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Femme active - Page 3

  • Un scoop

    Le mercredi soir, je passe la soirée avec un de mes anciens collègues qui a un entretien d’embauche avec ma boîte le lendemain. Il y a une semaine, il m’a appelée pour me l’annoncer. Un autre de mes anciens collègues m’avait déjà contactée pour me dire que ma DRH lui avait proposé un poste de consultant formateur, qu’il avait décliné bien sûr, au vu de ce que je leur en avais dit. Les enfoirés, ils parcourent ma liste de contacts sur les réseaux sociaux pour faire leurs courses !

    J’ai proposé à mon ancien collègue de lui faire une démo sur le logiciel, pour qu’il sache un peu de quoi il s’agit et lui ai exposé, en toute transparence, les raisons pour lesquelles j’ai décidé de ne pas rester. Ce qui ne me convient pas peut parfaitement lui convenir. Je lui donne aussi les infos qu’il n’est pas censé avoir, à savoir que nous sommes en sous-effectif depuis des mois, qu’ils sont dans l’urgence de trouver de nouveaux consultants et viennent de se faire planter par l’un d’entre eux. Et surtout, je lui donne mon salaire et lui fais promettre de refuser d’être embauché au salaire qu’il a actuellement. Ils lui ont fait miroiter 3000€ de primes annuelles, comme à moi, et je lui dis que je n’en ai touché que 500 en 8 mois.

    -          Tu es en position de force, lui dis-je. Ils ne le savent pas encore mais je vais les planter d’un jour à l’autre. Hors de question que tu quittes un CDI et te mettes en danger pour le même salaire, d’autant plus que l’anglais est exigé.

    Il repart gonflé à bloc. En toute connaissance de cause.

  • C'est quand qu'il s'arrête, le manège, maman ? (j'ai la gerbe)

    Hélas, le contrat tant attendu n’arrive pas. 2 jours avant la date prévue de mon retour en France, j’appelle ma N+2, au cas où elle aurait oublié de me faire suivre le contrat par mail : elle s’excuse encore, me rassure et invoque les lourdeurs administratives des grosses boites. La mort dans l’âme, je reprends le vol pour Paris, et surtout, le mercredi suivant, j’enfourche un vélib’ pour retourner au bureau. A ce stade, je suis très très énervée. J’ai décidé de partir il y a 5 mois et je sais depuis 1 mois que je ne vais pas rester. Il m’est vraiment très désagréable de faire semblant, de prendre part à des réunions sur des projets auxquels je ne participerai pas et je me traîne, totalement absente et néanmoins consciencieuse.

    Le jour de mon retour, je ne suis d’ailleurs pas la seule à être énervée ; ma boss fulmine car le consultant qui devait nous rejoindre ce jour-là les a plantés la veille par mail. Je glousse. On n’a que ce qu’on mérite.

    Le lendemain, je file à contrecœur donner une formation à Montreuil. Heureusement le client, en période d’essai, est super sympa et me raconte ses malheurs, qui ressemblent aux miens. La semaine s’écoule, toujours sans nouvelles, et je suis si plombée que je n’ai même plus envie de rejoindre mon nouvel employeur. Je suis déçue par ce que je perçois comme un manque de rigueur (4 mois pour valider un recrutement !!) et surtout en colère de me retrouver précisément dans la situation que je pensais et voulais à tout prix éviter : je vais planter mon employeur à moins de 10 jours de la fin de ma période d’essai. 

  • Entretien avec la DRH

    [Suite de ce billet]

    La semaine suivante, je suis convoquée par la DRH de ma boîte, arrivée quelques semaines plus tôt.  1 mois avant ma fin de période d'essai et mon passage en CDI, elle souhaite faire un point avec moi, en présence de ma boss, et savoir comment je me sens.

    J’ai décidé de jouer franc jeu, comme je l’ai déjà fait en juillet. D'une part parce qu'à ce stade, je suis sûre à 99% de donner ma dém’ dans les 30 jours, ensuite parce que mon légendaire optimisme me fait espérer qu'ils m'écoutent et rectifient le tir pour les suivants. Je lui dis donc que les points que j’ai soulevés en juillet auprès de ma boss sont toujours existants même si je reconnais que l'ambiance s'est grandement améliorée (ma collègue lunatique-autiste-bipolaire ayant mis de l'eau dans son vin). Comme elle n’est visiblement pas au courant de mes précédentes remontées, je lui expose mes difficultés à me projeter dans un service où règnent la désorganisation et l’absence de communication.

    Elle se tourne vers ma boss et demande ce qu’elle souhaite répondre. Ma boss tire un peu la gueule (enfin, comme d'habitude, en fait) : « Tout ce que dit Sophie est vrai, j’en suis consciente et hélas, je ne peux même pas lui dire que ça va s’arranger, nous sommes débordés et bla bla bla … ». La messe est dite.

    Je m’amuse d’entendre la DRH m'inviter à aller chercher l’information et balaie tranquillement ses arguments. Ma détermination doit être visible car elle conclue l’entretien par une question ne laissant pas la place au louvoiement : « Est-ce que tu veux dire, Sophie, qu’au vu de toutes les remontées négatives que tu fais, tu pourrais nous dire le 14 décembre que tu ne restes finalement pas avec nous ? ». Je réponds par l’affirmative. Les choses sont claires. Maintenant, me dis-je, s’ils sont intelligents, ils ont compris.

    Mi-novembre, après avoir vidé mes tiroirs en loucedé et adressé un  muet « J’espère que c’est la dernière fois que je vous vois » à mes responsables, je m’envole, le cœur léger, pour une mission de 2 semaines à Bangkok. En voilà un joli cadeau de départ.

    Si tout se goupille comme prévu, mon plan est tout tracé : je poste mon contrat, je poste ma dém’, j’achète un billet retour pour mi-décembre et je m’offre 15 jours de vacances bien méritées au bord de la mer.

  • Ciao les cons !

    [Suite de ce billet]

    En me quittant, ma potentielle future N+2 avait promis de me recontacter mi-septembre. Après une relance, la DRH m’appelle et propose un entretien par visioconférence début octobre. S’ensuit un test de personnalité, que je complète dans la foulée, puis un long debrief téléphonique au cours duquel la DRH confirme que ma personnalité correspond au profil du consultant et valide ma candidature.

    Ensuite, plus rien entre le 15 octobre et le 7 novembre, date à laquelle je reçois l’appel tant attendu : ma N+2 confirme mon embauche et mon salaire, et propose que je démarre début janvier. Notez qu’il s’est écoulé 3 mois depuis notre premier entretien et surtout qu’il me reste un peu plus d’1 mois pour rompre ma période d’essai avant de passer en CDI, avec 3 mois de préavis. Ma future N+2 me rassure : je devrais recevoir le contrat d’ici 1 semaine. Devant être en Thaïlande à ce moment-là, je lui demande de me le faire parvenir par mail afin que je puisse le lui retourner et poster ma démission immédiatement. Je lui avais déjà dit que, dans la mesure du possible, je ne voulais pas planter ma boite au dernier moment et elle avait loué ma conscience professionnelle.

    Je raccroche, ravie et libérée d’un poids que je traîne depuis des mois : je vais quitter cette boîte de merde ! J’appelle ceux de mes ex-collègues qui sont dans la confidence, mes amis, ma famille et tout le monde est content que je me sois tirée de ce nid de guêpes. Il s’en est fallu de peu …

    Même si je refuse de considérer cette expérience comme inutile car j’ai appris des choses, j’ai quand même perdu presque 8 mois de ma vie à essayer de maitriser un logiciel dont je ne me servirai plus jamais. Et surtout, ma considération pour les employeurs français en a – encore – pris un coup. Ce sera bien la première fois, en plus de 20 ans de carrière, que je mettrai fin à une période d’essai. Ce n’est pas que les mauvaises expériences aient manqué jusqu’ici, mais plutôt la confiance en l’avenir et l’assurance en moi-même, qui ne me font désormais plus défaut. Visiblement, toutes deux ont augmenté en même temps que diminuait ma tolérance aux cons.

    PS : Nicolas, c'est assez court pou toi ? J'ai élagué !

  • "Alors avançons ensemble !" - part 2 (Les dés sont jetés !)

    [Episode précédent ici]

    Le soir, à 17h30, je pique un sprint jusqu'aux bureaux de l'employeur convoité. A peine assise, ma potentielle future N+2 (appelons la ma N+2 puisqu'elle l'est désormais) me dit " A. et moi avons réfléchi depuis notre entretien ce matin et nous avons peur que vous vous ennuyiez vite sur les solutions pour lesquelles nous recrutons. Vous êtes visiblement dynamique et curieuse, on sent qu'il faut vous "nourrir" dit-elle, et ce domaine n'est pas le plus fun. Mais je vous rassure, ajoute-t-elle, votre profil nous intéresse et j'ai besoin de collaborateurs dans différents domaines. Et vous, qu'avez-vous pensé de notre échange de ce matin ?"

    Je réponds que j'ai réfléchi aussi. Que je suis très intéressée par le domaine couvert par leurs solutions (les RH) et que, celui-ci étant nouveau pour moi, je ne crois pas que je vais m'ennuyer, en tout cas pas avant un bon moment. En revanche, 2 points m'interpellent dans la description du poste qui m'a été faite. Le premier, c'est que l'objectif fixé aux consultants en terme de nombre de jours de prestations est élevé et même supérieur à celui de mon précédent employeur. Or, après plus de 4 ans à partir chaque semaine, j'avais envie d'un poste qui demanderait moins de déplacements, plutôt sur un rythme d'1 semaine sur 2 voire 3. Le deuxième point, c'est que leurs produits sont "franco-français" et que je trouve dommage de se priver de 2 de mes compétences, à savoir ma capacité à dispenser des formations en anglais et en espagnol.

    Mon interlocutrice acquiesce : "Nous y avons pensé aussi". Elle poursuit :

    "J'ai eu un peu de temps depuis ce matin et je suis allée consulter votre profil sur les réseaux sociaux .... Vous avez un sacré parcours !"

    Je souris : " J'ai un parcours atypique, en effet".

    Elle continue " Vous avez fait du management, n'est-ce-pas ? Loin de moi l'idée de vous mettre mal à l'aise mais ... je sens chez vous du leadership, de la rigueur, le gout de l'écriture ... alors, si je peux me permettre, pourquoi n'êtes vous "que" consultante" ?

    Je suis parfaitement bluffée et rend intérieurement hommage à sa clairvoyance. Elle m'a "devinée" en un peu plus d'une heure d'entretien. Je comprends qu'il puisse paraitre surprenant de passer d'un poste de responsable à celui de consultante formatrice (sous-entendu subalterne) alors j'explique : des difficultés alors dans mon poste de manager, une remise en question, le besoin de trouver, après 15 années d'un parcours dense et varié, MA voie, celle dans laquelle je m'épanouirais et donnerais le meilleur de moi-même. Un bilan de compétences et un changement de cap avec en ligne de mire un poste dans lequel j'étais débutante et avais tout à apprendre.

    Je conclus : " Je ne voulais plus faire de management mais j'ai l'impression que c'est mon destin car dans les postes que j'ai eus depuis, il m'est souvent arrivé de trouver qu'on n'allait pas assez loin et pas assez vite. Je pense qu'aujourd'hui, je ne ferais plus les erreurs que j'ai pu faire alors." J'explique que j'ai d'ailleurs proposé à ma précédente manager de la seconder en créant un poste de chargée de qualité mais que cette donnée ne faisait alors pas partie des priorités de ma direction.

    Mes interlocutrices sont à leur tour bluffées :" Vous avez un vrai projet professionnel, c'est rare."

    J'en rajoute une couche " C'est sûr, je ne cherche pas un boulot alimentaire. J'ai beaucoup appris sur moi-même, et aujourd'hui, à défaut de savoir exactement ce que je veux, je sais au moins ce qui ne me convient pas."

    [Depuis 2005, je constate à quel point la démarche d'entamer un bilan de compétences a été une des meilleures décisions de ma carrière. Il m'a permis de mesurer tout le chemin parcouru, de redorer une estime de moi alors mise à mal, de lister avec précision les conditions de ma réussite mais surtout de me convaincre que mon mental est tout et que CE QUE JE VEUX, JE LE PEUX. Mon bilan de compétences, en donnant un sens à mes choix et en me légitimisant, a tué pour toujours mon complexe d'autodidacte.]

    Notre échange continue. Elles souhaitent savoir pourquoi j'ai quitté mon employeur précédent, celui chez lequel je suis restée 4 ans et demi. Je les sens réceptives et décide de jouer cartes sur table car en prenant la décision, 1 mois et demi plus tôt, de tout mettre en œuvre pour fausser compagnie à mon employeur, j'ai aussi pris une résolution : celle de ne le faire que pour un employeur qui me mérite. Ca peut paraitre prétentieux, comme ça, mais j'assume et m'explique : j'ai décidé de travailler désormais pour un manager qui me recrute précisément pour ce que je considère être des qualités et qui ont visiblement été perçues comme des défauts par mon employeur actuel : ma franchise, mon exigence, mon besoin de toujours remettre en question et progresser. Il y a quelques années, mon ami JM a mis un nom sur cette posture quasi intuitive "La roue de Deming" ou PDCA.

    Alors j'explique que je n'étais plus en accord avec les choix de la direction, qui avait décidé de tout miser sur la conquête  de nouveaux clients au détriment des clients existants. Que mon boulot, c'est la qualité et que j'avais eu le sentiment qu'on empilait des étages supplémentaires sur un édifice devenu branlant. Qu'ayant essuyé à plusieurs reprises les plâtres de nouvelles fonctionnalités insuffisamment testées, et vécu plusieurs grands moments de solitude face à un outil bugué et instable, et n'étant plus en phase avec direction qui selon moi, pensait court terme, j'avais décidé de partir.

    Ma N+2 sourit : " Vous avez que notre PDG est un financier aussi ?" Je souris et acquiesce, consciente que je la joue à pile ou face : "Faire de l'argent n'est pas sale; tout dépend comment on le fait." Elle compatit : " Je vois très bien ce que vous voulez dire. NOtre direction ne voit le métier de consultants qu'en termes de jours facturés. On essaie de leur faire comprendre que facturer n'est pas tout, on se bat et croyez-moi, ce n'est pas évident tous les jours mais j'ai bon espoir". Elle continue " Moi je cherche des collaborateurs qui nous font avancer."

    Elle revient sur la proposition du matin "Je reviens à la charge avec mon poste de directeur de projets. Franchement, je vous vois tout à fait dans ce poste mais comme vous ne connaissez pas le domaine sur lequel nous intervenons, j'ai peur que vous manquiez de crédibilité si vous devez manager des consultants. Il n'est pas nécessaire de connaître le domaine, mais pour vous ce serait quand même plus confortable. Ecoutez, je vais débriefer notre entretien avec mon responsable. J'ai plusieurs postes en tête pour vous. Je pars en vacances ce soir et vous recontacte avec une proposition mi-septembre, ok ?"

    Lorsqu'elles me raccompagnent à la porte et me serrent chaleureusement la main, je me dis que, quoi que soit la suite, cet échange a été un des plus enrichissants et "réconfortants" que j'ai eus depuis bien longtemps. Qu'après toutes les expériences d'entretiens désagréables que j'ai eues ces dernières semaines, ces deux femmes m'ont redonné foi dans les recruteurs. Et que j'ai désormais très très envie de travailler pour et avec elles.