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2yeux2oreilles - Page 10

  • Le jeune homme de la place de la Madeleine

    A l'automne, dans un des couloirs de la sortie du métro Madeleine, j'ai découvert un jeune homme, assis sur un petit carré de tissu. Il était propre, rasé de près et il adresait un sourire doux aux passants. On aurait dit qu'il s'était trouvé chez lui et s'était dit "Tiens, si j'allais m'assoir dans le métro pour regarder les gens passer?" 

    En le retrouvant chaque matin, au détour du couloir, j'ai ressenti le même sentiment de malaise et de curiosité : il avait l'air content d'être là, dans ce courant d'air glacial que je m'empressais de quitter.

    Un matin de décembre, il n'était plus à sa place. A quelques mètres de là, devant l'entrée du Darty, un groupe de 3 ou 4 clochards hirsutes et avinés avaient installé leurs matelas. J'ai retrouvé le jeune homme sur la place, sagement assis sur la marche d'un immeuble de bureaux. Il souriait toujours. J'ai pensé "Merde, ça va être dur pour lui d'être à l'air libre, avec ce froid". J'ai supposé que les autres l'avaient chassé.

    Au fil des semaines, je l'ai vu changer. Une barbe a poussé sur ses joues jadis lisses. Un matin, j'ai remarqué une vilaine entaille et du sang séché sur son sourcil. J'ai pensé " Qui a pu frapper quelqu'un d'aussi doux?" Il a vieilli d'un coup, son visage s'est creusé et durci, son sourire est devenu forcé. Je continuais de le saluer et il me répondait toujours d'un signe de tête mais ses yeux sont devenus noirs, comme chargés de colère. 

    Un matin, je me suis penchée sur lui : "Si je vous offre à manger, vous le prendrez ?". Il a fait un signe de tête et j'ai compris qu'il ne parlait pas français. Je l'ai questionné "Vous parlez anglais?" et il a répondu avec ce délicieux roulement de r : "Roumane".
    Je suis repartie ébranlée et triste "Putain, mon frère roumain, qu'est ce que tu es venu faire ici?". En cheinant, je le revoyais quelques mois plus tôt, avec sa tête de jeune étudiant curieux du monde.
    J'ai décidé de profiter du Carême pour utiliser l'argent qui m'était alloué pour déjeuner à lui acheter un sandwich, des fruits. Et puis, un matin que j'emmenais des cookies maison pour mes collègues, j'ai ouvert la boîte et lui en ai offert.

    Au fil des jours, j'ai eu l'impression qu'il ne me reconnaissait plus. Ou alors la tristesse brouillait désormais son regard et faisait de nous tous des ombres anonymes et filantes. 

    Je supporte de moins en moins que tous ces humains en déchéance fassent partie de notre paysage, comme si c'était normal,. Ils augmentent de jour en jour, des jeunes, des vieux, des femmes, des mères, des grands-mères. Certains nous renvoient nos propres peurs : hier un humain, un nom, une personne aimée, demain un animal dont la crasse et la puanteur répugnent.

    A mon retour de Naples, le jeune Roumain avait disparu. Je l'ai guetté en vain les jours suivants. Il a peut-être changé de quartier ou alors, comme je l'espère, il est rentré chez lui.

  • Capri c'est -vraiment- fini

    Ce matin, direction le port, pour aller faire un tour du côté des îles. Le soleil y sera peut-être …

    Toujours méfiante envers les endroits touristiques, je suis plus attirée par Ischia mais l’employé de la billetterie nous conseille Capri, vu le temps imparti pour la visite. Nous galérons un peu : plusieurs compagnies desservent les îles et celle du retour n’est pas forcément la même qu’à l’aller. Le prix en hydrofoil (bateau rapide, 50 minutes de traversée contre 1h20 en bateau normal) est de 17€. Une employée nous informe que le retour que nous avions prévu, à 18h10, est annulé pour cause de météo. L’autre billetterie nous assure de l’inverse et nous embarquons donc, munies de nos billets retour.

    L’arrivée sur Capri, vers 13h30, n’est pas magique ; la marina est déserte, les maisons moches, le soleil toujours absent. Nous dédaignons le funiculaire et grimpons les rues escarpées jusqu’à la place principale. La plupart des boutiques – de luxe – sont fermées, ainsi que les restaurants et la pâtisserie de l’île, en travaux. Après un arrêt à la parfumerie Carthesia, où Choups achète« un flacon de « Marco », nous nous mettons en route pour la villa Jovis de l’empereur Tibère, à l’extrême nord-ouest de l’île. Je n’ai aucune idée du temps nécessaire à la randonnée et je suis un peu stressée car nous devons nous laisser assez de temps pour rejoindre la marina.

    Vers 16h, nous voilà devant la grille de la villa. Hélas, un panneau nous informe qu’elle n’est ouverte que jusqu’à 14 heures. « Bon ben tant pis, la balade était belle, tant pis pour la vue » nous disons-nous, tournant les talons. Et là, venant à notre rencontre, un petit monsieur qui avec force gestes, nous demande si nous voulions visiter l’endroit. Nous répondons oui, mais c’est fermé et là, il agite des clefs. On a trop de chance !

    Le monsieur essaie ses clés dans la serrure, sans succès, et nous fait signe d’escalader les barrières. Ni une ni deux, nous enjambons tous les 3 les palissades et avons droit à une visite privée du site. C’est vrai que la vue est magnifique sur Sorrento et la côte almafitaine. En dessous de nous, à pic, l’eau est turquoise. « Il a dû couler des jours heureux, ici, l’empereur » remarque Choups.

    Après quelques photos, nous remercions notre héros du jour qui refus refuse l’argent que nous essayons de lui donner pour se payer un café. Prévenues qu’il ne faut jamais froisser un napolitain, nous n’insistons pas et glissons les 2€ que nous aurions dû payer pour la visite dans une caisse en bois destinée à la rénovation de la chapelle.

    Finalement, il est tôt et une autre curiosité de l’île est proche : l’arco naturale, une formation rocheuse en forme d’arche. Nous y parvenosn en moins de 15 minutes, clic-clac, quelques photos et nous redescendons jusqu’à la place princiaple  (c’est long !). L0, comme nous sommes un tout petit peu congelées, nous capitulons et nous installons en terrasse (chauffée) pour un café et surtout un beau coup de bambou : 5€ un espresso ristretto et 2€ pour un mini baba, certes délicieux. En chemin, nous nous disons que vraiment, Capri c’est moisi et que ça ne valait pas le voyage. Choups sort même « Franchement, moi, venir à Capri dans l’espoir de croiser des starlettes comme Rihanna et son mari Jayze, j’en ai un petit peu rien à foutre ! »

    « Oui, surtout que Jayze est marié à Beyonce, pas Rihanna »

  • Naples jour 2 : vieilles pierres, ossuaire et bord de mer

    Ce matin, les klaxons me réveillent vers 8h15. Je mets mes bouchons d'oreille et me rendors jusque 9h30. Qund j'ouvre les volets, le ciel est blanc et il fait un vent à décorner un cocu. 

    Vers 11h, nous remontons la Via Toledo jusqu'au musée archéologique. L'entrée coûte 8€ + 5€ d'audioguide. Mon guide disait que le musée était un must et je confirme : magnifique. Les salles, sobres et épurées, mettent merveilleusement en valeur les gigantesques statues. Admirez le fessier parfait d'Hercule ...

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    Au premier étage, je goûte particulièrement la collection de mosaiques trouvées sur le site de Pompei, tout proche. Un de mes commerciaux m'avaient déconseillé la visite de Pompei : "Tu n'y trouveras que des pierres" et pour cause, tout est ici, dans le musée archéologique.

    Au détour d'une porte, une salle somptueuse : la salle meridienne, 54 metres de long et 27 metres de hauteur, un plafond splendide.

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    Juste avant de partir, un petit tour par le cabinet secret :

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    La visite du musée est vraiment agréable, il n' a qasiment personne et les photos sont autorisées.

    A la sortie, nous décidons d'aller visiter le cimetière delle Fontanelle, dans le quartier Rione Sanita, qui semble tout proche. Cette zone dans le nord de Naples serait, depuis l'Antiquité, vouée au culte des morts. Hélas, n'ayant pas une information essentielle, celle qe le cimetière est soterrain, nous prenons la Via Salvator Rosa et nous perdons dans le dédale des rues. Là, on sent clairement qu'on est en dehors des circuits touristiques; la population est exclusivement locale, les rues désertes et sales. Un homme auquel nous demandons notre chemin nous renseigne en ajoutant "Attenzione", nous foutant la trouille alors que nous nous sentions jusque là tout à fait en sécurité.  Finalement, après avoir tourné en rond un long moment, et prêtes à abandonner, nous trouvons enfin la Via Fontanelle et une pancarte jaune. Nous pénétrons dans une galerie à peine éclairée, une sorte de mine où sont alignés des centaines de crânes et d'os. L'endroit est délicieusement lugubre. 

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    A la sortie, nous nous perdons de nouveau jusqu'à ce que j'aie une ilumination. La rue Santa Teresa degli Scalzo, que nous cherchons depuis 10 minutes est en fait au-dessus de nous, il suffit de prendre un ascenseur pour la rejoindre ! 

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    Cette artère est assez agréable et nous la descendons jusqu'à touner à droite jusqu'à la plce Mntesanto où nous prenons un funiculaire (1€) jusqu'à l'arrêt Morghen, qui marque le début du résidentiel et chic quartier Vomero, perché sur une colline. Les escaliers donnent au quartier un air de Montmartre.

    De là, nous resdescendons jusqu'au front de mer, le Lungomare. La descente dans le soir couchant est des plus agréables, à travers les jolies demeures colorées, avec une vue splendide sur la baie de Naples. Nous sommes en revanche frigorifiées. 

    Après la Via Chiaia, nous débouchons sur la piazza Martiri, où nous nous réchauffons devant un verre de vin blanc et un Campari soda. Nous sommes vendredi, le soleil s'est couché et les rues sont noires de monde. Nous continuons sur la Via Morelli puis la Via Chiamontone, avant de bifurquer à droite vers l'immensité noire, de longer la mer jusqu'au château de l'Oeuf et le port de plaisance du Borgo Marinari, un ancien village de pêcheurs. Nous nous attablons  au O'Tabbacaro, un modeste restaurant aux chaises en plastique. Nous sommes seules dans le restaurant et commandons un antipasti de poulpes, crevettes et moules, puis des spaghettis alla Conte, aux crevettes et calamars. 

    Quelque temps après une famille entre et s'installe, puis deux musiciens viennent nous chanter des chansons napolitaines. Peu après, un bel homme buriné, vêtu d'un caban bleu marine s'attable seul. Quel prétexte j'ai trouvé pour engager la conversation, je ne sais plus, toujours est-il qu'en moins de dix minutes, je l'invitais à notre table, que 20 minutes après, nous étions en train de chanter et taper des mains avec Marco, la cinquantaine, directeur d'une entreprise d'acier à Turin, et la table voisine, que nous avons fait la fermeture du resto et qu'après plusieurs verres de rouge, je n'avais plus du tout froid. 

    Nous sommes rentrées en riant à gorge déployée tout le long du chemin, enchantées de cette journée éreintante mais intense, et de notre deuxième soirée tout aussi conviviale que la première. Demain, Capri ! 

  • Naples jour 1

    8h40, nous aterrissons à Naples sous la pluie. Rien ne peut entamer notre joie d'être ailleurs pour un weekend entre filles. Après plus d'un an sans autre pause que 15 jours maussades en août dernier, j'ai attendu cette escapade en mode dolce vitta. En dehors de vacances près de Venise quand j'étais ado et de quelques heures d'escale à Florence quand j'étais hôtesse de l'air, je ne connais rien de l'Italie. Je rêve de Naples, Capri et des Pouilles depuis longtemps. Amatrice de vieilles pierres, cette pause tombe à pic dans la vie de mon amie Choups. 

    A l'aéroport, après voir vérifié où nous devions nous arrêter pour notre hôtel, nous montons dans l'Alibus. Un black qui nous entend discuter nous dit qu'en achetant notre billet au tabac de l'aéroport, nous aurions payé 3€ au lieu de 4 à bord du bus. Bon à savoir pour la prochaine fois (car j'ai déjà l'intuition qu'il y aura une prochaine fois).

    Au 2ème et donc dernier arrêt, nous descendons à quelques pas du port où se dressent d'imposants ferries et un édifice tout aussi impressionnant, le Castel Nuovo. Sous une pluie battante, nous trouvons sans peine la via Medina. En revanche, le numéro 17 est une porte cochère sans trace d'hôtel. Le porche sombre, l'ascenseur vieillot ne sont guère engageants. Pourtant c'est bien là, au 3ème étage, que se trouve l'hôtel Napolart; soudain, je crains le pire mis une fois la porte passée, un décor moderne et lumineux me rassure.

    Un charmant jeune homme nous offre un café et nous propose de patienter dans la salle attenante, le temps que notre chambre soit prête. Là, je louche sur les appétissantes pâtisseries disposées pour le petit déjeuner et me vite laisse tenter par une viennoiserie feuilletée en forme de coquille saint-Jacques. 

    [Précision : Evidemment je ne vais pas venir à Naples, capitale de la bonne bouffe, et faire le carême ! Si je trouverai sans aucun doute mon bonheur ici en terme de poissons et fruits de mer, j'ai bien l'intention de me siffler quelques apéros et de faire honneur aux pâtisseries. Donc parenthèse de 4 jours et je ferai comme pour le Ramadan, je rattraperai]

    Pour l'heure, j'ai bien choisi : un sfogliatella, chausson feuilleté fourré de ricotta au citron, spécialité napolitaine qui serait d'origine arabe. Un délice ! Après 4 heures de sommeil, un 2ème café est bienvenu. Quand je demande à payer, le serveur refuse : le petit-déjeuner est offert. Notre séjour commence bien ...

    Peu après, nous prenons possession de notre chambre et c'est une deuxième bonne surprise. Une chambre spacieuse et claire, très douillette, une salle de bains luxueuse, une propreté irréprochable. Décidément, j'ai de la chance avec les hôtels, je tombe toujours bien ...

    Le temps de déballer nos valises, de décider vaguement de la direction à prendre, et nous voilà reparties. Juste à côté de l'hôtel, nous entrons dans une - première - église où 2 adorables mamies nous prennent en charge pour une visite guidée et gracieuse, et entourent sur notre plan de la ville les endroits à ne pas manquer. 

    Au pif, nous avons pris la direction du quartier Spacccanapoli et nous enfonçons dans des ruelles étroites où piétons, vespas et voitures se faufilent. Le linge pend aux fenêtres, recouvert de plastique, les façades sont décrépies, la ville semble délabrée mais l'ensemble charmant. J'ai toujours aimé le bordel et l'imperfection. 

    Après les visites des églises baroques du Gesu Nuovo et gothiques de Santa Chiara, nous nous trompons de direction et prenons la Via Pasquale Scura, au bout de laquelle on aperçoit, dans les hauteurs, le château Sant'Elmo. Nous retournons sur nos pas pour nous engager dans la Via Benedetto Croce. 

    Comme il est déjà 13h30, nous décidons de filer tout droit jusqu'à une institution napolitaine : la pizzeria Sorbillo. Là, nous attendons à l'extérieur que la patronne nous appelle au micro. La clientèle est locale. Au premier étage, dans une salle à la décoration sommaire, nous nous attablons devant des pizzas Margherita au diamètre impressionnant. La pâte est fine, le basilic parfumé et le succès indiscutable : 

    Maintenant repues, nous pouvons revenir un peu sur nos pas.

    Juste avant la place San Domenico Maggiore, nous repérons la pâtisserie Scaturchio, un incontournable d'après mon guide, où de superbes gâteaux s'exhibent. Le ministeriale, un médaillon de chocolat fondant fourré de liqueur, fera le bonheur des nombreux amateurs de chocolat qui m'entourent. 

    Hélas, l'église de San Gregorio Armeno, réputée somptueuse, est fermée. Nous remontons la via San Gregorio Armeno, bordée de boutiques de santons où l'on trouve pêle-mêle des figures religieuses, politiques, des stars et des sportifs.

    L'église gothique San Lorenzo et ses neuf chapelles rayonnantes est de toute beauté ainsi que sa voisine, la Santa Maria delle Anime del Purgatorio. Ma copine Choups, qui goûte l'architecture italienne, est aux anges. 

    Nous prenons la Via del Tribunali jusqu'à la Via del Duomo, une jolie artère aux bâtiments bien alignés et colorés, en contraste avec les ruelles étroites et sombres empruntées jusque là.

    Nous voici donc dans le quartier du Duomo (cathédrale) et nous la visitons bien sûr, ainsi que la crypte de San Gennaro.

    Ensuite, nous poussons jusqu'à la verdoyante placette Bellini où nous nous attablons, moi devant un Brasiliano, et elle devant un thé à la menthe. De là, nous descendons la via San Sebastiano, bordée de boutiques d'instruments de musique et retrouvons notre chemin jusqu'à la Via Medina sans même l'aide du plan. Trop fortes les meufs. A l'approche de l'hôtel, je ressens soudain un petit coup de barre. 

    "Mine de rien, ça fait juste 12 heures qu'on est debout" dit Choups. "Et surtout, on a dormi 4 heures ..."

    Arrivées à l'hôtel, après une légère somnolence, je blogue et elle chantonne en pianotant sur son téléphone.  Ce soir, on va dîner dans les Quartieri Spagnoli ...

     

  • Jeûne annuel : c'est reparti !

    Mardi soir, je fêtais ma dernière soirée « normale » avant mon jeûne annuel. Je vous rappelle le « régime » alimentaire qui va être le mien pendant les prochains 40 jours, basé sur les préceptes et le calendrier du Carême : arrêt total des graisses animales (viande, œufs, lait, fromage, beurre etc.), de l’alcool, du thé, café, sucreries. En gros, je ne peux manger que du poisson, des légumes, féculents, céréales, légumineuses et fruits. Et comme le but premier de ce jeûne est de mettre mon système digestif au repos, je me limite à un repas unique, le soir. Ni petit-déjeuner, ni dîner.

    L’année dernière, c’était ma première fois, que j’ai racontée là. Ma copine Choups, déjà quasi végétarienne, l’a fait avec moi et cette année, mon frère, impressionné par ma forme éclatante et ma bonne mine, a décidé de s’y mettre aussi. 

    J’ai d’abord retrouvé ma vieille copine ex-blogueuse Cha pour notre dernier verre d’alcool avant 40 jours. Ensuite, je me suis installée au comptoir de Toritcho pour une dinette nippone. C’est drôle parce que mon dernier repas avant Carême, l’an dernier, se fit aussi chez Toritcho et que la dernière fois que j’ai vu Cha, c’était l’année dernière, pendant le Carême.

    Chez Toritcho, il y a avait un couple japonais. Je ne sais pas si c’est parce que j’ai salué le patron en japonais mais ils ont commencé à me faire des sourires bienveillants, jusqu’au moment où ils m’ont offert un verre de saké. J’ai refusé poliment mais au bout d’un moment, le patron a posé devant moi un verre : « Goutez, c’est vraiment bon ». C’était tellement bon, et c’était tellement un repas de fête, que j’ai commandé une bouteille. J’en ai bien bu 4 – petits- verres, et j’ai ramené le reste chez moi. 

    Le lendemain matin, au réveil, j’avais une tête de chouette. C’est pas fort le saké, mais ça plombe. Et puis j’avais pleuré de rire au dessert avec ma copine Choups, ça aide pas.

    Mercredi donc, 1ère journée de jeûne. Mes collègues musulmans, habitués du Ramadan, ont pris de mes nouvelles et m’ont encouragée. L’année dernière, ils furent bien les seuls à me comprendre. Pour ceux qui n’ont jamais jeûné de leur vie, se priver des 3 repas quotidiens est, au mieux, intéressant, au pire, débile et/ou dangereux. Certains avaient tenté de me convaincre que c’était mauvais pour la santé. Ça m’a fait sourire car je pense le contraire : c’est notre façon « normale » de nous alimenter qui est mauvaise pour la santé. La pire réaction avait été celle d’une cliente, qui m’a carrément agressée et  à laquelle j’ai répondu que je ne lui demandais pas son avis sur la question mais que je l’informais juste que je serais ravie (pure hypocrisie professionnelle car c’était une vraie conne) de déjeuner avec elle et ses collaboratrices, mais que pour ma part, je me contenterais d’une bouteille d’eau.

    Cette année, mes collègues sont habitués. Il semble que les gens intègrent de plus en plus l’idée qu’on puisse éprouver le besoin de nettoyer l’organisme. Les émissions anxiogènes sur la quantité de saloperies qu’on nous fait ingurgiter à notre insu y sont sans doute pour quelque chose. 2 de mes collègues masculins ont d’ailleurs pour habitude de ne pas manger le midi.

    Mercredi, après avoir bu au moins 3 litres d’eau, j’ai eu un gros coup de barre vers 15h, coup de barre auquel le saké n’était pas totalement étranger, à mon avis. J’ai pris des news de mon frérot par sms, il était dans le même état cotonneux. A 18h, j’ai plié les gaules et l’air frais m’a un peu réveillée. Vers 20h, on s’est attablés devant un steak de thon et du riz complet, pour finir sur une salade de fruits rouges nappée de yaourt au soja. Mon frère était très fier de lui.

    Hier, 2ème jour, même coup de mou vers 15h30 mais ça n’a duré qu’une heure. Ensuite, après quelques fruits secs et oléagineux, j’ai enchaîné 1,2 kms de nage au KB puis je me suis attablée chez Fratello’s où le patron, maghrébin, m’a servi une superbe assiette de linguine aux fruits de mer : "Il faut prendre des forces, je vous ai mis une belle assiette" a-t-il dit. Ca fait des années que je mange, rarement, chez Fratello's et la gentillesse du patron est au moisn aussi addictive que la saveur de la cuisine 

    "C'est incroyable le plaisir qu'on a à manger quand c'est le seul repas de la journée. On savoure chaque bouchée", a commenté mon frère.

    La seule chose qui me désolait à l’idée d’attaquer le Carême, c’était de me couper de la bande de mecs avec lesquels je déjeune chaque midi. Certains d’entre eux avaient l’air désolés aussi « Tu ne vas plus venir avec nous ? ». Je leur ai dit que si ça ne les dérangeait pas, ma pause déjeuner serait quand même vachement plus sympa avec eux et que je boirais des jus de fruits. Vendu. Hier midi, au restaurant japonais, j’ai beaucoup rigolé et sifflé 2 verres de jus de coco.