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En mode vénèr' - Page 4

  • En 2 mots : Démerdez-vous !

    Guichet Informations de la SNCF hier, 18h30, à la station Parc des Expositions de Villepinte. Rideau tiré aussi pour le guichet de vente de billets, en pleine heure de pointe et un jour où 4 salons se déroulent à proximité.

    Une affiche indique pourtant "guichet de vente ouvert de 7h45 à 21h45" ... et nous sommes une vingtaine à faire la queue devant la seule machine automatique. Bienvenue en France !

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  • Les Franciliens aboient, la caravane passe

    Mon chauffeur avait un accent charmant. Il disait « jé suis vénu ».

    Quand je lui ai indiqué ma destination, il a haussé les sourcils : « Le périphérique sud est fermé, l’A6 aussi, tout est bloqué ». Je m’étonne : « Ah bon, qu’est ce qui se passe ? » «  Et oui, maintenant quand un officiel arrive en France, ils bloquent tout. Avec les autres présidents, les gyrophares suffisaient mais pas avec celui-là ».

    Je râle : « On se croirait revenus au temps de la royauté (que je n'ai pas connu, certes). Les nobles passent, les gueux doivent s’effacer. C’est quand même incroyable ce mépris du peuple. Paralyser tout Paris aux heures de pointe pour que les grands de ce monde circulent tranquille ! Comme si les gens n’avaient que ça à foutre de passer des heures dans leur voiture pour rentrer chez eux après le boulot ! »

    On a eu le temps de discuter, vu les bouchons. Ce fut un vrai périple pour rentrer chez moi mais j’ai surtout pensé aux copains qui eux, doivent rejoindre la grande banlieue.

    Sur radio Bleue, on donnait, en boucle, l’état catastrophique du traffic. « Ecoutez-bien, vous verrez, ils se contentent de dire que c’est bouché mais ils ne donnent pas la raison du bloquage. C’était encore pire l’autre jour avec Khadafi. C’est régulièrement comme ça, maintenant, un vrai bordel », fait remarquer mon chauffeur.

    Et ce matin, on apprenait que M. Sarkozy avait reçu, hier après-midi, M. Netanyaou …. 

  • Vivement demain soir

    J’ai fini la journée sur les nerfs. Pas desserré les dents dans la bagnole.

    Je DETESTE partir bosser avec ce mec. Il est sympa en dehors du boulot mais au taf, il m'horripile ! Stressé pour rien, pas de directivité. Déjà, quand je me le suis tapé pendant plusieurs semaines, j’en pouvais plus. Le gars a encore du lait qui lui sort du nez et il prétend apprendre leur métier à des gens qui le font depuis 25 ans. Chacun son boulot, bordel ! On apprend à nos stagiaires comment utiliser un outil pour faciliter leur taf’, on leur apprend pas leur taf !

    Cet après-midi, je le regardais trifouiller sa souris. Il faisait des ronds sur l’écran, en mode « cliqueur fou », laissant les stagiaires dans la plus grande solitude. Ca a duré de longues minutes. J’ouvre un dossier, je le ferme, j’ouvre le même dossier, je le re-referme, je le rouvre une troisième fois ...Putain, mais tu vas arrêter de l’ouvrir ce dossier ??? Il est vide, bordel !

    Au bout d’un moment, la cliente perd patience et prend la main. Lui demande pourquoi l’outil n’arrive pas à faire ce qu’elle arrive très bien à faire à la main (en gros, lui demande pourquoi elle a claqué 10 000 euros pour acheter un truc qui lui sert à rien). Au lieu de reconnaître « je ne sais pas pourquoi ça ne fonctionne pas, mais je vais trouver une solution », il bredouillait « vous avez trop d’exigences ». Je mourais d’envie de lui arracher la souris des mains mais je ne pouvais pas, parce que c’était SA formation. A un moment, j’ai pas pu me retenir « vas-y clique bordel ! »

    Je déteste les bluffeurs. J'ai bien l'impression que la mauvaise foi est un des défauts des formateurs. Pourtant, les gens ne sont pas dupes, tu passes pour un con et tu perds toute crédibilité. Quand un client te demande pourquoi l’outil ne fait pas ce qu'on lui dit, c’est pas la peine de broder et une grave erreur de lui répondre que c'est de sa faute. Quand tu sais pas, tu sais pas, y’a pas de honte à le reconnaître. On n’a pas la science infuse. Le principal, c’est de repartir en ayant résolu le problème du client et t’as 3, voire 4 jours pour ça.

    Pourquoi je suis ultra vénère ? Hier, je lui demande de me déposer, sur la route, à la piscine qui ferme à 20h30. Comme on n’a qu’une bagnole pour 2 et qu’il passe la soirée chez des potes, je rentrerai à l’hôtel à pied. M’en fous, entre nous. Mais il dit « non, non, j’y vais pas, finalement », donc je rentre à l’hôtel avec lui. A 19h30, je reçois un sms « finalement j’y vais ». J’ai raté ma séance mais c’est pas grave puisque demain on démarre à 9h (et qu’on finit donc à 17h).

    Ce matin, je le préviens « La piscine ferme à 19h30, faut qu'on décolle au maximum à 18h ». J’ai le dos en vrac et j’ai vraiment besoin de nager. En fin de journée, je vois le temps passer et lui qui clique comme un demeuré. 17h30, 17h45, 17h55. A 18h15, je sais que c’est mort et j’ai la rage. Les stagiaires s’impatientent aussi. T’as un timing à tenir, mine de rien. C'est aussi un signe que tu sais ce que tu fais.

    Il est 18h30 quand on monte dans la voiture. 1h30 de retard pour que dalle, on en est au même point et il ne nous reste plus qu'une journée pour trouver la solution. Je tire sérieusement la gueule. « Elle ferme à quelle heure, la piscine ? » demande-t-il d’un air innocent. J’ai envie de lui faire bouffer mon bonnet en silicone.

    Il me reste 5 minutes pour me calmer avant de le retrouver pour le dîner. C’est pas gagné.

    (je sais c’est pas intéressant pour vous, désolée mais j’avais besoin d’extérioriser)

  • True romance

     

    Elle est assise au milieu de tous ces étrangers, à la cantine. Elle sourit amèrement de leurs échanges superficiels et vains, de leur hypocrisie. Ils se cassent tous du sucre sur le dos, à peine quitté la table conviviale. Elle, elle est nouvelle. Elle a déjoué habilement toute question qu’elle a jugée trop personnelle. Son responsable fait un point avec elle chaque semaine, sur l’évolution de ses acquis. Il se félicite de la réussite de son intégration « malgré une certaine distance ».

    Quand le service se réunit pour manger tous ensemble, comme une belle famille, elle n’a qu’une envie : aller bouffer seule, ne pas avoir à échanger ou écouter des stupidités, parler des derniers films vus, du programme du week-end. Elle n’a jamais aimé se sentir « obligée de » mais elle serait la seule à ne pas jouer la comédie, alors elle la joue, juste ce qu’il faut.

    Ce midi, sa collègue D., une jolie fille peu réservée la prend à partie, de but en blanc et devant tout le monde. « Tu as été mariée, J. ? ». Elle est surprise, ne s’attendait pas, elle ne réfléchit pas et répond oui. Elle regrette aussitôt sa sincérité car la jolie liane continue « Combien de temps ? ». Elle répond « 6 mois ». « Ah, c’est bien 6 mois, juste ce qu’il faut ! 6 mois c’est largement suffisant pour tester, et juste assez pour ne pas se lasser ». Elle glousse et tout le monde rit avec elle. D. se penche et lance « Et qu’est ce qu’il s’est passé ? Y’t’ trompait ? Y’t’ battait ? ».

    J. n’en croit pas ses oreilles. Elle regarde la fille fixement, elle hésite. Elle pense un instant répondre : « Oui, c’est ça, connasse, il me battait, et un jour il m’a éclaté la gueule à coups de barre de fer, j’ai failli perdre un œil et je me suis enfin décidée à partir ». Son cœur tambourine maintenant dans sa poitrine, une colère froide et sèche l’envahit et avec elle, cette envie de frapper qui la submerge parfois, quand elle n’en peut plus de la connerie humaine. Elle serre les dents et le visage fermé, répond :

    « Il est mort. Cancer généralisé. Ca répond à ta question ? »

    Elle pensait que le sourire qui se fige et la mine décomposée de la fille serait une source d’amusement, pour elle. Une petite vengeance. Elle pense « Bouffonne, va, continue à rigoler avec tes potes, à raconter tes histoires de cul, espèce de connasse, et fous-moi la paix ». Mais elle n’est déjà plus à cette table de formica. Ses souvenirs l’ont rattrapée. La connasse a réussi à pourrir ses pensées. Dans sa tête défilent des instants de vie, les premiers baisers, les balades à moto, serrée contre lui, le visage de l’enfant qu’ils auraient ensemble, le mariage dans une belle robe qu’elle a dessinée. Et puis, l’incrédulité, la révolte, les crises de larmes qu’on tente d’étouffer, coupable, les derniers instants, ce lit qu’il ne quitte plus, dans lequel il n’a même plus la force de lui faire l’amour. Cette nuit où les secours ont descendu son corps par l’escalier, ses pauvres petits 45 kilos, et elle qui hurlait son nom accrochée au chambranle de la porte.

    Elle ne s’en est jamais remise. Elle a passé des soirées entières à pleurer son amour perdu, seule ou avec des amies. Aujourd’hui et depuis 15 ans, elle est la maîtresse d’un homme marié qui porte presque le même prénom que lui.

    Dans l’après-midi, alors qu’elle travaille sur l’écran de l’ordinateur, elle reçoit un mail de la liane qui est assise en face d’elle. « Sorry pour ce midi, je ne voulais pas être indiscrète ». Elle répond « OK. Maintenant tu as compris, j’espère. Je ne mélange pas perso et boulot, moi ».

     

     

  • De la neige en janvier, c'est incroyable, non ?

    Ces jours-ci, j’ai l’impression, à écouter les gens (qui écoutent les médias), que la France est un pays tropical. Qu’il ait neigé en Provence, c’est exceptionnel, certes. Mais - 9 degrés à Paris, en janvier, quelques centimètres de neige et on n’hésite pas à parler d’un « froid polaire ». On prend des photos de Notre-Dame de Paris sous la neige, comme si c’était du jamais vu. Fabriquons du sensationnel !

    On a tellement perdu la notion des saisons que la normalité en devient anormale. « La France paralysée », « vague de froid exceptionnelle » … je rêve ! Et en été, dès qu’on frise les 30 degrés, on nous ressort la canicule. On marche vraiment sur la tête …

    Quand j’ai découvert la neige, j’étais ravie. J’ai imaginé la bouille réjouie des enfants de mes amis, les bonnes joues rosies des fils d’Esperanza. Pour couronner le tout, la plupart des parcs sont fermés, « pour raisons de sécurité », comme ça les pauvres gamins parisiens qui bouffent du béton à longueur d’année ne peuvent même pas aller s’amuser dans la poudreuse.

    Cette semaine, je me suis retenue de faire l’andouille sur les trottoirs verglacés. C’est pas marrant de devenir adulte, franchement.

    La neige, ce serait vraiment drôle s’il n’y avait pas des êtres humains qui dorment dans la rue et qui en meurent.