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En mode vénèr' - Page 7

  • Amour sans frontières

    Fidèle à lui-même, avec toute la fougue de son éternelle jeunesse, mon ami Oh!91 nous alerte régulièrement sur la situation de plus en plus dégradée des étrangers en France, que ce soit pour nous raconter les galères de son ami Seiji ou pour s’émouvoir du sort d’amoureux empêchés de vivre ensemble.

    Une nouvelle chasse s’est mise en place pour « faire du chiffre ». La chasse à l’immigration familiale, désormais considérée comme immigration subie. Les enquêtes de vérification de la vie commune, qui devaient faire suite à un soupçon de mariage blanc, sont désormais systématiques. Tout est fait pour rendre la vie dure à ceux qui s’aiment. Ben oui, faut faire du chiffre, alors les policiers français commencent à ressembler à de vulgaires commerciaux …  Un collectif s’est même constitué pour assurer la défense des droits des couples mixtes face aux nombreuses et toujours plus dures mesures d’intimidation menées à leur encontre. Ca s’appelle « Amoureux au ban » et quelque chose me dit qu’on va avoir de plus en plus de pétitions à signer …

    J’ai fait les frais, moi aussi, lorsque j’étais mariée à un étranger, de ces tracasseries administratives et pratiques policières pour le moins choquantes.

    Ca a commencé par la négligence de l’employée de l’ambassade de France (je résidais à l’étranger) qui a établi un livret de famille sous un nom incorrect (alors que cette conne avait tous nos papiers sous les yeux). Cela nous a valu d’attendre 18 mois que son erreur (pour laquelle bien sûr elle n’a pas formulé le moindre regret) soit rectifiée auprès du Tribunal de Grande Instance (et donc rallongé d’autant la possibilité d’une demande de nationalité française).

    Ensuite, de retour en France, quand il a demandé la nationalité française, la police est venue chez nous, un jour où je n’y étais pas, a visité l’appartement, y compris la chambre, et a ouvert frigo et placards de la salle de bains pour vérifier que nous vivions bien ensemble. Aujourd'hui on demande à ces couples combien de fois par semaine ils font l'amour, et on confronte leurs réponses. Sachez que l'absence d'une photo de mariage dans le salon vous expose à de lourds soupçons. 

    Alors oui, l’Europe, dont la France, est raciste. Et oui encore, nous n’avons plus beaucoup de raisons de nous gausser d’être le pays des droits de l’homme.  Mais il y a aussi désormais, et de plus en plus, une résistance qui se met en place contre ces pratiques indignes de notre pays. Ces français n’hésitent pas à se mettre hors la loi, comme d’autres à une époque pas si lointaine, pour cacher des étrangers en situation irrégulière. Le Nouvel Obs leur a consacré un dossier. Pour eux, la fraternité n’est pas qu’un mot. Les préfets appellent de plus en plus à la délation. Ca ne vous rappelle rien ?

     

  • Sueurs froides

    En 10 minutes ce matin, j’ai entendu assez de conneries pour la journée.

    Dans « Les 4 vérités », M. Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy, répond à la question de Françoise Laborde « La politique de civilisation, c’est quoi ? » :

    « […] Et puis, il y a la politique de civilisation sur le plan international. […] Quand on parle de la relation entre l’Occident et l’islam, on est au coeur de la politique de civilisation. Il s’agit d’éviter le choc des civilisations, il faut faire reculer le terrorisme et la barbarie, c’est ça la politique de civilisation ».

    Y'a pas de doute, Bush est bien le modèle du petit homme ...

    et puis « Est-ce que, sur le terrain du pouvoir d’achat, M. Sarkozy et vous avez déserté ? », demande Mme Laborde :

    « Les Français ne sont pas sensibles qu’au pouvoir d’achat, ils sont sensibles à l ’identité, à l' immigration, à la sécurité … »

    Sur la différence entre la police de proximité, supprimée par Sarkozy, et la police de quartier bientôt réintroduite par le même, il a bafouillé :

    « La police de quartier sera davantage une police et fera moins d’assistanat social, c’est une police qui va renouer des contacts avec les habitants des quartiers ».

    Ah oui, et puis, il y a eu aussi le journal de 8h, presque à 8h et presque de l’information : « 6 ans après la guerre, 6 ans après avoir été chassés d’Afghanistan, les talibans ont prouvé qu’ils avaient encore les moyens de frapper … »

    J’ai dû rater un épisode …Vous l’avez vu, vous, l’exode des talibans ?

     

  • Directive de la honte

    Est-ce parce que je n’ai jamais oublié la nausée qui m’a submergée, un soir du doux mois de mai 1991, lorsque sous mes yeux un africain a enjambé le parapet de verre et s’est jeté du premier étage du hall de Roissy, pour échapper à une expulsion ?

    Est-ce parce que j’ai appartenu à une famille africaine dont pratiquement tous les membres sont arrivés illégalement en Europe, laissant leurs enfants dans un pays en guerre (l’ex-Zaïre), travaillant jour et nuit pour les faire venir, taisant la souffrance immense de vivre jusqu’à 10 années sans jamais les revoir ?

    Est-ce parce qu’alors hôtesse de l’air, j’ai ressenti un choc immense et baissé les yeux, de honte, en voyant monter à bord des hommes enchaînés comme des bêtes, les yeux exorbités de terreur, encadrés par des policiers ? En priant que jamais ce ne soit un de mes amis ou membre de ces familles que j’aimais tant …

    Est-ce parce qu’un soir de mars 1999, j’ai été réveillée par le hurlement de l’homme que j’aimais, qui venait d’apprendre que sa mère de 50 ans, qu’il n’avait pas revue depuis 8 ans et tentait de faire venir en Europe, était morte le jour même d’une bête crise de paludisme à Kinshasa ? Faute de papiers, aucun de ses 3 fils exilés n’a pu assister à ses funérailles. Celui dont je parle a dû attendre 6 années pour pouvoir enfin pleurer sur sa tombe.

    Est-ce parce que comme toi, Oh!91, "beaucoup de mes amis ont été des étrangers et pourtant comme mes frères et soeurs" ?

    Rien ne peut justifier, pour moi, l’hypocrisie de la politique d’immigration, les humiliations subies par les immigrants et les morts, tombés des avions ou noyés au large de l’Afrique et de Cuba.

    C’est pourquoi je relaie le billet de mon ami Oh !91 contre le projet « d'une directive concoctée par la Commission européenne des Libertés qui autorise l’enfermement pendant dix-huit mois d'étrangers au seul motif qu'ils sont en situation irrégulière »

    Oh!91 explique : « La durée d’enfermement pourra atteindre dix-huit mois et s’appliquera, sans distinction, à toutes les personnes n’ayant pas d’autorisation d’entrée sur le territoire. Autrement dit, que vous fuyiez votre pays où un génocide est en cours, où se déroule une guerre, où votre vie est en danger parce que vous êtes une femme, parce que vous êtes homosexuel, ou que vous fuyiez la misère, le traitement sera le même. Seuls pourraient en être exemptés les mineurs isolés et les étrangers malades. Ce qui veut dire que des enfants, même en âge d'être scolarisés, seraient concernés par cet enfermement de dix-huit mois s'ils se trouvent en présence de leurs parents.»

    La pétition contre ce texte se trouve ici et une manifestation européenne est prévue le 19 janvier.

    Edit : Une chanson tout à fait dans le ton de ce billet, trouvée chez Gael : "Africain à Paris" de Tiken Jah Fakoly 

  • Ne me souhaitez pas bonne année !

    Je manque rarement de courtoisie mais s'il y a bien une période dans l'année ou je ne respecte pas les convenances, c'est au moment de Noël et du Nouvel An. Je déteste les formules toutes faites, les "sincères condoléances" murmurés à la queue leu leu par des illustres inconnus, les "Joyeux Noel" balancés comme un ordre et une gifle aux malades en fin de vie, clochards, endeuillés, personnes seules devant leur télé le soir du 24 (pour celles qui peuvent encore payer la redevance), ressortissants de pays voués à la guerre et aux massacres.

    A moins de vivre coupé du monde, comment Noël peut-il être joyeux, vraiment ? "Joyeux Noel dans la lucidité" devrait-on dire. "Restez conscients" comme elle, par exemple.

    "Joyeux Noel" passe encore, mais chaque année, ce qui me gave le plus, ce sont les premiers jours de la nouvelle année (le soir du 2, ça va, on fête l'anniv' de mon frère). Le boulanger, la caissière de Champion, le chauffeur du bus, les 750 salariés de ma boîte, tous ces gens dont je ne connais au mieux que nom et prénom et qui me souhaitent une bonne année alors qu'ils n'en en rien à taper de ma vie (et inversement). Moi, ce que je voudrais, c'est qu'on me souhaite de l'amour parce qu'on n'en a jamais assez, j'espère être à la hauteur pour soutenir celle que que je chéris, mon amie de longue date, pour qui l'année commence bien mal, qu'on me souhaite d'être attentive aux autres, toujours, vraiment, qu'on me souhaite de ne pas avoir peur, qu'on me souhaite le moins de larmes possible.

     Alors, depuis quelques années, je réponds à cett mascarade de bienveillance :"Oh, pfff .... qu'est ce que ça me fait chier ces formules toutes faites". Sauf à la caissière de Champion et au boulanger parce que je sais que ça fait partie du service clientèle. Ma réponse à moi est beaucoup plus longue que "merci, vous aussi" mais tellement plus sincère.

    Alors surtout, surtout, ne vous sentez pas obligés de me souhaiter une bonne année, je ne vous en voudrai nullement. Ou alors faites dans l'originalité, faîtes moi rire par exemple. Ca ne changera absolument rien au déroulé de mon année, de toute façon. Moi je ne vous le souhaiterai que les yeux dans les yeux, et avec d'autres mots.

    [je vous ai peut-être assombri les réjouissances de fin d'année, et encore ne vous plaignez pas, j'aurais pu le faire avant Noël ...)

  • Les affaires reprennent ...

    J’aurais mieux fait de rester couchée plutôt que de me pointer au boulot avec un jour d’avance … ben oui, j’ai oublié que j’avais posé un RTT aujourd’hui …

    Voilà t’y pas que mon boss m’appellle à la première heure pour me demander ce qu’il en est des cartes de vœux qu’on envoie chaque année à nos fournisseurs. C’est le DG qui lui a posé la question en lui disant qu’on était à la bourre. Moi, avec mon air con et ma vue basse, je réponds que je n’ai aucune idée de qui s’en occupe en devinant déjà que ça va être ma pomme. « Bon tu vois avec D. », me dit-il (la fameuse chargée de com interne casse-couilles).

    Je raccroche et je passe quelques coups de fil qui confirment que chaque année, c’est l’assistante du DG qui gère les p… de cartes de vœux dont personne n’a rien à foutre. La grande distrib’ qui souhaite une bonne année aux pauvres fournisseurs qu’elle plume et met sur la paille, voilà le comble de l’ironie ! Enfin, personne ne s’encombre de considérations humanistes dans ce secteur d’activité, c’est bien connu, malgré ce qu’en dit notre cher patron.

    J’appelle donc l’assistante du DG, alias « 2 de tension » pour lui apprendre, au cas où elle l’aurait oublié, que c’est son taf. J’en ai un peu ras le cul de récupérer toutes les merdes dont personne ne veut s’occuper, et surtout au dernier moment, histoire que si ça foire, je sois clouée au pilori !  Elle bafouille 2-3 trucs comme quoi elle sait pas, que si on lui dit pas, elle peut pas savoir (je m’en tamponne comme en l’an 40) et j’entend derrière le DG qui éructe d'un air excédé : « D. se démerde, c’est à lui que j’ai demandé de s’en occuper ». D. c’est mon boss, et comme il est champion de la déléguation de tâches, je crois que mon pressentiment va se confirmer. J'aurais vraiment dû rester sous ma couette ce matin ! A peine revenue, déjà envie de repartir ! Quel bordel, cette boîte !