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Pensée du jour - Page 21

  • Mott street

    free music

    J’aurais dû aller courir, tiens. J'ai hésité, renoncé. Le soleil était absent, je manquais d’énergie. J’ai préféré me caler sur ma chaise longue en cuir, dans mon pyjama japonisant. « Breakfast tea », confiture de fraises maison sur des crumpets farineux malencontreusement rebaptisés « muffins »par ED, tiens, ça me donne des envies de bagels au cream cheese.

    Et me voilà à New York, lors de mon premier voyage, le nez en l’air. Bagels, carrot cakes, pastrami sandwiches, canards laqués de Mott street.

    Le téléphone sonne, un ami, je l’écoute en buvant mon thé brûlant du bout des lèvres. Il raconte une étreinte passionnée. Ca me fait rêver de dos tournés, de moues boudeuses, de peaux qui se frôlent comme par inadvertance, de mains qui s’égarent vers des chemins connus, d’odeurs, de souffles, les yeux fermés, la bouche ouverte. Je raccroche un peu plus tard et là, bam, sans crier gare, des idées noires, ou plutôt grises.

    Alors je me grise, dans un bar quelconque, d’un kir puis deux, au sirop de rose, c’est doux, ça me fleurit la bouche, et mes paupières sont comme deux pétales buvant l’eau du ciel.

    Sur l’écran de mes 17 ans, une gamine rejoue mes errances. Ses yeux sont secs et ses mots déshumanisés me font l’effet d’un coup de poing. « Mignonnet », a dit ma copine, en sortant. Non, pas du tout. Pathétique, désespérant, triste à pleurer. Je me souviens, comme si c’était hier, de mes nuits sans sommeil, du gâteau d’anniversaire que j’ai soufflé, le cœur serré. Trop jeune, trop vieille, toujours trop. J’ai repris mon vélo qui avait pris la pluie, lui. Selle mouillée, fesses mouillées, pas de lumière, pas de gilet, pas de casque. Pas bien, Sophie. Suffit d’une fois, on dit.

    Et puis, sur un autre écran, un preux chevalier, jailli non pas d’une forêt légendaire, mais tombé d’un olivier, vole à mon secours. Il me fait rire, éclater de rire même. Vous savez comment on dit « spéculum » en provençal ? Escartefigue ….  
  • Inter-section

    Pas écrit depuis quelques jours. Ce n’est pas le manque d’idées, au contraire. Je vis des choses importantes en ce moment. Des instants de bonheur qui pourraient se passer de mots parce qu’ils sont sensations. Je les verbalise pour me replonger plus tard, au besoin, dans ce bain délassant. Ils apparaissent doucement, comme une évidence devant mes yeux plus attentifs. C’est drôle comme la vie choisit toujours le meilleur au bon moment. Tout a un sens et sa place. Le hasard n’existe pas.

    Comment vous donner une idée de l’état de grâce dans lequel je me ressource actuellement ? Comme ceci :

    Je suis étalée, il n’y pas d’autre mot, dans un canapé immense. A ma droite, il y a un homme, enfoncé dans les coussins, comme moi et les autres personnes présentes. Un ami cher. On regarde un film tous ensemble, lovés sous un plaid, et la scène respire le bonheur simple d’une soirée d’hiver. Mon ami prend ma main et la garde dans la sienne jusqu’au mot FIN. Je suis aux anges, je pourrais m’endormir.

    Je suis dans un bar. L’ambiance est joyeuse. Assise au comptoir, une amie récente. Une montagne de tendresse et de fragilité. Une fille au sourire tellement craquant qu’on a envie de la prendre dans ses bras. Enfin, moi, c’est l’effet qu’elle me fait. Son sourire est radieux, elle me lance des clins d’œil et dit qu’elle est heureuse d’être là. Je pose la paume de ma main sur sa joue je la caresse, en lissant ses cheveux. Elle me prend dans ses bras, me serre fort et en se levant, s’écrie, ingénue : « Ah ! C’est trop bon ! » Le groupe qui nous accompagne éclate de rire.

    Je suis à la station Cambronne. J’ai rendez-vous avec ma petite sœur. Elle m’attend dehors sur le trottoir et moi je suis devant la carte du métro, dans la station. J’aime bien regarder les plans de métro quand j’ai quelques minutes à tuer. Il y a des quartiers de Paris que je connais très mal et dans ma tête, je m’exclame : « Ah ! C’est là, donc ! »

    Ma sœur me rejoint et dit : « J’ai vu tes bottes à travers la grille, je me suis dit que ça pouvait être toi ». Elle est toute jolie dans son manteau couleur prune, maquillée et coiffée avec soin. Pour moi. Je lui dis que je suis heureuse de la voir et qu’elle m’a manqué. Je l’embrasse, un vrai baiser sur sa joue, assez appuyé pour capter les effluves d’Ultraviolet. Elle cache bien sa surprise, pas habituée à des effusions de ma part.

    Je suis dans un café. Je parle avec un ami d’un garçon que j’ai rencontré il y a peu et pour lequel j’ai de l’affection. Je lui dis que ce garçon donne envie qu’on l’embrasse mais que je n’ose pas. Mon ami m’encourage « vas-y, je t’assure, il est content d’être avec nous ». Alors, quand celui dont je parle me tend un verre, je le remercie d’un baiser sur sa joue satinée.

    J’arrive dans une pièce chaleureuse décorée de poutres. Un endroit apaisant où je me sens comme chez moi. Un monsieur, invité comme moi, m’accueille avec un grand sourire. Il me dit de sa belle voix éraillée « Je t’ai cueilli un bouquet de mimosa ». Je respire les délicats boutons jaunes, les yeux brillants, et en passant mes bras autour de son cou, j’embrasse son collier de barbe.

    Quelque chose s’est débloqué. Je vais essayer de m’y abandonner doucement et sans résistance. Je sais que je me suis entourée de personnes bienveillantes qui m’y aideront. Comme ce monsieur qui communique avec moi par mail et dont les mots sont une évidence.

    Je me souviens de la rencontre qui a déclenché ce processus nécessaire. C’est elle qui m’a fait prendre conscience de cette force que je réfrénais. Son conseil, que j’avais alors gardé pour moi, était le suivant : « Il y a en toi une énergie que tu retiens. C’est par le corps qu’il faut commencer. Tout est là. »

    Je commence à comprendre pourquoi j’ai pris ce chemin. Je n’avais pas vu le panneau placé à l’entrée « voie sans issue ». Pour m'en sortir, il fallait que je bifurque à la première intersection. Inter-section ?

  • Menteur !

    Il lui dit : « J’ai envie de t’embrasser. Je sais que ça ne se fera pas, mais je te le dis, parce que je suis bien avec toi ».

    Elle se répète ses mots : « Je suis bien avec toi », balancés d’une façon à la fois naturelle et solennelle, en les appuyant, comme si c’était important. Comme si c’était un cadeau. Elle lui décoche un sourire rassurant et faussement détendu. Elle guette son regard fuyant ou un léger vacillement du regard qui donnerait raison à la voix intérieure qui a terni cet instant en chuchotant « Menteur».

    Mais non, pas la moindre malice dans les yeux rieurs qui la captent. Elle s’étonne de son air tranquille et confiant, de son sourire insouciant, de sa joie visible. Les rares fois où elle a prononcé des mots de ce genre ont été suivies d’une lourde et paralysante appréhension.

    Ils rient. Elle respire fort et tout en soutenant son regard, elle articule lentement « C’est vrai ? Merci, ça me fait plaisir que tu te sentes bien avec moi. Vraiment. »

    Il est heureux dans cet après-midi nimbé d’un halo de soleil.

    Son regard à elle s’est voilé d’une tristesse qui ne la quittera plus jusqu’au soir.

    Elle repense à toutes les fois où on lui a dit quelque chose de gentil. Elle est horrifiée, soudain, comme il le serait sans doute s’il savait ce que la voix intérieure a crié en réponse à sa tendresse. Elle vient de réaliser qu'à chaque fois ou presque qu'on lui a manifesté de l'amour, elle a pensé "il/elle dit ça pour ma faire plaisir". Comme si l'éventualité qu'on puisse l'aimer était absente de sa tête.   

    La putain de toile d’araignée, invisible et gluante, a toujours été là entre elle et les autres.  

    Tout en marchant à ses côtés sur le boulevard, parlant de choses et d’autres, elle se souvient de ces quelques fois.

    Il y a peu, elle avait entendu un homme lui dire qu’elle était la passion de sa vie. Elle ne l'avait pas écouté, murée dans sa forteresse-prison et à chaque mot qu’il disait, elle hurlait intérieurement « Menteur ! ». Elle avait raccroché, pleine de colère, les insultes au bord des lèvres, et raconté la conversation à ses amis les plus proches. L’un d’eux s’était étonné de son amertume « Il tient à toi, quand même, ce garçon ». Haussant les épaules, elle avait marmonné « Ouais, peut-être » mais dans sa tête elle avait pensé « qu’est ce que t’es naïf! ». 

    Elle s’est souvenue. Tous ces moments qu’elle n’avait pas su savourer. Les bras tendus qu’elle avait refusés. Les corps contre lesquels elle s’était raidie. Ces lanternes allumées dans la nuit qu’elle évitait par peur de brûler ses ailes délicates de petite abeille joyeuse. Tout lui revenait. Elle avait l’impression que ça durait depuis toujours. Que chaque histoire, finalement, n’avait pu exister que parce qu’elle était vouée à une fin plus ou moins proche.

    L’abandon, le désamour, la haine, en revanche, ça elle n’a jamais eu de mal à y croire.

    Toute la journée, elle a fouillé sa mémoire, à la recherche de la dernière fois où elle s’était abandonnée sans qu’un mot, un geste ou la voix intérieure ne la fasse se raidir.

    Le soir venu, elle s’est jetée de nouveau dans la toile d’araignée virtuelle. Elle a rebondi dessus, d’abord doucement. Et plus elle essayait de bouger, plus elle s’emmaillotait dedans. Alors, elle s’est recroquevillée dans la position du fœtus et n'a plus bougé. Les seuls bras qu’elle a pu sentir enroulés autour d’elle étaient les siens. Elle a pleuré. D’abord en silence, et puis ça l’a submergée.

    Est-ce qu’une petite abeille peut traverser une toile d’araignée ?

  • Fiso

    Fiso, ce n’est pas qu’un pseudo de blog. C’est mon prénom en verlan.

    Sa mélodie a toujours coulé de source, pour moi, mais quand je rencontre des blogueurs, la plupart le prononcent comme ils le lisent : « Fizo ». Du coup, ça n’a plus aucun sens.

    Fiso, à prononcer Fisso, donc, c’est le p’tit nom affectueux auquel, depuis l’adolescence, je réponds autant qu’à Sophie. Dans mes souvenirs, c’est mon père qui a commencé à m’appeler comme ça, puis mon frère et ses copains, ma sœur et ma mère, mes potes de l’époque hip hop. Mais jamais mes amis intimes ni mes amants. En dehors des blogueurs qui me découvrent sous cette identité, je n’aime pas que des inconnus s’approprient Fiso. 

    A quoi me renvoient donc Sophie et Fiso, contraires et complémentaires ? Et pourquoi les gens préfèrent l’une ou l’autre ?

    Pour l’enfant qu’a été Sophie, Fiso a longtemps été un idéal inaccessible, jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’elle vivait à l’intérieur d’elle. Que les qualités qu'elle lui enviait était les siennes qu'elle ne voyait pas. J'ai longtemps détesté Sophie. Aujourd'hui, si je ne l'aime pas encore, j’accepte doucement l’idée que les 2 me sont vitales.

    Qu’aucune ne fait de l’ombre à l’autre. Que de la violence peut naître la douceur.

    J’ai fait plier le tuteur de plastique qu’on avait mis pour me forcer à pousser droit. Mes racines s’enfoncent et s’entremêlent, mes branches se déploient vers le ciel.

    Je suis un niaouli, un « arbre à peau », aux couches multiples.

    Fiso. Le positif de mon négatif. La tempête après le calme. Le Yang de mon Yin.

    Le point lumineux au bout d’un tunnel obscur

    Le ciel de ma liberté quand je m’enfonce sous terre

    Le jour apaisant de mes nuits agitées

    Le masculin musculeux dans mon corps si féminin

    Le sourire chaud qui a fait fondre ma froideur glacée

    Le château fort érigé pour protéger mes faiblesses

    Pousser mon corps à l’action pour le forcer au repos

    Le grain de folie qui défie ma philoSophie

    Mettre à mon actif les leçons d’un passé passif

     

  • Si j'étais née à une autre époque ...

    Ce matin, je débarque dans son bureau : « Je viens me faire payer un café ».

    Il regarde mes jambes, un sourire en coin. Après un compliment que j’accueille sans fausse modestie, il dit « Tu sais, je les adore ces pompes, elles te vont super bien ».

    Je réponds : « Moi aussi, je les adore, elles me donnent un air de bourgeoise sage ». Il éclate de rire « Exactement ! Tout ce que t’es pas ! Mais t’as aussi mis ton ceinturon de Calamity Jane, il manque plus que les colts. »

    J’adore brouiller les pistes.

    Si j’étais moi, justement, et que je devais absolument être une fille, je ressemblerais à Claudia Cardinale dans « Il était une fois dans l’Ouest ». On a déjà quelques points communs, elle et moi.

    Sauf que moi, je ne serais pas dans une ferme lugubre à faire la popote pour un moustachu et sa famille nombreuse. Ni dans un saloon à lever la jambe devant des cow-boys pleins de bière qui me mettraient la main au cul entre deux bagarres.

    J’aurais un décolleté comme Claudia, parce que j'adore ça, mais surtout un bolo tie et des bottes ; je serais en pantalon pour sauter sur mon cheval sans m’afficher devant Yul et ses potes édentés en me ramassant dans des jupons.

    J’ouvrirais les portes à coups de lattes et je dormirais qu’avec mon cheval. De temps en temps, je pourrais fantasmer sur Charles et son harmonica et lui payer 2-3 bières pour qu’il me fasse vibrer en me regardant dans les yeux.

    Je sentirais la poussière et j’aurais les cheveux attachés pour pas offrir de prise. Et si un cow-boy s’avisait de me prendre la bouche sans me demander mon avis, je le mordrais au sang.

    Mon mec s’appellerait pas Clint ni John. Moi c’est les Indiens que je kifferais.  

    PS : Tu vois, tu avais vu juste, toi qui me lis sans commenter et m’a envoyé la musique de « Il était une fois dans l’Ouest », il y a quelques semaines …Sauf que je n'aurais pas choisi le thème principal du film mais ça :

    free music

    Je sais pas comment t’as fait. Pourtant tu t’appelles pas Zarxas.