douce nous avaient rejoints. Pierre en profita pour échanger sa place avec Adrian et nous apprendre de biens bonnes. Vous le saviez, vous, qu’il y avait une île française, Clipperton, au large du Mexique ? Je reparlerai de cette étonnante île dans un prochain billet.

    Peu avant notre départ, une blonde pêchue est venue nous faire rire en nous racontant son 1er prix au festival de Romans pour le bouquin « FLIC ». Hé oui, c’était elle le 2ème policier de la soirée, elle est sexy et naturelle, une gouaille comme j’aime et malgré des yeux bleus rieurs, j’aimerais pas tâter de son geri (elle encadre aussi des compèts de karaté).

    Et hop ! Son blog est désormais dans mon Netvibes.

    Ensuite, j’ai rêvassé, m’intéressant à l’une ou l’autres des conversations, juste pour le plaisir d’écouter le restaurant bourdonner de la joie de tous ces humains de se rencontrer et se découvrir. J’ai raconté à Fauvette ma soirée gaufres avec Superluimême, et pris des nouvelles d’Oxygène et Traou. Un très bel homme s’est installé pour papoter avec Fauvette, c’était Chondre. Elle m'a raconté la façon dont ils se sont rencontrés, c'est drôle. Les blogs font faire des kilomètres pour le plaisir de mettre un visage sur des mots.

    Plus tard, après avoir mémorisé les pseudos des blogs à visiter, nous sommes partis tous trois. Sur le chemin du retour, nous avons espéré une visite, cette année, de Céleste. Je crois qu’Oh !91 était enchanté de cette soirée et qu’on va le revoir aux prochaines. J’espère bien y retrouver Richard et Giao et qui sait ... d’autres amis blogueurs ? (suivez mon regard)

  • Amour sans frontières

    Fidèle à lui-même, avec toute la fougue de son éternelle jeunesse, mon ami Oh!91 nous alerte régulièrement sur la situation de plus en plus dégradée des étrangers en France, que ce soit pour nous raconter les galères de son ami Seiji ou pour s’émouvoir du sort d’amoureux empêchés de vivre ensemble.

    Une nouvelle chasse s’est mise en place pour « faire du chiffre ». La chasse à l’immigration familiale, désormais considérée comme immigration subie. Les enquêtes de vérification de la vie commune, qui devaient faire suite à un soupçon de mariage blanc, sont désormais systématiques. Tout est fait pour rendre la vie dure à ceux qui s’aiment. Ben oui, faut faire du chiffre, alors les policiers français commencent à ressembler à de vulgaires commerciaux …  Un collectif s’est même constitué pour assurer la défense des droits des couples mixtes face aux nombreuses et toujours plus dures mesures d’intimidation menées à leur encontre. Ca s’appelle « Amoureux au ban » et quelque chose me dit qu’on va avoir de plus en plus de pétitions à signer …

    J’ai fait les frais, moi aussi, lorsque j’étais mariée à un étranger, de ces tracasseries administratives et pratiques policières pour le moins choquantes.

    Ca a commencé par la négligence de l’employée de l’ambassade de France (je résidais à l’étranger) qui a établi un livret de famille sous un nom incorrect (alors que cette conne avait tous nos papiers sous les yeux). Cela nous a valu d’attendre 18 mois que son erreur (pour laquelle bien sûr elle n’a pas formulé le moindre regret) soit rectifiée auprès du Tribunal de Grande Instance (et donc rallongé d’autant la possibilité d’une demande de nationalité française).

    Ensuite, de retour en France, quand il a demandé la nationalité française, la police est venue chez nous, un jour où je n’y étais pas, a visité l’appartement, y compris la chambre, et a ouvert frigo et placards de la salle de bains pour vérifier que nous vivions bien ensemble. Aujourd'hui on demande à ces couples combien de fois par semaine ils font l'amour, et on confronte leurs réponses. Sachez que l'absence d'une photo de mariage dans le salon vous expose à de lourds soupçons. 

    Alors oui, l’Europe, dont la France, est raciste. Et oui encore, nous n’avons plus beaucoup de raisons de nous gausser d’être le pays des droits de l’homme.  Mais il y a aussi désormais, et de plus en plus, une résistance qui se met en place contre ces pratiques indignes de notre pays. Ces français n’hésitent pas à se mettre hors la loi, comme d’autres à une époque pas si lointaine, pour cacher des étrangers en situation irrégulière. Le Nouvel Obs leur a consacré un dossier. Pour eux, la fraternité n’est pas qu’un mot. Les préfets appellent de plus en plus à la délation. Ca ne vous rappelle rien ?

     

  • Directive de la honte

    Est-ce parce que je n’ai jamais oublié la nausée qui m’a submergée, un soir du doux mois de mai 1991, lorsque sous mes yeux un africain a enjambé le parapet de verre et s’est jeté du premier étage du hall de Roissy, pour échapper à une expulsion ?

    Est-ce parce que j’ai appartenu à une famille africaine dont pratiquement tous les membres sont arrivés illégalement en Europe, laissant leurs enfants dans un pays en guerre (l’ex-Zaïre), travaillant jour et nuit pour les faire venir, taisant la souffrance immense de vivre jusqu’à 10 années sans jamais les revoir ?

    Est-ce parce qu’alors hôtesse de l’air, j’ai ressenti un choc immense et baissé les yeux, de honte, en voyant monter à bord des hommes enchaînés comme des bêtes, les yeux exorbités de terreur, encadrés par des policiers ? En priant que jamais ce ne soit un de mes amis ou membre de ces familles que j’aimais tant …

    Est-ce parce qu’un soir de mars 1999, j’ai été réveillée par le hurlement de l’homme que j’aimais, qui venait d’apprendre que sa mère de 50 ans, qu’il n’avait pas revue depuis 8 ans et tentait de faire venir en Europe, était morte le jour même d’une bête crise de paludisme à Kinshasa ? Faute de papiers, aucun de ses 3 fils exilés n’a pu assister à ses funérailles. Celui dont je parle a dû attendre 6 années pour pouvoir enfin pleurer sur sa tombe.

    Est-ce parce que comme toi, Oh!91, "beaucoup de mes amis ont été des étrangers et pourtant comme mes frères et soeurs" ?

    Rien ne peut justifier, pour moi, l’hypocrisie de la politique d’immigration, les humiliations subies par les immigrants et les morts, tombés des avions ou noyés au large de l’Afrique et de Cuba.

    C’est pourquoi je relaie le billet de mon ami Oh !91 contre le projet « d'une directive concoctée par la Commission européenne des Libertés qui autorise l’enfermement pendant dix-huit mois d'étrangers au seul motif qu'ils sont en situation irrégulière »

    Oh!91 explique : « La durée d’enfermement pourra atteindre dix-huit mois et s’appliquera, sans distinction, à toutes les personnes n’ayant pas d’autorisation d’entrée sur le territoire. Autrement dit, que vous fuyiez votre pays où un génocide est en cours, où se déroule une guerre, où votre vie est en danger parce que vous êtes une femme, parce que vous êtes homosexuel, ou que vous fuyiez la misère, le traitement sera le même. Seuls pourraient en être exemptés les mineurs isolés et les étrangers malades. Ce qui veut dire que des enfants, même en âge d'être scolarisés, seraient concernés par cet enfermement de dix-huit mois s'ils se trouvent en présence de leurs parents.»

    La pétition contre ce texte se trouve ici et une manifestation européenne est prévue le 19 janvier.

    Edit : Une chanson tout à fait dans le ton de ce billet, trouvée chez Gael : "Africain à Paris" de Tiken Jah Fakoly 

  • 2007, salut !

    Plutôt que de faire un bilan, j’ai pompé Oh !91 et son exercice "aimé / pas aimé". Je m’y colle donc, dans l’ordre chronologique et en essayant de ne rien oublier.

    En 2007, je n'ai pas aimé :

    -          la mort de l’abbé Pierre et de Michel Serrault.

    -          le fossé qui s’est creusé entre moi et Isabelle, mon amie depuis 4 ans, sans explications, malgré mes tentatives désespérées pour garder le contact.

    -          3 jours en Irlande, trop lourds émotionnellement.

    -          Mon évaluation annuelle et le mépris auquel je me suis heurtée.

    - mes entretiens d'embauche avec une boîte de conseil en formation et relation client, leader sur le marché, dont la malhonnêteté m'a découragée de chercher du boulot.

    - être ramenée par 2 hommes -coup sur coup - à un rôle de génitrice proche de la date de péremption. Ils m'ont mis un sacré coup de vieux !

    - sortir de la piscine, le premier jour des grèves de novembre, et devoir rentrer en stop chez moi parce qu'on m'a piqué mon vélo.

    - le vide de ma vie amoureuse.

    J’ai aimé :

    -          les soirées à la Butte aux Cailles avec Christophe, rencontré sur un site pour âmes esseulées, et devenu un ami cher. Brillant, bon vivant, drôle, il est aussi de ces hommes qui apprécient mon franc-parler et ça, ça compte.

    -          Recevoir un livre d’un de mes premiers potes de blog. Sa générosité est fruitée comme une mauresque et lumineuse comme un pique-nique au soleil.

    -          Tomber nez à nez avec Daniel Auteuil en slip bleu ciel.

    -          La voix bouleversante d’ Anthony & the Johnsons. Une musique à se tirer une balle, d’après mon frère. L’émotion intense et des larmes dans les yeux, pour moi.

    -          3 jours à Tokyo avec mon DJ préféréet me replonger dans le buzz des compagnies aériennes.

    - l'ouvrir un peu plus et couper les ponts avec les emmerdeurs (euses)

    - rencontrer des blogueurs : Céleste (et Fabio), Eric, Fauvette, Giao, Isabelle.

    - me plonger dans l'érotisme (chez moi en écrivant des poèmes et chez les autres).

    -    un déjeuner avec Denis pour lequel j’ai une affection réelle et particulière.

    -          L’amitié que j’ai tissée, jour après jour, au boulot, avec J et Sophie, lors de pauses café entre larmes et fous rire.

    -          La magie du théâtre : « Je viens d’un pays de neige », " Son mec à moi ", « Giacomo l’enfant de la cité », "La vie devant soi" et il y a peu, "Cabaret".

    -          La fête de la musique, jour de ma rencontre avec Nicolas, auteur de ce billet inoubliable, Tonnégrande, monsieur Jean, Jim, le vieux Jacques, les joyeux lurons de la Comète, et par extension Filaplomb et Eric.

    - la pépite d'intelligence et de sensibilité qu'est WajDi et une connivence progressive avec plusieurs de ses lecteurs (Boby, Superebeu, Oh!91)

    - en août : Un après-midi plein de saveurs et de chansons chez Tonnégrande.

    - la rencontre devant une vieille bagnole verte avec Oh!91, croisé chez WajDi. Une amitié forte, évidente, presque fusionnelle.

    - ma soirée d'anniversaire. Magique !

    - la nuit blanche avant le départ pour le Mexique (magic aussi) et sauter dans les rouleaux du Pacifique, là-bas.

  • Hiroshima, mon amour

    Hier soir, je me suis reposée de mon week-end frénétique chez un couple d’amis, dans la chaleur de leur maison nichée en région parisienne, poutres au plafond et murs ornés des œuvres magnifiques d’ Igor et du père d’O.

    Pendant que O. faisait sauter les crêpes, j’ai fait rire I. aux éclats avec mes histoires de bottes à éperons, tout en buvant du vin de pêche (merci tata X., il est très bon, ton p’tit vin).

    Après le repas, j’ai proposé des DVD que j’avais apportés. Je me suis enfoncée dans les coussins du moelleux canapé. J’avais besoin de tendresse, de paix, d’amitié, de douceur. J’ai eu tout ça.

    Hiroshima, mon amour. Découvert à Dublin il y a plus de 10 ans. Quand le film s’était arrêté, j’avais appuyé de nouveau sur « play ». Un choc.

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    Le film s’ouvre sur un plan d’un dos, nu. Histoires de peaux. Celles, douces et chaudes des amants pendant l’amour. Une main qui effleure, des ongles de femme qui se crispent sous les spasmes.

    Puis l’insoutenable. La nausée. Les peaux en lambeaux des blessés d’Hiroshima. 200.000 morts en 9 secondes. Les mots d’Emmanuelle Riva, oiseau de mauvaise augure qui assure «Ca recommencera. 200 000 morts, 80 000 blessés en 9 secondes, ces chiffres sont officiels, ça recommencera. Il y aura 10 00 degrés sur la terre, 1000 soleils dira-t-on. »

    « La colère des villes entières contre l'inégalité posée en principe par certains peuples envers d'autres peuples, contre certaines races envers d'autres races... ». J’ajouterais « par certains hommes envers d’autres hommes. »

    Ce film m’agace aussi. Le rythme des dialogues, le lancinant « J’ai tout vu à Hiroshima, tout » et lui qui réplique « Tu n’as rien vu à Hiroshima », la voix empruntée d’Emmanuelle Riva avec son « Tu me tues, tu me fais du bien ».

    Mais ensuite, quelle profondeur dans les mots, les gestes, les non-dits ! Quelle émotion dégage cet amant japonais qui lui souffle à l’oreille son français éraillé « Je crois bien que je t’aime ». Quelle pudeur et vérité dans les dialogues :

    « Rien. De même que dans l'amour cette illusion existe, cette illusion de pouvoir ne jamais oublier. De même, j'ai eu l'illusion devant Hiroshima que jamais je n'oublierais, de même que dans l'amour ? Comme toi, j'ai essayé de lutter de toutes mes forces contre l'oubli, comme toi j'ai oublié. »

    Images insoutenables, si proches de mon histoire, de cette française déshonorée d’avoir aimé un soldat allemand, rasée et enfermée dans la cave, qui griffe les murs de sa douleur animale jusqu’à s’en faire saigner. Que serait-il advenu de Marguerite, amoureuse d'un prisonnier français, si elle n’avait pas quitté l’Allemagne vaincue ? Quelle absurdité que ces guerres qui jettent 2 amis l’un contre l’autre !

    « Je suis d'une moralité douteuse. Qu'est-ce que tu appelles, être d'une moralité douteuse ? Douter de la morale des autres. »