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l'oustaou

  • Déjà vendredi ?

    Lundi, à l'heure du déjeuner, j'économise un ticket resto et claque 120 euros : coup de foudre pour une paire d'escarpins "Noir miroir". Visiblement, ça fait mal aux n'yeux, comme dirait ma petite soeur et je m'aveugle toute seule. Le soir, j'envoie un message à l'homme de marbre, sans réponse à ce jour.

    Mardi soir, après un verre en terrrasse du Habemus, une adresse à retenir où les serveuses sont joviales, nous nous attablons Au Mesturet. Elle retient un haut le coeur en me voyant décortiquer ma tête de veau. Y'a un seul truc qui nous sépare : elle n'aime pas la viande, ma copine de Carême (facile, pour elle !). Le service y est toujours aussi charmant, c'est une constante, et nos voisins de table, aussi. Un peu grise ou grisée, je chope le serveur, au vol "Vous, je vous sens bien". Il est médusé et je me gausse. Sur le retour, rue de Richelieu, je claque une bise à Kamel qui nous offre un shot vodka-cerise griotte et je me couche avec le noyau en travers de la gorge.

    Mercredi soir, j'annule la soirée moules chez moi, officiellement parce que j'ai quitté le boulot trop tard, officieusement parce qu'en pénurie de chaussures, je file chercher mon bonheur chez Mi-Prix. Et là, le choc, un véritable drame pour toutes les amoureuses des escarpins, talons et bottes stylées : Mi-Prix a fermé !!! Je piétine, incrédule, devant la boutique vide où j'ai acheté, depuis 20 ans, tant de chaussures et chapeaux. Je n'en suis toujours pas remise.
    Vers 20 heures je rejoins, dans ma tenue de canari des années 50 (je me comprends) et mes escarpins noir miroir, 2 quadras sexys en terrasse du Physalis. Ma mémoire me fait défaut et je me demande si j'ai déjà fait un billet sur le Physalis, que je fréquente depuis des années. Je fouillerai les archives et corrigerai cette injustice, le cas échéant.

    Le lendemain matin, lever 5h30, taxi à 5h45, train à 6h19, arrivée 9h21 dans l'odeur des pins et sous le soleil d'Aix. Le soir, je jette mon ordi et file dans les rues étroites du centre d'Aix, jusqu'à la bruyante place Ramus où j'attend Oh! et sa mère, en terrasse de Hue cocotte ! "Excellent choix, je m'y suis déjà régalé" avait répondu mon ami parisien quand je lui avais communiqué le lieu du rendez-vous. Si à Paris, c'est déjà l'automne, Aix a des parfums de juin. Les filles sont en short dos-nu et la nuit douce. Après une cocotte au cabillaud, un dessert patate douce-chocolat et une incursion dans la tarte aux figues d'Arlette, je m'endors, calée dans mes oreillers, devant Les nuits pourpres.

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    Ce matin, corde à sauter et baskets restent dans mon sac de voyage (le principal, c'est de se laisser des portes ouvertes, non?). Je convaincs mon collègue de petit-déjeuner aux Gourmandises Aixoises, recommandée par ma pétillante taxiwoman de la semaine dernière. Le midi, on y retourne et on commande la même chose : une cuisse de canard lentilles suivie d'une verrine de mousse de coco à la mangue. Trois abeilles (ou guêpes) me tournent autour pendant tout le repas et bouche bée (ça vaut mieux), j'assiste soudain à un remake de "Minuscule", que je regarde souvent avec ma nièce adorée : une abeille se pose sur mon plat et repart en zigzaguant, lestée d'une lentille qu'elle tient entre ses pattes ! Nan mais sérieux, où va-t-on ??? J'aurais voulu filmer la voleuse pour montrer à la petite J. que Minuscule, ça existe en vrai !
    (Bon, vous savez bien que je suis restée une grande gamine ..)

    Ce soir, pas de pot, mon collègue m'avait promis une bière sauf que nous sommes dans deux rames différentes et incommunicantes (est-ce que ça se dit ? tant pis, je tente).
    Je me retrouve à côté d'un papa au regard ravageur, aux biceps bronzés, absolument craquant avec son bébé blond dans les bras. J'ai envie de dire au papa, qui est bien trop jeune pour moi mais que je coincerais bien entre 2 wagons "Arrêtes de me sourire comme ça, je ne suis qu'une pauvre petite chose fragile et y'a ta meuf en face". Elle, orteils vernis de rouge, plongé dans son ordinateur, ne lève pas les yeux de tout le trajet (l'inconsciente !), lui embrasse son fils et le couve amoureusement du regard.
    Le bébé s'appelle Arthur et il lance des cris stridents pour que je le regarde, et je le regarde en souriant bêtement. Je me connais, je suis en train de basculer dans le gagatage aigu, alors je déménage près de la fenêtre et loin de son putain de sex symbol de père. Arthur me scrute tout penaud (comment ça je projette?), genre "Ben, tu me laisses ?" alors je lui fais coucou, et son père me sourit (arrêtes, toi !) et je me revois il y a quelques années, dans mon tailleur vert à boutons dorés, quand du fond de l'avion, je faisais des grimaces aux bébés dans le dos de leurs parents.  

    A la descente du train, après que je me sois sifflé une Grim' toute seule au bar (c'est le weekend, merde !), ils sont tous les 3 là, sur le quai et le papa se tourne vers moi "Vous avez pensé à votre sac ? Il y avait un sac, en haut". J'ai envie de répondre "Tu peux arrêter d'être irrésisitible ?" mais je le remercie, oui, oui, j'ai bien mon ordinateur, me penche sur le bébé endormi et monte dans le tramway où je chante. Mon voisin me regarde, je sais qu'il pense que je ne m'entends pas chanter du Absynthe Minded et que j'aurais grave honte si je savais. Ca me fait rire.

  • Daouda ou da da da

    Lundi, j'avais rendez-vous avec une belle brune au métro Pyramides à 19h30. J'avais prévenu que je serais vraisemblablement là à 19h40. A 19h37 très précisément, alors que, mon métro s'engouffrant dans le tunnel entre Opéra et Pyramides, je me félicite déjà de ma perspicacité, la chenille de métal s'immobilise. "Bla bla bla, merci de votre patience". J'envoie un sms à la belle brune "J'ai failli être là à 19h40 !"

    Les minutes s’écoulent. Le conducteur réitère son annonce. Ça commence à faire long quand même 5 minutes d'attente dans un tunnel, surtout que j'ai une faim de loup. Après un moment, il annonce qu'il va couper le courant et que nous risquons d'être plongés dans le noir. Mon espoir d'un retard à peine perceptible s'éteint en même temps que les loupiotes.

    A 19h54 (croyez-pas que j'ai une mémoire aussi précise, j'ai les sms sous les yeux), coup de théâtre : "Nous allons devoir évacuer, ne vous inquiétez pas, le courant est coupé, je vais venir évacuer chaque wagon avec une échelle et je vous demande de marcher le long du mur jusqu'à la station Pyramides".

    Je me marre. Ça c'est une première ! Tout en coulant un regard compatissant vers les touristes à valise, je me félicite d'avoir choisi, le matin même, un pantalon en toile et des baskets. Comme ça fait déjà 30 minutes qu'on est bloqués dans ce wagon, un homme ouvre les portes et nous sautons tous du wagon sur le sol (un bon mètre de hauteur quand même). Une jeune femme se plaint derrière moi de son infortune. "Oh moi, tant qu'il n'y a pas un rat pour me grimper le long de la jambe, tout va bien !" dis-je. Un homme réplique "Oui, par contre, s'ils rebranchent le courant, on passe tous dans Le Parisien demain matin !"

    Finalement, on se marre bien dans cette longue procession qui s'achemine lentement sur le sol caillouteux du tunnel. Tout le monde sort son appareil photo et les flashes éclairent le boyau métallique. A défaut d'être dans Le Parisien, je vais me retrouver sur Facebook ou Twitter, pas de doute. La station Pyramides est quand même assez loin et on marche bien sur 200 mètres. A 20h15 je retrouve la belle brune devant Naniwa-Ya et après les nouilles, raviolis et boulettes de poulpe, on va se prendre le dessert au Stube, juste en face de l'Oustaou (je vous jure que c'est un pur hasard que je me retrouve dans ce bar toutes les semaines).

    Peu avant 22h, la belle brune me quitte et moi je vais juste faire une bise à Chichi. Sauf que comme je passe souvent à l'Oustaou, je commence à connaitre les habitués et du coup, maintenant, je trouve toujours quelqu'un pour me donner une bonne raison de boire un verre. A 23 heures, je prends le bus avenue de l'Opéra : ce soir, je devrais me coucher avant minuit.

    Au coin de ma rue, un homme d'une soixantaine d'années me fait des signes. Je m'approche, sur mes gardes, prête à lui décoller un jump-kick entre les gencives (après 22 heures dans une rue déserte, je ne suis plus une dame). Il ne parle visiblement pas un mot de français et me tend une carte magnétique d'hôtel en répétant "Campanile, Artistide Briand". Je suis perplexe. Il y a plein d'hôtels dans mon quartier mais un Campanile, ça ne me dit rien. Je tape sur un moteur de recherche pour trouver l'adresse, car il ne l'a pas (ah ces touristes !) et lui montre le numéro sur l'écran en lui indiquant la direction à prendre. Il rejoint une femme qui l'attend au coin de la rue et je me dirige vers chez moi avant de ralentir. Non vraiment, un Campanile dans ce coin, je ne vois pas. Ça m'embêterait de leur avoir indiqué une mauvaise direction, surtout qu'ils ne parlent pas français et sont complètement paumés. Je fais demi-tour et rattrape mes deux touristes qui sont plantés devant le numéro indiqué où comme je m'en doutais, il n'y a aucun hôtel. Je devine qu'ils sont russes. Dada : ils confirment. Je lance de nouveau ma recherche et cette fois, j'appelle l'hôtel qui valide l'adresse. "Vous êtes dans quelle ville ?" demande-t-il avant de me fournir le pourquoi du comment "Ah mais non, c'est à Arcueil !". J'ai envie de lui dire "Campanile porte d'Orléans, mon cul oui !" mais il n'y est pour rien dans la publicité mensongère faite aux touristes.

    Au moins, je me serai couchée moins conne ce soir-là : j'ai appris que lorsqu'une rue traverse plusieurs villes, sa numérotation redémarre dans chacune. En l'occurrence il n'y a pas un seul n°73 avenue Aristide Briand. Devant la mine de mes touristes, je me résigne : je ne me coucherai pas avant minuit ce soir. J'essaie de leur expliquer pourquoi leur hôtel n'est pas là où il devrait être puis leur fais signe de me suivre. En avant, toute !

    J'ai vérifié : il y a 1,3 km entre l'endroit où je les ai récupérés et leur hôtel. Nous avons marché une bonne demi-heure. De plus, la conversation était très limitée, la dame ne parlant que peu le français et pas du tout l'anglais. Elle n'arrêtait pas de dire "Merci beaucoup madame". A minuit, je les lâche devant leur hôtel et j'attends le bus qui me ramènera chez moi car j'ai la flemme de refaire le trajet à pied. A 0h25, je me couche.

    Le lendemain, mon frère auquel je raconte toutes les aventures vécues en l'espace de 4 heures me dit : "C'est bon pour ton karma, Fiso, tes bonnes actions vont te revenir".

    Et avoir la tête dans le cul, c'est bon pour mon karma, Léon ?

     

  • Le Mesturet, un bistrot où on croise plein de gentils garçons

    Le triangle Bourse-Opéra-Vendôme est décidément mon quartier. J'y ai ma deuxième maison, l'Oustaou, quelques belles adresses gourmandes, le Pinxo, le Petit Vendôme et Aux Bons Crus,sans compter toutes mes gargotes japonaises et les wurst et bretzelen du Stube.
    Il y a quelques semaines, prise d'une subite envie de tako yaki, je suis redescendue des grands boulevards et j'ai pris la rue de Richelieu dans le sens inverse de mes habitudes. Une devanture a attiré mon regard, je me suis arrêtée, j'ai parcouru l'ardoise, alléchante, jeté un coup d'oeil à l'intérieur et noté l'adresse.
    Lundi dernier, j'ai récupéré une brune virevoltante et sa valise rose au pied de l'Opéra et nous avons retrouvé son amie au Mesturet. Mamz'elle Gigi a d'emblée aimé l'endroit, les clients qui cassent la croûte sur le comptoir, la salle bourdonnante et le serveur qui, déjà, faisait de son mieux pour nous trouver un endroit où caser la valise rose.

    La carte était si gourmande qu'il nous a été difficile de faire un choix. Même hésitation devant la belle carte des vins et le serveur nous propose de goûter un petit Ventoux, que nous validons. La première chose qui frappe sur la carte du Mesturet, outre ses touches d'originalité, ce sont les prix, vraiment très corrects : plats à moins de 15€ en moyenne  et des formules servies midi et soir (la complète à 29€)
    Mamz'elle Gigi avait les crocs et envie d'une bonne viande. Elle décide de les planter dans un faux filet de bœuf grillé (250g), beurre de moutarde à l’estragon et grenailles persillées qu'elle commande "bleu mais chaud". Elle rigole pas avec la viande, Mamz'elle Gigi, c'est pour ça que j'aime en manger avec elle; j'ai le souvenir d'une mémorable côté de boeuf sur le lac de Genève. J'opte pour un magret de canard des Landes non escalopé (à vos dictionnaires ;-)), à la badiane et porto blanc, purée de pommes de terre à la Tome et herbes fraîches et notre troisième larronne, petit appétit, pour une entrée au saumon fumé.
    La viande de Mamz'elle Gigi arrive sur sa planche de bois et là, le premier coup de couteau révèle une cuisson presqu'à point. Mamz'elle Gigi hésite, ne veut pas embêter le serveur mais une bonne viande pas cuite comme on le souhaite, c'est  un plaisir gâché. Qu'à cela ne tienne, le charmant jeune homme reprend la planche, s'excuse et la ramène quelques minutes après, toujours avec le sourire. Ca c'est le test - involontaire - qui révèle le sens du service et nous le lui disons.
    Mon magret est quand à lui fondant et aussi rosé que mes joues, et se vautre avec bonheur dans la sauce anisée. La purée de de pommes de terre aux herbes, maison, est savoureuse. Mamz'elle Gigi se régale aussi.
    - Est-ce qu'on prend un dessert ? Il paraît que le Paris-Brest est un incontournable.
    Mes amies n'ont plus faim mais les yeux qui brillent. Nous avons la bonne idée d'en commander un à partager et on pose devant nous une merveille fière comme un monument, fourée d'une crème pralinée à tomber. Avec le Paris-Brest de Simone à la Bougnate, c'est le meilleur que j'aie mangé de ma vie.
    De retour chez moi, je répond à la fourchette qui me demande comment était ma soirée et ne tarit pas d'éloges sur le Mesturet et son service irréprochable et sincèrement attentionné.

    Hier soir, je rejoins quelques-uns de mes ex-collègues adorés du côté de Saint-Lazare pour notre verre et plus si affinités du vendredi soir. Je les vois au minimum une fois par semaine (3 fois la semaine dernière !). Je récupère ma livraison de boucané ramené de la Réunion par ma belle brune et en bonus, une préparation pour rhum arrangé au géranium que j'ai hâte de goûter; ça sent divinement bon !
    Mes deux amies nous quittent après un verre et c'est à 4 que nous nous dirigeons vers ... le Mesturet. Toujours la même ambiance bistrot et un autre serveur mais tout aussi souriant. Flower Power (ah oui, je vous présente Flower Power, une petite nouvelle sur mon blog que vous retrouverez sans doute régulièrement désormais car je l'aime bien) parcoure la carte des vins, pleine de promesses, et elle aime car au Mesturet, on cite les vignerons.
    On commence avec des cocktails maison (6€) super bons, qu'on se passe de mains en mains. Puis on partage des rillettes de lapin au romarin, salade de roquette et pain de campagne grillé et des harengs Bismarck et Charlotte, mousseline au raifort. Ensuite, je me mets en mode aventurière et commande une tête de veau  roulée, légumes vapeur et sauce gribiche devant laquelle je cale lamentablement. Flower Power décide de mettre en concurrence la blanquette de veau à l’ancienne, riz pilaf et petits oignons (celle-ci est sans carotte!) du Mesturet avec celle de sa mère : égalité. G. se tape une poulette à l'ardoise et Jack une poitrine de porc fermier aux aromates et citrons, légumes méridionaux.

    C'est à ce moment-là qu'on m'a tapé sur l'épaule et que j'ai sauté de joie en reconnaissant Chichi, le barman le plus sympa de la terre, à l'Oustaou, où je vais prendre une dose de chaleur humaine les soirs de blues. Il venait de s'installer à la table voisine avec Kamel et des amis. Je venais justement de parler d'eux à mes compagnons qui avaient décidé qu'on y finirait la soirée. C'est quand même vachement sympa d'aller dans des endroits où on croise les gens qu'on aime, comme si on vivait dans un village. Qui a dit que Paris était une ville inhumaine ?

    En dessert, Flower Power, qui a un papa pâtissier (enfin, je crois, j'ai eu quelques absences à partir du 3ème verre de pinard) a validé le véritable Paris Brest, crème pralinée (petit appétit s’abstenir), un poil trop cuit à son goût, que l'on s'est partagé avec un macaron aux fraises, chantilly à la verveine. Moi je ne m'en lasse pas, du Paris-Brest, et pourtant, les gâteaux à la crème, ce n'est pas vraiment pas mon truc.Comme elle sedésolait qu'il n'y ait pas de crémant à la carte, on a commandé un moelleux pour faire glisser le dessert. Quand j'y pense, tu m'étonnes que j'aie la tête lourde ce matin ...

    le mesturet,l'oustaou,y'a pas d'mal à s'faire du bien

    Le serveur, décidément super sympa, nous a offert un cognac. Après ça, comme on avait encore soif, on a réglé (même pas 40€ par personne) et on est partis rejoindre Chichi et Kamel à l'Oustaou.

    Là, on a eu des conversations de comptoir, des débats qui ne servent à rien et qu'on a oublié le lendemain mais pour lesquels, sur le moment, on se passionne. Quoique, je me souviens quand même que G. s'est exalté et qu'on a pris la tête à Daouda qui répétait "Y'a rien à faire, faut se résigner, le système nous broie". Et d'autres conneries comme "C'est facile pour vous les informaticiens, vous êtes devant votre ordinateur, peinards".

    A 3 heures, comme je tanguais un peu, j'ai laissé mes compagnons avec mes frères d'adoption et j'ai hélé un taxi sur l'avenue de l'Opéra.

    Et là, je vous laisse pour aller toucher le fond de la piscine du KB dans mon ptit pull marine maillot de winneuse et faire une bise à mon Nico à la Comète (mais aujourd'hui, je ne bois que de l'eau et du thé vert!)
    Message perso : Jack, je fais péter les photos dès que je rentre de boire la tasse.

  • Chevere !

    chevere.jpgIl y a quelques semaines, j’avais reçu de mon asssoc’ une proposition de balade avec une Colombienne. Tiens, ma première en espagnol ! Et avec une personne originaire DU pays que j’aimerais découvrir en Amérique du Sud, je n’allais pas refuser !

    Après quelques échanges de mails, Paola avait préféré le triangle Concorde-Opéra-Palais Royal à la butte Montmartre. Le rendez-vous initial, fixé à 15h, fut décalé à 16h puis 16h30. Finalement, c’est à 17h qu’à l’angle des rues Royales et Rivoli, j’ai levé les yeux de l’essai « Tchao la France,  40 raisons de quitter votre pays » pour héler une jolie jeune fille au teint hâlé et aux cheveux ondulés.

    Chemin faisant, Paola m’explique pourquoi elle a un n° de téléphone portable national : elle est jeune fille au pair pour un an et habite une ville qui m’est inconnue, dans le 77. Arrivée en France il y a un mois, elle s’est inscrite à cette balade « pour rencontrer des gens ». Sur la rue de Rivoli, Paola me confie le chagrin récent qui trouble ses nuits. Elle a besoin de se changer les idées, j’ai bon espoir de réussir à la divertir.

    Après un arrêt sur la place Vendôme où je la prends en photo, un autre place de l’Opéra, la demoiselle, très légèrement vêtue (pour que je dise ça, c’est qu’elle l’était vraiment !) d’une robe courte et de collants résille à grosses mailles, a froid et rêve d’un chocolat chaud. Je propose ma deuxième maison, l’Oustaou, où elle trouvera, à défaut de chocolat, la chaleur humaine qui lui fait défaut depuis son arrivée ici. La nuit déjà tombée m’a trompée : il n’est que 17 heures et le rideau de fer de la devanture rouge est encore baissé.  Nous entrons dans les jardins du Palais Royal et au hasard à Muscade, un salon de thé sous les arcades. A la carte, un chocolat maison à l’ancienne. Pas donné (6€50), moins généreux que chez Angelina mais épais et parfumé, il tient ses promesses.

    Paola me livre ses premiers étonnements : l’ignorance de mes concitoyens, prompts aux préjugés et aux raccourcis faciles. Au cimetière du Père Lachaise où elle demandait à un passant l’emplacement de la tombe d’Edith Piaf, elle s’entendit répondre, après avoir divulgué l’origine de son accent : « Juste après celle de Pablo Escobar ». Celui-ci, sans doute très fier de sa bonne blague, n’avait sans doute pas soupçonné à quel point Pablo Escobar est un fantôme douloureux dans la mémoire colombienne.

    Au moment de régler, j’entre dans une discussion passionnée sur les précieuses fèves avec un homme derrière le comptoir, qui me présente la pâtissière. Celle-ci commande des cacaos de différentes origines, selon les saisons. Paola, qui ne me connaît pas encore, s’amuse de ma faculté à papoter avec le premier venu.

    Un petit détour par la Comédie Française puis nous entrons à l’Oustaou, encore désert. Au gré des confidences, Paola m’apprend qu’elle est chanteuse ; ce soir il est trop tôt mais je promets de l’emmener un jour prochain dans mon karaoké à Pigalle. Pour l’heure, elle est au téléphone avec une amie colombienne que nous allons chercher au métro.

    Carol est une belle jeune femme douce et plutôt réservée, aux yeux en amande, emmitouflée dans une épaisse écharpe en laine. Professeur d’espagnol dans un lycée, elle supporte mal les 2 mois déjà passé ici. Les gamins auxquels elle tente d’enseigner sa langue l’ignorent totalement et vaquent à leurs occupations. Quand à ses collègues, auprès desquels elle a cru pouvoir trouver réconfort et compréhension, ils se sont gentiment moqués d’elle, l’enjoignant à débiter son cours sans se soucier de sa portée. Elle est choquée par le laxisme qui l’entoure. Et aussi par la goujaterie des Parisiens auxquels, parfois égarée, elle s’adresse, et qui passent leur chemin en l’ignorant. Elles m'apprennent un nouveau mot typiquement sud-américain, « chevere ». D’après ce que j’ai compris, ça veut dire quelque chose comme « super ».

    L’Oustaou bourdonne maintenant joyeusement. Après quelques habitués, Kamel est arrivé, puis « Jackie Chan » et enfin Chichi, le roi du dance floor, que je serre dans mes bras. Je note, surprise, que depuis un bon moment déjà, la musique est étrangement latine « et même très colombienne », dit Paola. Le mystère est bientôt levé ; un habitué, originaire de Puerto Rico, a identifié l’accent de mes compagnes et orienté la playlist. Chichi nous invite à une dégustation d’huîtres sur le comptoir, à laquelle Paola – et moi, bien sûr - se prête avec gourmandise. Au moment de partir, accoudées au comptoir, Chichi dégaine l’arme fatale pour nous retenir : un shot de tequila. Nous voilà toutes parties dans de grandes discussions, mes 2 colombiennes avec leur voisin carribéen, un homme timide et charmant qui nous offre 3 roses, moi avec un jeune homme au doux prénom.

    Il est presque 22 heures. « Et si on allait au karaoké ? » lancé-je. Devant le Moulin Rouge, elles prennent la pose et je me joins à elles, pour un cliché joyeux et plus ou moins bien cadré.

    A la porte du karaoké, Bibiche m’étreint chaleureusement « Je ne t’attendais plus ». Paola met bientôt le feu à la salle sur un morceau de Shakira, moi je me fais piquer « The scientist » de Coldplay et me rabat sur « When doves cry » du kid de Mineapolis. Le type de la table d’à côté, un habitué qui essaie chaque semaine de se faire des amis, nous offre tous nos verres et même un bouquet de roses.Entre deux chansons, je joue les gardes du corps pour les protéger des mains baladeuses de quelques relous bien éméchés.

    « Tu bosses dans la sécurité ? » demande un homme qui m’observe, amusé, depuis le comptoir.

    Un séduisant jeune homme anglais s'approche de moi et essaie de m’emmener danser dans un club voisin. Son français est parfait. « Il y a eu une femme », avoue-t-il en riant. J’ai des échanges moins courtois avec d’autres et Bibiche, qui veille au grain, évacue manu militari un opportun. Dans la rue adjacente, une bagarre éclate. Au moment de partir, j’offre quelques roses aux femmes de la table voisine.

    A 5h30, je suis en train d’attendre le premier métro avec Paola et Carol et ça me rend mes 25 ans (au moins !). Je n’ai pas voulu que Paola prenne le RER D seule à 6h du matin, et puisqu’elle doit aller visiter le château de Versailles le lendemain avec une amie, elle dormira chez moi. Dans le wagon, nous nous endormons l’une contre l’autre.

    Le lendemain, Paola m’envoie un sms. « Muchas gracias por el sabado tan chevere que pasamos juntas ! No hablamos esta semana para mirar que hay para hacer. »

    Et ben, si les weekends de l'année 2013 ressemblent à celui que je viens de passer, je sens que je vais rajeunir, moi…

     

  • A., la « chauffeuse » de bus rigolote

    Je suis allée 2 fois à l'Oustaou cette semaine. J'y suis toujours accueillie avec un sourire, voire plusieurs, c'est donc, avec le Shannon et la Comète, un de ces endroits où je suis sûre de passer un bon moment.

    Ce soir, j'y ai donné rendez-vous à Petite Française. Je pensais y être vers 19h30, seulement j'avais oublié mon pass Navigo chez moi et par principe, je ne paie pas un ticket de métro pour 2 stations. J'ai donc décidé de rallier les deux stations à pied. J'avais omis quelques détails :

    1) Suivre la ligne 14 de Saint-Lazare à Pyramides, mon trajet habituel, en passant par Madeleine, était une mauvaise idée et Petite Française me l'a confirmé par la suite

    2) 2 stations sur la ligne 14 ce n'est pas 2 stations sur une ligne de métro normale. A bonne allure et sur talons hauts, ça m'a pris 30 minutes.

    N'empêche, y'a eu quelques trucs vachement sympas sur le trajet.

    D'abord, devant la gare Saint-Lazare, comme je cherchais quelle rue prendre pour rejoindre la place de la Madeleine, un homme s'approche, un peu hésitant, pour me demander si je veux boire un verre. Je refuse avec le sourire et en profite pour mettre à contribution sa connaissance du quartier.

    Je ne me balade jamais dans le quartier de la Madeleine. Boulevard Malesherbes, je reconnais Le Forum, un bar où j'allais régulièrement à une époque et me rpomets d'y revenir un soir.

    Ensuite, dans la rue Saint Honoré, je jette un regard un peu noir à un conducteur au volant d'une belle voiture qui, faisant vrombir son moteur, arrive un peu vite à ma hauteur. Le jeune homme propose de me déposer là où je vais. " Je suis presque arrivée ». Ralenti par la circulation, il me suit un moment avant de remettre les gaz en lancant "En tout cas, vous avez de belles jambes ». Merci monsieur. Quand un homme me fait un compliment, j'ai la Simpère attitude.

    A gauche, j'aperçois la colonne de la place Vendôme puis plus loin, l'Opéra, signe que je ne suis plus très loin. Je bifurque dans la rue des Pyramides et ça c'était une idée à la con parce que j'ai fait un sacré détour.

    Dans la rue Molière, un autre homme propose de m'offrir un verre. Et de trois. Je me dis que décidément, le corail vif sur mes orteils me va bien au teint. Deux femmes aux cheveux argentés discutent sur le pas de la porte de la droguerie Molière, une boutique au charme surrané. J'aimerais bien y entrer mais je ne suis pas en avance (comprenez : je suis en retard).

    Et puis, enfin, la devanture rouge de l'Oustaou, R. et M. qui papotent comme deux petits vieux à la maison de retraite, et Petite Française qui sirote sagement une margarita.

    Je sais désormais où aller me mettre du baume au coeur si j'ai un coup de blues un soir. En plus de faire des cocktails qui déchirent (R., les 2 mojitos de ce soir m'ont fracassée...), ils passent du reggae. Pour un peu, je remontais sur le comptoir mais vas danser sur du reggae là-haut ...

    M. se présente à petite Française en ces termes : "Je me fous à poil et je gère vos comptes, c'est pas royal? » Heureux les innocents aux mains pleines, ils ne sait pas à qui il parle, celui-là ...

    Après un moment, on est parties dîner dans un japonais du quartier. Je suis descendue 2 fois aux toilettes, ce qui, compte tenu de l'escalier en colimaçon, est un bon baromètre de mon état général. Je m'étonne toujours de ma dextérité sur des talons de 10 centimètres. Ce midi à la cantine, j'ai fait un chassé du pied droit et me suis niqué la cheville, mais ni le plateau ni moi n'avons cillé. La classe. Je n'ose imaginer ce que ça aurait donné dans l'hypothèse où ma mini-jupe aurait touché le sol.

    Après le resto, Petite Française m'a raccompagnée à mon arrêt de bus. Le temps qu'on s'embrasse et se dise au revoir, la conductrice lançait un "Bon, ça y est, on peut y aller ?».

    Je décide de rester à côté d'elle, j'aurais peut-être moins le tournis. "Vous restez là, demande-t-elle. Bon c'est bien je vais pouvoir vous raconter plein de conneries ». On est deux, ma chérie. Elle dit que je parle fort et demande si j'ai des médocs parce qu'elle se traîne un p... de mal de crâne. Moi et les médocs, ça fait deux mais je répond "Vous allez voir, je suis royale pour soigne les maux de crâne ».

    Quand ils montent à bord, je dis bonsoir aux voyageurs, comme A. Y'en a un qui tape sur la vitre du bus pour qu'ele l'attende et A. dit qu'elle ne supporte pas qu'on fasse ça, "qu'elle ne supporte pas la violence ». Je m'étonne du choix des mots, je ne savais pas que le fait de toquer sur la vitre du bus faisait de moi un agresseur.

    Quand elle passe sous l'arcade du Louvre, je ne peux m'empêcher de lui dire que je me suis toujours demandée comment un bus faisait pour passer là-dessous. "Y'en a qui touchent » confirme-t-elle. Elle est marrante, A. Elle entreprend de me raconter des histoires drôles à chier et elle veut que j'en fasse de même. Bon, moi je suis nulle pour les histoires drôles, je n'ai aucune mémoire. Je lui raconte des histoires drôles de cul pendant qu'elle me bassine avec Toto.

    Boulevard Raspail, une femme aux reliefs montagneux monte à bord et A. dit "Moi, j'ai juste ce qu'il faut pour occuper les mains d'un honnête homme ». J'aime bien cette expression.

    Elle repart à 23h50 pour la place Clichy. j'en profite pour lui dire que je n'ai jamais trouvé ce putain d'arrêt de bus à la place Clichy.

    "Vous êtes pas douée" qu'elle répond. Je proteste : "Je suis désolée, j'ai même passé 3 quarts d'heure à tourner autour de la place Clichy avec P_o_L, et P_o_L est loin d'être conne, Madame, même après quelques framboises ». Bon de toute façon, on s'en fout, les travaux sont finis paraît-il, et l'arrêt est au même endroit qu'avant. Sauf que ne sachant pas où il était avant, je ne suis pas sortie de l'auberge. A. qui ne perd pas le nord me lance "Ben, repartez avec moi, comme ça vous verrez où est l'arrêt !"

    T'as raison, je vais quand même pas, chaque semaine, me faire une soirée comme celle de lundi dernier à l'Oustaou. J'ai quand même hésité, en plus !

    A. cherche "quelle histoire drôle elle pourait me raconter pour me retenir ». Elle est marrante. Sur l'avenue du Général Leclerc elle chuchote "J'ai besoin de tendresse, moi ». On en est tous là, ma pauvre. A mon arrêt, son mal de crâne s'est estompé. Ele finit sa ènième blague à chier sur Toto, et tant pis pour les voyageurs qui attendent. "Marchez droit » qu'elle me lance, tandis que sur mon téléphone, un sms de Petite Française, qui s'inquiète de savoir si je suis bien arrivée, s'affiche.

    Je traverse le boulevard en courant, juste pour voir. Tout va bien, les filles.