La différence m’a toujours attirée. Parce qu’elle m'enrichit, me donne à regarder les choses du point de vue de l’autre et à bousculer le peu de convictions que j’ai.
Mes parents nous ont tous les 3 élevés dans le respect des choix de chacun. Je n’ai jamais entendu le moindre mot discriminatoire dans leur bouche. Ma mère nous a toujours assuré de son amour quel que soient nos choix, et elle a tenu parole. Pour mon père c'était sans doute moins évident, mais pas fermé. Je me souviens en particulier de ma mère qui allait parfois prendre le thé chez un couple de voisins moustachus quand j’étais ado. C’est elle qui, quelques années plus tard, m’a présenté celui qui fut pendant plusieurs années un de mes plus proches amis. Il m’a parlé de son chemin solitaire, long et difficile pour se construire. De sa tristesse face à la perspective d’une vie sans enfant. Il m’a raconté les rejets, les soupçons, les risques et les victoires aussi.J’ai soudain entendu tous ces mots qui les blessent, les blagues, les allusions, toutes ces petites phrases anodines et assassines, parfois même prononcées par les victimes elles-mêmes. Je suis longtemps restée sans opinion face au débat sur leur droit à l’adoption et au mariage. Il ne m'a pas été donné de rencontrer des femmes homosexuelles pour connaître leur point de vue.
Et puis récemment, sur les blogs, j’ai lu des choses qui m’ont touchée. Je leur laisse la parole. J’espère qu’ils ne m’en voudront pas de les mettre ainsi en lumière.
O. : « L’homophobie intériorisée, c'est celle qu'on porte tous en nous, même moi, même B., celle qui fait que dans la rue, en ville, à la piscine ou ailleurs dans un lieu public, là où tu marches avec ton mec, tu t'interdis de le prendre par la main, de l'enlacer, tu jettes un regard alentour pour t'assurer que personne ne te regarde, c'est cette ambiance partout présente, diffuse, surtout dans nos têtes, qui fait que ce qu'on admet, qu'on a fini par admettre comme normal, ne peut malgré tout pas se vivre sur le régime de la normalité. C'est ce petit truc qui fait que dès qu'un collègue, une connaissance cherche en savoir un peu plus sur toi, dès qu'un commerçant te fait remplir un formulaire, ou la propriétaire d'une chambre d'hôte que tu as réservée t'accueille, ce sont des choses à propos de ton épouse qu'on te demande. C'est cet environnement avec lequel tu as appris à vivre, dont tu te crois affranchi, mais qui se rappelle toujours à toi, si ce n'est dans la vie du moins dans la tête, qui conduit nombre de gays à vivre dans le ghetto, souvent en l'abhorrant
X : « L'homophobie intériorisée, c'est plutôt celle du gars qui se suicide plutôt que d'avouer aux autres, et que de s'avouer à lui-même, qu'il est homo. Ou celle du gars qui, en bande, frappe un homo avec encore plus d'énergie que ses potes pour être sûr qu'aucun doute ne portera sur lui (et pour punir l'autre d'avoir révélé son homosexualité alors que lui la garde cachée).
Je me permets d'avoir une pensée pour les vrais pédés, ceux qui aimeraient vivre avec un mec, ceux qui sont efféminés et qui aimeraient pouvoir l'être, une pensée aussi pour les transsexuels (ceux qui se sentent vraiment femme). Pour tous ceux qui, dans les "quartiers" et ailleurs, sont obligés de mille ruses pour vivre malgré tout leur sexualité et pour la cacher (comme le montre bien le petit film). Une pensée pour ceux qui entendent à longueur de journée des vannes sur les pédés sans oser rien dire alors qu'ils aimeraient tellement dire à leurs potes qu'ils aiment les garçons. Une pensée pour ceux qui, du jour au lendemain, n'ont plus de nouvelle de leur petit copain et ne peuvent rien faire pour se renseigner parce que personne n'est au courant (m'a-t-il quitté ou a-t-il eu un accident ?) Une pensée pour ceux qui se font agresser, et une pensée pour ceux qui se suicident. »
Aujourd'hui j'ai une opinion. Je suis pour leur droit au mariage et à l'adoption. Pour leur droit à l'amour, tout simplement.