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Ca m'intéresse - Page 2

  • Liberté etc.

     

    laïcité,démocratie,républicanisme,charlie hebdo

    Les évènements de la semaine dernière ont été l’occasion d’observer mes compatriotes, notamment sur ce réseau narcissique où la plupart se regardent le nombril et parlent pour ne rien dire. Dès que j’ai vu apparaitre le fameux « Je suis Charlie » sur la plupart des profils de mes connaissances, et que j’ai lu les premières réactions, j’ai décidé de rester silencieuse.

    Peu m’ont surprise : les relayeurs d’informations non vérifiées ont relayé canulars et photomontages, les ignorants dont la vie tourne autour de séries et émissions de télé-réalité se sont improvisés initiateurs de débats, les incultes qui ne lisent rien en dehors du programme télé ont posté pléthore de citations philosophiques, les bisounours m’ont noyée dans leur chagrin et les supposés racistes se sont lâchés. D'autres se sont réellement pris pour Charlie et ont voulu faire de l'humour. Ce fut assez instructif.

    J'avais résolu de ne pas réagir mais je n'ai pas pu. J'ai interrogé, publiquement, et une seule de mes 3 sollicitations a obtenu réponse. Je trouve quand même très symptomatique cette capacité d'exprimer un point de vue, directement ou à travers autrui, et de ne pas souhaiter le défendre. Et ça se revendique "Charlie"...

    Mon noyau dur, amis et famille du premier cercle, ne m’a pas surprise non plus : pas de slogans, pas de publications. Prudence et circonspection, comme disait mon grand-père. J’ai reconnu les miens.

    J’avais décidé de rester silencieuse ici aussi mais j’ai eu envie de poser les quelques interrogations qu’a suscité ce grand élan démocratico-patriotique, et aucune envie de le faire sur un réseau social que je méprise et où je me ferais un devoir de répondre à des gens que j’estime à des degrés divers, voire pas.

    Combien de ceux qui ont marché dimanche dernier et crié leur amour de la liberté d’expression ont défendu, en 2011,  la publication des caricatures du prophète musulman par Charlie Hebdo ?

    Combien de ces ardents défenseurs de la liberté d'expression se sont offusqués, jadis et aujourd'hui, que Dieudonné soit banni des médias et ses spectacles interdits ?

    Combien de ceux qui ont manifesté dimanche l’ont fait POUR la liberté et la démocratie et pas CONTRE l’islam et/ou les arabes ?

    Combien de ceux qui ont brandi leur pancarte pratiquent, au quotidien, l'humanisme, la bienveillance et la tolérance dont se réclamaient les dessinateurs et journalistes assassinés ?

    Combien se font un devoir de défendre et d’exercer leur liberté de pensée et d’expression, dans la rue, au travail, avec leurs amis, en en assumant les conséquences ?

    C’est à cause de toutes ces questions, auxquelles je crains de connaitre toutes les réponses, que je n’ai pas rejoint le troupeau des braves gens (qui n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux).

    Très tôt, j’ai appris à me méfier de l’unanimité et l’expérience a conforté ma position. Alors je suis restée chez moi. J'ai écouté les survivants du massacre, la veuve de Wolinski, admirable de dignité, j'ai pleuré avec Patrick Pelloux, montagne de chagrin qui me déchire le coeur à chaque fois que je l'écoute, j'ai suivi la retransmission en direct de la manifestation, j'ai été bouleversée par l'élan de tendresse du président, j'ai suivi quelques débats. J'ai réfléchi, seule et avec mon frère, à mes propres préjugés et incohérences.

    Et j’ai formulé le vœu, comme en 1998, 2002 et 2005, que demain chacun serait plus attentif à l’autre, plus respectueux, plus généreux.

    Que l’éducation nationale, le monde du travail, l’état se remettraient en question et reconnaitraient leur responsabilité dans ces échecs humains qui nous pètent à la gueule depuis des années.

    Que ces mêmes acteurs qui ont le pouvoir de construire et détruire un être humain décideraient enfin de briser les pernicieux mécanismes d’exclusion qui caractérisent la France et enfantent désespoir, résignation, haine ou violence. J’ai souhaité cela, de tout mon cœur, comme je le fais depuis des années. Sans illusions.

  • La vie est un combat

    Cette semaine, la télé, qui provoque le plus souvent chez moi  indignation ou découragement, m'a donné de très belles émotions.

    Mardi soir, j'ai voyagé en terre inconnue, chez les Quechuas. J'ai ri des peurs bourgeoises d'Arthur, j'ai été touchée par la pudeur et l'humilité des paysans péruviens et j'ai versé ma petite larme au moment des adieux. Mais surtout, j'ai aimé la 2ème partie de soirée. Celle où Frédéric Lopez, que j'apprécie décidément, fait sortir de l'ombre deux hommes qu'on ne voit jamais, les cameramen, pour qu'ils expliquent pourquoi ils font cette émission et pourquoi ils la font comme ça. Un beau débat s'ensuit, sur l'écart entre le quotidien des voyageurs et de leurs hotes, mais aussi leurs similitudes.  Et la séquence finale, où l'on montre à une population asiatique l'émission tournée chez les Papous. C'est beau de retrouver le sens du mot fraternité.

    Hier soir, j'ai suivi avec ferveur, sur L'équipe 21, le dernier combat de Jean-Marc Mormeck, qui se jouait à quelques kilomètres de chez moi. J'aurais voulu y être. D'abord, j'ai une vraie fascination pour la boxe, et les sports de combat en général. Est-ce parce que mon père l'a pratiqué ?  Rocky, Ali et Million Dollar Baby sont des films qui m'ont remuée et il y a quelques années, la curiosité m'a poussée dans le café d'un boxeur de légende, disparu.

    Ensuite, j'ai une profonde admiration pour Jean-Marc Mormeck et son franc-parler. Et puisqu'il avait annoncé qu'il arrêterait la boxe s'il perdait ce combat, j'ai voulu l'encourager. Il est parti la tête haute et debout, sans KO. 42 ans quand même, le mec ! En ouverture du combat, le slam de Grand Corps Malade était percutant, tout comme l'ont été les mots de Jean-Marc, après sa défaite.

    Quelle puissance, quelle sincérité, quelle humilité. Les enfants chéris du foot, gavés de fric et de suffisance, devraient en prendre de la graine. Merci Jean-Marc.

    Après le départ de mon frère et d'I., qui a mangé avec nous sa première fondue savoyarde, j'ai zappé sur Arte. "Programme interdit aux moins de 18 ans, tapez votre code" disait un bandeau noir.

    Intriguée, j'ai déverrouillé l'écran et découvert "Bons baisers du quartier rouge" : une plongée dans le quartier rouge d'Amsterdam et le quotidien de 2 soeurs jumelles vieillissantes, prostituées depuis plus de 40 ans. Un documentaire dérangeant, aux images et aux propos crus, ponctuée de séquences très drôles aussi. 

    "Faire la pute, c'est pas de la tarte" dit l'une des deux mamies, agressée verbalement et physiquement par des hommes "qui vont aux filles". 

    Moi, ce qui m'a bluffée, c'est le lien incroyable entre ces deux soeurs quasi siamoises : même destin, mêmes souffrances, mais même regard doux et lumineux quand elles sont ensemble. 

    Et j'ai adoré que le film se termine sur une image pleine d'espoir et d'insouciance :  un fou-rire dans la neige, comme deux gamines insouciantes, qui m'a fait rire avec elles.

  • C'est SaaS qui est bon !

    Préambule : Nicolas va être sur le cul : je me mets à faire des billets techniques.

    Lorsque je suis partie à la recherche d'un nouvel employeur en décembre dernier, la mention "pionnier du SaaS" qui figurait sur l'annonce n'a pas particulièrement retenu mon attention. Le SaaS (Software As A Service), c'était un vague projet de mon ex-employeur, et la présentation de sa valeur ajoutée avait été tout aussi vague. En gros, il fallait s'y mettre parce que c'était à la mode, et ce service ne serait proposé qu'aux petites entreprises. Depuis j'ai compris qu'un véritable gouffre existe entre les EDL (éditeurs de logiciels) traditionnels et les EDL en offre SaaS : limiter son offre aux petites entreprises va complètement à l'encontre de l'esprit même du SaaS. C'est sans doute là que la différence entre les entreprises visionnaires, à la pointe de la technologie, et les bricoleurs qui ne voient pas plus loin que le prochain trimestre est la plus criante.

    N'ayant pas compris l'intérêt du SaaS pour les clients, vous imaginez bien que j'en avais encore moins compris les avantages dans mon quotidien de formatrice. Et par extension, à quel point il faciliterait le quotidien de mes ex-chefs de projets qui devaient orchestrer des installs, annoncer les bugs et gérer les clients qui vont avec.
    Clin d'oeil à mon geek préféré : quand tu seras prêt, vises le SaaS, tu vas t'éclater !

    Mi-mai, mon PDG a allumé la lumière dans mon cerveau. Alors que je m'emmerdais copieusement devant mon PC, j'ai été conviée à un "induction program" de 2 jours, au cours duquel, avec les 7 autres nouveaux embauchés, j'allais rencontrer mon PDG et les principaux responsables de services. Je dois avouer, et j'ai un peu honte, que j'étais curieuse de voir ce qu'un parcours d'intégration à la française pouvait donner, vu que seules les boîtes américaines pour lesquelles j'ai bossé m'avait accordé cette attention. Pourtant, chez Leclerc, vu la complexité de l'organisation du groupe mouvement, ça n'aurait pas été du luxe.

    Je ne m'étendrai pas sur le fait qu'après quelques minutes, j'étais en mode carpe et buvais littéralement les paroles de mon PDG, extraordinairement passionné et charismatique.

    Il commenca sa présentation du SaaS, des débuts à aujourd'hui, par un coup de projecteur sur les valeurs de la boîte. Je dois être vieux jeu ou alors c'est mon éducation professionnelle par les Américains mais que ça fait du bien de découvrir une culture d'entreprise, ses valeurs et sa stratégie !
    Je n'ai ressenti émotion et fierté de bosser pour un PDG qu'une seule autre fois dans ma vie : c'était en écoutant Michel Edouard Leclerc raconter les débuts de son père, et ensuite à chacun de ses meetings car il est un formidable communicant. Mais revenons à nos moutons.

    Je vous livre un copié-collé de l'intervention de mon PDG (j'ai noirci des pages tant ce qu'il disait résonnait chez moi) car à la différence de Nicolas, je n'ai pas signé de clause de confidentialité. Entre crochets, ce sont mes réflexions personnelles (et alors silencieuses).

    - Les valeurs de notre société, c'est la performance du client.
    Mon PDG, en fervent défenseur du SaaS, ne mâche pas ses mots et se fend même d'un petit historique (accrochez vos ceintures, on décolle)
    [Petite explication pour les non-initiés : le SaaS, c'est un logiciel web qui est hébergé chez son éditeur. Pour le client, plus besoin de gérer des serveurs, installations et mises à jour : c'est la responsabilité de l'éditeur, chez lui.]

    - Ce qui fait le succès du Saas auprès des clients, outre cette particularité, c'est l'accès au logiciel qui se fait par abonnement mensuel avec résiliation  possible à tout moment. Et pour les dirigeants qui ont compris l'intérêt collaboratif de l'outil, c'est la possibilité d'y donner accès à un nombre quasi illimité d'utilisateurs.
    [Je me souviens, à cet instant, des sueurs froides de mes débuts et de formations polluées par des installations à faire sur des PC datant de Mahusaleme et/ou verrouillés de partout. Et plus récemment, à partir de janvier 2012, de formations d'où je suis repartie en rasant les murs, furieuse et frustrée, parce que mon logiciel était bugué et ma prestation pitoyable, ce qui a fortement contribué à ma décision de démissionner. Pour moi, donc, formatrice, le SaaS ce sont des soucis techniques en moins : tout bug détecté est corrigé immédiatement et c'est invisible pour l'utilisateur. Les nouvelles fonctionnalités sont balancées au fil de l'eau. Pas de bugs subis jusqu'à la prochaine mise à jour (l'année dernière, j'en étais réduite à paramétrer mon logiciel pour contourner les bugs, pas mal, non, en terme d'efficacité ?)
    Je réalise surtout à cet instant qu'en permettant à l'utilisateur de résilier son abonnement, on place la barre de l'excellence à un niveau supérieur. Car si les outils se ressemblent, ce sera le service client et la réactivité qui feront la différence entre les éditeurs SaaS]

    Mon PDg continue sa croisade.
    - Dans le soft(ware), on a des Microsoft, Oracle etc. (NDLR : comprenez éditeurs traditionnels) qui n'ont pas envie de voir bouger les choses. C'est que l'installation et la maintenance d'un logiciel "tradi", ça rapporte. Les directions informatiques ne voient pas non plus d'un très bon oeil l'arrivée du SaaS : il y a des mecs dont la mission est de gérer le parc applicatif de la boîte. Il se souvient du CEO d'Oracle qui déclarait il y a seulement 2 ans qu'il ne croyait pas au SaaS. Pendant 30 ans, la promesse des ERP c'était productivité et fiabilité.
    La révolution du SaaS et par extension du Cloud, c'est de redonner le pouvoir à l'utilisateur en offrant un produit que les utilisateurs aiment.
    Jusque dans les années 80, la modernité et la technologie étaient dans l'entreprise. Avec la révolution internet, on dispose maintenant, à titre personnel,  d'applications super "user friendly" (NDLR conviviales). En parallèle, dans de nombreuses entreprises, on doit encore bosser sur des logiciels qui datent de 4 ou 5 ans quand sur votre ordinateur perso, vous disposez toujours de la toute dernière version.

    Mon PDG fait un apparté sur les SSII.
    - En France, on est les champions des SSII : "Je suis un cas particulier, je vais aller voir une SSII qui va me faire un développement particulier".  
    Il esquisse un mouvement et change de rôle.
    - Je mets ma casquette d'éditeur de logiciels : essayons d'avoir le réflexe d'imaginer des logiciels qui répondent à tous les besoins.
    Il émet un constat : l'offre logicielle européenne est pauvre, et la France, plus particulièrement, en fin de cortège technologique.  

    Mon PDG expose maintenant pourquoi on ne peut plus échapper au SaaS, et pourquoi les éditeurs tradis qui s'y mettent seulement ont un train de retard sur les autres.
    Le SaaS permet, d'une part, de toujours disposer de la dernière version, comme à la maison. C'est une des garanties qu'on donne à l'utilisateur. L'autre garantie, c'est de pouvoir utiliser l'appli partout et à toute heure. Mon PDG l'assure : tout éditeur de logiciels qui se respecte doit travailler sur la mobilité, et vite.

    Pour l'éditeur, le SaaS constitue une merveilleuse opportunité d'enrichier son métier en lui offrant une relation intimiste avec l'utilisateur de son application. Connecté en temps réel à la plateforme de son client, il dispose de rapports détaillés de l'utilisation qui en est faite : le nombre d'utilisateurs réels par rapport au nombre de comptes créés dans l'outil, la fréquence et la durée des connexions, les pages visitées, les fonctionnalités utilisées (et celles qui ne le sont pas). Le SaaS constitue, pour l'éditeur, un véritable outil de suivi de l'adhésion et des performances de son client.

    Ces rapports sont également envoyés au client qui peut piloter, chiffres en main, l'utilisation qui est faite (ou pas) de l'outil par ses collaborateurs : accompagner la conduite au changement, dénouer les réticences dues à la mise en place d'un nouvel outil, identifier des besoins de formation que révèleraient la non-utilisation de certaines fonctionnalités.

    La révolution du SaaS, selon mon PDG, c'est qu'on ne vend plus un logiciel mais un service. A cette fin, un éditeur en SaaS se doit d'avoir un service qui s'assure du succès de la mise en place de son produit. Il est vital dans la relation avec le client. Sinon, dit-il, on n'a rien compris au métier.
    Parce que le SaaS est une plateforme internet, donc à vocation collaborative, il faut positionner le débat au niveau du dirigeant. C'est lui qui doit être le sponsor du produit et obtenir la cohésion et l'adhésion de tous les utilisateurs à l'outil. Dans cette démarche, ma société a été pionnièe dans la mobilisation pour que tout le monde travaille ensemble.

    [Là, vous auriez vu ma tête ... J'avais du mal à contenir mon enthousiasme. Je me suis souvenue que dans mon ex-boîte, nous déplorions que les décideurs, ceux qui avaient acheté notre logiciel, n'assistent pas à la formation ni ne s'y connectent. Combien de fois suis-je tombée sur des bases au paramétrage modifié à seule fin de punir tel collaborateur ou de privilégier tel autre ? Et lorsque le directeur, qui n'avait aucune idée du fonctionnement de l'outil (et pour cause) s'étonnait, le manager répondait "C'est pas moi, c'est l'outil !". Et le directeur pestait contre cet outil qu'il avait acheté si cher pour si peu de résultats. En tant que prestatiaire de services, on ne peut pas dénoncer un management déficient. 'Combien de fois encore ai-je vu des managers corriger les données pour présenter un joli tableau à leur directeur ? J'avais beau leur dire qu'ils se tiraient une balle dans le pied en faussant des statistiques révélant un manque de personnel, ils tremblaient de trouille qu'on leur reproche de mal faire leur boulot. Et là encore, lorsque le directeur voyaient les clients excédés s'entasser, il hurlait contre le logiciel qui lui avait pourtant dit que tout irait bien.
    Nul doute qu'un logiciel accessible via internet aurait favorisé leur intérêt pour l'outil.]

    Mon PDG résume : logiciels traditionnels = fiabilité et automatisation / SaaS = fiabilité, automatisation + partage d'informations. Et il rappelle que les futurs salariés sont les jeunes d'aujourd'hui, ceux qui surfent sur les réseaux sociaux et désinstallent une application insatisfaisante en un clic.  

    Vous l'aurez compris à la longueur de ce billet : ce qui n'était qu'un détail sur l'offre d'emploi publée par mon employeur est devenu une exigence : je ne formerai plus jamais sur autre chose que des logiciels en mode SaaS !

  • Fiso s'offre un petit jeûne

    Hier, j'ai fait une expérience inédite et surprenante. Une de mes ex-collègues (musulmane), a organisé un dîner dans un restaurant-riad près de Beaubourg, et proposé à ceux qui voudraient éprouver leur volonté et/ou montrer leur solidarité, de jeûner comme elle de 4h57 à 21h32.

    Vous me connaissez, je suis une femme de défis. Pourtant j'avais de gros doutes sur ma capacité à supporter, non pas la privation de nourriture puisque je m'essaie au jeûne intermittent depuis plusieurs semaines, mais celle d'eau.

    La veille, j'ai profité de la terrasse de ma douce Chacha et savouré un délcieux barbecue aux accents grecs, avec féta grillée et raki artisanal. A 2 heures, après une dernière rasade de flotte, je me couche.

    Le lendemain, je réfrène mon premier geste du matin, qui est de boire un verre d'eau. La première moitié de journée ne m'inquiète pas : le weekend, je déjeune rarement avant 15h. Mais je m'imagine déjà en fin d'après-midi, langue dehors, au bord de la syncope et obsédée par la sensation d'une goutte d'eau sur ma ma langue.
    Au pire, me dis-je, si je souffre vraiment je me rincerai la bouche, ce qui est autorisé (tant qu'on n'avale pas car avaler, c'est tromper péché).   

    La matinée se passe sans encombres. Ma collègue s'enquiert gentiment de mon état et m'encourage. Vers 13h, je tourne un peu en rond. C'est que manger, ça occupe, mine de rien. Et pas question de tuer les heures en me lançant dans le ménage !

    J'échange des sms avec les 2 autres volontaires; l'une a mal à la tête et l'autre a tellement bu d'eau la veille qu'il n'arrête pas de pisser. Nous tenons bon.

    Je m'installe devant mon ordinateur et rédige le long billet précédent, ce qui m''occupe jusqu'à 16h. Toujours pas la moindre sensation de faim, je suis très surprise. Je pourrais boire un verre d'eau, certes, mais rien d'insurmontable et même pas le besoin de me rafraîchir la bouche. Je compte le délai qui me sépare de mes amis : il me reste quand même presque 6 heures à tenir. Le plus dur est devant moi.

    Vers 17h30, je ressens un coup de barre et décide de prendre une douche, ce qui m'achève. A 19h, je me glisse entre les draps pour un somme réparateur de 30 minutes. A 20h je sors de chez moi, reposée, pomponnée et toujours pas affamée. Je touche au but et ne peux m'empêcher d'envoyer un message à quelques amis musulmans pour leur annoncer mon dernier exploit, dont je ne suis pas peu fière.
    A 21h15, visiblement un peu déphasée, je dépasse le resto et suis hélée par mes compagnons, hilares.

    A 21h30, ayant un doute sur l'heure exacte de la rupture du jeûne (ce serait quand même con de se louper à quelques minutes près), nous appelons ma Jam qui confirme : c'est bon pour vous à Paris !

    [Ben oui, logique, le soleil ne se couche pas à la même heure pour tout le monde]

    Nous avons enfin mérité de lever nos verres (d'eau) à ce défi relevé, sans aucune souffrance en ce qui me concerne, et je dois dire que le bien le plus précieux de l'humanité a une saveur nouvelle dans ma bouche, tout comme le repas que nous partageons ensuite.

    Cette expérience a fini de me convaincre : les sociétés occidentales mangent bien plus que nécessaire et tout est question de volonté. L'année prochaine, je pourrais bien m'offrir un jeûne prolongé, recommandé par de nombreux médecins désormais, mais avec eau car je reste persuadée que s'en priver est mauvais pour la santé.    

  • Période d'essai : non mais allo quoi !

    Certains savent que j'ai changé d'employeur il y a presque 4 mois.
    L'analyse et les leçons que j'ai tirées de ma dernière expérience m'ont permis de définir un projet professionnel et de savoir exactement pour quel genre d'entreprise je voulais travailler :
    - française : question d'éthique, en temps de crise, j'ai choisi de participer à la croissance des entreprises françaises plutôt que d'aider des concurrents (américains, en particulier) à les enterrer. Mais franchement ... il y a des jours où je me demande pourquoi je persiste, tant les employeurs français sont à la ramasse en terme de management d'humains. Ca fait 10 ans que je ne bosse que pour des boîtes françaises et je suis aterrée par leur incapacité à détecter, rétribuer, exploiter (dans le bon sens du terme) et garder les pépites qu'ils ont la chance d'avoir embauchées.
    - détenue par un entrepreneur : un vrai. Pas un financier, ni des actionnaires, ni des fonds de pension américains (cf. ceci)
    - en bonne santé financière : en temps de crise, ça a son importance ! Et puis, pour moi qui fais de la formation et donc de la qualité, le CA et le taux de croissance d'une boîte en disent long sur l'efficacité de sa stratégie de développement (si elle en a une), la qualité de ses services et la satisfaction de ses clients.
    - internationale : marre de ces annonces qui exigent l'anglais par pur snobisme. Après 2 ans à former en espagnol, je veux travailler dans les langues que je parle.

    Peut-être que vous ricanez déjà : Ben dis donc, elle se la raconte la Fiso ! Elle croit qu'elle peut se payer le luxe de faire la fine bouche, en période de crise ?

    Ben oui. Je prends ce droit. J'ai surtout décidé de choisir des employeurs qui me méritent. Et j'ai fait mienne, il y a déjà quelques années, cette provocation écrite sur le tee-shirt offert par mon ex-DG :

    Fuck la crise.jpg

    Pendant les fêtes de fin d'année 2012, j'ai répondu à une annonce pour un poste de consultante formatrice dans une boîte française, mais internationale, et pionnière du SaaS (Software As A Service). J'écrirai d'ailleurs très prochainement un billet sur le SaaS, ma révélation de l'année.

    Leur domaine d'expertise n'était vraiment pas ma tasse de thé (la finance, un comble!) et encore moins ma compétence, mais j'ai obtenu un premier entretien. Ma future boss, une grande blonde aux yeux bleus perchée sur des échasses, était le contraire exact de ma boss. Et si je n'ai pas eu avec elle le feeling immédiat que j'avais pu avoir avec l'autre, tout concordait. Je correspondais à ce qu'elle cherchait : formatrice sénior sur logiciels, langues étrangères, mobilité. Mon futur poste était un calque de celui que j'avais dans ma boîte (collaboration avec des chefs de projets, audits d'intégration, formations au paramétrage et à l'utilisation).
    Au fil des rencontres avec eux, mon intérêt est allé grandissant. J'ai eu un entretien de grande qualité avec mon futur N+2 qui m'a vraiment "vendu" la boîte : celle-ci appartenait à son fondateur, toujours aux commandes, la société n'avait aucune dette et une trésorerie telle qu'elle pouvait financer n'importe lequel de leurs projets. Ajoutez à ça des déploiements annoncés aux 4 coins de la terre, une vision à long terme, une stratégie de développement agressive et à titre personnel, des primes et participation ... j'ai dit banco ! De tiède, j'étais passée à chaude bouillante.
    La dernière étape ne fut pourtant pas la plus facile : je devais former mes futurs responsables pendant 1 heure sur un sujet de mon choix (Word ou Powerpoint). Leurs retours n'ont pas fait de doute sur l'efficacité de ma prestation. Quand à moi, si l'exercice m'avait amusée, c'est surtout le sérieux de leur processus de recrutement qui m'avait définitivement séduite.

    J'ai déchanté dès la première journée. Ma boss était au téléphone avec un client et a chargé un formateur de m'accueillir, ce qu'il fit, et très bien. Ce jeune et jovial batave m'a présentée à l'autre formatrice du trio, laquelle m'a consenti un bonjour du bout des lèvres et ne m'a plus calculée de la journée de la semaine. 30 minutes plus tard, ma boss se libère et sans même m'offrir un café, attaque ma formation interne. Sur un coin de table, elle m'offre une visite de l'intranet, du réseau (un beau bordel!), des outils internes. Quand je demande s'il y a un livret d'accueil, quelque chose qui m'éviterait de tout noter, elle répond non. Je note donc tout. A midi, elle part déjeuner. Heureusement mes futurs collègues me prennent en charge et m'emmenent déjeuner avec eux.

    L'après-midi est tout aussi studieux. Le lendemain, elle me refourgue au gentil hollandais qui commence à me former sur le logiciel. Et chaque jour, elle arrive avec une tête de déterrée, comme si elle avait passé la nuit en boîte (ce dont je doute), dit bonjour les dents serrées, s'installe à son ordinateur et ne décroche quasi plus un mot de la journée.

    Idem pour la porte de prison anorexique à ma droite, et même pire : elle arrive et s'installe à son bureau sans saluer qui que ce soit. Elle ne répond pas plus à ceux qui la saluent. Et puis, en fin de journée, elle disparait. Tu crois qu'elle est partie pisser ? Ah ben non, elle est rentrée chez elle. Jamais croisé une formatrice aussi éteinte et asociale. Je m'interroge : mais qui l'a embauchée ?? Droopy ? Gargamel ? Frankenstein ?

    Heureusement le formateur hollandais est super sympa, ainsi que la chef de projet roumaine, fraîchement débarquée elle aussi. Pas une seule fois au cours de cette première semaine d'intégration ma boss n'a pris de mes nouvelles, demandé comment ça se passait ou si j'avais des questions. J'apprends qu'avant moi, un formateur est venu et reparti au bout d'un mois. L'ambiance est loin d'être aussi conviviale que ne l'avaient laissé supposer les entretiens d'embauche. Je repense avec nostalgie à mon ex-boss, une vraie mère poule, et regrette amèrement mon équipe de formateurs, si sympas et charismatiques.

    Pendant le mois qui a suivi, j'ai été littéralement abandonnée devant mon ordinateur. Ca s'appelait "travail personnel" sur mon agenda. "Si tu as des questions, tu n'hésites pas, hein ?" m'avait lancé ma boss, le nez sur son PC. Tu parles.

    Comme je m'ennuie un peu et que les supports que j'utilise pour me former sont obsolètes, je propose de les remettre à jour. Ma boss accepte. Quand je lui montre mon travail pour savoir si je suis sur la bonne voie, elle se contente de m'indiquer les infos à ajouter. Pas d'encouragements, pas de remerciements. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle n'est pas expressive.
    Après un mois, enfin un peu d'action : je participe, avec 7 autres nouvelles recrues, à un parcours d'intégration de 2 jours orchestré par mon PDG et les principaux responsables de la boîte. Mon PDG a une énergie et un charisme incroyables, les intervenants sont tous d'un très haut niveau de compétences. Je reprends espoir devant le punch planteur du pot de bienvenue, où il présente le plan d'actions 2013. Et de retour devant mon ordinateur, je replonge aussi vite. Ah ça, on ne peut pas dire que je sois fliquée ... C'est plus de l'autonomie, à ce stade, c'est un abandon pur et simple ! ...

    Cernée par ma boss qui tire la gueule et l'anorexico-lunatique qui passe sa journée à pester, je me rapproche de la chef de projet roumaine, nouvelle comme moi, et nous partageons nos impressions, qui sont exactement les mêmes. L'idée de relancer sa recherche d'emploi et de profiter de la disponibilité qu'offre la période d'essai la chatouille sérieusement aussi.

    Fin juin, un clash avec Droopy est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Ma décision est prise : je me casse. De retour chez moi, je réactualise mon CV et balance ma candidature à 5 sociétés. Je me promets aussi, pour la prochaine fois, de rester en veille même après avoir trouvé un poste. Cette fois, si je pars, je choisis un secteur qui me passionne et qui, à priori, m'évitera de telles déconvenues : le monde merveilleux des éditeurs de solutions de gestion des RH. Et je jette mon dévolu sur les spécialistes en gestion des talents. Faut dire qu'il y a visiblement urgence en France, et un sacré marché !  

    Période de congés d'été oblige, j'ai un entretien téléphonique avec un éditeur en gestion des talents qui oublie de me rappeler, comme promis, au bout de 7 jours (et ça se dit expert en gestion des RH, je ris doucement) et un autre que je vous raconterai bientôt. Entre temps, ma boss, en panique après la démission sur un coup de colère du gentil formateur hollandais, m'a invitée dans la foulée à un déjeuner et un entretien de fin de première période d'essai. Cette étape opportune mais à mes yeux inutile me gonfle; dans ma tête, je suis déjà partie. Pourtant, après réflexion, je fais le choix de jouer cartes sur table, sans lui laisser soupçonner que je cherche ailleurs. Come ça au moins, si je pose ma dém dans les semaines à venir, elle saura pourquoi et pourra en tirer des leçons pour les suivants, et si je reste (hélas), je lui donne au moins l'occasion de rectifier le tir.

    J'ai noirci le formulaire préparatoire à l'entretien de mes doléances et assise face à elle, je suis prête. Elle balaie chaque critère d'évaluation et exprime sa satisfaction, même s'il est encore trop tôt pour juger de mes capacités. A mon tour.

    "Comment tu te sens dans l'équipe ?" demande-t-elle.

    - Ben ... comment te dire ... je n'ai pas l'impression de faire partie d'une équipe, en fait ... Je ne sens pas de solidarité, chacun bosse dans son coin, garde ses bonne idées pour lui. J'ai même parfois l'impression qu'on te met des peaux de bananes sur le chemin pour voir si tu vas te casser la gueule.

    Elle tombe des nues, s'excuse, m'assure que ce n'est pas du tout l'esprit de la boîte.
    De son côté, ma boss s'étonne que je reste dans mon coin.

    "Est-ce que c'est parce que tu n'oses pas, ce qui m'étonnerait de toi, vu ton tempérament (NDLR : bien vu) ou alors c'est parce qu'on te parait peu disponibles ?

    Je confirme : elle a l'air débordée et ça n'incite pas vraiment à la solliciter. Quand à la porte de prison anorexico-lunatique, elle m'a envoyée chier une fois et je n'y suis pas revenue.
    "Elle a senti que tu avais pris de la distance et elle en souffre car contrairement aux apparences, elle aime qu'on la sollicite".

    Ah oui ? En effet, c'était loin d'être une évidence ... J'en profite pour faire part de mon étonnement quand à sa manie de ne pas dire bonjour ni au revoir. Elle doit être lunatique ?

    "Elle n'est pas lunatique, elle est bipolaire" répond ma boss. Je me retiens de rire. C'est plus grave que je ne le pensais !

    Ma boss revient sur mon parcours d'intégration. Je dis à quelle point j'ai apprécié les 2 jours avec les responsables de service qui m'ont permis de comprendre très vite comment était organisée la boîte et les rôles de chacun. Mais qu'à la suite des formations sur le logiciel, j'aurais aimé des mises en situations pour vérifier mes acquis et identifier les progrès à faire.  Elle invoque le manque de temps et des agendas surchargés.

    De son côté, elle émet le souhait d'avoir plus de retours de ma part. Je lui oppose le fait que j'attendais des points réguliers avec elle sur mon avancée, au cours desquels j'aurais pu poser mes questions, mais que ça n'était pas arrivé. Je n'argumente pas sur le fait que lors de l'intégration d'un nouveau collaborateur, c'est au manager d'aller vers lui, pas l'inverse. Elle fait preuve d'une écoute qui me surprend. Elle comprend mon ressenti et s'en excuse. Et surtout, elle me donne enfin l'explication de cette ambiance délétère : je suis arrivée dans un contexte difficile qui s'éternise depuis plusieurs mois, ce qui explique qu'elle soit stressée et si peu disponible. Elle promet des jours meilleurs, bientôt. Elle m'apparaît humaine, pour la première fois depuis 3 mois.

    J'ai envie de lui demander pourquoi elle ne m'a pas dit ça depuis le départ, au lieu de me laisser dans mon coin comme si je ne comptais pas. Que ça m'aurait permis, à défaut d'accepter, de comprendre pourquoi l'atmosphère était si pesante. J'ai failli lui dire que le ver était dans le fruit, qu'elle aurait pu et pouvait encore me perdre par négligence et manque de communication. J'ai envie de lui demander si elle a conscience de la perte de temps, de ressources compétentes (et d'argent, accessoirement) à investir sur des collaborateurs qui se cassent en cours de période d'essai . Mais je ne dis rien, bien sûr. Et en sortant de l'entretien, positivement surprise par la tournure qu'a pris notre échange, je me projette de nouveau parmi eux. Mais mes candidatures sont toujours en cours, alors ... on verra ...

    Depuis cette entrevue il y a 2 semaines, les choses ont beaucoup changé. J'ai donné ma première formation et ça s'est bien passé. Il me semble que le plus dur est derrière moi et qu'en commencant à voler de mes propres ailes, je vais enfin pouvoir apprécier l'extraordinaire autonomie dont je jouis dans mon poste. La porte de prison est devenue charmante, comme quoi elle n'est pas si bipolaire que ça. Ma boss s'est beaucoup détendue et nous sommes même allées déjeuner entre filles cette semaine.

    Je suis contente de moi. Je me rends compte que j'ai beaucoup appris ces dernières années, que ce soit par mes expériences ou mes lectures et auto-formations, en m'intéressant à la communication et au management. J'ai un regard différent sur le travail, beaucoup plus exigeant mais aussi plus constructif. J'ai acquis la capacité d'analyser des situations, d'en tirer des leçons et de les appliquer. Cet entretien salvateur avec ma boss et ses effets immédiats m'ont convaincue qu'il ne faut pas disqualifier mais dire les choses.

    Après un dernier entretien d'embauche cette semaine, la découverte d'une belle prime sur mon bulletin de salaire de juillet et de 2 semaines de formation en Thailande (en novembre) sur mon planning, ma décision est prise : je reste ! Mais il s'en est fallu de peu que je mette fin, pour la première fois de ma vie, à une période d'essai...

    Et quand je lis qu'une étude de Mercuri-Urval révèle qu'1 salarié sur 2 envisage de quitter son employeur pendant la période d'essai, je me dis que les entreprises françaises ont beaucoup à apprendre, ne leur en déplaise, de leurs homologues anglo-saxons en terme d'intégration des nouvelles recrues.

    Je déplore surtout la situation du marché du travail en France, depuis 30 ans, qui a déséquilibré les relations entre employé et employeur, donnant à ce dernier une arrogance qui le prive d'une remise en question pourtant nécessaire, et désormais urgente. Car en temps de crise, investir temps et argent pour laisser partir à la concurrence des collaborateurs difficilement sélectionnés et compétents est-il signe d'intelligence ou de stupidité ?

    Et vous, quelles sont vos bons et mauvais souvenirs d'intégration ? Et à quoi êtes-vous le plus sensible ?