Ce matin, la lumière du soleil me réveille. Le ventilateur a beau faire, j’ai la peau moite. Je me lève, Bibiche est déjà debout, il est 6h58. Je m’assois un moment au salon puis retourne me coucher, mon masque sur les yeux.
J’émerge de nouveau à 8h20, en même temps que S. les yeux lourds de sommeil. Bibiche me montre où est le café avant de filer acheter du pain. Lorsqu’il revient, nous nous attablons devant mon premier petit déjeuner martiniquais : une tartine de rillettes de hareng saur aux carottes râpées, bien pimenté, préparé par Tatie, que nous mélangeons à des dés d’avocat. Bibiche pose aussi devant moi un verre de jus de coco frais qu’il a ouverte ce matin, ainsi qu’une briquette de jus de prune de cythère. C’est délicieux, je me régale et regrette que mon hôtel ne m’ait proposé que des viennoiseries.
Les ingrédients :
Le résultat :
Ensuite, nous attaquons mes valises. Et là, y'a du boulot. Heureusement, Bibiche est un pro de l’emballage des bouteilles de rhum. Sa cousine lui a conseillé de couper le cul de bouteilles en plastique et de mettre les bouteilles de rhum dedans, après en avoir scotché le goulot. Le relief des bouteilles en plastique évite les chocs directs sur le verre. Il insère également du papier journal entre les bouteilles pour qu’elles ne s’entrechoquent pas. J’ai bien fait d’amener 2 valises quasi-vides : j’ai 4 bouteilles de punch coco, 3 de punch cacahuètes, 2 de liqueur de banane, 1 de liqueur de gingembre, cadeau de mes 3 Martiniquaises, 3 de rhum + 2 cubis de 3 litres chacun. Ajoutez à ça 6 avocats, des citrons verts, goyaves et un corossol, les bocaux de confiture et souskay, les fleurs d’atoumo, la citronelle, les citrons verts spécial punch. Nous pesons les valises et sommes obligé d’ôter 3 bouteilles et 3 avocats, que W. l’aîné de Bibiche, transportera pour moi au retour. Je dois encore enlever 3 avocats que je case dans mon sac d’ordinateur, pourvu qu’on ne me les confisque pas aux rayons X !
Pendant que je prends en photo les très belles fleurs d'atoumo offertes par S., Bibiche cuisine (j'ai toujours trouvé sexys les hommes aux fourneaux, pas vous?)
Vers 11h30, nous prenons la route de la plage pour mon dernier bain de mer. Dernier arrêt à la cabane de canne à sucre, à l'entrée du Lamentin, la coco calée entre les pieds, c'est parti. Je regarde tout comme le premier jour, ce trajet entre FDF et le Robert qui m'est devenu familier au fil des jours et dont le souvenir s'estompera moins vite grâce à 2yeux2oreilles, ma béquille mémorielle.
Aujourd'hui passagère, je découvre la presqu'île de la Caravelle.
Puis la plage de Tartane, que je n’ai vue que de nuit, ses barques abandonnées au fil des vagues, les frégates qui tournoient dans le ciel, à l’affût de poisson à chaparder et les familles, assises à l’ombre des arbres, avec hamacs, tentes, marmites et tables.
Bibiche emprunte une machette et fend la coco, si crémeuse que je la déguste à la cuillère.
Elle est vachement bien, la plage de Tartane ! Les enfants m’entraînent jusqu’au ponton de bois. Je saute dans l’eau avec eux, envie les voltiges et saltos de J., qu’on croirait monté sur ressorts. Je suis restée très souple mais désormais j’appréhende les poiriers, roues et ponts auxquels je soumettais mon corps élastique, jusqu’à l’adolescence. L’autre jour, au bureau, j’ai bien fait le pont devant les yeux écarquillés de J., la commerciale qui m’avait accompagnée sur l’île de Ré, mais la roue du haut d’un ponton, c’est autre chose …. Pourtant là j’ai envie de me lancer, de faire un pied de nez à cette trouille de se faire mal que les enfants ignorent. « J’ai envie de faire la roue sur le ponton pour tomber dans l’eau » je dis aux trois gosses. Ils m’encouragent bien sûr, je n’en attendais pas moins. Dans 3 heures, tu montes dans l’avion de retour. Manquerait plus que tu te pètes un truc le jour du départ.
J’hésite quelques minutes, vérifie mes amarrages (on n’est jamais trop prudente) et puis hop, 1, 2, 3, S. m’accompagne, je prends mon élan, pose la main droite sur le ponton de bois mouillé, puis la gauche et hop, à l’eau ! Rien de cassé, me suis pas fracassé la tête sur le bois, alors c’est reparti, je me sens des ailes, p’tain quand même, ça a quelque chose de jouissif de faire l’andouille avec des gosses à presque 40 piges.
Quand Bibiche sonne le rappel et que nous le rejoignons sur la plage, il me lance « C’est bien tes pieds que j’ai vus en l’air tout à l’heure ? »
Nous ne sommes pas en avance et retournons tambour battant à Fort-de-France. Sur la route, je retrouve ces quartiers que j'ai découverts, au fur et à mesure de mon séjour, et mon hôtel, perché au-dessus de la rocade.
Je charge mes lourdes valises dans ma petite 107, embrasse tout le monde et file à l’aéroport où grâce à la carte d’embarquement imprimée par mon client la veille, je n’ai plus qu’à rendre la bagnole et déposer mes bagages au comptoir.
En une demi-heure, après avoir fendu la foule amassée devant le sas des départs (on dirait un hall d’arrivée en métropole, ça s’embrasse et se fait des grands signes « A dans 3 ans ! », ça pleure aussi de voir partir un enfant, un frère ou une sœur), je suis en salle d’embarquement. Mes trois énormes avocats ont passé l’épreuve rayons X sans se faire repérer dans la sacoche de mon ordi. L’arrivée en tongs au petit matin, dans la grisaille parisienne, va être douloureuse.