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2yeux2oreilles - Page 18

  • Picorages à Paris, Strasbourg et Avignon

    J’écris peu ces dernières semaines. Ce n’est pas que l’envie ou l’inspiration me manque, mais je n’ai plus d’ordinateur portable et écrire de longs billets sur une tablette, ce n’est pas pratique.

    Pourtant, comme je vais bientôt être à la diète, je profite des derniers jours qu’il me reste pour vous donner quelques adresses gourmandes, que j’ai découvertes ces derniers mois, à Strasbourg, Avignon et Paris.

    J’ai fêté la Saint Nicolas à la roumaine cette année. Ma chef de projets, que j’appellerai Madeleine, m’avait invitée à l’institut culturel roumain, à 2 pas de la rue Saint Dominique. Et j’avais bien besoin de la chaleur de l’accueil roumain après les émotions vécues la veille … Alors j’ai bu quelques verres de tuika et mangé le délicieux salami. Miam !

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    Le lendemain, je partais à Strasbourg, où mon ami Maurice l’alsacien, fin gourmet, m’a entraînée dans les bars de sa jeunesse. Pour moi qui n’ai jamais vécu plus de 10 ans à la même adresse, il est toujours fascinant de rencontrer quelqu’un qui connait chaque recoin de son quartier.

    Momo m’a gâtée pendant mon séjour alsacien. Au petit déjeuner, du bon pain et des viennoiseries de la boulangerie « Au pain de mon grand-père », où l’on aperçoit  le mitron à l’œuvre, au fond de la pièce. Inutile de vous préciser que je suis repartie en train les bras chargés de bretzels, kouglopfs et brioches à la cannelle !

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    Dans son quartier, à l’écart du centre-ville, le restaurant portugais O Porto, où à l’instar de mon Pedra Alta local, les portions sont gargantuesques. Après un porto, j’y ai mangé une salade de poulpe puis un ragoût de lard, pois chiches, carottes, chou, pieds de porc et boudin. Ajoutez à ça un digestif offert par la maison et j’étais bonne pour la sieste.

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    De nombreuses haltes gastronomiques et des rencontres fort sympathiques. Et puis le jour de mon départ, nous avons retrouvé 2 amis de Maurice Au Camionneur, un restaurant – et salle de spectacles - tout proche de la gare. Une bien belle adresse, au décor oscillant entre théâtral et religieux, et une ardoise qui change chaque jour. Et mon premier déjeuner avec deux  contrôleurs de la SNCF.

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    Quelques jours plus tard, à Avignon, où décidément le soleil me fuit, j’ai mangé un succulent dessert qui m’a rappelé le regretté chaud-froid au pain d’épices de Pierre Goyenetche : une brioche façon pain perdu aux coings caramélisés, chantilly châtaignes. C'était chez Lulu et c'était sublime !

    Un soir, nous avons traversé le Rhône pour rejoindre des amis du couple au Moulin à Huile, à Villeneuve lès Avignon.

    Après quelques achats dans la boutique attenante, nous nous sommes attablés dans l’ancienne grange du moulin. J’ai mangé une poêlée d’encornets sur petits légumes rôtis, me réservant pour le chariot de desserts dont on m’avait dit le plus grand bien. Et en effet, il valait le détour !

    Prochain billet : mes dernières adresses nipponnes.

  • Seul dans Berlin

    seul dans berlin,luk perceval,hans fallada,théâtre des amandiersAu moment de partir, je m’étais demandé quelle mouche m'avait piquée d’accepter cette invitation : une pièce de théâtre de plus de 4 heures, en allemand surtitré, dans une banlieue derrière La Défense.


    Mais déjà, le bras de Martine, toute pimpante en rouge, me donne une bonne raison d’être là. Salle comble, décor épuré. Et puis « Seul dans Berlin », joué par la troupe du Thalia Theater de Hambourg, commence.


    [« Seul dans Berlin », roman de Hans Fallada que je n’ai pas – encore –lu, raconte l’histoire vraie d’un couple berlinois, entré en résistance contre le nazisme à la mort de leur fils, qui inonde la ville de cartes à destination de la population. Paru en RDA en 1947, il fut ignoré jusqu’à sa sortie outre-Atlantique en 1967.]


    « Seul dans Berlin » dont le titre original se traduirait plutôt par « La mort est un exercice solitaire » est dur, très dur. Une semaine après, l’émotion est moins vive et les souvenirs diffus (note à moi-même : toujours écrire à chaud). La première scène révoltante est le suicide de la veuve Rosenthal. Ensuite, on plonge progressivement dans la cruauté, la paranoïa, la lâcheté. Dans la salle d’attente du médecin, on souffre déjà pour le pauvre bougre Enno, coupable idéal, trahi par Escherich. On déteste Borkhausen, sans doute la représentation de ce qui se fait de pire. On tremble pour le couple Quangel, dont on devine le sort. On supporte difficilement les hurlements d’Elise Quangel sous la torture et la sirène qui retentit plusieurs fois, écorchant les oreilles. Et on se surprend à être ému par la mort du commissaire Escherich, «le seul être humain à avoir été converti par les cartes de Quangel ». En bref, je n’ai pas vu passer ces 4 heures de spectacle, heureusement entrecoupées de 2 pauses et d’une bière et je suis repartie secouée, la tête pleine de questions. Après « Avant que j’oublie », « Seul dans Berlin » clôt un mois de janvier riche en émotions.


    Plus que son sujet, souvent ce qui m’intéresse, c’est de savoir pourquoi le metteur en scène a voulu raconter cette histoire. Luk Perceval, belge flamand, raconte que « Seul dans Berlin » a été un choc parce qu’il a brisé un préjugé selon lequel tous les allemands étaient nazis sous la seconde guerre mondiale. Cette réflexion me touche : depuis mon arrivée en France en 1984, lorsque je vante la beauté de l’Allemagne, je me heurte à des grimaces et des commentaires négatifs.
    Pourtant, l’histoire a montré et montre encore que la population est toujours la première à payer le prix de la dictature. Le premier camp de concentration allemand a été créé en 1933, bien avant les camps d'extermination. Et avant Hitler, Staline a ordonné le massacre de ses compatriotes par millions. L’ennemi est d’abord intérieur et la peur, en réveillant les instincts les plus bas, fait le reste.

    Aucun de nous ne peut s’imaginer aujourd’hui dans la peau d’un collabo, pourtant dans quel camp aurions-nous été il y a 70 ans ? Et aujourd’hui, dans une France divisée, où le mot fraternité fait ricaner tout le monde, où la solidarité imposée et surtout imposable a creusé le lit des individualismes et de la haine de l’autre, où les ombres qui dorment sur le trottoir ne sont désormais qu’un élément du mobilier urbain, ça donnerait quoi ? J’espère ne jamais le savoir.


    « Seul dans Berlin » n’aura été joué que 4 jours aux Amandiers de Nanterre mais il est maintenant à l’affiche et jusqu’en mars, au théâtre du Lucernaire que j’aime tant. Autre metteur en scène, autre regard et l’apparition d’un point d’interrogation. Si vous y allez, racontez-moi.

  • "Alors avançons ensemble !" - part 2 (Les dés sont jetés !)

    [Episode précédent ici]

    Le soir, à 17h30, je pique un sprint jusqu'aux bureaux de l'employeur convoité. A peine assise, ma potentielle future N+2 (appelons la ma N+2 puisqu'elle l'est désormais) me dit " A. et moi avons réfléchi depuis notre entretien ce matin et nous avons peur que vous vous ennuyiez vite sur les solutions pour lesquelles nous recrutons. Vous êtes visiblement dynamique et curieuse, on sent qu'il faut vous "nourrir" dit-elle, et ce domaine n'est pas le plus fun. Mais je vous rassure, ajoute-t-elle, votre profil nous intéresse et j'ai besoin de collaborateurs dans différents domaines. Et vous, qu'avez-vous pensé de notre échange de ce matin ?"

    Je réponds que j'ai réfléchi aussi. Que je suis très intéressée par le domaine couvert par leurs solutions (les RH) et que, celui-ci étant nouveau pour moi, je ne crois pas que je vais m'ennuyer, en tout cas pas avant un bon moment. En revanche, 2 points m'interpellent dans la description du poste qui m'a été faite. Le premier, c'est que l'objectif fixé aux consultants en terme de nombre de jours de prestations est élevé et même supérieur à celui de mon précédent employeur. Or, après plus de 4 ans à partir chaque semaine, j'avais envie d'un poste qui demanderait moins de déplacements, plutôt sur un rythme d'1 semaine sur 2 voire 3. Le deuxième point, c'est que leurs produits sont "franco-français" et que je trouve dommage de se priver de 2 de mes compétences, à savoir ma capacité à dispenser des formations en anglais et en espagnol.

    Mon interlocutrice acquiesce : "Nous y avons pensé aussi". Elle poursuit :

    "J'ai eu un peu de temps depuis ce matin et je suis allée consulter votre profil sur les réseaux sociaux .... Vous avez un sacré parcours !"

    Je souris : " J'ai un parcours atypique, en effet".

    Elle continue " Vous avez fait du management, n'est-ce-pas ? Loin de moi l'idée de vous mettre mal à l'aise mais ... je sens chez vous du leadership, de la rigueur, le gout de l'écriture ... alors, si je peux me permettre, pourquoi n'êtes vous "que" consultante" ?

    Je suis parfaitement bluffée et rend intérieurement hommage à sa clairvoyance. Elle m'a "devinée" en un peu plus d'une heure d'entretien. Je comprends qu'il puisse paraitre surprenant de passer d'un poste de responsable à celui de consultante formatrice (sous-entendu subalterne) alors j'explique : des difficultés alors dans mon poste de manager, une remise en question, le besoin de trouver, après 15 années d'un parcours dense et varié, MA voie, celle dans laquelle je m'épanouirais et donnerais le meilleur de moi-même. Un bilan de compétences et un changement de cap avec en ligne de mire un poste dans lequel j'étais débutante et avais tout à apprendre.

    Je conclus : " Je ne voulais plus faire de management mais j'ai l'impression que c'est mon destin car dans les postes que j'ai eus depuis, il m'est souvent arrivé de trouver qu'on n'allait pas assez loin et pas assez vite. Je pense qu'aujourd'hui, je ne ferais plus les erreurs que j'ai pu faire alors." J'explique que j'ai d'ailleurs proposé à ma précédente manager de la seconder en créant un poste de chargée de qualité mais que cette donnée ne faisait alors pas partie des priorités de ma direction.

    Mes interlocutrices sont à leur tour bluffées :" Vous avez un vrai projet professionnel, c'est rare."

    J'en rajoute une couche " C'est sûr, je ne cherche pas un boulot alimentaire. J'ai beaucoup appris sur moi-même, et aujourd'hui, à défaut de savoir exactement ce que je veux, je sais au moins ce qui ne me convient pas."

    [Depuis 2005, je constate à quel point la démarche d'entamer un bilan de compétences a été une des meilleures décisions de ma carrière. Il m'a permis de mesurer tout le chemin parcouru, de redorer une estime de moi alors mise à mal, de lister avec précision les conditions de ma réussite mais surtout de me convaincre que mon mental est tout et que CE QUE JE VEUX, JE LE PEUX. Mon bilan de compétences, en donnant un sens à mes choix et en me légitimisant, a tué pour toujours mon complexe d'autodidacte.]

    Notre échange continue. Elles souhaitent savoir pourquoi j'ai quitté mon employeur précédent, celui chez lequel je suis restée 4 ans et demi. Je les sens réceptives et décide de jouer cartes sur table car en prenant la décision, 1 mois et demi plus tôt, de tout mettre en œuvre pour fausser compagnie à mon employeur, j'ai aussi pris une résolution : celle de ne le faire que pour un employeur qui me mérite. Ca peut paraitre prétentieux, comme ça, mais j'assume et m'explique : j'ai décidé de travailler désormais pour un manager qui me recrute précisément pour ce que je considère être des qualités et qui ont visiblement été perçues comme des défauts par mon employeur actuel : ma franchise, mon exigence, mon besoin de toujours remettre en question et progresser. Il y a quelques années, mon ami JM a mis un nom sur cette posture quasi intuitive "La roue de Deming" ou PDCA.

    Alors j'explique que je n'étais plus en accord avec les choix de la direction, qui avait décidé de tout miser sur la conquête  de nouveaux clients au détriment des clients existants. Que mon boulot, c'est la qualité et que j'avais eu le sentiment qu'on empilait des étages supplémentaires sur un édifice devenu branlant. Qu'ayant essuyé à plusieurs reprises les plâtres de nouvelles fonctionnalités insuffisamment testées, et vécu plusieurs grands moments de solitude face à un outil bugué et instable, et n'étant plus en phase avec direction qui selon moi, pensait court terme, j'avais décidé de partir.

    Ma N+2 sourit : " Vous avez que notre PDG est un financier aussi ?" Je souris et acquiesce, consciente que je la joue à pile ou face : "Faire de l'argent n'est pas sale; tout dépend comment on le fait." Elle compatit : " Je vois très bien ce que vous voulez dire. NOtre direction ne voit le métier de consultants qu'en termes de jours facturés. On essaie de leur faire comprendre que facturer n'est pas tout, on se bat et croyez-moi, ce n'est pas évident tous les jours mais j'ai bon espoir". Elle continue " Moi je cherche des collaborateurs qui nous font avancer."

    Elle revient sur la proposition du matin "Je reviens à la charge avec mon poste de directeur de projets. Franchement, je vous vois tout à fait dans ce poste mais comme vous ne connaissez pas le domaine sur lequel nous intervenons, j'ai peur que vous manquiez de crédibilité si vous devez manager des consultants. Il n'est pas nécessaire de connaître le domaine, mais pour vous ce serait quand même plus confortable. Ecoutez, je vais débriefer notre entretien avec mon responsable. J'ai plusieurs postes en tête pour vous. Je pars en vacances ce soir et vous recontacte avec une proposition mi-septembre, ok ?"

    Lorsqu'elles me raccompagnent à la porte et me serrent chaleureusement la main, je me dis que, quoi que soit la suite, cet échange a été un des plus enrichissants et "réconfortants" que j'ai eus depuis bien longtemps. Qu'après toutes les expériences d'entretiens désagréables que j'ai eues ces dernières semaines, ces deux femmes m'ont redonné foi dans les recruteurs. Et que j'ai désormais très très envie de travailler pour et avec elles.

  • Ce soir ... ou jamais ?

    J'ai passé le weekend au chaud et mes soirées sur mon canapé. Vendredi soir, la télé tournait en fond sonore et voilà que commence "Ce soir ou jamais", l'émission de Frédéric Taddeï que je n'ai regardé que rarement. Le sujet est inintéressant au possible puisqu'il fait écho à la publication de la double vie de notre président de la république : "Vie privée, vie publique, quelles limites?" (cliquer sur le lien pour visionner l'émission).

    Pourtant, assez vite, je lève un sourcil, incrédule devant le discours de certains invités. Mon propos ne sera pas ici de débattre sur le droit à la vie privée des politiques mais bien de dire ma consternation à la suite de cette émission, devant les "prestations" de Jean-Michel Ribes, entre autres directeur du théâtre du Rond-Point et ami de François Hollande, et Philippe Sollers, écrivain. Franchement, j'ai eu l'impression d'écouter les courtisans d'un monarque : une allégeance pathétique, une mauvaise foi risible et un machisme puant. Le siècle des Lumières est bien loin. Il n'y a bien encore que les Français pour se complaire d'une grandeur passée depuis bien longtemps.

    Je dirai juste ceci : N'en déplaise aux vassaux de M. Hollande, qui trouvent visiblement cette histoire très drôle, en plaisantent et s'enorgueillissent que la France soit "le pays de l'amour" (DSK en étant sans doute un des ambassadeurs?), moi je suis en colère que nos 2 derniers présidents donnent une image aussi déplorable de la France. Et entendre que "M. Hollande n'a jamais eu une attitude aussi présidentielle que lors de sa dernière conférence de presse" (où il a été questionné sur sa liaison avec une actrice), et bien, ça m'inquiète.

    Parlons d'abord de Sollers, ça va être vite plié. Je ne sais pas sous quelle substance il s'exprimait, mais ses propos étaient si incohérents et hors sujet que Frédéric Taddeï y a coupé court à plusieurs reprises. Visiblement en plein délire, il nous a fait, entre autres sorties hasardeuses, une tirade sur "la beauté et la virilité de François Hollande s'élançant sur son scooter".

    Le summum venait de M. Ribes, dont j'ai découvert qu'il méprise visiblement ses compatriotes "Les Français n'ont plus de sujets de conversation, ça les occupe" a-t-il dit, évoquant les ventes records de Closer. Et puis, cette autre tirade, inoubliable " Il y a un peu de théâtre en France, c'est bien, la France à besoin de théâtre". Quelle légèreté, quel cynisme ! On croit rêver.

    Heureusement, les autres invités ont relevé le niveau. Alberto Toscano s'étonne que le président n'ait pas de comptes à rendre aux contribuables qui paient des gardes du corps livreurs de croissants. A Chantal Jouanno, qui demande aux vassaux de Hollande si, dans l'hypothèse totalement surréaliste où une femme serait présidente de la république et au centre d'un scandale similaire, ils auraient pour elle la même admiration, ces messieurs - qui pensent encore qu'un homme qui trompe sa compagne est un homme viril - répondent avec la plus belle mauvaise foi "Ah mais oui, bien sûr, je la soutiendrais !"

    Je garde comme mot de la fin celui de Ribes, si ma mémoire est bonne : "Il faut juger l'homme politique sur ses résultats politiques". Et bien, justement, il est là le propos. Il me semble que les parties de jambes en l'air de messieurs Sarkozy, Hollande etc. nous feraient sourire s'il faisaient leur boulot correctement et que les résultats étaient à la hauteur de leurs promesses. Mais visiblement, ils sont plus occupés par leur caleçon que par la situation des citoyens qu'ils disent servir.

    Ca fait 10 ans qu'on est gouvernés par des clowns et en ce qui me concerne, j'en ai ma claque.

  • Avant que j'oublie

    Sur scène, une vieille femme, en chemise de nuit sous son manteau, cheveux longs et gris, visage griffé par le temps. C'est la mère : "Parlez moi de ce que j'ai été plutôt que de ce que je suis devenue". Face à elle, sa fille, qu'elle vouvoie et ne reconnait plus. Dans la bouche de la mère, il n'y a que le fils, et elle en parle sans cesse, de ce fils qui vit loin. Et j'ai mal pour cette fille, aimante et transparente. Je me souviens du livre d'Alain Corneau "Père manquant, fils manqué" et je me dis que les mères n'ont que ce qu'elles méritent. Et je pense à ma mère et sa mère, à la blessure secrète, aux histoires qui se répètent, aux silences complices. Et je me vois avec ma mère, demain, le plus tard possible, jamais j'espère, mais les histoires se répètent, même sans blessure secrète. Et je pense à mon amie, si seule et si patiente face à la démence de sa mère. Et je trouve les mères tellement injustes envers leurs filles. Je pense aux regrets, à la splendeur perdue, à la fragilité, aux mères devenues petites filles, aux filles qui serrent les dents et pleurent des larmes invisibles. Et les mots de la mère redevenue enfant, si spontanément cruels : "Je crois que j'ai eu un autre enfant mais il est décédé". Et l'enfant renié et oublié, qui explose et crie sa douleur d'avoir été rejeté parce que différent. Et la mère, dans un éclair de lucidité : "Je te reconnais. Tu as beaucoup changé ..." "Toi aussi, mère." Et lorsque les lumières reviennent et que le visage de Vanessa Van Durme s'avance vers nous, sublimement douloureux, je suis en larmes. "Avant que j'oublie" au théâtre du Rond-Point Une pièce de et avec Vanessa Van Durme. Et son histoire ici.