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En mode vénèr' - Page 2

  • Les fous du roi

    index.jpgIl n'y a pas de crise du leadership. Il n'y a que des leaders en crise.

    Pourquoi ai-je sorti de mes étagères ce livre prêté il y a plusieurs années par mon ami JM et que je n'avais jamais lu ? Sans doute parce qu'aujourd'hui, après 4 années dans une PME détenue par un financier, évidemment principal actionnaire, je suis à même de comprendre le sens du discours de son auteur, Rémi Tremblay, alors PDG de la filiale canadienne d'Adecco.

    4ème de couverture :

    Les patrons sont les nouveaux fous du roi. Leur souverain ? L'actionnaire, cet être inconscient et cupide qui exige que ses actions montent en flèche. Pour le satisfaire, les fous licencient, fusionnent, rationalisent, centralisent et décentralisent (...)

    Dans les fous du roi, Rémi Tremblay lance un cri du coeur. Ses cibles : la tyrannie de l'actionnaire, le manque d'éthique, les patrons qui se servent au lieu de servir. Son rêve : éveiller les consciences, rétablir la confiance, rapprocher les leaders de leurs valeurs profondes.

    Réflexion sur le pouvoir, cet ouvrage troublant place le lecteur face à ses propres comportements. Après tout, nous sommes tous les fous d'un roi. Que seriez-vous prêts à faire pour un bon mot de votre patron, de vos parents, de votre professeur ? Lire ce livre, c'est prendre un risque, celui d'affronter ses peurs pour tenter de s'en libérer.

    Imaginez le carnage quand votre patron est en plus actionnaire ... En écoutant mon nouveau PDG cette semaine, la raison évidente de la mort annoncée de mon ex-société (que je sens venir depuis janvier 2012 très exactement) m'est apparue comme une évidence : comment une société dont le coeur de métier est l'humain (gestion des RH) peut-elle être détenue par un financier dont la seule préoccupation est de faire de l'argent ? Comment ses salariés, majoritairement animés par le sens du service client, peuvent-ils s'épanouir et être heureux dans un tel climat, où leurs préoccupations sont à l'opposé de celles de leur PDG ?

    J'ai relévé, dans le livre de Rémi Tremblay, quelques passages qui ont fait cruellement écho :

    "C'est fou ce qu'on tolère. Les jeux de pouvoir, notamment. On commence par les tolérer, puis on finit par y participer. Parce qu'on veut se protéger. Chose certaine, l'effritement de la confiance s'opère graduellement, insensiblement. Je l'ai observé dans mon organisation. J'ai vu les employés se protéger toujours davantage les uns des autres. Pour moi, le plus bel exemple de méfiance, ce sont les copies conformes, que je déteste souverainement (...) Pourquoi me mêler à cela ? La réponse est simple : parce que celui qui envoie le courriel n'a pas confiance en celui à qui il l'adresse. ET parce qu'il veut lui faire peur en m'informant de leur échange."

    Dans mon ex-société, ma boss refusait que nous la mettions en copie de nos échanges avec d'autres services. Certains d'entre nous insistions, voulant l'obliger à jouer son rôle : être au courant de ce qu'on nous demandait de faire, à nous ses collaborateurs. Et surtout intervenir lorsque la teneur ou le ton des échanges était inappropriés et/ou irrespectueux. Ce n'était même pas une question de confiance; c'était, en ce qui me concerne, un refus de recevoir des ordres d'autres qu'elle, et surtout de cette façon-là. Quand j'étais manager, je n'ai jamais accepté que qui que ce soit d'autre que mes responsables donne des consignes à mes collaborateurs. Et de la même façon, je respecte ma hiérarchie et je ne double pas par la droite (référence au billet à venir).

    " A l'été 99, j'étais en détresse. Cette détresse n'a pas débuté du jour au lendemain. Elle s'est installée petit à petit. J'ai commencé par ressentir de moins en moins de plaisir. Un conquérant, d'ailleurs, ne connaît que le plaisir, jamais le bonheur. Le plaisir, c'est physique, c'est instinctif. Tromper sa femme procure du plaisir, pas du bonheur. Obtenir une promotion en écrabouillant un collègue procure du plaisir, pas du bonheur. Atteindre des objectifs financiers en licenciant des employés procure du plaisir, pas du bonheur."

    Je suis certaine que mes copains adultères ou repentis pourraient témoigner de la misère morale et affective dans laquelle ils se trouvent ou se sont trouvés. En écrabouillant un collègue ou en tentant de le faire, on n'est même pas garantis d'obtenir la promotion recherchée. En revanche, je sais ce qu'on y perd : le respect des autres, ceux qui n'ont pas de pouvoir mais des valeurs et de la lucidité. Quand aux licenciements pour obtenir des résultats financiers, mes ex-collègues sont hélas en plein dedans : 6 licenciements annoncés il y a 15 jours, dont 1 qui est un pur règlement de compte, et l'annonce récente d'une baisse des salaires décidée de façon unilatérale et à durée illimitée. Les salariés paient les erreurs de gestion et de stratégie de leur dirigeants. En revanche, la femme du PDG, elle, emploi fictif notoire et un des meilleurs salaires de la boîte, fait toujours partie des effectifs ... Et j'entend des gens essayer de me convaincre que c'est normal. On marche sur la tête.

    " Une amie m'a raconté que dans son entreprise, la DRH conseille aux gestionnaires de congédier un employé en cinq minutes, le vendredi à 17h. On appelle ça "terminer un employé". Quelle expression épouvantable !

    Pensez un peu à la douleur de ces personnes à qui on cache les véritables raisons de leur départ, ou encore à qui on ne dit rien. A qui on montre simplement la porte, par manque de courage."

    J'ai vécu ça, en live, dans le groupe de grande distribution dans lequel j'ai travailé pendant 6 ans. J'ai vu, outre des assistantes en larmes et des patrons qui se mettaient la loi Evin au cul et fumaient sous le nez de ces mêmes assistantes, parfois enceintes, des responsables de service hagards et incrédules, escortés par la sécurité jusqu'à leur voiture. L'un d'entre eux, avec lequel je m'étais liée d'amitié, a fini en dépression nerveuse après s'être fait chasser de cette façon et n'a plus répondu à mes mails.

    Pour aller plus loin :

    Des interviews de Rémi Tremblay dans les magazines Le Manager Urbain, En Quête

  • CNV, je ne suis vraiment pas aidée ...

    Pratiquer la communcation non violente dans ma jungle urbaine, c'est comme participer à l'île de la tentation quand on est un couple heureux et sans histoires. Ou plonger la main dans un panier de crabes.

    J'engrange pourtant quelques petites victoires. Petites parce qu'on ne change pas si facilement un mode de pensée qui s'est construit sur des années. Mon métier de formatrice me permet de constater chaque jour les bénéfices d'échanges basés sur la bienveillance, l'encouragement et la valorisation. Ma « filleule » a même souligné « ma patience, mon sang-froid et ma faculté à apaiser les tensions. »

    Sauf dans les transports. Au volant, elle a découvert, la semaine dernière, mon côté mec et m'a entendu apostropher vertement les autres automobilistes. Accessoirement, elle trouve que je roule vite. Pourtant, j'avais bien du mal à pousser à 130 l'Opel Corsa de merde qu'on m'avait filée la semaine dernière. J'espère que je ne vais pas me taper le même veau demain matin, j'ai quand même 1h30 de route entre Pau et le site de mon client. Sinon, elle va encore m'entendre pester.

    Dans le métro, aussi, je suis en mode cocotte-minute. Comme jeudi soir, lorsque après un échange stressant avec mon client, nous sommes arrivées dans le métro.
    Il faisait un froid glacial, nos ordinateurs pesaient une tonne, j'avais mal aux yeux après une journée entière à fixer l''écran lumineux et il nous restait 14 stations avant de retrouver nos collègues pour une soirée au resto. Au milieu du wagon, j'aperçois deux places vacantes qui nous tendent les bras. Je me rue, souffle la place à un type grisonnant qui tentait de l'atteindre avant moi et invite ma "filleule » à s'assoir en face de moi. Amer, le bonhomme me glisse un peu sèchement : « On va dire que c'est de la galanterie ». Percevant toute l'ironie de son propos, je me retiens de lui faire une réponse superbe à la Gicerilla (version Fiso quand même) : « Non, là mon pote, en l'occurence, c'est de la parfaite goujaterie. »
    [Gicerilla a une façon de moucher les gens en restant parfaitement élégante, je ne sais pas comment elle fait. Elle est tout simplement meilleure que moi en communication non violente.]

    J'assène donc à mon interlocuteur un minable : « On va dire ça, oui. Merci. »
    Il ne lâche pas le morceau : « Vous avez quand même fait du forcing mais c'est pas grave. »
    J'ai envie de répondre «  Vous allez me casser les couilles encore longtemps ? Ca vous fait si mal au cul que ça de laisser deux jeunes femmes s'assoir ? » mais je me contiens et dis  « Non, j'ai juste été plus rapide que vous » [et vlan dans ta gueule, espèce de mollusque. Et si tu continues à ergoter, tu vas te les prendre, mes roubignoles]

    A la station suivante, il est assis. C'était pas la peine de faire tout un flan. Nous, en revanche, on aurait sûrement dû attendre bien plus longtemps que lui pour obtenir 2 places assises. Mon triomphe est pourtant de courte durée. Mon voisin, un Africain sans âge mais sans doute plus âgé qu'il n'y paraît, dégage une odeur d'urine épouvantable. Je passe les 20 minutes suivantes en apnée. Je prends des couleurs, quoi. Assoupi, il manque même me tomber dessus.

    Nous approchons - enfin - de Montparnasse, ça sent moins la pisse et un peu plus la libération. Nous nous levons, je commente l'attitude du vieux grisonnant et ce constat désolé que j'ai fait, tout au long de cette semaine où la joie de vivre de ma «  filleule » m'a accompagnée, que lorsqu elle éclate de son rire extraordinaire, les gens se retournent et lui jettent un regard surpris, moqueur, parfois même désapprobateur. Comme si être joyeux était totalement inconvenant, voire anormal. Appuyé au strapontin, un jeune homme, qui écoute visiblement moins la musique qui s'échappe de ses écouteurs que notre conversation, sourit. Un complice, ouf, tout n'est pas foutu.
    Et alors que quelques ondes de bien-être m'envahissent, de bonnes vibes comme on dit quand on parle franglais, je jette un dernier regard au vieux monsieur africain qui au même moment, croyant peut-être encore sentir mon épaule toute proche pour le retenir, glisse de son siège et tombe par terre, sous le regard des voyageurs.
    Hagard, il se redresse sur un genou, regarde autour de lui, semble se demander où il est. Les paumes au sol, il ne parvient pas à se relever. Le bonhomme grisonnant le regarde, ne bouge pas. Et là, n'en croyant pas mes yeux, je crie : «  Non mais, je rêve ? Y'a personne qui va le relever, ce monsieur ? Il ne va pas le relever, l'autre connard, au lieu de le regarder comme un abruti ? »

    Et voilà. J'ai donné raison à ma «  filleule » fraîchement débarquée de son Nord natal avec tous les clichés habituels concernant les Parisiens. Bravo Fiso. 

    PS : J'avais commencé ce billet dans un tout autre but, celui de vous dire que j'étais fière de moi parce que je progressais et venais justement de déjouer un des écueils du "Demander" en envoyant un mail à un homme qui m'est cher.

    Mes succès méritent au moins autant de place, et même plus, que mes échecs. Car il n'est pas vrai que seuls les échecs nous font grandir. Du coup, je m'en vais écrire un autre billet.

  • Acide comme la pluie

    Lundi, c'est l'heure du déjeuner dans le quartier de l'Opéra et je m'échappe du congélateur qui me tient lieu de bureau; la clim' y est visiblement bloquée en mode canicule et pas moyen de mettre la main sur cet enfoiré de George dont un seul regard de braise me réchaufferait à coup sûr.
    Je traverse les axes miroitants et bucoliques (Petits Champs, Capucines, rue de la Paix) qui me rappellent des parties de Monopoly avec mon frère - il fait un temps idéal pour y jouer, tiens ! -  d'un pas plus frileux qu'enthousiaste, abritée sous un parapluie.

    Avenue de l'Opéra, pourtant, j'ai envie de rire en découvrant les touristes, ridicules sous leurs ponchos colorés en plastique. Ils arpentent les rues, les yeux rivés sur leurs godillots trempés plutôt que sur la magnifique architecture hausmannienne, un brin incrédules, de l'air du mec qui se dit "J'ai l'étrange impression de m'être fait niquer ?"

    Ma propre mauvaise humeur me titille soudain et je m'imagine, les pointant du doigt en ricanant "Nanananèreeeee ! Comment vous avez l'air cons, avec vos tongs et vos ponchos !" A cette réjouissante idée, un sourire sardonique se dessine déjà sur mon visage mais je suis une grande personne, paraît-il, alors je continue mon bonhomme de chemin en enviant Lafesse.  

    Je rejoins la rue des Petits Champs, envoyant au passage un baiser vers l'imposante statue de Molière, à l'intention de Chichi et Kamel, mes barmen préférés.

    Sous un porche attenant, la serveuse du restaurant "Aux Bons Crus" fume une clope et je la salue, avant de m'installer devant une entrecôte en sauce bordelaise et son os à moelle. Dans ce restaurant découvert récemment grâce à LaFourchette.com, les portions sont généreuses, le minois de la serveuse séduisant et sa gentillesse naturelle, encore plus.

    AuxBonsCrus.jpg



    Remarquez, je me fous de la gueule des touristes mais je n'en mène pas plus large. Le ventilateur posé début juin par mon Pôpa, en prévision de la canicule annoncée chaque année, n'a déployé ses pales qu'une fois. La dernière occasion où j'ai fait la belle en bustier remonte exactement au 2 juillet, jour de la chasse aux trésors de Paris. Ces derniers jours semaines, je m'extirpe de ma couette à grand-peine et me suis même rendormie hier, ce qui ne m'arrive jamais. Chaque matin, que j'aie dormi 5 ou 8 heures, je découvre avec la même lassitude ma gueule de batracien éclaté dans le miroir. Le crachin qui tombe sans discontinuer me donne, en prime, une tête de brebis. Déprimant. Bêêêê !
     
    Alors, pour égayer un peu mes trajets quotidiens, je me fous de la gueule des gens dans le métro. Les touristes font profil bas et jaillissent des wagons en silence, comme des bêtes qu'on mène à l'abattoir, alors que d'ordinaire ils piaillent comme des moineaux. Les Parisiens quand à eux, qui ont pour une fois une bonne raison de tirer la gueule, s'enfoncent un peu plus dans leurs vestes d'hiver.

    Un matin de cette semaine, j'ai retrouvé dans mon wagon une vieille connaissance : le type le plus sinistre qu'il m'ait été donné de croiser, je crois. Celui-là, il ne change pas avec les saisons. Même costume triste, flottant autour de son grand corps maigre, même sacoche en cuir ridiculement petite. Immanquablement accroché à sa barre métallique, les yeux fermés comme s'il ne voulait plus voir la misère du monde, le teint aussi jaune hiver qu'été et une sorte de moquette noire plantée sur le crâne. Y'en a qui disent que les métis sont toujours beaux, ben lui, il a pas eu de pot.

    Il y a aussi celle-là, face à moi, le visage criblé de boutons bien qu'elle soit sortie de l'adolescence depuis des décennies. Je la trouve instantanément antipathique. Le téléphone portable dans lequel elle braille y est sans doute pour quelque chose. Je fixe ses tongs, perplexe, (elle va au bureau comme ça ?) et entame un dialogue muet en la voyant réprimer une grimace agacée "Ben alors, bouffonne, tu patauges de bon coeur dans les flaques et tu fais la gueule parce que le parapluie de ta voisine met trois gouttes sur ton chemisier informe ?"   
     
    Autre chose me fait doucement sourire, en ce moment, ce sont les affiches publicitaires estivales. Je suis tombée sur 3 ou 4 qui m'ont enchantée par leur humour involontaire, du coup, maintenant, je les traque. Jugez plutôt :

    Glacé... et mouillé !

    Eté glacé.jpg

    Pendant que les Belges jouent aux boules sur le sable (???),

    ici, on les arbore en guirlandes !

    LéondeBXL.jpg

    PS : Je rappelle à mes lecteurs, à toutes fins utiles, qu'en avril en Irlande, les passages pluvieux ont totalisé 2 heures en 15 jours. Le prochain qui me dit qu'en Irlande, il pleut tout le temps se prend mon coup de pied au cul.

  • Atterissage d'urgence : PNC, à vos portes !

    Dimanche, 23h et des poussières. Affalée sur mon canapé que je retrouve après quasiment 4 semaines d'absence, je savoure ma première soirée chez moi depuis bien longtemps. Je la savoure d'autant plus que mardi matin, je m'envole de nouveau pour l'Espagne afin d'y assurer ma dernière session, à Jerez de la frontera. Mes plantes, que je pensais retrouver desséchées et jaunies ont bataillé vaillamment pendant que je sillonnais l'ouest irlandais. Il faut dire que je les ai choisies robustes car je n'ai pas la main verte.

    En 1 mois, j'ai passé en tout et pour tout 2 nuits chez moi. Je devrais sous-louer mon appart'. Bref.

    Je suis donc peinarde après avoir fait une lessive, rangé mes vêtements et passé quelques heures dans un parc avec un blondinet amoureux, aux yeux brillants et aux joues roses, qui avait beaucoup de choses à me raconter (pas amoureux de moi, hein, mais son bonheur fait réellement plaisir à voir).

    Demain, je passe la journée au bureau car le 2 mai est férié en Andalousie. Tant mieux, je me serais mal vue enchaîner au pied levé une semaine d'espagnol après mes 15 jours de vacances. J'ai, comment dire, bien fait le vide dans ma tête. Cette journée va me permettre de me remettre dans le bain, de relire mes docs et surtout de livrer la pile de notes de frais que je trimballe depuis un mois.

    Donc, 23h et des brouettes quand mon téléphone tintinnabule. Tiens, un sms de ma collègue, mon fameux binôme ! "Salut poulette, c'est C. Dis moi tu as vu que tu as ton avion demain matin pour Séville ? Bisous" 

    Je blêmis (et vu les couleurs que j'ai prises depuis 1 mois, ça veut dire que je blanchis sérieusement). "Elle me fait une blague". Je me rue sur mon ordinateur pro que je n'ai pas ouvert pour savourer jusqu'au bout mes vacances. Impossible de me connecter au serveur Citrix. Je l'appelle.

    Elle explique qu'elle a découvert un mail samedi, de notre client, envoyé tranquillement vendredi soir à 19h11, avec nos billets d’avion, train etc. pour un départ le lundi matin. Tranquille, la cliente, elle dispose de nos journées comme si on ne travaillait que pour elle ... J'envoie dans la foulée un sms à notre chef de projet alias Charlie (et ses drôles de dames) "Je viens d'en apprendre une bonne ... T'es au courant ?"

    Heureusement pour lui, il a répondu non. Et il était aussi vénère que moi qu'elle foute en l'air la petite réunion qu'il avait programmée. Imaginez ma tronche. J'ai immédiatement appelé mon petit blondinet pour annuler le resto qu'on avait programmé le lendemain soir (et le mojito à l'Oustaou café, merde!), sauté sur mes pieds, balancé baskets, maillot de bain (on ne sait jamais, si je l'avais eu, je me serais baignée en Irlande), robes etc. dans ma valise encore tiède. Je n'ai pas de billet d'avion ni de train. En gros, c'est la merde.

    Je défie quiconque d'arriver à emballer une valise aussi rapidement que moi, et ce, sans rien oublier. Et je me suis juré une chose : mes 15 jours de vacances en juin, je les passe chez moi. Je ne vais NULLE PART. Limite si je vais prendre le métro.

  • Putain, la communication non violente, ça me gave !

    Un matin vers 8h30, je monte dans le bus. Sur un strapontin, une jeune fille, casque vissé sur les oreilles. Quand le bus démarre, j'entend le boum boum des basses s'échapper de ses écouteurs et marteler mes oreilles. Les passagers la regardent. Le volume est si fort que je distingue même les paroles du mec : "Le rap français pèèète un câble".

    Je lui tape sur l'épaule . Elle lève sur moi des yeux charbonneux qui me jettent un regard mi-hautain mi-stupide et enlève son casque. "Quoi?"

    Appliquant les préceptes de la communication non-violente, j'aurais dû dire quelque chose comme " Quand vous écoutez votre musique à un niveau sonore élevé, je me sens en colère parce que je le prends comme un manque de respect des autres" mais j'ai dit : "Dîtes, c'est un casque ou un haut-parleur, votre truc ?"

    Elle me fixe toujours, ne semble pas comprendre. Limite, je me sentirais conne. C'est le monde à l'envers !

    Mais comme je suis passablement excédée, ça ne m'arrête pas. "Votre musique est tellement forte que j'entend les paroles comme si j'avais votre casque sur les oreilles. Le rap français pète peut-être un câble, mais moi aussi j'vais en péter un !"

    On est arrivés, tout le monde descend. Est-ce que je me sens mieux d'avoir exprimé ma frustration ? Non. Pour la communication non-violente, je réviserai mes devoirs.

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    Un soir, minuit, un sms apparaît sur mon téléphone. "Tu dors?" Aussitôt, une vague inquiétude m'envahit. Un message de la famille à cette heure-là, ça n'est pas habituel. J'appelle. "Ils" se sont disputés et "il" vient de partir, vaguement éméché, à pied, sur les routes de campagne. Le ton de ma voix monte très vite, je m'énerve et dis qu""ils" commencent à me gonfler avec leur cinéma. Elle proteste, se défend ""Il" devrait arrêter son cinéma, "il" fait tout un flan pour pas grand-chose. Qu'est ce que tu veux que je fasse??"

    Appliquant les préceptes de la communication non-violente, j'aurais dû dire "Ecoute, quand tu m'appelles pour m'annoncer qu'il est parti saoul, en pleine nuit et à pied sur les routes, cela m'inquiète terriblement. J'aimerais que tu ailles le chercher et que vous preniez vos responsabilités". Mais j'ai crié dans le téléphone "Et ben, tu prends ta bagnole et tu vas le chercher ! Parce que s'il lui arrive quoi que ce soit, ça va chier ! Vous commencez vraiment à me gonfler avec vos conneries !" Elle crie, avant de me raccrocher au nez "Bon, ben écoute, j'aurais pas dû t'appeler, excuse-moi !"

    Une demi-heure plus tard, je reçois un nouveau message. "Tu peux aller te coucher, il est à la maison".

    J'éteins le téléphone, je mets du temps à m'endormir, je pense à ce qui aurait pu arriver. Je devrais être rassurée mais je ne le suis pas. Pour la communication non-violente, c'est pas encore ça.

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    Il se disait mon ami, déclarait que je comptais beaucoup pour lui et qu'il tenait à notre amitié. Pourtant, je sentais qu'il n'étais pas totalement sincère avec moi. Un jour, j'ai appris d'une tierce personne une bonne nouvelle le concernant. Pour vous donner un exemple, un peu comme ce jour où j'ai appris de ma vieille copine C. qu'un ami commun -ami pour elle, amant pour moi - s'était marié et avait eu un enfant. Rien que ça.

    Quand il m'a appelée, j'aurais dû appliquer les préceptes de la communication non-violente : "Ecoute, j'ai quelque chose sur le coeur et il faut que je t'en parle. Je me suis sentie blessée d'apprendre ça par quelqu'un d'autre, j'ai ressenti ça comme un manque de confiance". Mais lorsqu'il m'a demandé pourquoi j'étais distante, j'ai répondu "Tu t'es pas un peu foutu de ma gueule, par hasard?"

    Il a fait mine de ne pas comprendre, a évité le sujet. Depuis, il est juste un copain.

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    Dans un train, vers 8h, quelque part entre Bruxelles et Liège, en route vers notre dernière journée de cette session de 4 jours. Nous sommes tous très fatigués.

    Une collègue qui, la veille, se sentant nauséeuse, a décliné l'offre de notre cliente d'aller boire une bière pour se détendre, nous apostrophe d'un ton lourd de reproche : "En tout cas, j'ai remarqué que vous ne vous êtes pas inquiétés pour moi, hier !"

    Notre chef de projet, perplexe, répond "De quoi tu parles ? Je t'ai demandé de m'envoyer un sms pour me confirmer que tu étais bien rentrée à l'hôtel" "Oui, je ne l'ai pas fait et personne ne s'est inquiété, ni ne m'a appelé !" Nous nous justifions "On a pensé que tu avais oublié et que tu t'étais endormie, on n'allait pas te réveiller ! D'ailleurs, quand on est rentrés à l'hôtel, on a demandé à la réceptionniste qui a confirmé qu'elle t'avait vue monter dans ta chambre".

    Elle réplique "Non, je n'ai pas oublié, en fait, j'ai fait exprès de ne pas vous envoyer de sms, pour voir si vous alliez vous inquiéter pour moi ..."

    Devant nos mines incrédules, elle ajoute "Ben oui, j'avoue, j'ai fait exprès, je suis comme ça ..."

    Appliquant les préceptes de la communication non-violente, j'aurais dû répondre "Quand tu déclares que tu as volontairement essayé de nous inquiéter, je suis stupéfaite et furieuse parce que j'ai besoin de considération et j'ai le sentiment que tu tentes de me manipuler".

    Mais j'ai dit, élevant le ton : "Ah tu es une diva comme ça, toi ? Hé ben, ma vieille, t'es mal barrée si tu veux jouer ce petit jeu là avec moi parce ce n'est pas comme ça que je fonctionne. La prochaine fois, tu pourras toujours courir pour que je prenne de tes nouvelles. "Autonome et responsable" tu te souviens du slogan de notre client ?"

    Les collègues, furieux eux aussi, ont rénchéri. Elle a passé la journée à bouder ouvertement et de retour au bureau s'est plaint auprès de notre boss de "s'en être pris plein la gueule". Cela a pris de telles proportions qu'elle a organisé une confrontation.

    Depuis, si je m'en tiens à des relations professionnelles, je me suis promis de ne plus lui consacrer autant de temps que j'avais pu le faire par le passé, à la rassurer avant une formation un peu sensible, répondre à ses appels quand je me repose d'une journée de travail ou encore plaider en sa faveur lorsque mon chef de projet, qui trouve qu'elle "se noie dans un verre d'eau", doute de ses capacités à mener le projet à bien.Pour la communication non-violente, j'ai lâché l'affaire.

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    Il y a quelques jours, station Châtelet, les fourmis que nous sommes forment des bandes qui jaillissent des wagons, dévalent les escaliers et s'entrecroisent à toute allure.

    Sur le quai, notre course folle est soudainement ralentie. Un homme évite de justesse la canne blanche qui tatônne prudemment à l'approche de l'escalier. Elle s'accroche à la rampe et entreprend la descente de cet escalier beaucoup trop étroit pour le flux qui s'y engouffre. Je propose mon aide mais elle se débrouille très bien toute seule. Je descends les marches à ses côtés, je la dépasse déjà.

    Au pied des marches, une femme monte à sa rencontre, les yeux rivés sur ses pieds. Je ralentis à sa hauteur "Madame, attention, il y a une dame qui descend". Elle ne m'écoute pas ou ne comprend pas et quelques secondes plus tard, se prend les pieds dans la canne de l'aveugle. Je me suis arrêtée un peu plus bas, pressentant l'incident.

    Appliquant les préceptes de la communication non-violente, j'aurais dû dire : .. ?? .... ???... ???? (ben là je sèche, si vous avez une idée, je suis preneuse).

    Je vocifère "Mais qu'est ce qu'ils sont bêtes, les gens, ma parole ! Vous ne voyez pas qu'elle est aveugle ???"

    La dame valide est interdite, elle bafouille des excuses que je balaie en secouant la tête. Je reprend ma course folle dans les couloirs blafards, marmonnant des insultes à l'égard de tous ces cons qui m'exaspèrent. Pour la communication non violente, c'est pas gagné.

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    J'en viens à me demander si la communication non-violente n'est pas totalement inadaptée aux latins, ou aux Français, ou en tout cas aux Parisiens.

    D'ailleurs un matin, autour de notre pôle, j'ai parlé de la communication non-violente et illustré cette méthode de communication en reprenant les propos de mes collègues.

    On ne dit pas "C., où tu as encore foutu les dossiers de X. ? C'est rangé comme ça, chez toi?" mais "C, pourrais-tu, s'il te plaît, ranger les dossiers X. dans le répertoire prévu à cet effet ? J'ai besoin d'ordre quand je travaille". Ou encore, on ne dit pas "Bon ben quand tu seras prête, tu me feras signe. J'ai pas que ça à foutre". mais plutôt "Nous avions rendez-vous pour un point à 9h30 et cela fait une heure que je t'attends. J'ai moi aussi des choses à faire et j'aimerais que tu prennes en considération mes impératifs".

    Ca les a beaucoup fait rire et mon chef de projet a conclu "Tu sais que si tu commences à parler comme ça, tu vas devenir un tout petit peu très chiante?"

    Pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus, quelques liens :

    La CNV, qu'est ce que c'est ?

    http://www.cnvc.org/learn/resources

    Exercices de mise en pratique de la CNV