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2yeux2oreilles - Page 17

  • Ciao les cons !

    [Suite de ce billet]

    En me quittant, ma potentielle future N+2 avait promis de me recontacter mi-septembre. Après une relance, la DRH m’appelle et propose un entretien par visioconférence début octobre. S’ensuit un test de personnalité, que je complète dans la foulée, puis un long debrief téléphonique au cours duquel la DRH confirme que ma personnalité correspond au profil du consultant et valide ma candidature.

    Ensuite, plus rien entre le 15 octobre et le 7 novembre, date à laquelle je reçois l’appel tant attendu : ma N+2 confirme mon embauche et mon salaire, et propose que je démarre début janvier. Notez qu’il s’est écoulé 3 mois depuis notre premier entretien et surtout qu’il me reste un peu plus d’1 mois pour rompre ma période d’essai avant de passer en CDI, avec 3 mois de préavis. Ma future N+2 me rassure : je devrais recevoir le contrat d’ici 1 semaine. Devant être en Thaïlande à ce moment-là, je lui demande de me le faire parvenir par mail afin que je puisse le lui retourner et poster ma démission immédiatement. Je lui avais déjà dit que, dans la mesure du possible, je ne voulais pas planter ma boite au dernier moment et elle avait loué ma conscience professionnelle.

    Je raccroche, ravie et libérée d’un poids que je traîne depuis des mois : je vais quitter cette boîte de merde ! J’appelle ceux de mes ex-collègues qui sont dans la confidence, mes amis, ma famille et tout le monde est content que je me sois tirée de ce nid de guêpes. Il s’en est fallu de peu …

    Même si je refuse de considérer cette expérience comme inutile car j’ai appris des choses, j’ai quand même perdu presque 8 mois de ma vie à essayer de maitriser un logiciel dont je ne me servirai plus jamais. Et surtout, ma considération pour les employeurs français en a – encore – pris un coup. Ce sera bien la première fois, en plus de 20 ans de carrière, que je mettrai fin à une période d’essai. Ce n’est pas que les mauvaises expériences aient manqué jusqu’ici, mais plutôt la confiance en l’avenir et l’assurance en moi-même, qui ne me font désormais plus défaut. Visiblement, toutes deux ont augmenté en même temps que diminuait ma tolérance aux cons.

    PS : Nicolas, c'est assez court pou toi ? J'ai élagué !

  • Le cheminot retraité

    C’était hier matin. En route pour la piscine du Kremlin-Bicêtre, je pose mon vélib’ devant la Vache Noire (un centre commercial, pour ceux qui ne connaissent pas) et me dirige vers l’arrêt du bus 123, où on annonce 5 minutes d’attente. Je m’abandonne avec plaisir au soleil qui tente une timide percée. A ma gauche, un monsieur bedonnant, visiblement nerveux, scrute le lointain, main en visière.

    « Vous attendez le 123 ? demande-t-il, au bout de quelques minutes. »

    J’acquiesce.

    «  Il passe régulièrement ? 

    - Il est annoncé dans 4 minutes, dis-je, en me penchant pour vérifier l’affichage électronique. 

    Ah, je n’avais pas vu ! Je ne suis pas d’ici. »

    Il commence à me raconter ses malheurs. Débarqué du RER B à cause d’un incident voyageur puis descendu d’un bus rempli de voyageurs très tendus, à l’atmosphère bagarreuse, il est venu à pied de Bagneux et a raté son train à Austerlitz.

    « Sacrée trotte, depuis Bagneux ! lui dis-je.

    Oui, surtout que j’ai une patte folle, dit-il en désignant sa jambe. Je crois que j’ai un train vers 13h, je voudrais bien ne pas le rater !

    Vous voulez que je regarde à quelle heure est le prochain train ? dis-je en dégainant mon téléphone.

    Le prochain train pour Limoges est à 11h42, ça devrait être jouable. Je m’étonne qu’il ait choisi le bus comme moyen de locomotion pour rejoindre Austerlitz.

    «  C’est que je suis ancien cheminot, dit-il, et qu’avec le RER j’ai mes repères. »

    Il me raconte qu’il vient à Paris pour se détendre, ce qui me fait rire. Sa compagne habite Bagneux.

    Nous montons ensemble dans le bus. Il montre à un chauffeur blasé le bon de retard que lui ont fait les agents, pour ne pas payer le ticket de bus, et s’installe à côté de moi.

    «  C’est bien, vous les jeunes vous savez vous servir de ces choses-là, dit-il en désignant mon téléphone.

    -  Les jeunes, les jeunes … dis-je en souriant.

    Moi j’ai 80 ans, je suis un vieux par rapport à vous.

    - Ça c’est sûr, mais pour les jeunes, moi je suis une vieille !

    Il me raconte ses 8 petits-enfants, et le peu de temps qu’il lui reste pour prendre du bon temps, entre visites à la famille et rendez-vous médicaux.

    «  Faut pas croire, on est débordés en retraite !

    Ah ben merde, moi qui espérais enfin buller, ça m’inquiète, ce que vous me dîtes !

    Une dame africaine décide de prendre part à nos échanges animés, tant et si bien que je manque rater l’arrêt.

    Hé  mais c’est là que je descends, moi ! dis-je en bondissant, avant de tendre la main au vieux monsieur.

  • Mi-Carême

    Et oui, c'est aujourd'hui et ça veut dire qu’il me reste la moitié du Carême à accomplir. Je vous rappelle mon régime depuis 20 jours : un repas toutes les 24 heures (le soir) et suppression de toute graisse animale (viande, lait, fromage, beurre) et excitants (alcool, café, thé, hommes). Je dois en être à 3 litres d’eau par jour à ce stade.  En revanche, l’eau à si grandes doses c’est vite lassant, alors maintenant je l’allonge de pastis l’équivalent Franprix du Pulco citron (parce que dans le Pulco, il y a du sucre).

    Je vous imagine déjà, en lecteurs bienveillants que vous êtes, inquiets : « Quoi, not’Fiso, l’épicurienne, privée de barbaque et desserts, et réduite à un repas par jour ?  Mais elle doit dépérir !! » . C’est pourquoi j’écris ce billet afin de vous rassurer : oui, je fais toujours le Carême et non, je ne suis pas en dépression nerveuse. Bien au contraire.

    Je me sens dans une forme que je n’ai pas connue depuis bien longtemps. Je suis alerte comme jamais et tout au long de la journée : finis les habituelles baisses d’attention dues aux phases de digestion. Du coup, après une première semaine régie par la prudence, je me suis remise au saut à la corde, en plus de mes 7 kms quotidiens à vélo pour aller bosser.

    Et mon estomac, comment il va ? Il doit être touuuuuuuuut petit ! J’ai très rapidement perdu l’appétit et ne ressens aucune frustration dans la journée ; je mets même ma volonté à double épreuve puisque j’accompagne mes collègues, que j’adore, à la cafétéria et les regarde manger.  

    Le soir, je casse mon jeûne par quelques fruits secs et m’attable sans impatience. Je pourrais même ne pas manger. Le plus drôle c’est que quand je suis chez moi, je passe mes soirées à cuisiner ! C’est très étrange mais être privée de nourriture m’a redonné le goût de cuisiner. Au hasard de mes recherches de recettes sans viande, j’ai ainsi découvert le bobo aux crevettes, un plat brésilien au manioc, lait de coco et tomates, très savoureux. Hier soir, j’ai cuit des petits gâteaux à la patate douce, que j’ai ramenées à mes collègues ravis ce matin. La semaine dernière, ils ont eu droit à des madeleines.

    Outre cette envie retrouvée de cuisiner, le Carême a été l’occasion de surprises biologiques. Ben oui, parce que forcément, le corps réagit : au bout de quelques jours, des urines quasi-transparentes (car débarrassées des toxines) puis un arrêt complet des selles. D’abord un peu inquiète, j’ai vérifié sur internet que ces symptômes étaient normaux. Aux dires de ma mère, j’ai un teint superbe (autre effet du décrassage). Et enfin, un sommeil serein et profond (merci Sleep As Android). Je sais, c’est pas très intéressant pour vous, mais ça pourrait l’être pour ceux qui, comme moi, se poseraient des questions et trouveraient la réponse ici.

    Depuis quelques jours, la gourmandise a refait son apparition mais pas la faim. Il parait que le retour de la faim est le signe, lors d’un jeûne, que l’on peut revenir à une alimentation normale. Finalement, tout est si simple …

    Et la suite ? Et bien, il est désormais clair que cette expérience, que je pensais ponctuelle, va changer ma façon de me nourrir. Le sentiment de liberté, que de nombreux jeûneurs vantent et qui me restait un mystère, je le connais maintenant. Je me sens tellement bien et libre (car en manque de rien) que je n’ai aucune envie de reprendre mes mauvaises habitudes. Ma consommation de café, que je buvais par habitude plus que par réel plaisir (pause=café), va prendre une sacrée baffe : je pense que je la réserverai désormais aux weekends. Obligée de zapper la caféine et théine au petit déjeuner du dimanche, j’ai découvert une boisson au malt et cacao, que je bois avec du lait de soja, et c’est délicieux (en plus d’apporter 25% des besoins journaliers en magnésium). Après le Carême, je pourrais bien tomber en mode régressif et me remettre à l’Ovomaltine, que j’adorais étant gamine. Quand au petit verre de vin qui accompagnait systématiquement mes nombreux diners  à l’extérieur, il pourrait bien ne plus être systématique.

    A partir du 21 avril, je pense que je vais, à de rares exceptions (déjeuner à l’extérieur avec des clients ou mes collègues), continuer à sauter le repas du midi. Je prendrai un petit-déj léger au bureau (ou pas) et un repas le soir, et ce sera tout.

    La composition de mes repas va changer aussi. J’ai réintégré les légumes secs et céréales complètes dans mon alimentation (je n’ai pas mangé une seule fois des pâtes en 20 jours). J’ai découvert de délicieuses recettes végétariennes où le tofu, par exemple, remplace la viande sans ôter le côté gourmand (le chili sin carne, par exemple).

    Seul bémol : il se pourrait bien qu’à l’issue de ces 40 jours, j’aie à refaire une grande partie de ma garde-robe. C’est la Croix-Rouge qui va être contente.

  • Carême mais quand même !

    Vous me croyiez au pain sec et à l’eau ? Vous rigolez des genoux ou quoi ?

    Contrairement à ce que j’avais imaginé avant le Carême, cette expérience ne m’a pas coupée de toute vie sociale, bien au contraire. Je suis presque chaque soir au restaurant ! D’abord parce que, tant qu’à ne manger qu’une fois par jour, j’ai vraiment envie de partager ce moment de plaisir. Diner devant ma télé toute seule comme une conne serait, pour le coup, une vraie pénitence. Ensuite parce que je manque d’imagination dans la façon de cuisiner le poisson de façon gourmande. Donc, je vais au resto et je me régale de poisson, comme vous allez le constater.

    D’abord le restaurant Les Voiles, trouvé par hasard sur La Fourchette alors que je recherchais un bon restaurant de poissons.

    Un très bel endroit, à quelques encablures de Charles de Gaulle-Etoile. A l’entrée, on vous débarrasse fort courtoisement de manteaux et sacoches d’ordinateur avant de vous conduire dans un grand espace divisé en plusieurs ambiances. Les tables y sont très espacées, visiblement le patron ne fait pas la course à la rentabilité. On nous a donné une jolie table ronde dans la salle où un feu de cheminée flambait joyeusement. La décoration est particulièrement cosy. J’ai eu bien envie, après le repas, de me caler dans le très beau canapé en cuir qui lui faisait face …

    Après une soupe de poissons de roche fort goûtue, j’ai choisi le poisson du jour, une sole entière dont je me suis, inutile de le préciser, régalée. Mes compagnons de table ont tous deux choisi le Breizh Burger : un pain boulanger fourré de bar et champignons au beurre blanc. J’ai zappé le dessert, évidemment, et eux ont choisi une crème au chocolat avec sorbet cacao et 4 jolies madeleines moelleuses.  Je reviendrai sans aucun doute dans cet endroit idéal pour un diner intimiste, où le service n’a rien à envier à la qualité des mets. De plus, le patron met à l'honneur son chef africain et ça, je dis chapeau ! 

    les voiles,le 6 paul bert,l'équateur

    Scusez le peu de qualité des photos, qui ne rendent pas hommage à la beauté des plats, mais l'éclairage tamisé, ça n'aide pas et je n'utilise jamais de flash au restaurant pour ne pas incommoder les dîneurs.

    Jeudi soir, j’ai rejoint mes anciens collègues adorés pour un poisson yassa à L’équateur, un restaurant africain de la rue Saint-Maur. Du coup, j’ai remis le nez dans mon bouquin de recettes africaines. Samedi, j’étais la première (tellement rare que je me fais le plaisir de le souligner) au 6 Paul Bert , où je dinais avec Gi et ma belle Suissesse. J’ai eu une pointe d’inquiétude en découvrant qu’il n’y avait pas de carte mais un menu unique à 44€, qui propose une entrée, 2 plats (un de viande et un de poisson) et un dessert. En entrée, j’ai choisi un carpaccio de sar, pamplemousse grillé, radis et fenouil, le pamplemousse grillé s’avérant être une purée de pamplemousse. Fort heureusement, la serveuse m’a accommodée en me proposant un deuxième plat de poisson en remplacement du plat de viande (n’empêche, j’aurais bien fait sa fête au carré de petit cochon, endives, babeurre et panais).  J’ai donc démarré sur une barbue rôtie, écrasé de potiron, coques et oignon fumé et poursuivi sur un tronçon fondant de poulpe de Saint Jean de Luz, poireaux et ail rôti (en haut sur la photo).

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    En dessert, je n’avais pas vraiment le choix : poire grillée, mousse de caramel, glace au pain. J’ai échangé ma glace au pain contre le sorbet à la betterave de ma belle Suissesse qui avait choisi (voir photo)une ganache et fondant chocolat, sorbet betterave et mûres sauvages (et dures, visiblement). Encore une excellente adresse. Le menu n’est pas donné mais la qualité et les saveurs sont bien là.  

    Et ce soir, je vais Chez Casimir, restaurant breton iodé où je ne regretterai que le fabuleux plateau de fromages. Vous voyez, tout va bien.

    PS : C'est le bordel dans la police de mon billet, désolée les amis.

  • Fiso fait le Carême (Amen !)

    Tout a commencé l’année dernière, en août, avec cette invitation.


    A la suite de cette expérience dont je suis sortie victorieuse, je me suis de nouveau intéressé au jeûne.


    Ca fait des années que ces histoires de jeûne me fascinent. Adolescente, j’avais lu la biographie de Gandhi et étais restée perplexe devant sa force mentale. Jeune adulte, j’avais plusieurs fois eu envie de faire le Ramadan mais l’impossibilité de boire m’avait paru vraiment trop dure et, je dois le dire, néfaste pour la santé. Puis je m’étais souvenue du Carême et en avais fait un billet, au tout début de ce blog. Mais n’ayant aucune volonté devant la – bonne - bouffe, je me sentais incapable de franchir le pas. Tous ceux qui me connaissent s’accordent d’ailleurs à me définir comme une épicurienne et ce blog, qui fait la part belle à mes découvertes gastronomiques, en est la preuve incontestée.


    En tout début d’année dernière, je suis tombée sur l’interview du docteur Frédéric Saldmann qui faisait la promotion de son bouquin « Le meilleur médicament, c’est vous ! ».  et vantait, entre autres, les vertus du jeûne, et en particulier du jeûne intermittent. Il y démentait les messages qu’on nous assène depuis toujours, « 3 repas par jour », « Les produits laitiers sont nos amis pour la vie » en les accusant de n’avoir pour objectif que de nous faire consommer, toujours plus.
    Force est de constater qu’aujourd’hui, les habitants des pays dits riches sont malades et meurent de ce qu’ils mangent. Nous ingurgitons autant voire plus que nos ancêtres alors que nous sommes, pour la plupart, sédentaires et quantités de produits raffinés, pesticides, OGM etc.

    J’ai recherché des infos sur ce mystérieux jeûne intermittent et de blogs en forums, lu pas mal de témoignages d’adeptes du jeûne et ses dérivés (le jeûne intermittent, par exemple). La description qu’il faisait de leur ressenti donnait très envie de s’y mettre. Au même moment, un reportage démontrant les bienfaits du jeûne sur les patients atteints de cancer, diffusé sur Arte,  acheva d’éveiller mon intérêt pour ce sujet.


    Du coup, à l’automne, j’ai pris l’habitude de jeûner chaque lundi. Un repas le dimanche soir, beaucoup d’eau, un peu de café, et un repas le lundi soir. Sans aucune faiblesse.


    Cette année, ragaillardie par une fin d’année 2013 marquée par une double libération mentale (professionnelle et personnelle), je décidai qu’il serait bon de décrasser aussi mon corps. Ce qui est top avec le Carême, c’est qu’il tombe toujours au même moment, au printemps, quand les oiseaux pépient de joie au lever du jour, que le soleil commence à nous caresser, qu'on se lève avec entrain et que les jupes des femmes raccourcissent. En préambule, j’ai épluché internet pour être sûre d'en respecter les préceptes.


    Hormis l’obligation de jeûne et de prière, le Carême est très différent du Ramadan (qui ajoute l’aumône aux devoirs du croyant). Il dure 40 jours, du mercredi des Cendres au vendredi Saint (hors dimanche, jour de fête), contre 30 pour le Ramadan. Il interdit toutes les graisses animales (viande, lait, œufs, fromage, beurre et dérivés) et sucreries (en gros tous les superflus comme l’alcool et les excitants) mais autorise l’eau et les jus de fruits purs.  L’église catholique ne préconise plus aujourd’hui que 2 jours de jeûne : le mercredi des Cendres et le Vendredi Saint. Trop fastoche. D’autres invitent à ne manger que frugalement, avant et après le coucher du soleil. Moi j’ai décidé de suivre le Carême à l’ancienne (je fais rarement dans la demi-mesure) : un seul repas par jour, le soir, composé de poisson, légumes, féculents, fruits. Eventuellement un petit-déjeuner végétal le week-end. Et le dimanche, quartier libre. Mais ni café ni alcool pendant 40 jours.


    Pour tout vous dire, j’avais hâte de commencer et comptais les jours. J’ai fêté le Mardi Gras chez Toritcho, avec mon cousin chéri, et fait un super gueuleton où j’ai savouré mes derniers tempuras et brochettes. Ensuite, nous sommes allés boire un Irish Coffee au Rosebud.


    Le lendemain, je me suis levée d’excellente humeur. Le soleil brillait, j’ai enfourché un Vélib’ et pédalé jusqu’au boulot. La journée s’est passée sans difficulté. Le midi, je suis sortie m’acheter un succédané de café, une boisson aux céréales. Le soir, j’ai acheté un maquereau à la poissonnerie, que j’ai mangé avec des pommes de terre vapeur et des épinards. Mais les 2 jours suivants, j’ai eu plusieurs coups de barre et ça a été un peu difficile. La tête me tournait par moments. Il faut dire que je suis en formation pendant presque 1 mois ; passivité, néons et écran d’ordinateur, il y a mieux pour rester alerte.


    Le jeudi soir, j’ai retrouvé ma copine Choup’s dans un restaurant japonais du 15ème spécialisé dans les grillades de viandes et mes quelques noix de Saint Jacques m’ont laissée sur ma faim (j’ai d’ailleurs pas mal louché sur la table voisine où 2 joyeux drilles s’enfilaient des kilos d’une belle viande lardée).


    Le vendredi soir, j’étais vraiment fatiguée et ravie d’être en weekend. Mes collègues m’ont proposé d’aller boire un coup, j’ai pris un jus de raisin. Vers 20 heures, j’ai emmené Esperanza chez Yasube et là, je me suis régalée : soupe miso, thon mariné, filet de sanma grillé, légumes salés, riz et quartiers d’orange en dessert (offerts par la maison). Esperanza m’a dit que ma sensation de tête qui tourne était sans doute due à l’arrêt de la caféine, un phénomène bien connu pendant les premiers jours du Ramadan.


    Le samedi, je me suis levée en excellente forme après une bonne nuit de sommeil. Je me suis même demandé si je n’allais pas m’offrir une petite séance de saut à la corde mais j’ai joué la prudence. J’ai pris un petit déjeuner frugal (j’aime trop mes petits déj’ du weekend) : un demi-pamplemousse, un bol de céréales au lait d’amande. Ma sœur  a fait pour seul commentaire sur ma nouvelle lubie « Tant que tu rentres pas dans les ordres, ça me va bien ». Vers 17 heures, j’ai retrouvé Yo sur les quais de Seine pour un autre bain de soleil et surtout un bain de tendresse. Dans un bar mexicain, nous avons bu un cocktail de fruits. Le soir, ma petite framboise m’avait invitée à diner. A l’apéro, jus de pomme, chips de soja et pommes de terre, une découverte (trop bon !) et au menu, un pavé de saumon aux baies roses et des tagliatelles à l’huile d’olive. Et en dessert, une compote.


    Le dimanche (jour libre), petit-déj de pain et confiture de mirabelles maison. Le midi, je n’avais pas faim, je n’ai donc pas mangé. Et vers 15h, j’ai retrouvé mon frère et sa petite pour une balade dans le quartier du Jardin des Plantes. J’avais dans l’idée de nous offrir une petite pâtisserie chez Carl Marletti mais il était trop loin pour les petites jambes de mon poussin, nous avons donc choisi une pâtisserie de la rue Monge, juste à côté des arènes de Lutèce. Et une fois à l’intérieur, rien ne me faisait envie. Incroyable mais vrai ! J’ai donc zappé le gâteau. Je suis rentrée à pied jusqu’à chez moi et en chemin j’ai appelé ma cops de Carême, Choup’s, pour partager mon étonnement. Ne pas ressentir de gourmandise est une expérience tout à fait nouvelle pour moi. Vous noterez que je n’écris pas « résister à la gourmandise » car je n’ai ressenti de tentation ni de frustration à aucun moment. A l’issue de ce weekend, je me sentais pleine d’une force tranquille. « Tu vas voir que tu vas faire le Carême toute l’année » m’a dit mon frère. Y’a pas de risque, j’aime trop la viande rouge.


    Aujourd’hui est mon 7ème jour de Carême. Hier soir, je me suis régalée d’un chili sin carne mijoté ce weekend. Finis la sensation de tête lourde et les coups de fatigue, mon corps semble s’être accoutumé à son nouveau rythme. Je me sens bien, me couche légère. Mon système digestif au repos me remercie en silence. Je n’ai désormais aucun doute sur ma capacité à aller au bout de cette expérience. Et à la renouveler.