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2yeux2oreilles - Page 108

  • Mes soeurs

    Sa jeunesse, sa fraîcheur, ses cigarettes, son chat, ses longs cheveux noirs et bouclés, sa voix rauque et son prénom qui est celui de ma sœur de sang. Je serai toujours son irlandaise. Elle a été la première de mes sœurs virtuelles.

    Ses mots improbables, tricotés d’émotions, sa noirceur, parfois, ses angoisses, souvent, sa présence discrète, sa chaleur qui manque quand elle part, comme un chat qui pose sur vous ses coussinets de velours rose. Son sourire de gamine, ses photos coquines, ses « et je t’embrasse fort ». Elle m’a conquise sans que je m’en aperçoive, elle est devenue celle qui compte.  

    Sa silhouette longiligne, son profil de statue grecque, ses boucles noires (encore !), sa longue main qui lance un baiser du fond d’un taxi sur la rue de Rivoli, et moi qui marche seule, au soleil, rêveuse, avec dans la bouche la saveur moelleuse des pancakes et les yeux qui brillent du bonheur de ces moments volés, entre deux avions.

    Ses yeux de chat, sublimes sous la visière du casque, sa discrétion, son charme irrésistible, sa voix si sensuelle à laquelle j’aime laisser des messages. Elle est belle, fragile, émouvante. Elle a un nom d’homme mais la grâce d’une princesse au petit pois.

    Ses chaussures, son humour, ses baisers ailés qui m’agaçaient avant que je ne la rencontre et que je découvre qu’elle était tout sauf cucu la praline. Une bonne dose d’autodérision et du romantisme qui pointe, ça et là. La vraie bonne copine, sans rivalités, sans chichis, celle qui te prend entre 4 yeux, comme un mec. C’est son côté garçon manqué qui me séduit le plus.

    Son élégance, son rire cristallin, ses yeux fermés quand elle danse, sa folie quand elle sautille dans tous les sens et que je dois la traîner dehors. Y'en a pas une pour rattraper l'autre, dans ses moments-là. Ses carnets d'écriture, sa sensibilité, ses rêves de prince charmant, sa façon de se réfugier dans mes bras quand elle est malheureuse. Elle m'a peut-être trouvée dure, parfois mais ma tendresse pour elle est sans limites. 

    La maturité m'a rendue plus sereine. J'ai grandi entourée de frères et ces femmes sont mes soeurs, désormais.

  • "Protège-moi de mes amis, mes ennemis, je m'en charge"

    Cette nuit-là, à 0h01, son téléphone a lancé un rappel. « M., 38 ans ». Elle a fixé l'écran qui clignotait et appuyé sur la touche « arrêter ». Songeuse l'espace d'un instant, elle a eu peur de sombrer dans la tristesse, au souvenir de tous ces anniversaires passés ensemble. De ces étrangers qu'ils sont devenus, l'un à l'autre.

    A l'heure du déjeuner, elle l'a appelé. Cet anniversaire serait l'occasion de reprendre contact, puisqu'il y avait encore certains détails à régler.

    Quand il a décroché, sa voix était enjouée, il avait reconnu son numéro sur l'écran. Elle lui a souhaité un bon anniversaire, en l'appelant par son nom de famille, comme à l'armée. Il a éclaté de rire, lui a dit qu'il avait pensé à elle, la veille, en visionnant la vidéo de ses 26 ans, leur premier anniversaire ensemble. Au ton de sa voix, cça semblait être de bons souvenirs. Il a demandé des nouvelles des uns et des autres, du boulot. Lui a parlé de ses projets. Elle n'a pas posé de questions.

     « Il faut qu'on reprenne contact, cette année. On s'est un peu perdus, depuis 2 ans, hein ? »

    Elle n'a pas renchéri. Elle n'a pas rappelé toutes ces fois où il avait téléphoné. « Je viens à telle date, on déjeune ensemble, ok ? » A chaque fois, elle s'était réjouie de le revoir, avait guetté la date, attendu.  Le téléphone était resté silencieux et il avait toujours une bonne excuse à laquelle elle faisait semblant de croire. Parce qu'elle l'avait connu sincère et loyal, qu'il l'avait chérie, avant, elle ne pouvait accepter l'idée qu'il la méprise. Et pourtant un matin, l'occasion lui fut donnée, à son grand regret, de faire face à la vérité.

    Quelques heures avant celle de leur déjeuner ensemble, après si longtemps, il avait appelé, pretexté un avion raté. Une fois de plus, elle lui avait laissé le bénéfice du doute, avait été désolée de ce contretemps « Ce sera pour une prochaine, fois, hein, tu vas bien, sinon ? »  mais quand repensant à quelque chose, elle avait composé son numéro quelques minutes plus tard, elle avait compris qu'il avait menti. Il était là, à quelques kilomètres d'elle. ¨Partagée entre colère et tristesse, elle avait rappelé et demandé, incrédule « Putain, c'est ça que tu es devenu ? »

    Aujourd'hui, en entendant son ton faussement désinvolte, elle a souri, partagé entre amertume et ironie. Elle a failli lui dire la vérité, qu'il lui importe peu désormais, qu'elle ne lui réservera plus jamais une minute de son temps et qu'il ne fait plus partie de ceux qu'elle aime. Elle a juste répondu : « On s'est un peu perdus, c'est le moins qu'on puisse dire » mais elle a pensé avec tristesse : « On ne s'est pas perdus, M. Tu m'as perdue ».

  • Où nager à Vittel

    Photo281[1].jpgMessage perso à Nicolas: Ne lis pas ce qui suit, tu vas te rendre malade.

    Cette semaine, on m'a envoyée dans une contrée qui représente l'enfer sur Terre pour Nicolas. Y'a de l'eau partout, ici, Contrex, Vittel, Hépar, et j'ai poussé la cure thermale jusqu'à aller en boire à la piscine olympique Pierre de Coubertin, à Vittel.

    Suivez les pancartes « Complexe omnisports », dépassez le Carrefour Market, tournez à droite, c’est au bout de la rue.

    Le mardi, elle fait nocturne et ferme ses portes à 21h. L’entrée est chère (3,85€) mais la carte magnétique qui permet de passer le portillon d’entrée verrouille aussi le vestiaire. Pas de panier à disposition des nageurs pour ledit vestiaire, justement, et pas d’injonction d’enlever ses chaussures à l’entrée. La signalétique laisse un peu à désirer, on a l’impression que la construction de la piscine n’est pas terminée. Je découvrirai ainsi par hasard qu’en plus des douches mixtes, la version individuelle se trouve dans les toilettes femmes.

    Le sol est glissant. Je monte quelques marches, à gauche un bassin de 25m, un bassin ludique et un espace forme avec jacuzzi, hammam et sauna. Moi je suis là pour bosser alors je tourne à droite et découvre le bassin olympique, 8 lignes d’eau et une moyenne de 3 personnes par ligne. Quel pied de nager en province, je ne le dirai jamais assez !

    Les horaires, les infos, c'est .

    Pour le jogging, ça se passe à 2 pas de mon hôte, à l’Hippodrome de Vittel. Y’a que de la forêt tout autour, et des sangliers énormes comme celui qui fumait dans mon assiette, ce soir … ;)

     

  • J'aurais dû mettre des bretelles

    19h quand je me précipite hors de la station de métro Hôtel de Ville. La pièce de théâtre commence MAINTENANT et la fille m'a prévenue au téléphone. A 19h10, on ne rentre plus. Le temps que je trouve à quel numéro de la rue je suis, je réalise que je me dirige dans le mauvais sens. Je tape un sprint, sac à main d'un côté, ordinateur de l'autre. Je suis en robe sur des bottes à talons carrés, heureusement. Et sans balconnet, bien vu Fiso.

    Tout se passe relativement bien, et je cavale à bon rythme,  jusqu'à ce que je sente que mon collant taille basse, un de mes derniers achats (on se demande bien ce qui m'a pris d'acheter ça)  est en train de glisser. En quelques enjambées, j'ai les fesses à l'air, puis le collant continue de descendre pour se retrouver au niveau de mes genoux. Là, j'éclate de rire tellement j'ai du mal à croire à ce qui m'arrive mais après un moment de panique et d'hésitation, je réalise que je ne peux pas m'arrêter. Comment vais-je, en pleine rue et heure de pointe, récupérer discrètement ce p... de collant au milieu de mes genoux et le remonter sur mes hanches ?

    En plus du risque de me vautrer comme une merde, je suis prise de panique en imaginant le collant qui continue de descendre et me tombe sur les chevilles. Dans mon malheur je remercie mon choix du matin, le manteau années 50 de Mamie Coco plutôt que mon petit blouson court que j'affectionne tant. Le collant ne descend pas plus bas, retenu au niveau de mes genoux par ma course effrénée. Les passants que je croise sont intrigués par mes éclats de rire, je me bidonne toute seule.

    J'arrive enfin au théâtre après une course qui me paraît durer 10 fois mon jogging dominical et imperturbable, je prends mon ticket et monte les marches 4 à 4, le collant toujours aux genoux. Le spectacle commence à peine et mon ami est là qui m'attend. « Wahhh, belle robe ! » dit-il. « Hors d'haleine, je souffle « T'as pas vu ce qu'il y a en-dessous ! ». Et je m'assieds, reprend mon souffle, tente de remettre en ordre ce qui fut ma coiffure et tranquilos, je me plonge dans le spectacle en espérant que le comédien, en contrebas, ne voit pas ma culotte.

    Ian Delépine, qu'il s'appelle, c'est sa dernière et son sketch sur la famille Ingalls est franchement tordant. Entre Laura qui « a des dents de lapin et une mercerie sur la gueule » et Caroline Ingalls « une maille à l'endroit, une maille à l'envers », qui rêve « de se faire prendre comme une grosse cochonne sur le frigidaire, Charles, même si ça existe pas encore », je me poile.

    Le one-man show se termine et mon compagnon propose un dîner. "Heu oui mais j'ai un léger problème technique, faut que je trouve des toilettes d'urgence », lui dis-je en lui narrant ma mésaventure. Nous nous installons « Chez Hannah » à quelques rues de là. Je pose mon sac et demande au serveur où sont les toilettes. Au fond, derrière le bar. « J'espère que j'aurai le temps d'arriver jusque là », lui dis-je. Il comprend de travers (normal) et répond « Ah vous pouvez y aller, on vient de passer la serpillère ». Et moi, piquée au vif, au lieu de fermer ma gueule « Ah mais non, c'est pas du tout ça figurez-vous que j'ai acheté un collant taille basse et que ..... »

    (visiblement, je ne suis pas la seule, et contrairement à Alice Springs, je n'ai pas les fesses plates, moi ...)

  • Mamie Coco et la politique

    Premier soir, je voulais inviter Mamie Coco au resto mais elle a refusé. « J’ai ach'té c’qui faut. Des bonnes choses ».

    Elle sort deux feuilletés au fromage passablement industriels et deux tranches de rôti d’une viande non identifiée qu’elle met dans des assiettes en plastique dur à la propreté très doûteuse (pour ne pas dire dégueulasses).

    Le premier soir, je n’ose pas faire la vaisselle avant de manger mais les jours suivants, je ne résiste pas. Tout est sale. Heureusement que l'ami qui devait m'accompagner n'est pas venu ... Les jours suivants, légèrement vexée, elle me fera inspecter casseroles et vaisselle avant de les utiliser. 

    Les bonnes choses, ce sont deux Paris-Brest. Ca tombe bien, je n'aime pas les gâteaux à la crème ...

    « Quand j’vais à Carrefour, j’m’en achète et je le mange dans ma voiture avant même d’être arrivée à la maison », confie-t-elle. Et après ça, elle se demande pourquoi elle a du cholestérol …

    Après le repas, elle regarde les infos tandis que je me charge de la vaisselle. Soudain, je l’entend brailler toute seule devant le poste de télé et tend l’oreille.

    « Tais-toi donc, toi ! Retourne chez ta potiche !».

    Je devine qu'elle parle à notre président et pique un fou-rire toute seule dans mes assiettes.

    Quelques minutes plus tard, je la rejoins et me plonge dans le programme télé (ben oui, ma grand-mère n’a pas encore d’ordi, c’est la dèche ).

    Elle me tire vite de ma lecture « J’l’aime bien, Barracuda ».

    Je fixe l’écran en me demandant de qui elle parle.

    Elle précise : « Si j’avais été américaine, j’aurais voté pour Barracuda ».

    Bon ben moi j’vais aller me coucher, je suis épuisée et j’ai mal au ventre à force de rire.