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  • "Mon alter Hugo"

    De et avec Gérard Berliner (souvenez-vous, en 1982, il chantait cette magnifique chanson : "Louise")

    Hier soir, Esteban et moi-même nous sommes retrouvés sur les Champs-Elysées, au théâtre Marigny, pour découvrir cette composition très originale qui nous fait (re)découvrir, en musique, la vie et les idéaux de Victor Hugo. 

    J'ai été séduite par l'énergie, le charisme et la voix de Gérard Berliner. On rit, on est ému (yeux mouillés quand Hugo chante la mort de sa fille), on n'en revient pas quand Hugo ressucité évoque la monnaie unique, la peine de mort ou les Etats-Unis d'Europe. Gérard Berliner est tour à tour lui-même, chroniqueur de la vie politique, amoureuse et littéraire de l'écrivain et Hugo, engagé, exalté, amoureux, trompé, endeuillé, banni. 

    Hugo le visionnaire s'est battu pour le droit de vote des femmes, l'abolition de la peine de mort, le droit des enfants, le suffrage universel, l'abolition de l'esclavage, la liberté de la presse, l'éducation. Son discours est d'une saisissante actualité, hélas.

    "Cette misère, cette immense souffrance publique, est aujourd’hui toute la question sociale, toute la question politique, elle engendre à la fois le malaise matériel et la dégradation intellectuelle, elle torture le
    peuple par la faim, et elle l’abrutit par l’ignorance.
    Cette misère il faut la combattre, il faut la dissoudre, non seulement parce que cela est humain, mais encore parce que cela est sage.
    Il faut détruire le faux socialisme par le vrai, moi je ne suis pas de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde, la souffrance est une loi divine, mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère.
    Remarquez le bien, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, non, je dis détruire.
    La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain.
    Je dis que notre société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas.
    C’est l’anarchie qui ouvre les abîmes, mais c’est la misère qui les creuse, vous avez fait des lois contre l’anarchie, faites maintenant des lois contre la misère.
    Le travailleur veut être traité comme un citoyen, non comme un pauvre.
    Cette tête de l’homme du peuple, cultivez-là, défrichez-là, arrosez-là, fécondez-là, éclairez-là, moralisez-la, utilisez-là."

    Lorsque le rideau tomba, le public se mit debout et offrit un ovation émue à l'interprète. A côté de mon frère, une dame lui demanda soudain comment nous avions trouvé "son fils" ... c'était Mme Berliner elle-même ! Une dame charmante et immensément fière de son fiston. C'était assez drôle car le jour même j'avais lu son petit mot sur le livre d'or du site de son fils. Je le lui dis, elle rit et nous invite à aller saluer son fils après le spectacle, ce que nous faisons. On se retrouve donc avec elle et le producteur à attendre "fiston". Elle est très marrante, nous présente à tout le monde comme ses amis et me confie qu'elle n'aime pas la barbe de son fils. Moi j'ai toujours aimé les barbus, depuis toute petite, je leur trouve un air gentil (ben oui, Jesus, le Père Noël, c'est pas de ma faute!) Nous papotons, elle me demande où je travaille, me dit qu'elle aime bien mon patron et me demande s'il est comme à la télé (je repartirai d'ailleurs avec un poster dédicacé à lui remettre "de la part de madame Berliner").

    De son côté, Esteban continue de faire des ravages auprès de ces dames (ça doit être sa coupe de cheveux ou plutôt sa non-coupe de cheveux) car sur ces entrefaits, une amie de la maman arrive et alpague Esteban auquel elle raconte qu'elle est la veuve d'un chanteur des "Pirates" (apparemment un groupe yé-yé connu à l'époque qui chantait "Je bois du lait" .... comme dirait le capitaine Haddock .. des pirates d'eau douce...), une mamie fêtarde dotée d'une patate d'enfer qui a ... 72 ans !

    Ensuite, le pianiste qui accompagnait Gérard Berliner arrive, très bel homme aux cheveux argentés et dont j'apprend par "maman Berliner" qu'il était le compagon de Barbara, une de mes chanteuses préférées. Sur ce, fiston arrive enfin, avec un grand sourire, me fait la bise (il sent super bon ... j'ai cru reconnaître A-men) et commence à signer des autographes à tous les gens qui sont là. Maman Berliner lui fait signer un poster dédicacé pour mon patron et me donne une photo de "Gérard" (une vraie qu'elle sort d'une pochette) que je fais dédicacer pour ma mère qui l'adore. On échange quelques mots avec lui, il est vraiment chaleureux, il a une belle barbe poivre et sel et il aime beaucoup sa maman (précision pour ceux qui, comme moi, ont raté la récente émission de Mireille Dumas ...)

    Après avoir promis à sa maman de la retrouver au Petit Journal Montparnasse où son fils va bientôt faire un spectacle en hommage à Serge Reggiani, on sort du théâtre après avoir salué tout le monde et on appelle Mozz pour lui raconter notre belle soirée. Ah ! Mozz ! Pourquoi as-tu quitté Paris ?

  • Blog à lire

    Ce fameux modèle dont on nous rebat tant les oreilles, ça devrait intéresser Rony ...

  • Liberté d'expression & blogs

    Je profite d'un débat passionnant sur un blog ami pour soulever une réflexion qui me préoccupe en ces temps où la liberté d'expression est de plus en plus menacée. Je m'interroge (et vous interroge) plus que je ne prend position sur mon blog ; ça doit être dû à mon thème astral sans doute. Comme dit ma mère, j'aurais dû être avocat car je suis capable de défendre des choses indéfendables.

    Bref, dans la blogosphère, il y a des gens qui parlent de leur nombril (beaucoup) mais il y a aussi des blogueurs qui mènent des actes citoyens grâce à ce formidable outil de communication. Ils dénoncent, interpellent, revendiquent et en paient souvent chèrement le prix, comme lui, lui et luiChristophe Grébert, après de longs mois de lutte, est sorti victorieux de son bras de fer avec la mairie de Puteaux.

    Microsoft avait fait preuve d'un zèle particulier sur son espace chinois dédié aux blogs, MSN Spaces. Plus récemment, suite au scandale soulevé après la suppression par Microsoft sur ce même portail du blog d'un journaliste chinois, le géant américain a déclaré avoir précisé sa ligne de conduite, comme le relate Pointblog.

    Gardons en mémoire que le blog doit aussi servir à faire entendre la voix de ceux qu'on voudrait étouffer et continuons de nous battre pour la liberté d'expression.

  • Cloclo toujours là

    Hier soir, alors que je m'apprêtais à aller me coucher, un dernier coup de zappette me fait tomber en arrêt sur l'idole de ma jeunesse. Agée d'une dizaine d'années et bercée depuis mon enfance par Cloclo que mon père aimait beaucoup, je passais des heures dans ma chambre à m'époumonner en chantant "Même si tu revenais", "17 ans" ou "Les cloches sonnaient" (j'adore quand il court derrière le train en criant Je m'appelle Claude et je t'aime, je t'aiiiiiiiiiiime). Je peux dire avec une fierté non dissimulée que je connais encore par coeur une grande partie de son répertoire. J'attribue mon engouement pour Claude François au fait qu'à l'époque, j'identifiais mon père, qui porte le même prénom et est aussi blond que lui (mais pas aussi gringalet), à ce chanteur mal aimé. Et puis franchement, Cloclo et ses Clodettes, les costumes à paillettes, les chorégraphies, ça en jetait non ?

    Hier, j'ai appris avec stupéfaction que "Comme d'habitude", écrit suite à sa rupture avec France Gall, était la composition française la plus exportée dans le monde, avec le Boléro de Ravel et que ce titre, dont il existe plus de mille versions, est diffusée en moyenne toutes les minutes. Aujourd'hui encore, des jeunes qui sont nées longtemps après sa mort, dansent et chantent sur "Alexandrie" et Cloclo vend encore entre 200.000 et 600.000 albums par an.

    Cloclo, boudé des intellectuels et sali par certains médias (au passage, j'ai été très choquée par la une de Libération au moment de sa mort "Claude François : a volté") souffrait beaucoup de la haine qu'il suscitait. Déraciné après une enfance dorée en Egypte, la déchéance morale et physique de son père avait généré en lui une combativité incroyable. Lui qui avait une revanche à prendre sur la vie serait sans doute touché de voir à quel point il est encore vivant dans le coeur de beaucoup de Français.

  • Elle n'était pas d'ici ...

    Elle habitait en face de chez nous et saluait ma mère en ouvrant ses volets. Après quelques échanges de mots, ma mère se prit d'affection pour cette vieille dame élégante aux beaux cheveux blancs. Au hasard d'un de mes séjours à Paris (je vivais en Irlande à l'époque), ma mère m'emmena boire une coupe de champagne chez Marguerite, qui en avait toujours une bouteille au frais. Je pris dès lors l'habitude de passer boire une coupe régulièrement chez elle; mon enfance en Forêt Noire m'a laissé de merveilleux souvenirs et une affection toute particulière pour ce beau pays.  J'aimais le large sourire, les yeux bleus, l'accent allemand et la classe de Marguerite.

    Un jour, Marguerite me raconta son histoire.

    Allemande, elle avait rencontré son mari français pendant la guerre. Celui-ci était retenu dans un camp de prisonniers près de chez elle et ils étaient tombés amoureux à travers les barbelés, malgré l'interdiction paternelle de s'approcher du camp. Il l'épousa et la ramena dans son pays. En tant qu'allemande en France, je vous laisse imaginer ce qu'elle et son époux endurèrent. Ils ne purent jamais avoir d'enfants. En pleurant, elle me montra le fauteuil dans lequel son époux bien-aimé mourut, bien des années avant que nous ne la rencontrions. Ce jour-là, je ne pus retenir mes larmes et nous forçâmes un peu sur le champagne. Un soir où je l’invitai à une fête familiale donnée en mon honneur, elle prit son courage à deux mains et chanta "Lili Marlène" devant une assemblée ébahie. Un ange bleu sur une péniche blanche.

    Mes parents quittèrent Paris pour commencer leur retraite à la campagne, ce qui fut un coup dur pour Marguerite qui aimait beaucoup notre famille. Et puis, il y a 2 ans, Marguerite partit comme à son habitude fêter Noël chez sa nièce. Quelques semaines plus tard, mon père, de passage à Paris, s'étonna de voir les volets de son appartement fermés en pleine journée. Ma mère appela une voisine qui lui apprit que Marguerite était tombée malade. Quelques mois plus tard, le 1er avril, elle partit retrouver son grand amour dans le cimetière de Montrouge.

    Marguerite, tu n'as pas laissé d'enfants pour te pleurer mais sache que nous pensons encore à toi et que nous n'oublierons jamais ton visage souriant et auréolé de boucles blanches. Les histoires d'amour finissent mal, en général ? Moi, en t'écoutant, j'ai retrouvé mes yeux d'enfant devant un conte de fées.