C'est le dernier jour de l'année.
Les commerces ferment tôt, alors nous rejoignons vite le marché couvert pour y faire quelques emplettes.
Au rez-de-chaussée, on trouve de la nourriture, principalement des étals de fruits et légumes, peu achalandés car on y trouve que des produits de saison, panais, pommes de terre, carottes, bananes, agrumes et paprikas, bien sûr. Des étals de viande exhibent des monceaux de saucisses, des quartiers de viande, des salamis mais aussi ... du foie gras. Des lobes frais, à 20 € le kilo environ, et des boîtes de foie gras. Saviez-vous que la Hongrie était le deuxième exportateur mondial de foie gras après la France ? Vous avez d'ailleurs peut-être , sans le savoir, déjà mangé du foie gras provenant de Hongrie et cuisiné dans notre Sud-Ouest. Il y a aussi des étals de fruits secs et épices diverses, parmi elles le célèbre paprika, en collier, en poudre, en tube etc. et d'autres où l'on peut acheter de l'alcool, eau-de-vie, liqueurs de fruits et le célèbre vin Tokaji.
Au premier étage, ce sont des gargotes et des boutiques de souvenirs. Des poupées russes, des couteaux, les habituels gadgets à l'effigie de la Hongrie. Je croise un gamin qui mord dans une belle galette, ça a l'air appétissant, Igor me dit "Ah, ce sont des ... j'adorrrre !" alors je goûte, ce n'est pas sucré comme je le pensais, mais salé, il s'agit d'une galette de farine de pomme de terre frite nappée de sauce aigre et fromage. Pas terrible. Bon, j'ai voulu goûter, j'ai goûté ... Debout sur des coins de table, on se restaure en choisissant des poivrons charnus, du chou farci et d'autres choses qui ont l'air bien appétissantes. Le fast-food à la hongroise, c'est pas du Mc Do ! Jugez plutôt :
Il est temps de se réchauffer. Les bains Gellért sont les seuls ouverts aujourd'hui et il y a foule. Quand vous y entrez, il faut passer devant les cabines individuelles, aux portes oranges, et monter au premier étage, là où se trouvent les casiers. Il y a 2 bassins mixtes, un à 38 degrés et une piscine où on peut nager, et une partie non-mixte avec des saunas. Dans le bassin chaud, je rencontre deux Italiens de Milan. Ils sont là pour deux jours et je leur donne rendez-vous aux incontournables bains Széchenyi, le lendemain.
Il est temps de déguster des pâtisseries au café New York. Un endroit somptueux. Nous commandons des chocolats chauds et pâtisseries, pour moi un cheese-cake aux fraises. Les pâtisseries hongroises sont réputées mais je ne suis pas friande de la crème. Sauf sur mon chocolat chaud à la canelle, qui est épais et parfumé, un délice !
Je comprends mieux pourquoi Igor s'énerve quand on lui sert un chocolat chaud en France ... Les liquides coupés à l'eau et offrant autant de cacao qu'un mauvais Nesquik qu'on nous sert en les appelant "chocolat chaud" ne méritent pas ce nom. Seuls le salon de thé Angelina, rue de Rivoli, et maintenant les Marroniers, dans le Marais, trouvent grâce à mes yeux. Il faudra vraiment que j'emmène Igor, et d'autres gourmand(e)s chez Angelina, à notre retour. Et puis, dans une boîte en fer-blanc, je conserve toujours précieusement le bâton de cacao ramené de Guyane par l'adorable et sémillant Tonnegrande ...
Le soir, vers 20h, nous entrons dans une auberge typique, les poutres en bois, les rideaux brodés et au mur, les photos des personnages célèbres qui y ont dîné, dont Mitterrand. Les musiciens tziganes prennent place.
A l'apéritif, un verre d'eau-de-vie. Ensuite, un filet de sandre sur une mousse d'épinards, fort savoureuse. Une soupe aux carottes et légumes, agrémentée d'un oeuf de caille. Puis un plat de viandes diverses et croquettes, servies avec du riz et de la purée. Un trou hongrois avec du sorbet au citron avant une crêpe à la crème. Une femme s'approche de nous et demande si nous sommes français. Elle s'appelle Sabine et vient de Stuttgart. Elle et son mari Dimitri, violoniste, jouent de la musique tzigane, du swing à la manière de Stéphane Grappelli. Ils viennent souvent au festival de Sammois-sur-Seine et nous parlons aussi de l'Allemagne. D'une table voisine, une voix s'élève. Parmi les convives se trouve une chanteuse d'opérette qui accompagne les musiciens sur "O sole mio".
A minuit, les musiciens entonnent l'hymne hongrois. Embrassades puis nous filons en taxi jusqu'au Capella, une boîte au bord du Danube. Dehors, il fait -7 degrés mais je n'ai pas froid dans ma robe dos nu. Musique techno et fumée de cigarette, je ne m'éclate vraiment que quelques minutes sur House of Pain.
Voilà, c'est fini, 2009 est là, et je crois que dorénavant, pour passer ce cap qui me pèse chaque année un peu plus, je fuierai systématiquement Paris.