Nous sortons de mon restaurant japonais préféré, celui ou je me sens comme chez moi et que je voulais lui faire découvrir, anxieuse de connaître son avis.
"Tu sais, quand tu m'as dit que tu connaissais un bon restaurant japonais, j'ai eu des doutes parce que tu es française", avait-il avoué lors du repas. Et il avait ajouté : "Mais c'est vraiment un très bon restaurant japonais".
Dans le métro, juste après les portiques, au moment de nous séparer, il me demande, avec un sourire énigmatique : "Ferme les yeux".
J'obéis et déjà sur mon visage se dessine le sourire d'une petite fille dont les yeux bientôt vont s'ouvrir sur une surprise. Je sais que l'homme qui me fait face ne va pas m'embrasser. Ou alors, d'un baiser chaste, sur le front, par exemple ?
"Ouvre les mains", dit-il.
Je joins mes mains ouvertes. Déjà, mon coeur bat plus vite. Un souffle léger comme une plume tombe au creux de mes mains.
"Tu peux ouvrir les yeux", dit-il. Je vois son sourire, son crâne nu, je baisse les yeux.
Au creux de mes mains jointes, un oiseau de papier s'est délicatement posé.
"C'est un origami ? C'est toi qui l'a fait ?" demandai-je.
"Oui, c'est un petit grue", répond-il doucement.
J'ai délicatement pris le fragile oiseau entre mes doigts, l'ai rangé dans mon sac en prenant soin de ne pas l'abîmer.
Posée sur la commode face à mon lit, la petite grue de papier rouge et blanc veille désormais sur mes nuits. C'est un des plus jolis cadeaux qu'on m'ait faits.
["Ori-tsuru", la petite grue en papier, symboliserait la longévité et la paix, en raison d'une jeune fille japonaise appelée Sadako Sasaki. Vous pouvez lire son histoire et apprendre comment réaliser un Ori-tsuru ici]