Mardi soir, fin de journée au siège d’une banque, dans les environs verdoyants de Rouen. Une de nos stagiaires, une jolie blonde à la bouille facétieuse, propose : Si vous voulez demain soir, je vous fais faire un tour du centre-ville ? ». C’est la première fois qu’une stagiaire se propose de me faire visiter sa ville.
Elle passe nous chercher à l’hôtel et quelques minutes plus tard, nous émergeons sur la place de la Pucelle. Il est un peu plus de 19 heures, les terrasses sont bondées et je suis émerveillée par les maisons à colombages qui encadrent la place. E. nous entraîne jusqu’à celle du Vieux Marché. Au centre de la place, un édifice étrange qui m’évoque, bizarrement, un dragon noir. C’est une église, m’apprend E. Les pointes hérissées sont censées évoquer les flammes du bûcher car c’est à quelques mètres de là que fut brûlée Jeanne d’Arc. Un marché se tient encore là, sous des halles attenantes à l’église. La place est magnifique et très touristique. Nous en faisons le tour et nous engageons dans la rue du Gros Horloge (et pas de la Grosse Horloge, bande de touristes !), sous lequel nous passons.
Un peu plus loin, E. tourne à gauche et devant nous, un très beau bâtiment gothique : le Palais de Justice, criblé d’impacts d’obus datant de la 2ème guerre mondiale.
Nous descendons maintenant vers la cathédrale, qui est mise en valeur chaque été dans un spectacle son et lumière intitulé « De Monet à Pixel », en hommage au peintre qui la peignit plusieurs fois. Nous nous engageons dans une rue entre elle et l’affreux Palais des Congrès, qui doit être démoli depuis des années. Nous descendons une autre rue très animée et dans la rue Martainville, E. marque une halte devant une porte cochère au-dessus de laquelle il est écrit « Aîtres Saint-Maclou ». « Oui, c’est ouvert, venez », dit-elle. Nous la suivons. « C’est l’école des Beaux-Arts, je ne vous dis pas ce que c’était auparavant, vous allez voir ». J’adore les mystères et cette impression, un court instant, de faire une chasse au trésor.
Nous débouchons sur une cour intérieure. « Regardez les poutres », dit E. J’examine les montants de bois, des têtes de mort y sont sculptées. « C’était un charnier au temps de la peste ». Mon collègue a la chair de poule.
Nous rebroussons chemin et nous engageons dans la rue Damiette jusqu’à la place du Lt Auber où nous nous attablons au Garde-Robe, un bar à vins où je déguste un verre de « Chinon Soif de tendresse ». Retour vers la place du Vieux (comme on dit par ici) où nous nous attablons en terrasse du Maupassant. Crise de fou-rire quand mon collègue choisit le menu « Boule de Juif » qui s’avère être un menu Boule de Suif. Il est près de 22h30 quand notre charmant guide prend congé de nous.
Elle avait les yeux un peu gonflés ce matin (t’as vu ta gueule, dirait l’autre … oui, oui, j’ai vu …)