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J'fais ma gourmande - Page 3

  • Exploration gastronomique : je me lance !

    Ce midi, j’ai bien mieux mangé qu’hier : thai panaeng curry with chicken. Les piments, ça réchauffe quand on passe une journée complète dans une pièce à 15°C.

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    Le soir, j’avais prévu d’aller enfin me détendre dans la piscine mais arrivée à l’hôtel, je me suis mise à bloguer. C’est fou ce que cette activité, et internet par extension, est chronophage, quand même. Je me disais justement hier que je ferais peut-être mieux de vivre l’instant plutôt que de me fabriquer des souvenirs. Mais j’aime écrire, et j’aime encore plus la possibilité de me replonger dans mes bons souvenirs pour les revivre comme si j’y étais.

    J’ai papoté avec mon amie Jam hier, aussi. Je lui ai fait visiter, par Skype, mon appartement. Il était plus de 21h quand je suis sortie dîner. Le shopping, activité n°1 des visiteurs (et habitants ?) de Bangkok , on verra ça ce weekend. Pour l’instant, je n’ai pas envie, après une journée entre les 4 murs d'une salle de formation glaciale, de passer mes soirées dans des centres commerciaux.

    Dans mon quartier, il n’y a rien à visiter et la Sukhumvit Road n’est pas vraiment propice aux flâneries. Ca de bons côtés car du coup, pas de touristes ni les prix qui vont avec. Ce soir, il y a concert au Elvis restaurant : lui à la guitare, harmonica et choeurs, elle au chant. Après le coup du crabe sur lequel on aurait pu être au moins 2, je me suis plongée dans l’analyse minutieuse de la carte des salades et soupes. J’ai d’abord choisi une soupe au snakefish, mais sur les conseils de la serveuse, j’ai finalement opté pour une soupe de poisson au lait de coco et galanga.

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    Quelques instants plus tard, la serveuse apporte ma salade. Sur la carte, c’est traduit par : « Spicy and sour 3 deep fired salad, squid, pork’s skin », ce qui m’est assez incompréhensible. Pour commencer, je pense que la salade est fried et pas fired. Dans la bouche, c’est une merveille de fraîcheur. Un mélange de fondant (les calamars), croquant (les poivrons verts en forme de carambole), croustillant (les cacahuètes) et aigre-doux (la sauce), une expérience gustative et sensorielle unique. Les crevettes roses n'ont absolument rien à voir avec les choses décongelées que je mange an France; elles sont tièdes et moelleuses.

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    Après cette merveilleuse mise en bouche,  le patron en personne se dirige vers moi, tous sourires dehors mais très concentré sur ce qu’il porte : une sorte de caquelon à fondue avec la flamme en dessous. Il pose cet étrange objet sur la table. Des flammes lèchent le plat et à l’intérieur, ça bout.

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    Impressionnant, non ? Y'a de la coriandre, beaucoup, et des piments (les truc noirs et longs). Pas toucher, bobo la bouche ! Après quelques minutes  d’attente, ma curiosité est à son paroxysme. J’approche la marmite et tente une première plongée de louche. Les flammes redoublent et me dissuadent de continuer. Et si ce truc me pétait à la gueule ? Je regarde autour de moi : les chanteurs chantent toujours (faux), les dîneurs papotent, les serveuses aussi. Personne ne se précipite sur moi pour me mettre en garde. Je me sens un peu couillonne. Finalement, pas trop rassurée, je décide de transvaser la soupe dans le minuscule bol qu’on a posé sur ma table. Et j’attaque.

    A la première bouchée, je comprends que la serveuse s’est trompée : pas la moindre trace de lait de coco et je viens de manger un truc gélatineux qui pourrait bien être un abat de poisson. Une tête qui émerge du bouillon brûlant confirme mes doutes : elle a commandé mon premier choix. Et là, j’en connais (si, si, Boug’, je te vois) qui vont encore me traiter de dingue. Mon premier choix était traduit dans le menu par : « Soup with fish’s kidney snakehead fish and veggies ». Le genre de truc qui ne me dit rien qui vaille. Un peu comme les tripes ... dont je me suis régalée en Roumanie, dans une savoureuse soupe à la crème et au citron.

    Je vous épargne les photos (le snakefish se cache sous la coriandre,  dans la photo en feu, un peu plus haut) car ça ne vous donnerais pas plus d'infos mais j'ai fini mon poisson avec les doigts. La tête, je l'ai laissée (il a plus de chance que les crevettes qui croisent ma route). Une soupe aigre-douce savoureuse, où l'on pêche des rondelles de gingembre, des mimosas d'eau (pak grachet), des poireaux miniatures et des champignons semblables à des pleurotes, et qui parfument merveilleusement la chair du poisson. C'est super bon ! Et lors de mes recherches, j'ai trouvé son nom en thai sur ce site : แกงส้มปลาช่อน (Gaeng Som Pla Chon ). Merci Mark ! Au passage, son blog est superbe et plein de bonnes adresses à Bangkok! Je suis hors jeu en terme de photos de bouffe !

    La carte du Elvis étant pauvre en desserts, j'ai pris une assiette de fruits. Rien de très exotique en dehors du fruit du dragon : pommes, poires, raison.

    Et pour ceux qui se posent la question : non, je n'ai rien bu. C'est pas l'envie qui m'en manque, c'est juste que les bouteilles de bière en Thailande sont énormes. Pas loin d'un litre, à mon avis. Je le sais, je m'en suis sifflé une (avec peine) le premier soir.

  • Bangkok, sur Sukhumvit Road

    bangkok,viva gardenHier, 13h50, mon weekend de 3 jours est sérieusement écourté car je m’envole pour un voyage professionnel à Bangkok. Toute première fois, toutoute première fois en Thailande.

    Dans l’avion, pourtant en lacune de sommeil, j’essaie de dormir mais je somnole tout au plus. Premier film : "Jasmine" de Woody Allen, qui était sur ma liste de « to do ». Les larmes me viennent aux yeux devant la déchéance de Cate Blanchett. Je jette un œil par le hublot contre lequel je suis collée : nous traversons une étendue noire seulement illuminée par une ville pieuvre. L’équipement sophistiqué d’Air France satisfait ma curiosité : nous sommes au-dessus de Bucarest et survolons ma Roumanie chérie. Le hasard n'en est pas un. J’envoie un baiser à Dana.

    Après Jasmine, toujours pas envie de dormir et j’enchaîne sur « Le Passé »,  d' Asghar Farhadi, où le ténébreux Ahmad (Ali Mossafa) me séduit totalement par sa douceur et sa bienveillance. La communication non violente n’a pas de secrets pour lui et je l’envie. Bérénice Bejo y est également très touchante et j'ai eu très envie de faire un énorme câlin au petit Fouad (Elyes Aguis), privé de maman. Je n'avais pourtant pas accroché avec le précédent film de M. Farhadi, "La séparation", plebiscité par tous, mais là, je suis touchée, vraiment (deuxième série d'yeux humides). Puis je me change les idées sur « La boucle », une gentille comédie avec Clovis Cornillac.

    Il est un peu plus de 7 heures lorsque nous atterrissons à Bangkok. Une pancarte affiche mon nom et je m’engouffre dans la « limousine » que ma cliente m’a réservée. Une heure plus tard, il me dépose aux confns du quartier d’affaires, sur Sukhumvit Road. Le Viva Garden, ouvert en 2011, est splendide.

    bangkok,viva garden

    Un portier m’accompagne et me fait découvrir ma chambre, que dis-je, mon appartement. Une cuisine entièrement équipée, un salon, chambre, salle de bains, et surtout une terrasse qui en fait tout le tour et offre, du 8ème étage, une belle vue sur Bankok. Comment je vais kiffer mes séances de saut à la corde, moi !

    A 9h45, soit 3h45 en France, sur laquelle mon horloge biologique est encore programmée, je me couche pour 3 heures de somme. Je ne veux pas trop dormir car demain matin, j’attaque ma première journée de formation et je dois me caler sur mon nouveau fuseau horaire.

    Il est pourtant 15h30 quand je m’extirpe du lit, déphasée. Je déballe ma valise et sors pour mon premier contact avec la Thailande. L'humidité ambiante nappe vite ma peau d'une moiteur tropicale. Il fait 30°C, la chaleur est supportable. Première mission : je n’ai pas mangé et surtout pas bu depuis 6h ce matin. Mon hôtel est situé au bord d’une grande artère où les bâtiments sont noircis de pollution. Il y a foule et les stands ambulants de nourriture se succèdent. Rien ne m’est familier si ce ne sont les fruits.

    Je bifurque à droite dans une rue super animée. On y vend de tout : des sachets de papayes, ananas et autre fruits joliment ciselés, des babioles made in China. Des hommes retournent consciencieusement des brochettes sur un grill. Des marmites fumantes mijotent des soupes aux ingrédients non identifiés. Une femme presse des jus de fruits. Je les connais tous, sauf un. Question à Maurice l’alsacien, habitué du pays et même de la région : c’est quoi un clitoris blend ? 

    Plus loin, un homme effiloche des oreilles de cochon cuites. Il y a beaucoup de salons de coiffure.

    Je devine vite que pour traverser Sukhumvit Road, il faut monter sur la passerelle qui l’enjambe et dessert le BTS, le métro aérien. De là-haut, je repère des femmes penchées sur des marmites en fer blanc. J’arrive, les filles !

    Sur place, je n’arrive pas à identifier ce qu’elles mijotent. Je me rabats sur leur voisin et gobe deux petites brochettes de ce qui me semble être des cœurs de canard. Faites pas cette tête, c’est plein de fer et ma dernière tentative de don du sang à l’EFS a échoué pour cause de carence en fer.

    J’achète aussi 2 bouteilles d’eau et un sachet d’ananas. Ça ne vaut pas le Victoria de la Réunion mais c’est rafraichissant. Je prépare mes affaires pour le lendemain, consulte un peu mon guide. A la réception, je demande au portier si l’un des restaurants de mon guide serait à proximité. Pour l’instant, je n’ai rien compris du système de numérotation des rues à Bangkok. Le portier me tend le  prospectus d’un restaurant sino-thai avec danses traditionnelles, où un taxi peut m’emmener. Je fais la moue : il va pas me refaire le coup du hamam à Marrakech, hein ? Il se ravise et entoure un point sur mon plan : le restaurant s’appelle LVIS, c’est un restaurant en plein air (enfin, façon de parler).  Parfait. Je quitte l’hôtel, rattrapée par le portier qui me serre la main et lance « My name is Path, and you ? », ce qui me vaut un hilare « Comment ça va ? »

    Je traverse Sukumvit, repère un salon de massage. Après quelques rues, la banane du rocker m’indique que je suis arrivée. Des lampions éclairent le LVIS restaurant où des thais sont déjà attablés. Je m’installe et commande une salade de papaye verte, un crabe et l’habituelle bière pour fêter mon arrivée en terre inconnue. Une jeune femme souriante pose une bière d’1 litre devant moi. Oh merde ! Comment je vais boire tout ça, moi ?

    Quelques minutes plus tard, ma salade de papaye (50 Bht. soit 1€20) arrive, agrémentée de pignons de pin grillés et de tomates. Son ptit nom en thai c'est Som Tum (merci Maurice) et en version originale c'est ส้มตำ. C’est bon, c’est frais et … ça arrache la gueule !

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    Enfin, le crabe, "Stir fried crab meat with curry powder" (350 Bht. soit 8€30). Ah oui, quand même ….

    Après enquête, son nom thai serait Pu Pad Pong Garee. En version originale et juste pour le plaisir des yeux, c'est ปูผัดผงกะหรี่ . La chair du crabe est mélangée à des oeufs battus, oignons, ail, sauce de poisson, sucre, curry de Madras, poivre blanc, coriandre, célery thai et oignons verts. Maurice, corriges-moi si j'ai faux.

    bankok,viva garden

    Je commence à manger et c’est … comment dire … merveilleux. Ca pique aussi, bien sûr. Mais j’échangerais 10 entrecôtes chez Félicie contre ce plat. Très vite, mon corps exprime sa satisfaction ; j’ai la langue en feu et le nez qui coule.  Je me refugie aux toilettes pour me moucher. Peu après, je suis en nage, les cheveux collés aux tempes. Après un 2ème passage aux toilettes pour vérifier qu’effectivement, je ne ressemble plus à rien, je repars à l’hôtel, repue et même gavée. Mais qu’est ce que c’était bon !

    A l’hôtel , Path veut savoir comment s’est passé ma soirée. Quand je dis que j’ai pris une papaya salad, il répète,incrédule : « A papaya salad ? Very spicy ! »

    Je monte dans l’ascenseur en me marrant : « Ah oui, tu m’étonnes que c’est very spicy, je l’ai senti mon frère, et pas qu’un peu ».

    Après un tour du propriétaire, la piscine, que je goûterai demain après ma première journée de labeur, et la salle de fitness, je monte écrire ce billet. Et maintenant, il est 22h43, ma cliente vient me chercher demain à 8h45, je vous laisse et vous donne rendez-vous pour la suite.

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  • L'Artiste et le Cuisinier

    l'artiste et le cuisinier, lyon, restaurantsPendant longtemps, 20 années nous séparant, il a été un gamin pour moi et puis, il est devenu un homme et nous nous sommes découverts des centres d’intérêt communs. Il y a quelques années, j’ai profité d’un déplacement à Lyon pour dîner avec lui et sa chérie du moment puis l’ai invité pour un weekend parisien au cours duquel j’ai  découvert qu’il avait une âme d’aventurier et était amateur de gastronomie nippone. Alors désormais, je profite de mes rares venues à Lyon pour passer un moment avec lui, et je ne m’ennuie jamais.

    Hier soir le beau gosse de la famille m'a emmenée au restaurant. On m’avait donné de bonnes adresses mais j’ai préféré le suivre, dans les hauts de Lyon, à la Croix-Rousse, où nous nous sommes installés  dans la salle de " L’artiste et le cuisinier", ouvert il y a moins de 2 ans. La décoration y est sobre et apaisante, murs blancs creusés de niches dans lesquelles se cachent de beaux objets de bois sombre, statuettes et masques africains, rapportés des voyages des patrons. La jeune femme très accueillante que j’ai prise pour une serveuse particulièrement calée en vins est en fait l’Artiste. Et le Cuisinier, ben … il est en cuisine.

    Le concept du restaurant est de proposer, outre l’habituelle carte renouvelée chaque semaine, 3 menus dégustation qui permettent de goûter plusieurs entrées et desserts en portions. Comme au Pinxo, une de mes belles découvertes 2013. « L’Artiste et le Cuisinier » à 25€ propose ainsi 2 entrées et desserts sélectionnés par le Cuisinier et un plat à choisir à l’ardoise. Hier soir, le festin démarrait avec un involtini de speck au chèvre et des gnocchi de châtaigne sur une émulsion au parmesan. On continuait les réjouissances sur une dorade royale, aubergine au cumin ou un cochon noir caramélisé au miel, pâtissons et courges au poivre de Selim. Et on se faisait mousser les papilles sur un tiramisu et un crumble de fruits rouges.

    Le « Voyage » à 32€ permet de choisir ses 2 entrées, plats et desserts à  l’ardoise. Pour les vrais aventuriers, le « Tour du monde » à 42€ promet de surprendre vos sens en partant à la découverte de 10 pièces improvisées par le Cuisinier. Et enfin, le choix à l’ardoise d’entrées (6€), plats (16€) et desserts (8€) avec quelques suppléments tout à fait raisonnables.

    A ce stade de suspense, il m’a fallu un kir à la châtaigne pour réfréner mes ardeurs et plusieurs minutes pour arrêter mon choix. Mais le tiramisu étant un dessert qui m’écœure facilement, j’ai opté, et mon cousin aussi, pour un joli voyage dont je choisirais les escales. Pour moi, une première escale en Amérique du sud avec un ceviche de dorade et gambas au combava, puis une halte entre Italie et Corse avec des gnocchi à la châtaigne (chauds les marrons !), suivis d’un cochon (avouez que vous vous y attendiez ?). Pour finir, un classique moelleux au chocolat mais à 80% de cacao, s’il vous plaît et une curiosité que je n’aurais ratée pour rien au monde : un millefeuille d’avocat à la praline. Mon cousin choisit également un ceviche et un pot de rillettes de lapin au Coca-Cola (sic ! puis un magret de canard à la praline, chutney de betterave et framboise, et enfin un crumble de fruits rouges et une tarte aux citrons jaunes et verts. Ayant sollicité les conseils de notre pétillante hôtesse, ce fut un enchantement de l’écouter décrire avec gourmandise les produits qu’elle dégote chez de « petits vignerons » et défendre leur retour à la biodynamie. Au passage, j’ai appris la différence entre biodynamie et agriculture raisonnée.

    Et ensuite ? J’ai perdu tout contrôle de moi-même à la seconde où elle a posé la première ardoise devant moi. Le parfum des gnocchi de châtaigne a empli mes narines et j’ai fait une expérience sensorielle inoubliable. Sous une enveloppe dorée et croustillante que leur a donné un passage dans le beurre, j’ai découvert une texture crémeuse extraordinairement sensuelle et une saveur de sous-bois tout à fait virile aux parfums de châtaigne, champignons et parmesan.  J’ai trouvé à ces bouchées une plus grande ressemblance avec leurs cousines lyonnaises, les quenelles, qu’avec des gnocchi. En photo, ça ne rend pas grand-chose car les gnocchi se vautrent dans un bain de mousse mais un ravissement, vous dis-je !  

    Le ceviche de dorade et gambas, avec son petit velouté de tomate, était d’une fraîcheur exquise et digne des meilleurs sashimis. Quand aux rillettes de lapin au Coca-Cola du cousin, il était évident qu’elles étaient faites maison, et savoureuses. Avec ça, nous avons commencé à déguster, lui une Démarrante  des vignes de Cornas, en Ardèche, et moi un Côtes du Rhône, parfaits. Et j’ai découvert que mon jeune cousin était également grand amateur de vins. La classe, je vous dis.

    Mon plat jaune comme un soleil présentait une pièce de cochon goûteuse en sucré-salé élégamment accompagné de courges et pâtissons. Le cousin s’est régalé de son magret aux pralines, en symphonie bordeaux et rose. Le restaurant délaisse les habituels féculents pour prises de risque végétales et raffinées et je trouve que c’est une belle idée, d’autant que le pain est savoureux et parfait pour saucer les plats. 

    l'artiste et le cuisinier, lyon, restaurants

    En dessert, le moelleux au chocolat respectait les codes habituels : cuisson parfaite et comme le précisa notre hôtesse, aucun ajout de sucre hormis le filet de caramel qui le zébrait. Le millefeuille d’avocat fur le deuxième coup de massue de la soirée. Un guacamole crémeux et sucré piqué de brisures de pralines roses, voilà ce que j’ai découvert sous les couches de feuilletage. L’appareil aux citrons, un poil trop liquide à mon goût, était posé sur une pâte meringuée des plus aériennes. Je souhaite aux Lyonnais que l’Artiste et le Cuisinier les régalent encore de longues années et je pressens déjà que ma copine Gi’ ne manquera pas d’aller découvrir l’endroit. Aux chaudes soirées, on peut même profiter d'une magnifique terrasse intérieure.

    Sur la route du retour, dans ma petit 308 rose givrée, nous avons bien ri en entendant une reprise épouvantable en arabe de « Let’s get it on » de Marvin Gaye en mode "Yalla habibi come on" . Ce soir, le mystère a été levé : c'est une parodie de Sacha Baron Cohen, ça me rassure ! N’empêche, la radio RTU 89.8, qui fait la nique à la pub et la part belle à l’afrobeat et autres "musiques du monde" m’a accompagnée pendant ces 3 jours forts agréables.   

    L'Artiste et le Cuisinier au 3 rue Belfort, Lyon 4ème. Tél : 04 72 26 35 56 (réservation conseillée)

    Ouvert du mercredi au samedi et le dimanche pour le brunch.

  • Gusto Divino

    il gusto divino, restaurants, boulogne-billancourtGusto Divino, c'est un restaurant-traiteur italien ouvert en début d'année, à Boulogne-Billancourt, non loin du métro Marcel Sembat.

    Une façade sombre qu'on pourrait louper, et ce serait bien dommage. Dès ma première visite, j'ai été séduite par le lumineux sourire de Jérôme, le patron, et le temps qu'il consacre à chacun de ses clients, affluence ou pas, pour détailler avec une fierté évidente les produits frais qui parfument ses plats. Ce jour-là, il m'assura que la sauce tomate était faite par la grand-mère. Je ne sais si c'était une blague, en tout cas on a envie de tout goûter tant il les vend bien, ses plats.
    J'y ai déjeuné souvent avant l'été (hélas, il lui manque une terrasse) et converti beaucoup de mes collègues. Récemment, j'y ai emmené un client italien qui a validé la qualité de la maison et reconnu les produits de l'Italie du sud.
    Gusto Divino propose plusieurs formules plat-boisson-dessert au déjeuner, renouvelées chaque jour par le jovial cuisinier : pâtes fraiches (12€50), plats (11€), salades (10€) et foccacias (12€), comme celle que dégusta mon frérot ce jour-là. L'union de la mozzarella et du speck, sur un lit de roquette parfumé au basilic.

    il gusto divino, restaurants, boulogne-billancourt

    Pour faire couler tout ça, Jérôme fait venir d'Italie des limonades artisanales et bios. Et en cuisine, Luciano confectionne des desserts à se pâmer : je raffole de sa mousse puissante en chocolat et légère en sucre, comme j'aime.  Il a même réussi à me faire aimer son tiramisu, dessert qui m’écœure habituellement. "C'est parce qu'il le fait au jaune d’œuf et le travaille jusqu'à obtenir une mousse. C'est comme ça qu'il faut le faire, sinon le mascarpone est écœurant" a dit mon client italien. Tout s'explique.

    il gusto divino, restaurants, boulogne-billancourt

    S'il n'y a plus de places dans cet exigu restaurant qui peut difficilement accueillir des tablées supérieures à 4 convives, on peut aussi emporter les petits plats de Jérôme, dans de jolis boites en bambou.
    Pour finir, Jérôme vend aussi des pâtes fraiches, charcuterie, fromages (dont la célèbre burrata) et épicerie fine. Mais attention, le restaurant-boutique ferme vers 19h !
    Je lis sur le site - qui mériterait une mise à jour - que des cours de cuisine étaient prévus en 2013. En attendant, Jérôme (à gauche) et son cuisinier, Luciano, ont gentiment pris la pose pour illustrer ce billet.  Le jeune serveur, dont le visage m'est étrangement familier, apporte la touche finale à ce joyeux et attentionné trio. Vous la sentez, la convivialité ?

    il gusto divino, restaurants, boulogne-billancourt

    Gusto Divino au 165 rue d'Aguesseau (angle avenue André Morizet) à Boulogne-Billancourt

    Tél : 01 79 71 33 86

  • Fiso s'offre un petit jeûne

    Hier, j'ai fait une expérience inédite et surprenante. Une de mes ex-collègues (musulmane), a organisé un dîner dans un restaurant-riad près de Beaubourg, et proposé à ceux qui voudraient éprouver leur volonté et/ou montrer leur solidarité, de jeûner comme elle de 4h57 à 21h32.

    Vous me connaissez, je suis une femme de défis. Pourtant j'avais de gros doutes sur ma capacité à supporter, non pas la privation de nourriture puisque je m'essaie au jeûne intermittent depuis plusieurs semaines, mais celle d'eau.

    La veille, j'ai profité de la terrasse de ma douce Chacha et savouré un délcieux barbecue aux accents grecs, avec féta grillée et raki artisanal. A 2 heures, après une dernière rasade de flotte, je me couche.

    Le lendemain, je réfrène mon premier geste du matin, qui est de boire un verre d'eau. La première moitié de journée ne m'inquiète pas : le weekend, je déjeune rarement avant 15h. Mais je m'imagine déjà en fin d'après-midi, langue dehors, au bord de la syncope et obsédée par la sensation d'une goutte d'eau sur ma ma langue.
    Au pire, me dis-je, si je souffre vraiment je me rincerai la bouche, ce qui est autorisé (tant qu'on n'avale pas car avaler, c'est tromper péché).   

    La matinée se passe sans encombres. Ma collègue s'enquiert gentiment de mon état et m'encourage. Vers 13h, je tourne un peu en rond. C'est que manger, ça occupe, mine de rien. Et pas question de tuer les heures en me lançant dans le ménage !

    J'échange des sms avec les 2 autres volontaires; l'une a mal à la tête et l'autre a tellement bu d'eau la veille qu'il n'arrête pas de pisser. Nous tenons bon.

    Je m'installe devant mon ordinateur et rédige le long billet précédent, ce qui m''occupe jusqu'à 16h. Toujours pas la moindre sensation de faim, je suis très surprise. Je pourrais boire un verre d'eau, certes, mais rien d'insurmontable et même pas le besoin de me rafraîchir la bouche. Je compte le délai qui me sépare de mes amis : il me reste quand même presque 6 heures à tenir. Le plus dur est devant moi.

    Vers 17h30, je ressens un coup de barre et décide de prendre une douche, ce qui m'achève. A 19h, je me glisse entre les draps pour un somme réparateur de 30 minutes. A 20h je sors de chez moi, reposée, pomponnée et toujours pas affamée. Je touche au but et ne peux m'empêcher d'envoyer un message à quelques amis musulmans pour leur annoncer mon dernier exploit, dont je ne suis pas peu fière.
    A 21h15, visiblement un peu déphasée, je dépasse le resto et suis hélée par mes compagnons, hilares.

    A 21h30, ayant un doute sur l'heure exacte de la rupture du jeûne (ce serait quand même con de se louper à quelques minutes près), nous appelons ma Jam qui confirme : c'est bon pour vous à Paris !

    [Ben oui, logique, le soleil ne se couche pas à la même heure pour tout le monde]

    Nous avons enfin mérité de lever nos verres (d'eau) à ce défi relevé, sans aucune souffrance en ce qui me concerne, et je dois dire que le bien le plus précieux de l'humanité a une saveur nouvelle dans ma bouche, tout comme le repas que nous partageons ensuite.

    Cette expérience a fini de me convaincre : les sociétés occidentales mangent bien plus que nécessaire et tout est question de volonté. L'année prochaine, je pourrais bien m'offrir un jeûne prolongé, recommandé par de nombreux médecins désormais, mais avec eau car je reste persuadée que s'en priver est mauvais pour la santé.