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Pensée du jour - Page 8

  • Instants de vérité

    Ça fait plusieurs mois que tu entretiens une liaison, comme on dit, avec un homme en couple. Après t'avoir mis en garde sur l'impossibilité d'une relation plus engagée que ces instants clandestins, il s'est laissé aller, peu à peu, aux confidences et à la tendresse. Vos retrouvailles étaient toujours des fêtes, dans quelque recoin d'un bar tamisé ou d'un restaurant bruissant de convivialité. Tu étais le piment qui manquait à son quotidien, l'amant insaisissable et pourtant toujours disponible. Il était celui qui, dans ta solitude provisoire et sans cesse renouvelée, t'assurait que tu étais aimable et désirable et que si seulement ... bien sûr.
    Pourtant, avec le temps, cette inégalité entre vous a commencé à te peser. Car il faut bien le reconnaître, vos rendez-vous étaient systématiquement soumis à son agenda, pas au tien. Et puis, un jour, alors que tu te résolvais, comme depuis tant d'années maintenant, à planifier de nouvelles vacances où tu garderais pour toi, bien obligé, tes émotions, tu as reçu une carte postale d'un endroit où  il marchait joyeusement main dans la main d'un autre. Et cette complicité qui t'était interdite t'est devenue insupportable. Après l'incrédulité, les reproches sont arrivés. Comment osais-tu détruire ce bel amour, votre relation, tellement particulière, à nulle autre pareille ? La pression sur toi se fit d'autant plus difficile que seul tu étais toujours. Mais tu t'accrochas à ta solitude.

    Ça fait plusieurs années que tu entretiens une liaison avec un homme marié. Après avoir savouré cette liberté, tu t'es laissée aller, peu à peu, aux confidences et à la tendresse. Dans ses bras tu étais magnifique, même entre les murs d'un hôtel miteux en bordure de banlieue. Tu étais celle qu'il aurait dû épouser, la femme indépendante et pourtant toujours disponible. Il était celui qui, dans ton existence bien remplie et ton lit si vide, comblait de jouissance ton corps endolori en te chuchotant, entre deux étreintes passionnées, que si seulement ... bien sûr.
    Pourtant, avec le temps, les enfants ont grandi et tes soirées ont semblé plus longues. Car il faut bien le reconnaître, vos nuits étaient systématiquement fonction de son agenda, pas du tien.
    Et puis, un matin, tu t'es réveillée seule dans un hôtel sordide, et tout alors l'est devenu. Pour elle, les soirées lovés devant un DVD, les caresses sans désir, peut-être, mais gratuites, les matins paresseux autour d'un café. Pour toi, les "normalement, si tout va bien", les futurs hypothétiques et souvent hypothéqués, les réveils à la hâte et les baisers volés. Après l'incrédulité, le silence s'est fait. Et toi, dans ton lit, de désir inassouvi ton corps se tordait et sur les hommes croisés et sacrifiés, tu pleurais.  

    Ça fait des mois que tu t'envoies en l'air avec un célibataire. Hé oui, célibataire, comme toi. Après quelques interrogations sur l'éventualité d'une relation, vite étouffées par des carences incompatibles avec ton bonheur, tu t'es laissée aller, peu à peu, à la tendresse. Puisqu'il n'y avait pas d'enjeu, tu étais toi-même et vivait l'instant présent mais tu t'es vite rendue à l'évidence : ton corps, lui, n'avait d'intérêt que sexué.

    Vos nuits étaient passionnées, vos baisers carnassiers et votre amour furieux. Dans l'océan de ton lit, vous étiez comme deux naufragés, l'un à l'autre cramponnés. Tu étais celle qui ne posait pas de questions et qui l'aimait sans possession. Joyeuse, joueuse, enjôleuse, la femme très active et pourtant toujours disponible. Il était celui qui, abîmé mais pas détruit, désabusé mais pas aigri, te comprenait et te consolait en répétant que tu étais seule parce qu'exigeante.  
    Pourtant, avec le temps, le manque d'enjeux t'est devenu ennuyeux et le sexe tristement hygiénique. Car il faut bien le reconnaître, vos nuits ne se suivaient pas mais se ressemblaient. Et puis, un jour, une amie t'a dit "Au fond, tu as tous les inconvénients d'un vieux couple sans les avantages". Et cette promiscuité qui t'était refusée, ces virées improvisées et jamais proposées, alors que rien tu ne demandais, tout ça t'a semblé profondément injuste. Le désir s'est émoussé et sur ta gaieté un voile s'est posé. Tu ne voulais pas attendre le jour où tu annoncerais, où il annoncerait que l'amour il a rencontré.
    Alors un soir, alors que tu luttais contre le sommeil, parfumée, satinée, ton téléphone a bipé, comme convenu. Et tu as décroché. Mais cette nuit-là, personne ne t'a chevauchée. Pour que tu ressentes pleinement le manque d'amour, il fallait qu'il soit entier.

  • Quand O. me fait rire : sur les femmes

    Après le travail, nous buvons une Leffe dans un bar proche. Il s'enquiert des suites de ma dernière rencontre et part dans une tirade sur la complexité des femmes.On sent le mec passionné mais parfois rincé :
    « Vous êtes compliquées, les femmes. Moi, ça fait onze ans et demi que je vis avec la mienne, ben j'ai toujours pas compris comment ça marche. C'est un peu comme prendre une série télé en cours de route; tu connais pas l'intrigue, t'as pas vu le meurtre mais c'est toi le coupable ! »
    (...)
    « Quand elle me pose une question, y'a des moments où je me dis ouh la je suis dans la merde. Si je dis bleu, c'est rose, si je dis rose, c'était vert et si je dis choisis la couleur ma chérie, je me fais engueuler aussi. »
    (...)
    « Les femmes se plaignent qu'il y a des machos. Ben franchement, ils sont de plus en plus rares. Les hommes d'aujourd'hui s'occupent des enfants et font la cuisine. Mais quand un mec vous tient la porte ou vous traite correctement, vous le prenez pour une lavette. »

    O. m'a mise au défi de lui dresser un cahier des charges précis de l'homme que je recherche (bon, pas très activement, je l'avoue). D'après lui, je n'en serais pas capable car étant une femme, je veux tout et son contraire. Je relève le défi.

  • Minnie mousse

    La toile porte bien son nom : c'est un piège, bien plus petit qu'on ne le croit. On saute dessus, on rebondit ici et là, on fait les cons mais une fois qu'on y a posé une patte, plus moyen de passer inaperçu. J'en sais quelque chose.



  • Table à dangers

    Je me dirigeais vers l’ascenseur lorsque tu m’as rattrapée. Cela ne m’a pas vraiment surprise car tu avais clairement montré, pendant le repas, l’intérêt que tu me portais, à grands coups de regards appuyés et de clins d’œil complices. Déjà charmée, le sourire que je t’avais rendu s’était fait caressant.

    Tu m’as vouvoyée « Excusez-moi, madame, est-ce qu’on pourrait prendre un verre ensemble ? » Tu devais avoir une dizaine d’années de moins que moi.

    J’ai demandé à quelle heure tu finissais ton service et t’ai donné le numéro de ma chambre. Je n’avais pas envie de faire de simagrées.

    Vers 23h, quelques coups se sont fait entendre à ma porte. J’ai ouvert, t’ai plaqué contre la porte, dans la pénombre et j’ai mangé ta bouche. Je ne connaissais pas ton prénom, je m’en foutais. Ton corps portait l'odeur du soleil. J’ai ouvert ta chemise, léché le sel de ta peau, caressé des lèvres la ligne de tes clavicules. Tes mains d’homme ont empoigné mes hanches et fait glisser le tissu soyeux, découvrant mes fesses bombées. Comme si mon corps ne demandait qu’à être nu, les bretelles de mon déshabillé ont glissé sur mes épaules.

    Sur le bureau de bois clair, tu as balayé les papiers épars pour m’y poser. Le soliflore est tombé et sa rose en tissu avec, ça nous a fait rire. Ta tête brune s'est enfouie dans ma moiteur et alors que tu dansais entre mes cuisses ouvertes, j’ai pensé qu’il fallait absolument que j’achète la dernière pièce manquante de mon salon : une table. Et sans roulettes, celle-là.   

  • Penche-toi vers moi

    Me rattraperas-tu quand je tomberai ? Est-ce que tu m’entendras appeler ?

    Mettras-tu un sourire sur mon visage, me sortiras-tu de l’exil ?

    Te pencheras-tu vers moi, assez bas pour m’entendre murmurer ?

    J’ai l’impression qu’on m’a abandonnée dans le froid.

    Est-ce que tu verras celle que j’ai oublié d’être ? Est-ce que tu verras que j’essaie d’atteindre le soleil ? Qui ouvrira la porte vers un monde que je n’ai jamais vu ?

    Quand tu es blessée et que tu te  sens misérable, parce que tu as en toi un amour qui ne meurt pas. Un amour qui ne mourra jamais.

    Te pencheras-tu sur moi, assez bas pour m’entendre murmurer ?

    Quand tu pleures sous la pluie, personne d’autre ne peut sentir ta douleur. Qui me prendra par la main ? Essaiera de me convaincre ?

    Quand tu es blessée et que tu te  sens misérable, parce que tu as en toi un amour qui ne meurt pas. Un amour qui ne mourra jamais.