Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Retour sur la Sky Road

    Suivant les conseils de Jerry, nous prenons ce matin la direction de Maam Cross. De là, nous emprunterons la R344 pour rejoindre Leenane et visiter une sorte de musée du mouton (et acheter une peau, tant qu'à faire) avant de parcourir la côté de la presqu'île de Renvyle. Jerry m'a vanté la beauté des paysages. On pourra dire qu'on aura parcouru le Connemara.

    Dans les prairies blondes, de longs boudins bruns sèchent au soleil. Oui, oui, ça ressemble à de la merde, on peut le dire .... ou à de longues barres de chocolat noir.  C'est de la tourbe, turf en Irlande, et toujours le principal mode de combustion. Moi-même, je m'y suis souvent réchauffée dans ma maison à la porte verte. Pour tout savoir sur sa formation et sa composition, c'est là. Un bras de fer a même pris place etre les agriculteurs irlandais et l'Union Européenne.
    Je veux prendre des photos de cette étrange matière. Je l'ai souvent vue luisante, car sous la pluie. Un agriculteur enfonce une pelle pour la tailler à la verticale. Boug' et moi marchons sur l'étrange tapis mousseux et instable - le bog - qui s'enfonce sous nos pas. S'enfonce vraiment. Les chaussettes de Boug' prennent l'eau. Moi je suis pieds nus dans les miennes, c'est rafraîchissant. On rigole comme des gamines. Les boudins de tourbe, légèrement craquelés, sont encore mous, c'est une texture vraiment agréable.

     

    Bogs.jpg

     


    La visite du centre du mouton et de la laine, à Leenane, est une pause agréable.

    Pour 5€, notre guide, une Irlandaise qui a appris le français "sur le tas" et se débrouille vraiment pas mal, nous explique, après un petit film, quelles sont les différentes races de moutons irlandais, leurs qualités, leurs modes de vie. Sur une machine à filer la laine, elle transforme des filaments mousseux en mèches douces et présente un petit classeur qui expose les différents points de tricot (c'est ainsi que les familles identifiait leurs marins qui se noyaient en mer).

    La presqu'île de Renvyle et ses longues plages de sable blond, désertes, nous rappelle le nord de la péninsule de Dingle. Les touristes y sont aussi peu nombreux. A Tully Cross, je déjeune d'ailes de poulet un tantinet carbonisées et profite du WI-FI.
    Nous n'avons pas encore trouvé d'endroit où passer la nuit. Les B&B du coin ne m'inspirent pas. J'aperçois des pancartes indiquant la direction de Clifden. "Tu peux regarder à combien c'est, Clifden ? Simple curiosité" demandé-je à ma co-pilote. "11 minutes" répond-elle. Je souris. "Ca te dit qu'on retourne passer la nuit chez Kathy et John, sur la Skyroad ?"

    Moins de 30 minutes plus tard, une Kathy, assez surprise de nous revoir, nous ouvre la porte. "On n'a pas pu résister à une deuxième session de vos délicieux pancakes !" dis-je en riant. Elle éclate de rire, nous souhaite la bienvenue. Même chambre, vous connaissez la maison maintenant !
    Nous sommes ravies de retrouver la jolie chambre aux couvre-lits beiges. Ce endroit est vraiment super.

    Avant le dîner, nous décidons d'aller nous balader le long de la falaise, en suivant l'intinéraire commniqué par kathy lors de notre première visite. Nous ouvrons et refermons derrière nous deux barrières et nous enfonçons dans les dunes. Un petit pont de bois, comme dans la chanson, mène sur une sorte d'ilôt entouré de nénuphars en fleurs. Un bel endroit pour savourer l'apéro du soir. Pourtant, la mer nous appelle et nous la découvrons, à pic. Furieuse, elle se fracasse sur les rochers gris. De délicates fleurettes roses bravent le précipice et les touffes d'herbe verte forment une belle chevelure qui bruisse sous le vent. Nous nous promenons un long moment dans ce paysage sauvage et préservé.
    De retour au B&B, Kathy nous apprendra que ce chemin est privé et leur appartient.

    Falaises.jpg

    Ce soir-là, nous sommes allées dîner d'un fish & chips trop cuit, lui aussi, avant d'aller nous mêler à la foule chez Lowry's où un groupe énergique chante des balades irlandaises à grands coups de banjo, bodhran, guitare et flûte traversière. Boug' commence à bien maîtriser le répertoire irlandais ....

  • Une soirée à Clonbur

    Au Burke's pub, le WI-FI est ouvert. J'en profite puisque notre B&B n'en est pas équipé (ils l'étaient tous, jusqu'ici).

    En sirotant avec précaution mon Irish coffee, je rate un ami sur msn, échange trois phrases avec un ami qui vit au Mexique sur Skype et répond au sms d'un blogueur que j'affectionne particulièrement. Au milieu d'une conversation virtuelle mais néammoins passionnante, une pinte de Guinness se pose assez brutalement sur ma table. Un homme, le regard un peu vague, s'assied commes'il était chez lui. Damn ! Un Irlandais bourré qui s'invite à ma table !

    En fait, il vient de dehors où il a croisé Boug' qui fumait sa clope et cette garce super copine s'est assez démerdé pour arriver à lui placer que
    1) elle ne parlait pas anglais 2) mais que sa copine à l'intérieur, oui.
    John, puisque c'est son prénom (s'appellent tous John ou Pat, ici, de toute façon, t'as une chance sur deux) a décidé de discuter avec moi et il est plutôt lourdaurd. Comme dit Boug', à côté, Pat the fishman, c'était une crème. Il me confie qu'ici, à Clonbur, la présence féminine fait cruellement défaut. "Vous avez le même problème à Paris ?" demande-t-il. "Non, pas vraiment, à Paris, il y a des milliers de femmes célibataires, tu devrais y aller pour en trouver une  !"

    Boug' revient, ses conneries la font beaucoup rire. J'essaie de nous faire payer un verre de Guinness mais y'a pas moyen. John est lourd et radin. Il veut absolument me montrer son profil Facebook et la française dont il est tombé amoureux. OK.
    Next question : tu es mariée ? Tiens, Boug' a gloussé, quand je vous disais qu'elle faisait de sacrés progrès en anglais. "Et tu es amoureuse ?" "Oh oui !" dis-je avec mon air angélique.

    Joh est collant, du coup je ferme l'ordi mais au bar, il y a un homme très sympa, un gars de Clonbur aussi, et il n'est pas bourré, lui. Il demande le truc habituel, d'où nous venons, où nous allons. Je lui confie mes hésitations à monter jusqu'au comté de Mayo et l'île Achill, ayant abandonné l'idée de pousser jusqu'au Donegal. Il confirme que le Donegal est trop loin pour les deux jours qu'il nous reste et doute de l'intérêt du déplacement jusqu'à l'île d'Achill. "Vous êtes allées sur les îles d'Aran ?"

    Sur une carte du Connemara, Jerry pointe du doigt les routes que nous n'avons pas prises, suivant les instructions de TomTom qui privilégie les grands axes. J'en profite pour confier à Jerry ma déception de n'avoir pas retrouvé "mon" Connemara avec ses moutons en liberté. "Ca dépend des saisons, dit-il. Là il y a plein d'agneaux et les fermiers les protègent". Ah, voilà qui me rassure.
    C'est donc décidé, nous finirons notre séjour dans le Connemara. Et peut-être même nous offrirons nous une une autre nuit chez Kathy et John, sur la Sky Road ...?

  • Autour du lough Corrib (et des détours!)

    Nous voici sur les rives du Lough Corrib et la vue est splendide. Le lac d'un bleu sombre, presque minéral, est troué d'îles de verdure, certaines plantées d'arbres. Des barques apportent des touches de couleur et sur les pentes des collines alentour, des moumoutes beiges broutent dans des enclos de pierre.

    Nous quittons quelques minutes le comté de Galway pour celui de Mayo où se trouve le village de Cong, célèbre et très touristique depuis le tournage de "The Quiet Man" (L'homme tranquille) avec John Wayne et Maureen O'Hara. Pourtant, moi, c'est pour son abbaye en ruines que j'y reviens, et sa balade des plus apaisantes le long de la rivière. En pénétrant sur le site, j'ai une pensée pour l'homme au profil d'aigle, avec lequel j'y étais venue il y a bien longtemps déjà.

    Je suis une femme butée (ça confine même à la bêtise, souvent) et je persiste à essayer de retrouver un B&B dans lequel j'avais passé la nuit, alors, une petite maison isolée, perchée sur un promontoire entre deux lacs. Malheureusement  - ou plutôt heureusement -, dans la région, les lacs ne manquent pas. Nous passons donc deux fois à Cong, deux fois à Clonbur, nous perdons dans une baie fantôme avant de revenir sur les rives du Lough Corrib où poussée par un besoin physiologique de toute urgence, je cours dans le B&B qui a la plus belle vue sur le lac, et ce n'est en aucun cas exagéré. La déco de la chambre est plutôt tristoune mais la vue, top ! Nous sortons nous promener sur le petit chemin qui grimpe et Boug' recommence à taper la discute avec les moutons mais cette fois, les agneaux à tête noire sont curieux et moins farouches, ils s'approchent et nous faisons de belles photos.

    Vers 20h, nous réalisons que nous n'avons rien dans le ventre à part nos trois pancakes du matin et le verre de Guinness de Leenane. Et même pas faim ! Il faut croire que c'est l'ennnui de nos vies parisiennes qui nous pousse à manger car ici, nos sens sont tellement assouvis que notre estomac est muet.

    N'empêche, nous nous attablons dans la salle frisquette du pub-restaurant John J.Burke & Sons à Clonbur où je mange mais sans grand appétit. En revanche, nous savourons beaucoup plus le Bailey's et l'Irish coffee au pub, avec vue sur un intriguant jeune homme coiffé d'un chapeau à fleurs qui lui va à merveille. Il a l'air très français mais parle un anglais parfait avec l'accent irish. Je m'interroge mais ma curiosité restera insatisfaite. Et on n'a pas mangé nos chocolats de Pâques !

  • En route vers Cong

    connemara,irlande,leenane

    Nous rejoignons la Sky Road, mais cette fois sur son versant nord. La lumière est très belle. Une heure de trajet jusqu'à Cong, annonce Bernard (le TomTom de Boug'). Beaucoup de très belles demeures surplombant la mer. Notre première étape c'est le parc national du Connemara, dont l'entrée est libre. Au premier étage du Visitor's centre, une expo sur la faune et la flore environnantes et les nombreuses randonnées. Les familles irlandaises sont nombreuses en cette dernière journée d'un week-end prolongé. "Faut qu'on se trouve nos oeufs en chocolat, aujourd'hui" dis-je. J'entraîne Boug' sur la Bog Road. "Y'a que toi qui arrive à me faire marcher comme ça" dit-elle. "Tu ne vas pas le regretter, je pense que ça vaut le coup". "C'est ce qu'on me dit à chaque fois qu'on veut me faire grimper quelque chose, ajoute-t-elle. Tu verras, ça vaut le coup. Tout est relatif".

    En rejoignant la voiture, nous croisons deux jeunes françaises garées à côté de nous. Quand j'enclenche le contact, " Ferny hill" se met en route. "Oh la la, vous avez même la bande son !" "Je me suis équipée avant de partir, on est dans l'ambiance à fond".

    Nous pénétrons maintenant dans l'enceinte de l'abbaye de Kymemore, à quelques kilomètres de là. On ne peut même plus faire la balade fort agréable que j'avais savourée il y a quelques années, jusqu'à la petite chapelle au bord du lac. Enfin, si, mais il faut payer 12€. Pas très grave, on peut admirer l'abbaye et prendre toutes les photos qu'on veut avant d'arriver au guichet. L'endroit est superbe, et blindé de Français.

    connemara,irlande,leenane

    A Leenane, nous nous arrêtons dans le célèbre pub où furent tournées des scènes de "The filed" de Jim Sheridan. Perfect time for a Guinness. Dans la cheminée en pierre de ce beau pub, la tourbe flambe.

    connemara,irlande,leenane

     

    Au comptoir, deux types du coin discutent. Ils ont un de ces accents à couper au couteau ! Jamais entendu un truc pareil !

    Pas de pot pour Boug', quand je pars aux toilettes, il essaie de lui taper la causette et chose inespérée, elle comprend qu'il lui demande comment ça va. Encore quelques verres de Guinness et elle sera bilingue, cette petite. Déjà, elle arrive parfaitement à dire "I want two glasses of Guinness" et aussi "I am Valérie, I am french (ça tous les moutons et les vaches de la région le savent, elle s'évertue à se présenter alors qu'ils broutent peinards)

    De retour, je me lève pour regarder les affiches qui parlent du film. Le pépé qui a un oeil qui dit merde à l'autre entreprend la discute. Ca va être coton, je me concentre. Il me demande si j'ai vu le film et m'apprend que le patron du pub est mort il y a une semaine. "He was a good man" soupire-t-il. Bon, s'il est comme moi, il ne pas tarder à chialer dans sa Guinness alors je change de sujet et lui demande si la région est riche en poissons (réponse évidente).

    "Oui, il y a beaucoup de truite et de saumon. Tu aimes la pêche ?" demande-t-il. Est-ce que j'ai une tronche à pêcher, sérieux ?? "Heu non, je m'ennuie (parce que j'ai quand même essayé, ado), je suis trop active mais en revanche, j'adore manger le poisson". Mon bonhomme s'emballe tellement à me parler pêche qu'il se tape une quinte de toux qui me fait craindre un instant de me recevoir un truc sur le visage. Je ne suis pas douillette mais là, limite j'ai des hauts le coeur.

    connemara,irlande,leenane

    Après le salut d'usage, nous reprenons la route qui quitte la côte et s'enfonce maintenant dans le Connemara, celui que j'aime, celui des mottes de tourbe, des lacs et des bruyères. Mais on dirait que mo Connemara a changé. Aujourd'hui des barricades les bordent et même les quelques moutons qui se sont échappés sont devenus disciplinés. Ils dorment sur le bas-côté de la route, alors qu'il y a une dizaine d'années, on les trouvait divaguant en toute liberté. Alors, on patientait tranquillement, on leur parlait, on regardait le paysage. C'était cool.

    A 8 kms de Cong, Boug' s'écrie "Spot sieste !". Je tourne à droite, gare la voiture, me planque derrière un promontoire, laissant Boug' et son bouquin sur un banc, et m'offre une sieste réparatrice, au soleil, avec pour seul bruit le clapotis des vagues. Même les jeunes pêcheurs qui ont planté leurs bottes quelques minutes dans la vase ont préféré s'éloigner et me laisser dormir.

  • Petit déjeuner à la Ardmore House

    Pancakes.jpgCe matin, à 9h35, nous pénétrons dans la salle à manger de la Ardmore House, innondée de soleil. John nous accueille et nous tend le menu. Irish breakfast, oeufs brouillés au saumon fumé, tiens, des pancakes au sirop d'érable, ça nous changera un peu. Le buffet propose plein de choses sympas, en dehors du soda bread maison : des compotes de pommes et rhubarbe, une salade de fruits frais, un plateau de fromages. Chouette choix.

    John nous apporte des assiettes garnies de trois épaisses crêpes, à mi-chemin entre nos bretonnes et les pancakes américains. Arrosé de sirop d'érable, c'est délicieux ! Nous nous régalons. "C'est vous qui les faîtes?" "Non, c'est ma femme Kathy. Moi je ne fais que ce qu'on me dit, vous savez" ajoute-t-il d'un air farceur.

    Vers 11h, nous rendons les clés à Kathy, discutons un moment avec elle. Je relate notre périple, elle raconte l'hiver dernier où il est tombé beaucoup de neige. "Ici, c'est le Gulf stream, nous ne sommes pas habitués à ça. Nous étions bloqués, pas pu faire les courses de Noel, ça nous a fait des économies, en un sens".  Je la complimente sur son superbe B&B, les pancakes "Vous savez, j'ai dû en faire pour mon petit-fils, du coup" et l'accueil particulièrement chaleureux qui nous a été réservé. Je lui confie que nous somes blogueuses et que je mettrai un lien vers leur site internet. Elle prend l'adresse, même si c'est en français et après nous être acquittées de 66€, nous quittons à regret cet endroit magique.

    Alors que nous sommes déjà en voiture, nous apercevons John qui, de la fenêtre du salon, nous fait de grands signes de la main. "Cet endroit aurait bien mérité quelques jours de plus", soupire Boug'.