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2yeux2oreilles - Page 14

  • Un petit tour dans le sud

    Cette journée a été moins fatigante que je ne le pensais. Ce matin, j'ai pris le train de 6h19 à la gare de Lyon, et je viens tout juste de rentrer chez moi (il est 21h30).
    Une belle amplitude horaire de 16 heures ...
    Je profite d'un arrêt en gare d'Avignon pour envoyer une bise à mon pote Obs. Dans la voiture de location qui nous emmène jusqu'à mon client, je vois une pancarte "Calas 1,5 km". J'ai cherché .. Calas, Calas, le nom de ce village m'était familier alors que je n'ai jamais mis les pieds à Aix en Provence. Et soudain, lumière ! C'est là que vit la mère d'un de mes plus chers amis blogueurs.
    La journée se passe bien, les clients sont très sympas et on sort déjeuner sous un soleil de plomb (ça me change !). Au bureau, je continue mon rythme alimentaire d'un repas toutes les 24 heures mais à la brasserie, je m'enquille une entrecôte XXL. C'est que j'ai le sens de la convivialité, moi.J'ai même hésité à imiter mon client et commander une 16, mais j'ai pensé qu'il valait mieux ne pas abattre toutes mes cartes dès le premier jour.
    Ce soir, vers 17 heures, une charmante taxiwoman m'a chargée. On a parlé de nos interactions avec les automobilistes chauffards, moi en tant que cycliste, elle en tant que piétonne. On se ressemble : je mets des coups de lattes dans les portières, elle balance des coups de sabot. En chemin, elle m'a filé de bonnes adresses sur Aix, car je vais y passer pas mal de temps sur les 6 prochains mois.
    A la gare, j'ai appelé le blogueur pour lui raconter que j'étais passée près de chez sa maman.
    "Tu vas y retourner ?" a-t-il demandé.
    "Oui, pas plus tard que jeudi prochain".
    Il prend un train 1 heure après moi, du coup je vais d^^iner avec mon pote parisien dans le centre d'Aix. Trop fort.

    A Paris, mon taxi est crétois et super sympa, lui aussi. Il m'encourage à acheter une maison sur son île. Et me fait rêver de soleil et de calamars grillés ...

  • Retour dans les beaux quartiers

    Hier, j’ai été rappelée à l’ordre par Obs , qui est – un peu- marseillais : « Coucou ma Sophie ! Pas de nouvelles, rien sur le blog depuis 345638962 mois (environ), ça va ? »

    C’est pourtant pas faute d’avoir des choses à raconter. Mais, nouveau boulot oblige, je suis un peu débordée depuis janvier, et carrément sous l’eau depuis juillet. Pour vous dire, mes horaires en juillet ont été en moyenne 9h-20h30 … Je n’ai pas beaucoup profité des –rares – soirées ensoleillées que nous avons eues. Heureusement, ce soir je suis en vacances, et mon ordi perso est réparé, je vais donc pouvoir bloguer comme au bon vieux temps.

    Comme je ne déjeune plus (et oui, le rythme Carême me convient toujours), je profite de ma pause déjeuner et du fait que le plateau soit vide pour vous donner les dernières nouvelles.

    Depuis 2 semaines, mes bureaux se trouvent dans Paris. L’autre jour, j’ai calculé que ça faisait exactement 18 ans que ça ne m’était pas arrivé ! A l’époque, je travaillais pour une compagnie aérienne américaine, rue du Faubourg Saint Honoré. Ensuite, il y a eu l’Irlande pendant 6 ans et puis la banlieue : Guyancourt, Le Plessis-Robinson, Issy les Moulineaux, Ivry sur Seine, et Boulogne-Billancourt, depuis 1 an.

    Quand j’ai appris, quelques semaines après mon arrivée en janvier, que mon nouvel employeur déménagerait du côté de Saint-Lazare pendant l’été, j’ai fait la moue : j’aimais bien BoulBi. Depuis 1 an, j’y avais constitué mon carnet de bonnes adresses : Gusto Divino et le sourire lumineux du personnel, qui me manque amèrement, la Panetière pour son inégalable café gourmand, Pedra Alta pour ses portions gargantuesques et mon ptit serveur préféré, et plus récemment Shiki et Sanki, pour de la gastronomie japonaise à se taper le cul par terre. Et puis aussi la boulangerie du coin de la rue, « Au pain de Boulogne », rapport qualité prix très avantageux pour le quartier, produits frais, pâtisseries et pain fabuleux.

    Et puis, j’avais calculé la distance entre chez moi et mes futurs bureaux, et on m’annonçait 9 kilomètres. 2,5 kms de plus seulement, mais à vélo, ça peut être le quart d’heure de trop, celui qui te fait arriver en nage, d’autant plus que cette fois, j’allais entrer dans Paris.  La perspective de reprendre les transports en commun, avec correspondance à la clé, ne m’enchantait guère.

    Lundi dernier, donc, profitant d’un Paris déjà bien vidé de ses habitants, je tente le coup. Mon appli me conseille un passage par le boulevard Raspail, puis je longe la rue de Rivoli, prend la place de la Concorde et celle de la Madeleine.  Sympa, comme visite touristique, vous me direz. Oui mais je me suis bouffé des pavés à partir de Concorde et jusqu’à mon point d’arrivée.

    Le lendemain, mon autre appli me propose, elle, de passer par les Invalides. Et là, que du bonheur ! Montparnasse, le boulevard puis l’esplanade des Invalides, le sublime pont Alexandre III, les petits et grands palais, la traversée des Champs et un petit passage devant le palais des rois fainéants : l’Elysée.  Et à l’arrivée, 7,5 kms en 26 minutes, soit moins que quand j’allais à Boulbi. Du coup, ça y est, vendu !

    Et le quartier, vous imaginez … C’est la grande classe. A 2 pas de mes restaurants japonais de la rue Sainte Anne, du Mesturet où j’étais pas plus tard qu’hier soir et de mes 2 bars « que je m’y sens comme à la maison »!

    Comme je ne déjeune plus, je profite de ma longue pause déj’ pour visiter le quartier. Avant-hier, je suis entrée dans l’église Saint-Augustin pour confesser mes péchés et effectuer quelques génuflexions en savoir un peu plus sur son histoire, que je vous raconterai un de ces jours. Et hier, j’ai découvert l’endroit où Louis XVI a été enterré juste après sa décapitation, place de la Concorde.

    Bon, je vais quand même sortir me dégourdir les jambes. Et demain matin, 9h, covoiturage pour Saintes, dans l’ex maison de mamie Coco qui est maintenant en maison de retraite. Stay tuned !

  • Elle pédale toujours !

    Ceux qui me lisent depuis longtemps se souviennent de mes fréquents coups de gueule de l'époque où j'allais bosser à vélo.

    En 2008, après 4 années de pédalage à raison de 12 kms par jour, qu'il pleuve ou qu'il vente, j'ai changé de boulot, suis devenue nomade et j'ai remisé mon vélo au local dédié.
    Au départ, j'étais farouchement anti Vélib; respectueuse du code de la route, je ne voulais pas être asssociée aux Vélibistes dont le comportement souvent dangereux est, de l'avis des taxis, bien différent de celui des cyclistes qui circulent sur leur propre vélo. Et puis le Vélib, avec ses 22 kgs, c'est pas vraiment un vélo de course et moi à Paris, je suis plus en mode vélo-cross que balade.
    Et puis, à la faveur des beaux jours, j'ai fait quelques essais et me suis rendue à l'évidence : le Vélib procure une liberté dont me privait mon fidèle vélo. Avec le concept Vélib, tu peux te déplacer en fonction de la météo et de ta forme. S'il pleut ou que tu es fatigué, vivent les transports en commun. Tu as raté le dernier métro ? Ça m'est arrivé la semaine dernière mais comme j'avais prévu le coup, à Réaumur-Sébastopol j'ai troqué mes talons contre des chaussures plates, sauté sur un vélo et fait un retour à la fraîche.

    Depuis un peu plus d'un an, j'ai changé d'employeur et suis beaucoup moins en déplacement. Mes bureaux étant à 6,5 kms de chez moi, j'ai repris les vieilles habitudes et le trajet que je faisais 10 ans plus tôt, mais à Vélib cette fois. Ça fait les cuisses.

    Mon constat, 6 ans plus tard ? Je trouve que les automobilistes sont dans l'ensemble beaucoup moins agressifs envers les cyclistes. Il faut croire que l'apparition des Vélib les a éduqués et obligés à partager le bitume un peu plus intelligemment.
    Depuis 1 an, à part un taxi qui m'a frôlée dans une voie de bus et m'a fait la peur de ma vie (véhicule hybride, je ne l'ai pas entendu arriver), un camion-poubelles qui avait décidé de squatter ma pov' bande de piste cyclable et s'amusait à me serrer (là je suis sortie de mes gonds et j'ai fait des gestes pas jolis du tout), et les nanas (et oui, ce sont souvent elles) qui ont les yeux et les mains sur leur téléphone portable au lieu de la route et du volant, j'ai moins d'occasions de râler (mais je râle quand même, ça rythme mon parcours). Sauf jeudi matin. Ah ouais, jeudi matin, j'ai eu un spécimen de connard comme je n'en avais pas croisé depuis un moment.

    Sur mon parcours, il y a un couloir de bus parfaitement séparé des voies réservées aux voitures. Photo :

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    Je ne suis d'ailleurs pas persuadée d'avoir le droit d'y rouler car le panneau bleu porte le symbole bus mais pas de taxis ni de vélos. Il y a quelques semaines, je me suis dit que j'étais un peu bête de m'enquiller les voitures à droite alors que cette voie est vide. Du coup maintenant, je vérifie que je ne suis pas suivie par un bus, pour ne pas le ralentir, et je bifurque sur cette voie car mine de rien, c'est en descente et tout schuss jusqu'en bas. En calculant bien mon coup, je peux même choper le feu au vert et continuer sur ma lancée alors qu'à droite, le trafic me fait immanquablement buter sur le feu rouge. Ceux qui font du vélo savent à quel point il est chiant d'être arrêté dans son élan.
    Ce matin-là, donc, je file, oreilles au vent (ben oui, j'ai plus beaucoup de cheveux) quand je sens une présence derrière moi. Je me retourne, constate qu'une voiture me suit de près et je râle. En gros ça donne : " Hé ben il est pas chié celui-là ! Tranquille la vie, dans la voie de bus !".
    Arrivée en bas, une erreur de synchronisation au feu précédent m'oblige à m'arrêter (feu rouge). A ma droite les voitures, elles, ont le feu au vert et démarrent. Je marmonne, à l'intention du con qui doit trépigner derrière moi :
    " Ben tu vois t'as rien gagné mon pote ! Et c'est bien dommage qu'il n'y ait pas les condés pour te serrer, ça te ferait les pieds !"
    Et tout à coup, j'entend un coup de klaxon. Incrédule, je me retourne; le type derrière moi me fait signe de me pousser pour qu'il puisse passer . J'hallucine ! Je le regarde, je secoue la tête en mode "pov'type", lui pointe le feu rouge. Il continue de me klaxonner. Et là, Fiso s'énerve. Je me retourne et comme sa fenêtre est ouverte, je gueule : " Alors déjà, vous avez rien à foutre là, c'est une voie de bus, et en plus on est au rouge, abruti !"
    Il me fait signe de la fermer et de me pousser. Le connard fini.
    Le feu passe enfin au vert, je démarre en douceur et laisse cet abruti derrière moi. Mais j'ai passé les 5 minutes suivantes à râler.
    Contre cette nation d'abrutis qui se plaint de la présence policière mais ne fonctionne qu'à ça, comme un chien a besoin d'être dressé. Contre les municipalités qui déploient des armées d'agents pour aligner les gens qui ne paient pas leur stationnement au lieu de choper les chauffards. Pourtant il y en aurait du fric à se faire, et facile, entre ceux qui téléphonent au volant, crament les feux rouges et roulent dans les voies de bus ou en sens interdit (dans ma rue, les scooters s'en donnent à coeur joie).
    A part ça, la crise et nos affligeants politiciens qui comptaient sans doute sur une victoire des Bleus pour détourner notre attention de leurs malversations, la vie est belle. Et vous, ça va ?
  • Au rendez-vous des camionneurs

    Depuis quelques semaines, ma belle brune prend l'initiative, pour nos dîners réguliers, de nous trouver un endroit gourmet (j'ai l'âme poète ce soir, ce doit être l'effet Chalon sur Saône, d'où je vous écris, sous la pluie). Et c'est très reposant. Ce jour-là, elle nous proposait de découvrir, dans le cadre de "La France recuisinée", un plat du terroir parisien, dans un des 5 restaurants parisiens participant à l'opération.

    Si vous ne suivez déjà plus, vous ne faites vraiment pas d'efforts, parce que moi ça fait juste 17 heures que je suis debout (faites le décompte, il est 22h30) et j'ai encore à peu près les yeux en face des trous.

    Lundi dernier, donc, je la retrouvai sur le boulevard Saint Michel où je cherchais désespérément une veste pour m'empêcher d'attraper une angine de poitrine (la vendeuse saved my life). Quelques enjambées jusqu'au quai des Orfèvres, où nous attendait le célèbre Obs, et nous voilà installés tous trois au Rendez-vous des camionneurs. Cet endroit, joliment acidulé, n'a rien d'un routier et propose aussi quelques tables en mezzanine.

    Pendant qu'Obs, incorrigible romantique, admirait la lumière du soir couchant sur le Pont Neuf, je vidais la corbeille de pain. Une tuerie que ce pain Poujauran et son ramequin de beurre salé, j'en aurais fait mon repas ! Et toujours un plaisir d'entendre un restaurateur vanter les artisans qu'il met à l'honneur.

    Le saumon froid à la parisienne, thème phare de ce spécial "La France recuisinée", était tendre et dépourvu de cette pellicule de graisse qui j'y trouve souvent. Servi avec un oeuf mayo et des champignons de Paris, il était parfait. Nous nous étions réservés pour les desserts, et nous avions raison. Moi j'ai fait péter le compteur calorique avec un pain perdu au caramel au beurre salé et glace au carambar, lui avait choisi un cheesecake (mais je ne sais plus de quoi) et elle avait jeté son dévolu sur un moelleux à la pistache. 

    Le Rendez-Vous Des Camionneurs : une très bonne adresse dans un quartier où j'en ai peu. La carte propose, à titre d'exemple : un croque-monsieur au haddock, chèvre frais et oeufs de hareng fumé (dommage, Boug', y'a du chèvre), un tartare de veau au caviar de truffes ou la blanquette de joue de veau du commissaire Maigret.

    72 quai des Orfèvres, Paris 1er (Tél : 01.43.29.78.81)

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  • Du pont de l'Alma au Ranelagh

    Les weekends prolongés sont les meilleures occasions de se balader dans Paris, en grande partie vidée de ses casse-couilles habitants. Depuis un petit moment, le 16ème, peut-être l'arrondissement le plus provincial de Paris, me trottait dans la tête.

    Peu après 15h, munie du"Jeux de piste et énigmes à Paris", offert par ma copine Boug', et de "Paris méconnu", je monte sur un Vélib. Rue Vercingétorix, les promeneurs s'égarent sur la piste cyclable. Place de Catalogne, dont je fais le tour en sifflant à tue-tête "Beguin the beguine", par Django Reinhardt et Stéphane Grappelli, que j'ai écoutés toute la matinée, un jeune homme me fait écho avec un clin d'oeil complice. Je dévale le boulevard Pasteur à toute beurzingue, sifflant toujours. Django a le don de me mettre la patate depuis que je l'ai découvert, à l'aube de mes 20 ans.

    Avant Cambronne, je tourne dans l'avenue de Ségur, déserte, jusqu'à l'avenue Duquesne. De là, je rejoins l'École Militaire et continue sur l'avenue Bosquet, où vendredi soir, j'ai fêté le weekend avec 2 collègues, aux Crocs de l'Ogre, devant une superbe côte de boeuf. Je franchis le pont de l'Alma et dépose mon Vélib car c'est là que mon jeu de piste commence :

    "Ce peut être un moine bouddhiste, un mammifère ruminant, ou un chanteur français amoureux des petites femmes de Pigalle. La place servant de départ à ce parcours sera l'anagramme de ce mot."

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    "Rejoins une flamme qui brille pour marquer l'amitié de la France avec un grand pays. Puis tu prendras l'avenue portant le nom de la ville éclairée par l'original de cette flamme."

    [Cet endroit est devenu célèbre depuis la mort de la princesse Diana. Entourée d'une chaine alourdie de ces hideux cadenas qui plombent les ponts de Paris, on lit sur son socle : " Réplique exacte de la flamme de la statue de la liberté offerte au peuple français par des donateurs du monde entier, en symbole de l'amitié franco-américaine, à l'occasion du centenaire de Herald Tribune (1887-1987)"]

    "Des femmes dévêtues resteront de pierre lorsque tu passeras devant elles, et peu après, Charles Péguy parlera aux mères de leurs fils qui se sont tant battus."

    Sur le parvis du palais de Tokyo, de jeunes skaters torse nu s'élancent dans les airs. Et au pied du palais, il y a des tentes de SDF, parce que c'est ca aussi, maintenant, le pays des droits de l'homme et de la fraternité.

    palais de Tokyo

    "Si tu ne peux pas le traverser, contourne cet édifice qui a la peinture, l'architecture et la sculpture pour devise. Tu parviendras ainsi à la porte principale."

    Ça tombe bien, mon guide "Paris méconnu" signale une curiosité rue de la Manutention. Un jardin potager longe le palais et les habitants ont laissé libre cours à l'humour et la poésie. Olivier, par exemple, y a planté un écriteau où on peut lire :

    Mon potager du palais de Tokyo

    • Les soins d'arrosage
    • Mes tomates-cerises
    • Un coin de paradis en plein Paris
    • Les melons fugueurs
    • Un loisir qui se mérite
    • Mes radis rouges
    • Les pique-nique du dimanche
    • La poule rousse de Maurice
    • Un lieu qui facilite les contacts

    Et mon jardin secret

    rue de la manutention, le jardin aux habitants du palais de Tokyo

    Plus loin, au pied des marches qui mènent à l'avenue du président Wilson, Corinne et Didier ont écrit une ode toute en couleurs à l'amitié :

    "Le pot ... âgé du Palais" parce que nous sommes de vieux amis ... Le vert caresse l'espoir d'effleurer le rose Le rose effleure d'amour de caresser le vert, Le rose s'enivre de quelques gouttes de vert, Le vert goûte aux gouttes enivrantes de rose, Pour le plaisir et sans modération : soyons "terre à terre" ...

    Derrière le palais de Tokyo, il y a le palais Galliera et c'est lui qui porte la devise citée plus haut. Je n'ai pas encore visité ce bâtiment de style Renaissance italienne (ne vous imaginez pas que je sois calée en architecture, c'est mon guide qui l'écrit) qui abrite le musée de la Mode et du Costume, mais je crois me souvenir que Gi a essayé de m'y entraîner lors d'un de ses séjours parisiens.

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    "Un maréchal de France te montrera la direction à suivre pour rejoindre un général, également président du pays pour lequel il s'est battu."

    Alors moi, question grands hommes qui ont servi leur pays, je ne suis pas trés douée. Alors je triche car j'ai lu la suite.

    "Sur cette place le musée Guimet (du nom de son donateur) est l'un des plus grands musées d'art asiatique au monde. En remontant la façade oùles carrés entourant les ronds sont plus nombreux, tu passeras devant un institut portant le nom d'un poète allemand."

    Je parie sur Goethe. Partons donc à la recherche de l'institut Goethe, mais cette fois sans tricher, ce qui me vaut de prendre la façade à l'envers et de m'embarquer dans la rue Hamelin. Je feuillette "Paris méconnu", pour m'assurer de ne rien rater d'intéressant en route, et il me signale un jardin japonais à l'arrière du panthéon bouddhique, annexe du musée Guimet. Il est 17h14 et le jardin est annoncé comme fermant à 17h mais je décide de tenter ma chance et fais le tour du pâté de maisons.

    "Il ferme bientôt" me dit une dame à l'accueil (chouette!). Je fonce. Le panthéon bouddhique, gratuit, est totalement désert. Je m'assieds et me rafraichis quelques instants à l'ombre de l'exigu jardin japonais, bercée par le bruit de l'eau. Le petit pavillon de bois accueille, environ 2 fois par mois et, d'après leur site, uniquement le jeudi, des cérémonies du thé (12€).

    panthéon bouddhique, jardin japonais

    "Puis après avoir longé successivement le territoire koweïtien puis l'état de Bahreïn, tu retrouveras un général récemment rencontré, en compagnie de son ami français."

    Bon, va falloir que je m'y habitue, le 16ème est l'arrondissement des ambassades. Je dépasse les ambassades mentionnées. Sur la place des États-Unis, ils sont là, comme 2 vieux potes, tels Nico et Tonnegrande, mais sans le comptoir.

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    "Dans le dos de cet Américain, la rue du cardinal archevêque de Paris te mettra dans la direction d'un astronome et mathématicien."

    Les religieux, c'est encore moins mon fort. Mais l'astronome mathématicien, je sais ! C'est Galilée ! Je m'engouffre joyeusement dans la rue qui porte son nom et de drôles de choses sur ses façades : un drapeau du Salvador au-dessus d'un restaurant asiatique, un portrait de Galilée, une hélice ...

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    Je débouche sur l'avenue Kléber et mon guide me rappelle à l'ordre :

    "Puis tu longeras des pays dont les capitales sont Caracas et Beyrouth."

    Et merde, c'est reparti pour la chasse aux drapeaux. La vexillologie - de vexillum, nom de l'étendard dans les armées romaines - mon autre point faible. J'ai beau y avoir passé un séjour mémorable en 2004 (dommage je n'étais pas encore blogueuse), aucun souvenir du drapeau vénézuélien !

    Dans la rue Cimarosa, j'en repère 2. J'avance jusqu'à eux ... raté, ce sont les ambassades d'Afrique du Sud et d'Argentine. Ah ! Un autre sur l'avenue ! Encore raté, c'est le Pérou ... Tant pis, j'abandonne et continue ma balade en bifurquant dans la rue Copernic. Ah ben tiens, la voilà l'ambassade du Vénèz' !

    "Entre les deux, le bateau présent sur la façade aurait pu naviguer dans ce réservoir d'eau de la ville de Paris, dissimulé derrière ces hauts murs."

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    Juste avant d'atteindre la place Victor Hugo, j'avise un traiteur chinois et décide de m'offrir une douceur, pourtant sans grand intérêt gustatif, dont je raffole depuis mon adolescence : un gâteau à la crème de soja. Je mords dedans, pouah ! Ça a un vieux goût de moisi ! Je l'inspecte, repère une minuscule tache verte et le rapporte au magasin. La patronne me rembourse sans un mot d'excuse. Tant mieux, en fait j'avais plus faim que soif.

    Place Victor Hugo, je ne trouve pas trace de Jeanne d'Arc.

    "Cette pucelle, brûlée en 1431 par les Anglais, est considérée par certains comme une sainte. Sa statue est adossée au bâtiment dans lequel un saint est honoré. Tu seras sur la bonne route lorsque tu la croiseras."

    Alors je triche et recherche sur internet l'adresse de l'ambassade du Nigéria, à laquelle on fait allusion après une énigme arithmétique incompréhensible (hé, c'est que j'ai eu 1/20 au bac, moi!)

    "Dans la même voie, recherche le numéro de l'immeuble dont le chiffre des unités est le double de celui des dizaines qui est, lui-même, le double de celui des centaines. Tu passeras ainsi devant la l'emplacement de la dernière demeure de " celui qui mourut en son avenue ."

    Bon, comme je n'ai pas envie de rater l'endroit où l'auteur de Notre Dame de Paris, roman qui m'effraya autant qu'il me captiva, a poussé son dernier soupir, je triche encore. Au 124, une plaque indique l'emplacement de l'hôtel où il vécut et son visage est gravé sur la façade. Une plaque de l'histoire de Paris m'apprend que l'avenue d'Eylau fut rebaptisée de son vivant, permettant à ses amis d'écrire "à Monsieur Victor Hugo, en son avenue." Le 1er juin, deux millions de personnes l'escortent en hommage funèbre et triomphal jusqu'au Panthéon, rendu, en son honneur, à sa destination de sépulture des grands hommes.

    Je me demande bien qui pourrait susciter un tel hommage aujourd'hui, en tout cas pas nos hommes politiques, ça c'est sûr ...

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    "Un peu plus loin, tu dépasseras le pays dont Lagos est la capitale."

    Bon, si je ne suis douée ni en histoire militaire, ni en vexillologie, ni en maths, les mappemondes, ça me fascine. Et fan de Fela Kuti, je sais que Lagos est la capitale du Nigéria. Je continue sur l'avenue et stoppe devant le nom d'un artisan bien connu, qui mature ses viandes, que j'ai goûtées lors d'un Fooding, pendant 2 mois. Le temps d'une photo volée de ses canons de côtes en maturation et d'une citronnade au Pain Quotidien, je continue ma route.

    "Il peut être de science, de pétrole, de lumière, de mine, mais dans notre cas, il est artésien et n'en a pas l'apparence. Tu pourras probablement voir les habitants du quartier venir y chercher celle qui est peut-être une des meilleures de Paris, bien qu'elle soit à 28°."

    Ça tombe bien, le puits artésien du square Lamartine était aussi un des spots à ne pas manquer de "Paris méconnu". J'aurais pu le rater si je n'avais été intriguée par un attroupement de bouteilles de plastique. Je traverse l'avenue, et oui, c'est bien le square Lamartine où les gens vienent remplir leurs bouteilles.

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    Comme moi, vous vous demandez : mais qu'est-ce-que c'est qu'un puits artésien ? Et bien, c'est un puits duquel l'eau jaillit spontanément, contrairement à un puits traditionnel où l'eau reste stagnante. Mon guide m'apprend l'histoire de cette petite curiosité. Le forage de cinq puits parisiens fut une des solutions imaginées pour alimenter les Parisiens en eau non contaminée, après l'épidémie de choléra qui frappa la capitale en 1832. Inauguré en 1866, le puits de Passy est le dernier puits artésien de Paris encore en activité. Foré à une profondeur de 587 mètres, il avait pour ambition d'approvisionner les riverains, mais aussi d'assurer l'irrigation du bois de Boulogne et même d'en remplir les deux lacs ! Intriguée par la mention de son goût ferrugineux, incompatible avec la frénésie avec laquelle les gens présents remplissent leurs bouteilles,et puis, hey ! Ce n'est pas si souvent que j'ai l'occasion de boire à la source, je la goûte. Elle n'est pas à 28° ou alors c'est la lourde chaleur qui me la fait trouver fraîche ... et bonne !

    " Grâce à Rodin, il batifole en tenue légère avec les Muses. Va le retrouver à la fin de son avenue." Non ??? Rodin n'a quand même pas foutu le vénérable Victor à poil ? Ben si !

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    "Éloigne toi de cet écrivain en allant du côté du soleil artificiel qui l'éclaire la nuit. S'il est 8h45, les pointes de l'aiguille de l'horloge t'indiqueront dans quel sens tu devras parcourir cette avenue, qui porte le nom de famille peut-être le plus courant en France" (hé non, ce n'est pas Dupont, je mensuis faite avoir aussi !;-) )

    Alors, je voudrais pas faire ma chieuse, mais je me demande quels paradis artificiels fréquentent les auteurs du bouquin pour nous pondre ces énigmes à la mords moi le noeud ! J'ai mis 3 plombes à comprendre le coup des 8h45, qui en plus m'aurait envoyée dans la direction opposée (ben oui, parce que si on veut prendre la bonne route, il vaut mieux, face à Totor à poil, partir vers du 15h15 ou 3 heures et quart pour les insomniaques). Tu comprends rien, cher lecteur ? Moi non plus !

    "Ensuite, tu déboucheras sur une place qui sentirait bon le café si les noms de pays avaient une odeur. Mais tu en sortiras en croisant, toujours aussi vêtu, l'écrivain rencontré récemment. Il te montrera que la vision du poète n'est pas toujours très joyeuse."

    La verdoyante place de Colombie était nimbée d'une jolie lumière, hier soir. Dans le lointain, on distinguait les tours de La Défense.

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    "Pour l'agrément de ta promenade, il sera préférable de choisir un chemin de terre bordé de verdure. À cet endroit, le 21 novembre 1783, on effectua la première ascension en montgolfière."

    Ça tombe bien, j'avais naturellement abordé la place par la droite, longeant un enclos de verdure où se dresse un batiment que je devine être cette organisation pour laquelle travaille ma copine Choups (et où ma foi, je bosserais bien aussi parce qu'ils ont de sacrés avantages, le salaire n'étant pas le moindre).

    " Tu longes le siège permanent de l'Organisation de coopération et de développement économique (O.C.D.E) qui est, depuis 1948, un territoire international."

    Me voici dans le jardin du Ranelagh. Il fut dessiné en 1860 sur l'emplacement du Petit Ranelagh, salon de danse et haut lieu de plaisir pour Marie-Antoinette et la cour jusquà la Révolution Française. Le petit Ranelagh parisien tenait son nom de la rotonde pour concerts édifiée à Londres par Lord Ranelagh, Irlandais amateur de musique. Plus d'histoire ici.

    Ranelagh, un quartier au sud de Dublin dans lequel j'ai vécu quelques mois, porte donc aussi son nom. Vous allez me croire terriblement distraite mais jusqu'ici je n'avais pas fait le lien, ou en tout cas pas consciemment, entre le Ranelagh d'ici et celui de là-bas. Que pourtant je prononçais, comme les Dublinois et à l'inverse des Parisiens, "Ranela". Depusi quelques mois, à l'instar de ma copine Choups, je me forçais à le terminer par un sonore G. Je vais donc reprendre les bonnes habitudes, puisqu'irlandais le Ranelagh est !

    Le jardin est envahi de flâneurs par cette chaude journée ensoleillée. Des jeunes jouent au ping pong, ou plutôt ils s'engueulent bruyamment, s'accusant de tricherie. Tiens, des adultes ont piqué les jeux des enfants ? Ah non, c'est un espace libre de remise en forme, avec des machines comme on en trouve dans les salles de gym.

    Le jardin du Ranelagh est un endroit très agréable et je m'étonne de n'être jamais venue me promener jusqu'ici. Je ne sais pas si c'est la proximité de la place de Colombie mais j'entend pas mal parler latino dans le coin. Sur un banc, je m'offre ma première pause de la journée et note quelques détails de ma balade quand ma copine Jam m'appelle.

    "Tu passeras entre deux tennis bien plus petits et d'un usage différent que ceux utilisés au stade de Roland-Garros, non moin d'ici. Ensuite, dès que l'occasion se présentera, traverse celui que l'on dit clouté et qui ne comporte plus de clous depuis longtemps."

    Un rapide coup d'oeil au musée Marmottan et c'est là que j'abandonne le jeu de piste. Je suis à mi-parcours, il est 20h et mine de rien, j'ai parcouru pas mal de kilomètres depuis 15h. Et puis, j'ai envie d'aller me perdre du coté de la rue du Ranelagh où le guide " Paris méconnu" signale des sites intéressants.

    Je traverse la petite ceinture et débouche sur le boulevard de Beauséjour, désert. Je me dirige vers la rue du Ranelagh qui commence ici avant de me raviser et de poursuivre jusqu'à la rue de l'Assomption. De là, je rejoins la rue Mallet-Stevens, une impasse où se cache "un véritable manifeste de l'architecture moderne : des jeux de cubes blancs et lisses, des décrochés, des gradins, des tours, des jeux d'ouverture, des auvents et des terrasses. Je m'attend à découvrir à tout instant la maison futuriste du film "Mon oncle"de Jacques Tati.

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    Puis je continue la descente de la rue de l'Assomption qui est longue, très longue. Je traverse l'avenue Mozart et note l'adresse du Bô Zinc Café, aux tarifs inespérés dans un quartier aussi chic (plats à moins de 10€). Il est d'ailleurs bondé d'une jeunesse bruyante. Je continue ma route.

    Le 16ème est l'arrondissement des ambassades, mais aussi des terrasses. Du haut de chaque immeuble et de tous les balcons s'échappent des toupets verts.

    Rue Jean de La Fontaine, je tourne à droite pour aller jeter un œil au numéro 14. A posteriori, je réaliserai que c'est là que m'aurait amenée mon jeu de piste, si je l'avais continué. On y trouve le Castel Béranger, un immeuble construit par Hector Guimard entre 1897 et 1898, et qui, en remportant le premier concours de façade de la ville de Paris en 1899, rendit immédiatement célèbre son architecte.

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    Un immeuble étrange, alliant pierre et briques rosées, bois, fonte et acier, grès vernissé et briques émaillées. De surprenantes gargouilles métaliques vert tendre s'accrochent à sa façade. A l'époque, le plus grand nombre renomma cet édifice Art Nouveau "Castel dérangé" mais certains ne s'y trompèrent pas, comme le peintre Paul Signac qui s'y installa. Devant l'immeuble, une station Velib. Il fait doux, le soleil a disparu et je traverse la Seine, rejoins la rue Linois, celle des Entrepreneurs puis celle de l'abbé Groult, et je rentre tranquillement chez moi, alanguie et moite.

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    Une petite balade de 6,1 kms quand même, allongée de 14 kms à vélo aller-retour et une parenthèse à l'écart du bruit et de la fureur de ma jungle urbaine, qui me fait dire encore : Paris je t'aime !


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