La photo ci-dessus confirme les hypothèses émises par Mère Mi en mon absence. Ell se demandait ce que je faisais, et bien voici la réponse en images !
Jeudi dernier, atterrissage à 23h15 à l'aéroport de Dublin. Dommage, la nuit m'empêche de profiter de l'approche des côtes irlandaises. A l'arrivée, une gigantesque file d'attente pour les taxis, nous arrivons très vite à Swords, dans la jolie zone pavillonnaire ou réside Ma Maguy. Elle habite près du centre commercial de Boroimhe, ça se prononce "Boriva". Le lendemain, je suis réveillée à l'aurore par la lumière du jour. Hé oui, bizarrement en Irlande, les volets sont rares. Je me lève et déjeune en discutant avec Ma Maguy.
J'ai rendez-vous à 12h30 avec une amie très chère que je n'ai pas vue depuis près de 7 ans. Une de ces irlandaises qui rendent hommage à la réputation de ce peuple, un coeur en or, une grande sensibilité, un sourire merveilleux et une immense ouverture d'esprit. Elle s'appelle Blaithin et ce prénom, qui signifie "Petite fleur", lui va à merveille. Je la connais depuis le tout premier jour de mon arrivée en Irlande, en 1996, puisqu'elle faisait partie de mon équipe chez AA. Blaithin est partie à Londres peu de temps avant que je ne rentre en France et j'avais hâte de rencontrer sa petite Roisin, née là-bas. Nous nous sommes retrouvées au Cock Tavern, un joli pub tout en bois dans la rue principale du village de Swords. En l'attendant, j'ai commandé ma première pinte de Guinness. La Guinness n'est jamais aussi bonne qu'en Irlande, c'est une bière qui voyage mal. Boire une pinte de Guinness revête un caractère sacré chez moi. Comme il y a un rituel pour la dégustation du vin, une pinte de Guinness se flaire, s'admire, se goûte. J'aime regarder le barman remplir la pinte à demi, sa robe brune fait des volutes, puis la laisser reposer et finir de la remplir, surmontée de sa belle mousse ivoire. Alors que je savourais le goût amer de ma belle brune, Blaithin est entrée dans le pub, tenant par la main une petite fille blonde. Elle n'avait pas changé, ma petite fleur irlandaise ...
Avant de quitter le pub, j'ai pris une photo de la plaque de porte des toilettes des dames. Ca vous rappelle quelque chose, les filles ?
Vers 14h, retour à la maison ou Michou nous retrouve. Ca fait des années que je le connais et c'est la première fois que je le rencontre. Il est arrivé en Irlande il y a 4 mois, un autre de ces immigrant du Sud venu chercher une vie meilleure en Europe. N'ayant pas encore le droit de travailler et parlant très peu anglais, il s'ennuie ferme. Nous passerons donc ces 4 jours avec lui. Il s'avère qu'il est charmant, courtois et d'un calme olympien.
Nous prenons tous les 3 le bus 41, un de ces fameux bus à 2 étages, inconfortable et fort polluant. Comme toujours pendant les 6 années passées dans ce pays, je monte au 2ème étage et m'installe à l'avant du bus; sensations fortes garanties surtout dans les virages.
Nous passons à Drumcondra, ce quartier ou j'ai vécu en coloc avec Claire dans une grande maison avec une porte géorgienne verte si typiquement irlandaise. Un pont emjambe la route, on peut y lire "Good to be back home". L'émotion me gagne car l'Irlande est mon pays de coeur. Et chaque retour sur cette île qui symbolise pour moi le temps du bonheur me remplit de nostalgie douleureuse.
J'aime beaucoup le quartier de Drumcondra, c'est là que se trouve le jardin botanique national et la roseraie où je me suis promenée si souvent. C'est là aussi qu'alors hôtesse de l'air, dans mon joli uniforme vert, je prenais chaque jour le bus ou un taxi de la société Near Cabs pour me rendre à l'aéroport. Le bus tourne alors dans O'Connell street, passe devant la GPO (General Post Office) ou se réfugièrent en 1916, avant d'être massacrés, les insurgés qui venaient de procclamer la République d'Irlande.
J'entraîne Michou et Maude dans Moore street, à quelques pas de Parnell street ou j'ai vécu également. Moore street est une rue piétonne assez crasseuse ou se succèdent marchands de poissons, de fruits et légumes et de fleurs. J'y retrouve ma poissonnière, Rosie. Quand je la salue d'un "How ya doin' Love?", avec mon plus bel accent irlandais, son regard se fait interrogateur. Quand je lui demande si elle me reconnaît, elle me répond "Comment aurais-je pu oublier ? L'hôtesse de l'air !". Je pose avec elle pour la photo que je publierai prochainement. Même rituel chez mon boucher de FXB's, Franck, qui me reconnait tout de suite lui aussi, après 5 ans.
Nous traversons Temple Bar, ou j'ai travaillé comme serveuse dans le très bon restaurant, Elephant & Castle, réputé pour ses ailes de poulet épicées. Nous voici sur Dame street, nous passons devant le pub gay 'The George" puis nous entrons au Globe. Ce n'est pas mon bar préféré mais c'est là que nous avons rendez-vous. Mon restaurant indien, Jewel & the Crown, est malheureusement fermé pour travaux, quelle déception pour moi qui attendais avec impatience de m'attabler devant un bon lamb jalfrezi !
Le lendemain, nous achetons bacon et oeufs pour nous préparer un petit déjeuner consistant avant de retrouver Salim à Bray, une jolie ville au bord de la mer dans le Sud. Nous prenons le métro, le Dart, qui porte bien mal son nom de "flèche" et passons à Tara street avant de longer la mer : Dalkey, Monkstown d'ou j'envoie un SMS à Hervé qui y a vécu, Dun Laoghaire puis Bray. Salim fume sa clope en nous attendant à l'extérieur de la gare. On va boire un café sur la plage de galets ou le soleil a attiré de nombreux promeneurs.
Je voulais grimper jusqu'à Greystones, qui se trouve juste derrière la montagne de Bray Head, pour savourer un bon crumble à la rhubarbe dans le jardin du salon de thé Poppie's, mais Salim m'informe que le propirétaire a changé. Il nous propose d'acheter un crumble au magasin Avoca et de le manger chez lui. Il a une mignonne petite maison, très cosy, avec plein d'éléphants dans son salon. Salim est un gourmand comme moi, après avoir englouti le crumble il a tenu à nous confectionner des brownies au chocolat.
A 21h30, on retrouve Michou devant la GPO et je les emmène dans un de mes pubs préférés, le Porterhouse dans Parliament street. Dans ce pub sur 3 niveaux, pas de Guinness, ils brassent leurs propres bières et elles sont savoureuses. Ce soir là, il y a un groupe de musiciens, ils sont très doués, on chante et on danse, ambiance pub, quoi, encore plus agréable maintenant que la cigarette y est interdite.
Le lendemain matin, je sacrifie le brunch dominical pour manger le bon madesu que Ma Maguy nous a préparé. Vers 14h, mon vieux pote Bedel sonne à la porte. Il nous accompagne à Howth pour une ballade qui est un autre de mes rituels. Je ne peux passer un séjour à Dublin sans déguster un fish & chips sur la jetée de ce port du nord de Dublin.
Chez Beshoff, on mange un des meilleurs fish & chips, le cabillaud a une belle chair nacrée, parfaitement cuite, et pour ceux qui aiment ça, on peut arroser ses frites de vinaigre. Ca ne vous donne pas faim, ça ?
On finit la journée au pub qui se trouve sous la station de Dart, au soleil. Le soir, je mange un bon poulet à la moambe, avec des bananes plantain, en discutant avec Grady, la fille de Ma Maguy. C'est une belle jeune fille de 16 ans maintenant. Le lendemain, c'est mon dernier jour en Irlande.
Nous retrouvons Salim sur Mary street pour manger un kebab au Epicurian Food Hall.
A 14h30, retrouvailles avec Michou qui nous acompagne dans une séance de shopping jusqu'à 16h45, heure à laquelle je retrouve Cliff devant le magasin HMV de Grafton street, LA rue commercante de Dublin, toujours noire de monde ou des chanteurs ambulants égaient les jours de pluie. C'est là qu'a débuté Paddy Casey, un de mes chanteurs préférés.
Grafton street s'étire de Trinity College à St Stephen's green. Trinity College, prestigieuse université irlandaise, a accueilli en son temps des étudiants aussi célèbres que Oscar Wilde, Bram Stoker (auteur de Dracula), Samuel Beckett, Jonathan Swift (auteur des Voyages de Gulliver). Aujourd'hui Trinity College accueille toujours des étudiants du monde entier et abrite aussi le livre de Kells. Adjacente au parc de St Stephen's green se trouve Baggot steeet ou, coincé entre 2 murs, on peut apercevoir un cimetière huguenot français, malheureusement fermé au public, souvenir de cette sombre période de l'histoire de France ou les protestants durent fuir les persécutions.
Nous buvons un café à la terrasse du Metro Café, le temps de faire quelques photos de Cliff.
Puis Bedel nous rejoint et m'emmène boire ma dernière pinte au Cocoon, un nouveau bar un peu trendy, off Grafton
. Ca faisait un an et demi que je n'étais pas revenue à Dublin. La ville a encore changé. Un hôtel s'est installé dans ma rue. Les berges de la Liffey ont été réamménagées en promenade. La population s'est enrichie d'une nouvelle vague d'immigrants, venus de l'Est. Il y a moins de Chinois et de Français, m'a-t-il semblé, et aussi moins de toxicos. Des couples mixtes sont apparus. Les rues de Dublin sont toujours aussi animées le samedi soir, les Irlandais toujours aussi peu frileux et les chauffeurs de bus conduisent toujours aussi mal.
La prochaine fois, j'irai directement dans le Connemara. Envie d'étendues sauvages, de lacs, de couchers de soleil sur la Sky road de Clifden et de me perdre dans le Connemara parce que je ne comprend rien aux panneaux en gaélique.