Les garçons me déposent aux bains turcs Kiràly (Kiraille en roulant le r), dans le 2ème arrondissement. Aujourd'hui on se sépare, pas de mixité dans les bains turcs, eux vont aux bains turcs Rudas que je découvrirai le lendemain. La construction des bains Kiràly a commencé à l'époque turque, au 16ème siècle. De la coupole vert bouteille s'échappe de la vapeur.
L'entrée coûte beaucoup moins cher que dans les autres bains : 2600 forint. Comme dans tous les bains de Budapest, si vous restez moins de 2 heures, on vous rembourse de l'argent à la sortie.
Je monte un escalier en pierre et suis accueillie par une femme brune habillée toute en blanc, comme une infirmière. Elle me donne un tablier et une serviette. L'avantage des bains turcs, c'est que ce sont les seuls où on peut se pointer sans rien d'autre que du savon (les tongs sont appréciables aussi).
La serviette ressemble plutôt à un drap de l'armée. Quand au tablier, que j'enfile dans une cabine individuelle, il est si étroit que mes seins débordent de chaque côté. Je noue le cordon dans le dos, les fesses à l'air, on se croirait à l'hôpital décidément, pas grave, de toute façon, je n'ai pas l'intention de le garder longtemps.
Je rejoins les bassins, guidée par le brouhaha plus que par les indications, toutes en hongrois. Je me retrouve dans une salle immense, carrée, au centre de laquelle se trouve un bassin octogonal. Je m'y plonge et lève les yeux. Au-dessus de moi, une coupole bleu nuit constellée de minuscules lucarnes qui laissent passer la lumière extérieure. On dirait un ciel étoilé, c'est magnifique.
Peu de touristes, et beaucoup de très vieilles femmes, une charlotte sur la tête. Une mémé squatte la cascade d'eau chaude, je tourne autour en attendant qu'elle libère la place et on est plusieurs sur le coup.
Je vais faire un tour au sauna, puis m'immerge dans les petits bassins trinagulaires qui se trouvent à chaque coin de la pièce. C'est à Budapest que j'ai réalisé quelle différence font quelques degrés quand on s'y plonge. Le 36 degrés est agréable, le 38 degrés déjà très chaud, le 42 degrés difficilement supportable pour moi. Et le 26 degrés carrément glacial. Je regrette l'absence d'une copine pour papoter.
Après avoir essayé tous les bains de Budapest ou presque, les bains Kiràly sont ceux que j'ai le moins aimés. Ils n'ont pas été rénovés, sont donc bien moins spectaculaires que les autres, et la forte odeur de soufre n'est pas très agréable.
Le lendemain, c'est la journée réservée aux hommes. Les bains Kiràly sont indiqués dans les guides touristiques, ils sont pourtant, aux dires de mes amis, un lieu de rencontre homosexuel. Un homme averti en vaut deux.
Quand je sors des bains, on me rembourse 1000 forint. Ca fait l'entrée à environ 6 €.
Je longe le Danube vers le nord jusqu'au pont Marguerite où je grimpe dans un tramway en prenant garde de ne pas rater l'arrêt "Nougatti" indiqué par O. Le tramway jaune me dépose à la station "Nyugati" de la Gare de l'Ouest, construite par Gustave Eiffel dix ans avant la tour parisienne, qui abrite sans doute désormais le plus beau Mc Donald du monde (qui sert la même merde qu'ailleurs, toutefois).
RLB m'a indiqué un centre commercial où je pourrai acheter un maillot de bain. Je traverse la gare mais ne parviens pas à localiser le centre commercial. A tout hasard, j'entre dans le magasin Kaiser et ne résiste pas à l'envie d'essayer des chapeaux, mon péché mignon.
J'ai rendez-vous avec O. et Yo, à partir de 14h30, dans un restaurant sur la place Ferencz Liszt. Je remonte l'avenue à pied jusqu'à la place Oktogon puis après vérification sur mon plan, prends à droite l'avenue Andrassy (Andrachi).
Me voilà devant le restaurant Menza, je suis la première, l'endroit est populaire et bondé, il y a 20 minutes d'attente et je m'installe au comptoir devant une chope de bière.
Peu après, une serveuse m'installe à une table et j'admire la déco très seventies.
Mes compagnons me rejoignent une demi-heure plus tard, Yo a visité l'ancien quartier juif et la synagogue. Nous choisissons tous trois un chou farci.
Le serveur nous met à contribution pour traduire les plats à la table voisine, occupée par des Français de Montpellier, Paris et Toulouse. Le chou farci est délicieux. Nous prendrons le dessert plus tard, ce sera l'occasion de se réchauffer après la marche qui nous attend.
Après ce déjeuner, nous traversons le quartier juif jusqu'à la synagogue, la plus grande d'Europe. La nuit est déjà tombée.
Détour par la basilique Szent Istvan (Saint Etienne à la française) où nous admirons le marbre rouge, les nombreuses dorures. Sa construction fut mouvementée et s'acheva au début du 20ème siècle, après l'écroulement de la coupole.
Nous nous dirigeons ensuite vers le Parlement en longeant les bâtiments de la télévision et de la banque nationale, deux des plus beaux bâtiments de Budapest, après un hommage en photo à Imre Nagy, premier ministre qui fut exécuté au moment de l'insurrection de 1856 et dut attendre la chute du mur de Berlin pour qu'un hommage lui soit rendu.
Nous traversons le Danube en métro jusqu'à Batthiàny Tér. Le Danube peut faire jusqu'à 70 mètres de profondeur !
Chez Angelika, ancien fief des écrivains et poètes, nous avons dégusté un chocolat chaud et pour moi un tiroli aux griottes.
Retour à l'hôtel, je me repose un peu car une soirée de danses balkaniques nous attend. Et oui, Igor est un danseur hors pair et nous emmène dans une petite salle de quartier, dans le sud de la ville.
L'ambiance est familiale, nous délaissons les tartines les zsiros kenyer, des tartines de saindoux aux oignons rouges, pour des sandwiches au jambon, puis Igor m'entraîne sur la piste et je mets à profit, sur des rondes grecques, les quelques notions qu'il m'avait données dans son salon, un après-midi.
Au grand désespoir d'Igor, pas de danses bulgares mais serbes, turques et grecques. Je le filme, il sautille comme un cabri, ça fait plaisir à voir. Si vous voulez un aperçu des différentes danses, allez là. Moi je suis toujours incapable de distinguer l'une ou l'autre ...
Ereintés après une journée aussi riche, nous rentrons dans le froid glacial. Demain, une journée plus calme nous attend.