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  • Chaud les garçons !

    Après le froid et la solitude des trottoirs parisiens, que diriez-vous d'un peu de chaleur ? C'est peut-être la perspective du soleil et des peaux nues qui me rend sensible, ces jours-ci, à l'érotisme subtil  et classieux distillé au masculin. Des blogs d'hommes qui aiment les femmes et célèbrent les histoires épidermiques. Je suis vraiment impressionnée par la sensibilité qui s'en dégage.

    J'ai eu un véritable coup de foudre pour les mots soyeux et polissons de Zorg et hier, je suis tombée "en amour" avec le poème de Rohic : "Fleur d'abysse". Tout simplement sublime ! Bravo, messieurs, continuez à me ravir !

  • Stéphane

    Il s’appelle Stéphane, il a 41 ans aujourd'hui.

    Dimanche, je sortais d’un brunch gargantuesque avec un ami quand il s’est écroulé devant nous, sur le boulevard Saint-Germain.

    Sa main tremblait, j’ai d’abord cru à une crise d’épilepsie. Quand je me suis agenouillée, il a refusé que j’appelle les secours. Il a ouvert les yeux et chuchoté « Non, n’appelez pas, je veux juste parler, s’il vous plaît ».

    Il est resté allongé un moment, pour reprendre des forces, tandis qu’une jeune femme courait lui acheter à manger et à boire (merci à elle). Puis, nous l’avons aidé à s’asseoir. Il était épuisé par le manque de sommeil et la faim, tout ce qu'il répétait, c'était : "Je veux juste parler, s'il vous plaît, quelques minutes." . Stéphane n’est pas encore abîmé. Il précise mais je l’ai compris, qu’il ne boit pas. Je lui demande de tenir aussi longtemps que possible, de ne pas tomber dans l’alcool parce qu’alors, c’est la fin. L’alcool fait oublier le froid et l’indifférence alentour et un matin, on ne se réveille pas. Stéphane répond à mes questions mais ses réponses, je les connais déjà. Pas de centres d’hébergement parce qu’on le tabasse et lui pique ses affaires. Pas de potes dans la rue pour ne pas tomber dans la picole et les embrouilles. Pas d’aides des assoc’, parce qu’il n’est pas « prioritaire ». Prioritaire, c’est sans doute quand tu es devenu un animal, à l’article de la mort, plus assez conscient pour réfléchir. Putain, comment ça te fout les boules de regarder dans les yeux un homme qui essaie de ne pas sombrer, qui pourrait être ton frère. Stéphane, lui, il n’a plus de sœur, elle est morte avec ses parents dans un accident de voiture il y a 15 ans. Comment le 5ème pays le plus riche du monde peut laisser faire ça ?

    Sur ce bout de trottoir, il n’y avait plus que nous 3. Stéphane posait des questions sur nos boulots, nos vies. Il a voulu nous raconter comment il était arrivé là.

    Il y a encore un an, Stéphane avait un appart’, une femme et un boulot. Il était commercial indépendant et passait son temps en bagnole. Jusqu’au jour où son crédit de points est arrivé à zéro et où il a perdu son permis. Plus de permis, plus de boulot. Indépendant donc pas de droit au chômage. Sa femme le quitte, il ne peut plus payer les traites de son crédit auto, on le saisit et c’est la rue. Quand je dis « Ca va vite, on est pas à l’abri », il me répond « Les gens ne savent pas ». Moi je sais, et Nicolas aussi. Stéphane dit que ça lui ferait plaisir qu'on aille boire un café ensemble. Il a une bonne bouille, Stéphane, il sourit encore. Nous avons passé près de 2 heures avec lui, à parler de choses et d’autres, à rire aussi.

    Ne jamais oublier. L’autre, c’est moi.

     

  • J'aimerais bien m'en foutre

    P’tain j’suis vraiment trop con des fois … Ça m’énerve d’être aussi consciencieuse alors que la reconnaissance est quasi-nulle, mais bon, on se refait pas, hein ?

    La raison du tourment qui assombrit ma joie d’être en vacances et de m’envoler dans quelques jours ? La soirée de fin d’année de ma boîte, que j’organise mais à laquelle je n’assisterai pas cette année, pour la première fois.

    L’année dernière, ma boss n’ayant pas été remplacée, mon N+2, bien emmerdé, m’a refilé le bébé. On était 750. Il s’agissait de choisir une agence, la salle, le traiteur (faire un déjeuner test où on goûte à tout, ça j’adore !), les animations. Et puis, quand l’évènement se rapproche, établir la liste des participants, acheter le papier et faire imprimer les invitations, commander les boissons (y’a pas de petites économies dans la grande distrib’), distribuer les invitations et s’assurer, le jour J, que l’agence fait son boulot et que tout se passe bien. J'avais peur de ne pas assurer, d'oublier un truc, mais tout s'était bien passé. Du coup, cette année, bien qu’un responsable soit arrivé en février, mon N+2 me dit en mars « Il faut commencer à s’occuper de la soirée de fin d’année, « Fiso ».

    Vous avouerez, y’a plus chiant que d’organiser une fête pour les salariés, donc je m’y suis collée avec joie. C’était avant mon évaluation annuelle, j’étais motivée. Cette tâche supplémentaire n’avait cependant pas été jugée comme assez « significative » par mon N+2 pour être notée sur mon évaluation annuelle. Alors quand les vacances prévues en novembre avec mon frère ont été décalées par son directeur aux 2 premières semaines de décembre, je me suis dit « Je me casse, après tout, y’a un nouveau chef, il se démerdera ».

    En novembre, j’ai donc posé mes vacances (je prendrai l’avion du retour le jour de la soirée), attendu anxieusement que mon boss les accepte (me suis bien gardée de lui rappeler que ça tombait pile poil au moment de la soirée, après tout, il a un agenda). Tout va bien, me direz-vous ? Ben non. Parce que je bosse avec la chargée de communication interne sur ce dossier. On s’entend bien mais c’est une chieuse, le genre furie qui gueule d’abord et qui écoute ensuite. Tout le temps débordée, tout le temps grincheuse, à l’écouter il n’y a qu’elle qui bosse, les autres sont des branleurs ou des incapables.

    Quand mes vacances ont été acceptées, je me suis dit « Oulala, quand je vais lui dire, elle va criser ! ». Je me suis même demandée si mon boss avait capté la période mais oui, apparemment. Il doit pas réaliser l'enjeu et surtout que ça va être à lui de gérer à ma place.

    J’en ai parlé à un collègue qui m’a dit « Tu veux qu’on te sucre tes vacances ? Ferme la, Fiso, si tu lui dis que tu seras pas là, tu la connais, elle va faire un esclandre. Tu dis rien, tu te casses et quand elle appellera, on lui dira que tu es en vacances.»

    Je précise quand même que je ne laisse mon boulot à faire à personne, ou si peu, à mon boss. Je me suis arrangée pour en faire le maximum avant mon départ. Il aura juste à acheminer les boissons jusqu’à la salle, à faire distribuer les invitations aux salariés et surtout, à veiller au grain le jour J..

    Depuis 2 semaines, je m’auto convainc en me répétant tous les jours « C’est pas ta boss, t’as pas de comptes à lui rendre ».   Elle ne sait pas encore que vendredi est mon dernier jour. Et plus les jours passent, plus ça me rend malade de me tirer sans rien dire. C’est pas mon genre de faire la sournoise. Je suis con, hein ?

  • Eaux troubles

    A lire : Eaux troubles : l’alchimie des multinationales

    Ben oui, quand je n’ai rien à dire, je fais de la pub pour les copains qui pondent des billets intéressants ...

  • Hiroshima, mon amour

    Hier soir, je me suis reposée de mon week-end frénétique chez un couple d’amis, dans la chaleur de leur maison nichée en région parisienne, poutres au plafond et murs ornés des œuvres magnifiques d’ Igor et du père d’O.

    Pendant que O. faisait sauter les crêpes, j’ai fait rire I. aux éclats avec mes histoires de bottes à éperons, tout en buvant du vin de pêche (merci tata X., il est très bon, ton p’tit vin).

    Après le repas, j’ai proposé des DVD que j’avais apportés. Je me suis enfoncée dans les coussins du moelleux canapé. J’avais besoin de tendresse, de paix, d’amitié, de douceur. J’ai eu tout ça.

    Hiroshima, mon amour. Découvert à Dublin il y a plus de 10 ans. Quand le film s’était arrêté, j’avais appuyé de nouveau sur « play ». Un choc.

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    Le film s’ouvre sur un plan d’un dos, nu. Histoires de peaux. Celles, douces et chaudes des amants pendant l’amour. Une main qui effleure, des ongles de femme qui se crispent sous les spasmes.

    Puis l’insoutenable. La nausée. Les peaux en lambeaux des blessés d’Hiroshima. 200.000 morts en 9 secondes. Les mots d’Emmanuelle Riva, oiseau de mauvaise augure qui assure «Ca recommencera. 200 000 morts, 80 000 blessés en 9 secondes, ces chiffres sont officiels, ça recommencera. Il y aura 10 00 degrés sur la terre, 1000 soleils dira-t-on. »

    « La colère des villes entières contre l'inégalité posée en principe par certains peuples envers d'autres peuples, contre certaines races envers d'autres races... ». J’ajouterais « par certains hommes envers d’autres hommes. »

    Ce film m’agace aussi. Le rythme des dialogues, le lancinant « J’ai tout vu à Hiroshima, tout » et lui qui réplique « Tu n’as rien vu à Hiroshima », la voix empruntée d’Emmanuelle Riva avec son « Tu me tues, tu me fais du bien ».

    Mais ensuite, quelle profondeur dans les mots, les gestes, les non-dits ! Quelle émotion dégage cet amant japonais qui lui souffle à l’oreille son français éraillé « Je crois bien que je t’aime ». Quelle pudeur et vérité dans les dialogues :

    « Rien. De même que dans l'amour cette illusion existe, cette illusion de pouvoir ne jamais oublier. De même, j'ai eu l'illusion devant Hiroshima que jamais je n'oublierais, de même que dans l'amour ? Comme toi, j'ai essayé de lutter de toutes mes forces contre l'oubli, comme toi j'ai oublié. »

    Images insoutenables, si proches de mon histoire, de cette française déshonorée d’avoir aimé un soldat allemand, rasée et enfermée dans la cave, qui griffe les murs de sa douleur animale jusqu’à s’en faire saigner. Que serait-il advenu de Marguerite, amoureuse d'un prisonnier français, si elle n’avait pas quitté l’Allemagne vaincue ? Quelle absurdité que ces guerres qui jettent 2 amis l’un contre l’autre !

    « Je suis d'une moralité douteuse. Qu'est-ce que tu appelles, être d'une moralité douteuse ? Douter de la morale des autres. »