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Pensée du jour - Page 9

  • Dernier jour à Zaragoza

    J’ai fait fort pour mon dernier jour à Zaragoza.

    La journée de formation s’est terminée à 13h, dans une ambiance très détendue. Déjà, le matin, à la faveur d’une pause, j’avais papoté avec la jolie Gema et l’Andalou, leur expliquant que le lendemain, je partais en vacances en Irlande, ce qui serait un peu moins exotique. Pour une raison que j’ignore, voilà qu’en prononçant le mot exotico, je transforme le x en r, ce qui les fait éclater de rire, et moi avec. « Erotico es diferente » dit l’Andalou.

    Du coup, nous partons dans une discussion sur la conjugaison espagnole, l’emploi du prétérit versus celui du passé composé, ser ou estar, qui me posent beaucoup moins de problèmes au bout de 2 semaines, et d’autres particularités espagnoles. Estar malo, dit l’Andalou, c’est être malade, ser malo, c’est être un fils de pute (en espagnol dans le texte). L’Andalou prend mon adresse mail pour m’envoyer les adresses de restos et bars à ne pas rater à Séville. Ils remplissent les évaluations de formation (super sympas les commentaires !) et m’embrassent en me souhaitant un bon voyage.

    Je profite du réseau wifi de mon client pour envoyer quelques mails à ma boîte, passe un coup de fil à mon petit frère et à mon chef de projet et vers 14h, je quitte la plaza Beltran. Il fait un beau soleil, je passe à l’appartement récupérer ma valise, sonne en vain à la réception avant de laisser les clés dans la boîte aux lettres et file manger quelques pinchos et me siffler une bière au soleil.

    J'immortalise la très jolie église mudéjar de la Magdalena qui étincèle au soleil. Dans le quartier du centre, je passe devant une devanture remplie de sujets en chocolat. Un "taller de choocolate", Capricho. J’entre et achète des barres de chocolat de diverses origines, ainsi qu’une boîte de fruits aragonais, confits et trempés dans le chocolat et des gâteaux qu’on mangera sur la plage. Ca devrait plaire à mon ami M’sieu Chic Chic, qui vient m’attendre à l’aéroport de Dublin demain soir. Après le jogging sur les rives des rivières espagnoles, je vais m’offrir, dimanche matin, un jogging sur la plage de Bray.

    La vendeuse est très gentille, comme tout le monde dans ce pays, et j’en profite pour lui demander si elle connaît un endroit où je pourrais manger. « Tu sors d’ici, tout droit, tu arrives à une petite place, puis sur la place Santa Cruz , il y a un endroit caché mais très bon, la casa Juanico ». Au moment où je la salue, elle glisse une barre de chocolate negro de Santo Domingo à 70% dans mon sac: "Tu la mangeras en attendant ton avion à Madrid".

    A l’entrée du restaurant, de jolies bouchées s’étalent derrière une vitre réfrigérée. Les murs sont peints de vert et orange et ornés de vues de Saragosse, dans des cadres tout de traviole. Je m’installe à une table et consulte mon dictionnaire, qui est une vraie daube, en tout cas en terme de vocabulaire culinaire. Chorrera, il ne connaît pas, carillera non plus. Tant pis, je me lance et commande quantité de pinchos : jamon con chorreras, cuesco de cabra, erizo de mar, mil hojas de carillera. Je m’apprête à continuer mais le serveur m’arrête « Je vous apporte déjà ça, vous commanderez la suite après si vous en voulez encore ». Pour un peu, je me vexerais …

    Z’aiment bien la béchamel, les Espagnols … Ma croquette de jambon est fourrée de béchamel, mon hérisson de mer aka oursin, aussi. C’est très bon, en tout cas, tout comme le mille feuilles de joue de bœuf et le chèvre chaud. Mise en appétit, je continue (hé ! c’est ma dernière bouffe espagnole avant … 2 semaines !). Calabacín con chipirón, ravioli con rape y carpacio de buey con arroz meloso. Tout ça à 2€ la bouchée.

    Last day in ZRZ.jpg

    J’ai dû partir dans mes rêveries car quand je regarde l’heure, il est 16h07. Je hèle un taxi, direction la gare dont on m’a dit qu’elle était à 10 minutes maximum. Mon cul. J’y arrive, le cœur battant, à 16h26, soit 3 minutes avant le départ de mon train. Sauf que j’avais oublié 2 détails : 1) il y a un passage obligé par la machine à rayons X 2) L’accès aux voies est fermé 2 minutes avant le départ du train. La jeune femme m’oppose un refus désolé mais ferme. Hé merde !

    Heureusement, il y a une agence de voyages « El Corte Inglès » dans la gare, celle-là même qui s’est occupé de tous mes déplacements dans le pays. « J’ai besoin de votre aide » dis-je en poussant la porte. Elles appellent leurs collègues de Madrid, ma cliente autorise le changement de train et d’avion, verdict, je vais arriver à Madrid à l’heure où j’aurais dû décoller et je serai à Roissy à 23h.

    J’ai gagné un voyage en première classe. Ca ne rigole pas, la 1ère classe espagnole de la Refe. Télévision (à l’aller, j’avais eu droit à « L’attrape-cœurs » sous-titré en espagnol, marrant, là c’est un dessin animé de Walt), et des trolley-dollies qui servent des boissons et un plateau-repas, comme dans l’avion. Je vous rassure, j’ai juste bu un verre d’eau et un café.

    Dans les trains espagnols, c’est comme dans les trains français, en revanche. Les téléphones sonnent allègrement, les gens discutent. Un peu plus en avant, près de la fenêtre, une femme passe 3 coups de fil consécutifs. Elle commence en français, mais avec un léger accent. Sa façon de commencer ses phrasses par « allez ! » me rappelle étrangement mes stagiaires belges. L’appel suivant se fait en espagnol, pour finir par une conversation en anglais. Je me demande bien quelle est son origine.

    A ma gauche, il y a un homme assez élégant, en costard, cheveux gris rabattus en arrière. Il reçoit un coup de fil qui dure longtemps, très longtemps. Il parle vraiment très fort et il me semble capter des mots assez grossiers comme coño, cojones etc. Quand il raccroche, il se tourne vers le couple derrière moi et s’excuse s’ils les a dérangés, auquel ils répondent avec véhémence. Le ton monte et ils s’engueulent pendant de longues minutes. J’entends « No me interese Murcia », « No me interesa tu vida » et pour finir « Mal educado !”. Hé ben, me dis-je, y’a de l’ambiance. La jeune femme polyglotte me lance des clins d’œil amusés en haussant les sourcils genre « Oh la la, ça chie ! »

    Je ne peux résister à ma curiosité légendaire, me lève et me penche sur elle « Excusez-moi, je peux vous poser une question ? Vous êtes de quelle origine, parce que je vous ai entendu passer des appels en français, anglais et espagnol, vous parlez au moins trois langues ?» Elle rit « Je suis anglo-belge et toi ? ». Elle m’invite à m’assoir et nous discutons. Elle travaille dans un cabiner d’avocats et recrute de jeunes diplômés directement sur les bancs des facs de droit. « C’est difficile aujourd’hui, de recruter des gens » dit-elle. Avant, l’excellence, c’était les diplômes, aujourd’hui ce n’est plus vrai. L’excellence, c’est la finesse d’esprit, l’intelligence, la capacité à s’adapter ». Elle a un parcours atypique, la polyglotte anglo-belge. Fille de diplomate, elle a vécu au Sénégal, au Sri Lanka, à Madagascar, a passé une année à Londres, une à Bruges et une à la fac de Sceaux, en France et vit à Madrid après son mariage avec un Espagnol, il y a 15 ans. Je lui raconte mon boulot et comment je sais dire boucherie et fruits & légumes en flamand. Elle rigole. Elle est vraiment sympa et nous discutons un long moment. « J’ai raté mon train à Saragosse, me confie-t-elle. J’étais en train de boire du vin avec des collègues dans un restaurant ». Tiens, moi aussi ! Quelques minutes plus tard, alors que j’entreprends l’écriture de ce billet, elle se lève et me tend sa carte de visite « Si tu reviens à Madrid, appelle-moi, on ira boire un verre ou déjeuner ensemble ». Je lui tends la mienne à mon tour « Si tu viens à Paris … et que j’y suis ».

    La suite du voyage jusqu’à Paris me confortera dans ma conviction que finalement, ce n’était pas tant une catastrophe de rater train et avion ce soir. La lessive de culottes planifiée en vue de mon nouveau départ, demain, pour 15 jours sur les routes irlandaises, ce ne sera pas possible en arrivant à minuit chez moi mais tant pis. Au pire, M’sieu Chic Chic me fera une lessive, en qualité d’ex colocataire, ce ne sera pas la première …

  • Trafic perturbé à la SNCF

    Un train.jpgCe matin, je monte quatre à quatre les marches de la gare, repère le n°6 sur le tableau d'affichage des trains, tente de traverser la marée humaine qui se déverse sur le quai et voit les portes me claquer au nez. Damned ! Je peste contre cette gare que j'éxècre (oui oui, à ce point là!) et décide d'aller me réfugier dans le souterrain d'où je guetterai le prochain départ.

    Alors que je m'apprête à descendre les marches, un homme me dépasse, se retourne et m'interpelle "Je vous emmène?"

    Toute à mon énervement, il me faut quelques secondes pour comprendre que l'homme élancé et souriant qui se tient devant moi est conducteur de train.

    "Ca dépend, vous allez où? "

    "Pont Cardinet"

    "Ah non, moi je vais plus loin. Dommage ..."

    ""Oui, dommage, je vous aurais bien emmenée. Vous prenez le train à cette heure-ci, en général ?"

    "Heu, oui, je devrais le prendre plus tôt mais je suis tout le temps à la bourre"

    "Ca vous dirait de faire le trajet dans ma cabine un de ces jours ? Vous avez déjà essayé ?"

    "Ah non, tiens, j'ai fait le cockpit d'un avion mais jamais la cabine d'un train"

    "Je vous laisse mon numéro ? Ou je prends le votre ?"

    Nous échangeons nos coordonnées, il porte le prénom de mon ami amateur de longueurs (en piscine).

    Mon train s'immobilise sur la voie 7. Je monte dedans, m'assied côté fenêtre et fais ma fille de base, c'est à dire que j'envoie un sms aux copines pour les faire marrer : "Bon j'ai raté le 11, les portes se sont fermées devant moi mais j'ai gagné une balade dans la cabine du conducteur demain et son numéro de téléphone ! Moi je dis que la journée commence bien, finalement..."

    Je rigole toute seule en découvrant les réactions de la foule en liesse de mes 3 copines.

    Première réponse : "Purée, un conducteur de Transilien ! Je veux savoir ce que ça donne !"

    Deuxième réponse :"Trop forte, j'te reconnais bien là !"

    Troisième réponse en direct des pistes vosgiennes :"Effectivement ! Décidément je crois que tu as un truc avec les transports !" (ah bon ? ah oui le taxi-moto ! non pas celui-là, un autre ...)

    Moins de 15 minutes après, je reçois un sms de mon conducteur de train qui me propose un départ demain à l'heure où, habituellement, je claque la porte de chez moi. Je réfléchis rapidement. Banco, de toute façon, je dois arriver plus tôt pour préparer ma conf call avec Casablanca : "Ok pour demain, 8h21".

    Plongée dans mes pensées, j'écoute d'une oreille distraite un SDF qui sollicite tickets resto, pièces ou même "Une simple réponse au bonjour que je vais adresser à chacun de vous". Il tient parole, salue chacun des voyageurs du wagon bondé et se plante soudain devant moi "Vous ne voulez pas adopter un nounours ?"

    Je balbutie "Pardon ??"

    "Vous ne voulez pas m'adopter ?"

    Hé ben, c'est ma journée ! Faut croire que le vert me va bien au teint (et la fondue au cul mais ça c'est une autre histoire que je vous raconterai dès que j'aurai une minute à moi).

    PS : A propos de cul, demain à 22h25 sur Arte, un docu(l) : "La face cachée des fesses". La bande annonce est .... alléchante !

  • Dernier jour de travail dans le quartier de Guediz

    H., le chef de projet de mon client vient me chercher à l’hôtel comme la veille mais cette fois, il propose que nous partagions un thé et s’installe avec moi au bord de la piscine.

    Sur l’autre continent, O., mon chef de projet parisien  appelle pour faire le point quotidien et H. répond : «J’informe Fiso, elle est juste en face de moi. D’ailleurs, pour tout te dire, nous sommes au bord de la piscine en train de prendre le thé. Est-ce que j’en rajoute ou ça va ? »

    Il raccroche et je secoue la tête « Alors là, H., je vais me faire charrier » Pas loupé, quelques minutes plus tard, je reçois un sms de ma collègue parisienne, d’origine marocaine : « Alors, on prend le thé en charmante compagnie au bord de la piscine ?»  Je me marre et lui envoie une photo de ladite piscine, pour en rajouter un peu.

    Piscine.jpgIl est l’heure de partir bosser (quand même !). En sortant de l’hôtel, je glisse sur la céramique et me casse la gueule. Fallait bien que ça m’arrive, depuis le temps que j’évite de justesse les chutes sur les trottoirs marocains. Talons bobine de merde ! H. m’aide à me relever « Tu es témoin, H., je n’ai bu que du thé à la menthe ! »

    Aujourd’hui je retrouve la pétillante et toute jeune maman S., qui me claque deux bises sonores, et D. qui fait de même, chose surprenante pour un homme. C’est lui que je formerai en priorité. Au fur et à mesure des jours, ma formation s’est faite plus appropriée. Comprendre le mode de fonctionnement d’un nouveau client et discerner ses priorités prend du temps et je n’en ai que peu. Parfois, ce que je pensais de peu d’intérêt pour eux  se révèle fort utile, d’autres fois, ce que je suis fière de leur présenter comme une super nouveauté les laisse indifférents. C’est toute la difficulté et l’intérêt de mon métier.

    Maintenant que je vais à l’essentiel, nous avançons plus efficacement et D. acquière même une compétence supplémentaire par rapport à ses collègues. Il fume depuis l’âge de 15 ans, soit depuis 11 ans, et je l’accompagne à l’extérieur pour sa pause cigarette qui ressemble à n’importe quelle pause cigarette chez nous. Femmes et hommes se retrouvent, discutent, plaisantent.

    « J’ai voté pour toi, D., lance une jeune femme. Catégorie intellectuel ». Curieuse, je demande à D. de m’expliquer de quoi il s’agit. La société organise régulièrement des tombolas. Cette fois, chaque employé est invité à voter pour « le meilleur employé » dans 5 catégories différentes : intelligence, élégance, solidarité, créativité, humour.

    Le midi, nous déjeunons devant l’ordinateur des habituels sandwiches au poulet grillé, frites et Coca que je mets dans mon sac, au cas où. Vers 17 heures, je remballe mon matériel. Enfin le week-end, j’ai 2 jours devant moi pour visiter Marrakech, munie de quelques recommandations de restaurants et spas.

  • A., la « chauffeuse » de bus rigolote

    Je suis allée 2 fois à l'Oustaou cette semaine. J'y suis toujours accueillie avec un sourire, voire plusieurs, c'est donc, avec le Shannon et la Comète, un de ces endroits où je suis sûre de passer un bon moment.

    Ce soir, j'y ai donné rendez-vous à Petite Française. Je pensais y être vers 19h30, seulement j'avais oublié mon pass Navigo chez moi et par principe, je ne paie pas un ticket de métro pour 2 stations. J'ai donc décidé de rallier les deux stations à pied. J'avais omis quelques détails :

    1) Suivre la ligne 14 de Saint-Lazare à Pyramides, mon trajet habituel, en passant par Madeleine, était une mauvaise idée et Petite Française me l'a confirmé par la suite

    2) 2 stations sur la ligne 14 ce n'est pas 2 stations sur une ligne de métro normale. A bonne allure et sur talons hauts, ça m'a pris 30 minutes.

    N'empêche, y'a eu quelques trucs vachement sympas sur le trajet.

    D'abord, devant la gare Saint-Lazare, comme je cherchais quelle rue prendre pour rejoindre la place de la Madeleine, un homme s'approche, un peu hésitant, pour me demander si je veux boire un verre. Je refuse avec le sourire et en profite pour mettre à contribution sa connaissance du quartier.

    Je ne me balade jamais dans le quartier de la Madeleine. Boulevard Malesherbes, je reconnais Le Forum, un bar où j'allais régulièrement à une époque et me rpomets d'y revenir un soir.

    Ensuite, dans la rue Saint Honoré, je jette un regard un peu noir à un conducteur au volant d'une belle voiture qui, faisant vrombir son moteur, arrive un peu vite à ma hauteur. Le jeune homme propose de me déposer là où je vais. " Je suis presque arrivée ». Ralenti par la circulation, il me suit un moment avant de remettre les gaz en lancant "En tout cas, vous avez de belles jambes ». Merci monsieur. Quand un homme me fait un compliment, j'ai la Simpère attitude.

    A gauche, j'aperçois la colonne de la place Vendôme puis plus loin, l'Opéra, signe que je ne suis plus très loin. Je bifurque dans la rue des Pyramides et ça c'était une idée à la con parce que j'ai fait un sacré détour.

    Dans la rue Molière, un autre homme propose de m'offrir un verre. Et de trois. Je me dis que décidément, le corail vif sur mes orteils me va bien au teint. Deux femmes aux cheveux argentés discutent sur le pas de la porte de la droguerie Molière, une boutique au charme surrané. J'aimerais bien y entrer mais je ne suis pas en avance (comprenez : je suis en retard).

    Et puis, enfin, la devanture rouge de l'Oustaou, R. et M. qui papotent comme deux petits vieux à la maison de retraite, et Petite Française qui sirote sagement une margarita.

    Je sais désormais où aller me mettre du baume au coeur si j'ai un coup de blues un soir. En plus de faire des cocktails qui déchirent (R., les 2 mojitos de ce soir m'ont fracassée...), ils passent du reggae. Pour un peu, je remontais sur le comptoir mais vas danser sur du reggae là-haut ...

    M. se présente à petite Française en ces termes : "Je me fous à poil et je gère vos comptes, c'est pas royal? » Heureux les innocents aux mains pleines, ils ne sait pas à qui il parle, celui-là ...

    Après un moment, on est parties dîner dans un japonais du quartier. Je suis descendue 2 fois aux toilettes, ce qui, compte tenu de l'escalier en colimaçon, est un bon baromètre de mon état général. Je m'étonne toujours de ma dextérité sur des talons de 10 centimètres. Ce midi à la cantine, j'ai fait un chassé du pied droit et me suis niqué la cheville, mais ni le plateau ni moi n'avons cillé. La classe. Je n'ose imaginer ce que ça aurait donné dans l'hypothèse où ma mini-jupe aurait touché le sol.

    Après le resto, Petite Française m'a raccompagnée à mon arrêt de bus. Le temps qu'on s'embrasse et se dise au revoir, la conductrice lançait un "Bon, ça y est, on peut y aller ?».

    Je décide de rester à côté d'elle, j'aurais peut-être moins le tournis. "Vous restez là, demande-t-elle. Bon c'est bien je vais pouvoir vous raconter plein de conneries ». On est deux, ma chérie. Elle dit que je parle fort et demande si j'ai des médocs parce qu'elle se traîne un p... de mal de crâne. Moi et les médocs, ça fait deux mais je répond "Vous allez voir, je suis royale pour soigne les maux de crâne ».

    Quand ils montent à bord, je dis bonsoir aux voyageurs, comme A. Y'en a un qui tape sur la vitre du bus pour qu'ele l'attende et A. dit qu'elle ne supporte pas qu'on fasse ça, "qu'elle ne supporte pas la violence ». Je m'étonne du choix des mots, je ne savais pas que le fait de toquer sur la vitre du bus faisait de moi un agresseur.

    Quand elle passe sous l'arcade du Louvre, je ne peux m'empêcher de lui dire que je me suis toujours demandée comment un bus faisait pour passer là-dessous. "Y'en a qui touchent » confirme-t-elle. Elle est marrante, A. Elle entreprend de me raconter des histoires drôles à chier et elle veut que j'en fasse de même. Bon, moi je suis nulle pour les histoires drôles, je n'ai aucune mémoire. Je lui raconte des histoires drôles de cul pendant qu'elle me bassine avec Toto.

    Boulevard Raspail, une femme aux reliefs montagneux monte à bord et A. dit "Moi, j'ai juste ce qu'il faut pour occuper les mains d'un honnête homme ». J'aime bien cette expression.

    Elle repart à 23h50 pour la place Clichy. j'en profite pour lui dire que je n'ai jamais trouvé ce putain d'arrêt de bus à la place Clichy.

    "Vous êtes pas douée" qu'elle répond. Je proteste : "Je suis désolée, j'ai même passé 3 quarts d'heure à tourner autour de la place Clichy avec P_o_L, et P_o_L est loin d'être conne, Madame, même après quelques framboises ». Bon de toute façon, on s'en fout, les travaux sont finis paraît-il, et l'arrêt est au même endroit qu'avant. Sauf que ne sachant pas où il était avant, je ne suis pas sortie de l'auberge. A. qui ne perd pas le nord me lance "Ben, repartez avec moi, comme ça vous verrez où est l'arrêt !"

    T'as raison, je vais quand même pas, chaque semaine, me faire une soirée comme celle de lundi dernier à l'Oustaou. J'ai quand même hésité, en plus !

    A. cherche "quelle histoire drôle elle pourait me raconter pour me retenir ». Elle est marrante. Sur l'avenue du Général Leclerc elle chuchote "J'ai besoin de tendresse, moi ». On en est tous là, ma pauvre. A mon arrêt, son mal de crâne s'est estompé. Ele finit sa ènième blague à chier sur Toto, et tant pis pour les voyageurs qui attendent. "Marchez droit » qu'elle me lance, tandis que sur mon téléphone, un sms de Petite Française, qui s'inquiète de savoir si je suis bien arrivée, s'affiche.

    Je traverse le boulevard en courant, juste pour voir. Tout va bien, les filles.