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2yeux2oreilles - Page 110

  • Le papy portugais

    6h00, le néon bleu d'un taxi est garé sous mes fenêtres. « Merde, il est déjà là » pensai-je. Tout en buvant mon thé trop chaud, j'essaie de lui faire signe que j'arrive mais il ne me voit pas, occupé à astiquer la carrosserie. Trait noir autour des yeux, mascara, un petit coup de vaisselle avant de partir.  

    Comme chaque lundi matin, mon téléphone chante « Baby can't you see, I'm callin' ». C'est le standard qui vérifie que je n'ai pas loupé le réveil. « Oui, oui, je descends ». Dernières vérifications, carte d'identité, billet d'avion, GPS, permis de conduire, je m'engouffre dans l'ascenseur.

    Le chauffeur, court sur pattes, un faux air de papy portugais avec sa moustache grisonnante, prend ma valise. Je m'assois. L'habitacle sent bon l'eau de Cologne légère. J'attends toujours que mon chauffeur engage la conversation pour ne pas le saouler dès le matin. « Il faut faire vite, dans un quart d'heure je ne pourrai plus remonter d'Orly. Avec les grèves, tout le monde prend la bagnole » dit-il.

    Il n'est pas très bavard et moi je n'ai pas grand-chose à dire, ce matin. Je m'amuse beaucoup en revanche, de l'entendre glousser en écoutant les vannes super nazes de Rires & Chansons. Surprenant mon sourire dans le rétroviseur et se méprenant sur la raison de ma bonne humeur, il monte le volume. Il se tape même sur les cuisses, c'est trop drôle. A l'approche d'Orly, une sonnerie se fait entendre, suivie de la voix d'un type. Un collègue de mon chauffeur qui se plaint d'être envoyé rue de Rivoli alors que tout est bloqué, paraît-il, pour « leur cérémonie à la con » (commémoration de la chute du mur de Berlin).

    Mon chauffeur répond avec un clin d'œil goguenard à mon intention »Ah, c'est pas grave, Jojo, ce soir on sera dans les bras d'une belle blonde ». Jojo ne comprend pas et enchaîne. « Faut que j'emmène ma voiture en révision ce soir, ça pue, j'comprends pas ». Mon chauffeur se penche sur le micro « Hé, j'veux pas dire, Jojo, mais ... t'as des fuites. C'est le quinquennat ! » et s'en remet un coup sur les cuisses de sa bonne blague. Moi je suis pliée à l'arrière. Il en remet une couche sur la belle blonde, dont je commence à comprendre qu'il s'agit de moi (putain, l'insulte, j'suis rousse -par intermittence - bordel).

    Jojo répond « Moi c'est le quinquennat, toi c'est le septennat, elle risque rien avec toi,  ta blonde ». Mon chauffeur est toujours plié, et ça se vanne non stop jusqu'à l'aéroport. Arrivé devant l'aérogare Ouest, je crie « Bon courage pour la journée, Jojo ! » et je salue mon papy. Sacrés numéros, ces deux-là.

  • Chaussures, luxure et ... déconfiture

    Photo239[1].jpgJe devais juste faire découvrir à mes 2 copines blogueuses et adoratrices de chaussures cette super adresse que je fréquente pratiquement depuis son ouverture, il y a 16 ans.

    De sublimes chaussures, bottes et escarpins, et à l’époque aussi, une multitude de bérets Philippe Model qu’Agnès décrochait pour moi. A mon grand désespoir, la collection de bérets a disparu, j’en ai heureusement raflé quelques-uns à temps.

    On est toutes les 3 à la bourre, ça m’arrange bien. La boutique est vide, nous essayons ces petits bijoux sur talons et voilà que je ressors avec 2 grandes boîtes. Comment aurais-je pu résister ?? Ces bottines bicolores en daim et cuir, je les avais déjà repérées il y a 3 semaines, et elles m’attendaient, depuis, et comme P_o_L m’a dit « Elles sont faites pour toi »… Pour une fois, je vais faire ma fille de base et vous les montrer mais la meilleure pour ça, notre mère à tous, c’est VéroPapillon, bien sûr (qui a mis en scène ce défilé de chaussures)

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    Juste en face de la boutique, un restaurant iranien a ouvert. Il me semble qu’il est récent car je ne l’ai pas remarqué auparavant, et on y mange vraiment très bien, au So Rice. Le chef est chaleureux et vient vous expliquer la composition des plats (délicieuses grillades de poulet au citron), les sorbets au safran et à la rose sont faits maison, comme tout le reste, et les somptueux toilettes valent à eux seuls une visite.
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    Après ce délicieux déjeuner, Véro a dit « Les filles, si vous avez un peu de temps, j’ai une surprise. Une expo sur les maisons closes de Paris dans la galerie Au bonheur du jour ». De quoi nous réchauffer par ce grand froid. Nous voilà reparties en direction de l’Opéra, et plus précisément rue Chabanais. La galerie « Au bonheur du jour » est un bel endroit, élégant, douillet et pourvu d’un boudoir feutré.

    On a parfois l’impression qu’ils étaient coincés à l’époque, mais pas du tout ! Ca batifolait sévère dans les chambres indiennes, chinoises et autres exotismes. Et les canons de la beauté étaient bien différents au temps des années folles, elles ne risquaient pas de s’enrhumer avec la fourrure qu’elles portaient, été comme hiver …

    On y apprend que c’est une ancienne prostituée, Marthe Richard, devenue pilote d’avion puis conseillère municipale à Paris, qui fit fermer les maisons closes en 1946. Mamie Coco, qui raconte volontiers sa jeunesse, vous dirait que c’est bien regrettable.

    L’exposition nous replonge dans ces lieux de plaisir et de débauche à jamais disparus. Le Chabanais, sis au 12 de la rue du même nom (et accessoirement juste en face de notre galerie) recevait les princes du monde entier et qu’Edouard VII y avait même sa chambre attitrée, où figurait une chaise à étriers « pouvant accueillir 2 femmes ».

    Un autre bordel se voulait spécialiste de la fessée (elle s'en donne à coeur joie ...!)

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    Sans oublier les bordels pour hommes, où Marcel Proust, parmi d'autres, venait s'amuser avec de jeunes garçons et des militaires. VéroPapillon m'a d'ailleurs appris que la rue Saint-Anne qui abrite aujourd'hui et pour mon plus grand bonheur, nombre de restaurants japonais, était un haut-lieu de la prostitution masculine dans les années 80. 

    Les photographies sont souvent belles et parfois surprenantes. L’exposition dévoile ainsi les tirages d’un certain Monsieur X qui ne payait les prostituées que pour les prendre en photo. Le boudoir cache des objets tour à tour drôles ou inquiétants, comme un certain pique-couilles (argggh, j’ai eu mal pour eux, sérieux), un heurtoir en bronze et aussi cette chose, là, en toile de Jouy qu’une main qui passait par là n’a pas pu s’empêcher de caresser …

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    Ca vient de commencer et c’est jusqu’au 31 janvier 2010. Courez-y et après, allez vous enfiler … un bon chocolat chaud !

    Au Bonheur du jour, 12 rue Chabanais, du mardi au samedi jusqu'à 19h30.

    Restaurant So Rice, 12 square Desnouettes, 75015 (01.45.30.30.45)

     

  • Princesse Fiso, mon cul, oui !

    Y'a celles auxquelles les hommes offrent des fleurs (ça c'est l'effet Impulse)

    Celles auxquelles les hommes offrent du chocolat (moi, ce sont les femmes qui m'en offrent, merci les copines:)

    A moi, (vous vous souvenez ... lui, là, qui m'en garde toujours une pinte au frais, je vous remets le lien juste pour le plaisir, les commentaires sont un régal, ça met de bonne humeur de relire ça au réveil), les hommes m'offrent ça, par exemple  :

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    PS : Le truc en cuir estampillé "semences de France", c'est pas une boîte de capotes, c'est une clé USB ...

     

  • Un jour mon prince viendra

    Conversation sur MSN d'une princesse des temps modernes :

    Fiso dit : "... et ce soir, je suis dans le lit à baldaquin d'un château du Vexin ... trop la classe !

    Lui : "le Vexin pas si loin ... ouoauh princesse fiso j'arrive pour te délivrer"

    Fiso dit : "ok je vais faire la belle au bois dormant pour toi alors"

    Lui : "mets toi au balcon et guette le cheval blanc qui arrive"

    Fiso dit : "

    ok ....Mais si je chope la mort, je t'éclate ! (mon prince adoré)"

    Lui : Dès que tu entends tacata tacata ce sera mon cheval blanc et moi"

    Fiso dit :

     "Fais gaffe, il fait nuit noire dans le coin, vas pas te manger une branche, tu vas te ruiner"

  • Ca me rappelle une série

    2066_Dreamrides.jpgBien sûr, c’est sa silhouette virile et ses yeux verts qui m’ont attiré l’œil. Il est moto-taxi et me propose un tour en moto, j’accepte, bien sûr (hé, j’suis une fille, quand même !)

    On convient de se retrouver le soir même. Je sors de l’immeuble, il est là, en face, accoudé sur sa moto. Un très bel homme sur une superbe Honda Goldwing 1800. Avec une casquette et beaucoup d’imagination, il ressemblerait à Marlon Brando.

    Il me coiffe d’un casque et range mon sac, m’aide à enjamber sa monture de métal avant de remonter la jupe de sa moto sur la mienne. Je lui propose un concert de jazz manouche à Bastille. « On ne pourra pas parler » souligne-t-il judicieusement. Chacun des casques est équipé de micros, ce qui nous permet de discuter tout le long de la route. Enfin, moi, franchement, je pourrais ne pas parler tellement je savoure la balade à travers Paris, la nuit.

    « Tu as déjà trouvé la position relax » dit-il en m’observant dans le rétro, les coudes posés sur les accoudoirs en cuir. Tu m’étonnes, toi, je pourrais piquer un somme tellement je suis bien sur le siège arrière. Un vrai fauteuil. « Profites-en, c’est pas toujours gratuit et pas pour tout le monde », me dit-il. Curieuse, je pose des questions sur le quotidien de son boulot.

    Rue de Rennes, dans une voiture à notre droite, un jeune homme lève le pouce. « Merci monsieur » dit mon conducteur. Saint-Germain, Saint-Michel, la place de la Bastille, comme d’habitude je suis éblouie par la beauté de Paris comme si je la découvrais.

    Nous entrons dans un pseudo bar cubain où tout le personnel est ridiculement grimé pour Halloween. C’est marrant cette façon qu’ont les gens de jouer la comédie de la fête en tirant la gueule. Pendant qu’il négocie une table en terrasse, j’en profite pour le détailler, l’air de rien. Il porte un tee-shirt à manches longues qui moule ses bras juste comme il faut et un jean. Franchement canon, le motard. Quand il sourit, une jolie fossette creuse sa joue gauche. Après plus d’une heure, je lui demande si ça lui pose un problème qu’on retrouve un ami à moi dans un bar d’Oberkampf. Un petit blondinet aux yeux bleus pour lequel j’ai beaucoup d’affection. Il accepte. « Quand tu en as marre, tu me dis, on se casse ».

    Au Mécano Bar, mon blondinet est là, sur une banquette, avec 2 de ses amis. « Ca va cocotte ? » (il m’appelle cocotte). On s’installe et on commande des bières. Le barman a des cornes noires collées sur le front. Décidément, le métier de M. n’intrigue pas que moi et ils lui posent des questions auxquelles il répond bien volontiers. En fin de soirée, vers minuit, le trio décide de partir dans un autre bar. Nous restons seuls. Il me parle de sa vie sur la Côte, de ses amis, de son voyage en Irlande. Pendant qu’il part aux toilettes, un homme accoudé au bar m’interpelle. Tiens, justement un Irlandais de Kildare en vacances à Paris pour 10 jours, ça fait plaisir ! Lorsque mon compagnon revient, nous sommes dans une conversation animée à laquelle il participe.

    Vers 1 heure du matin, M. demande « On y va ? ». Rue Oberkampf, nous enfourchons sa moto et il fait une marche arrière. 2 africains s’arrêtent et sifflent, admiratifs « Elle est belle ». J’ajoute « Et elle est très confortable ».

    Devant mon enthousiasme, M. m’offre un petit cadeau. Il prend les quais, longe la BNF, slalome souplement entre les voitures avant de s’engager sur le périphérique qui est bouché suite à une panne. Là encore, les automobilistes à l’arrêt laissent errer des regards admiratifs sur sa moto. Je comprends qu’il l’aime, son engin ; moi-même je suis fière d’être sa passagère. Sur le périphérique, il accélère pour nous dégager des bouchons et m’offre un délicieux coup d’adrénaline. Je ne sais pas à combien il roule mais pas à 80, ça c’est sûr vu comment nous filons entre les voitures. J’ai envie de le prendre par la taille et de me serrer contre lui, tout à coup.  

    Et ce matin, en roulant sur le périphérique, j’ai eu un sourire complice lorsqu’un moto-taxi m’a doublée et fait un signe de la main, en guise de remerciement.