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2yeux2oreilles - Page 113

  • Le retour de Giacomo

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    La France d’après mai 68, l’immigration italienne, l’intégration, la découverte du théâtre, la garde robe de Sandrine, les « gueulantes » de l’oncle Eddy… A la manière d’une véritable saga, et interprétant 30 personnages à lui tout seul, Gilbert Ponté, alias Giacomo, nous raconte son adolescence avec cette truculence et ce sens de la comédie humaine dont lui seul a le secret. 1h30 de pur bonheur à déguster al dente !

    Au hasard d'un métro, ce prénom attire mon regard. Oui, c'est bien lui, qui m'avait tant émue ce soir là. Chouette, ça fait longtemps que je ne suis pas allée au théâtre. Il joue depuis 2 semaines à la Manufacture des Abbesses. J'emmène qui ?

  • Toute l'eau du ciel sur Bruxelles

    Des trombes d’eau se déversent sur les pavés de la Grand’Place quand j’y débouche, cherchant mes amis. Mon béret « so chic » et le léger manteau de mamie Coco sont trempés en moins de deux. Eux sont déjà là, serrés l’un contre l’autre et hilares, sous un porche. « Fait beau dans votre contrée ! », je lance.

    Sous une pluie battante, Mlle Cigue conduit jusqu’à Ixelles. Le tunnel que nous empruntons passe sous le parc du Cinquantenaire aux imposantes arcades. En descendant de voiture, Filaplomb met le pied dans une flaque.

    « On t’emmène dans un resto qu’on aime bien. Ca s’appelle l’Apocalypse ».

    Tout à fait de circonstance. D’humeur bucolique, Monsieur Poireau croque une fleur. Si, c’est vrai, j’ai une photo, tiens :

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    « Paraît que c’est votre anniversaire ? » demande le serveur.

    Prenant la confiance, comme dirait l’autre, j’essaie de négocier un strip-tease mais il fuit lâchement. Petit joueur.

    PS : Une belle soirée, au chaud. Merci encore à Monsieur Poireau, Filaplomb et la ravissante mlle Cigue.

  • Plus frais, y'a pas !

    Mon pote T. et moi, on a enfin rattrapé notre soirée foirée de l'autre jour. Ce soir, après le boulot, duo chez Toritcho.

    Ca a bien commencé avec mon habituel menu D, jugez-en plutôt (trop mignons les tempura, on dirait un bouquet de fleurs):

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    Puis j'ai vu passer sous mes yeux des plateaux de bois avec un coquillage dessus.
    "C'est quoi, Isao ?" ai-je demandé à l'expert dans l'art de trancher le poisson en douceur. "Akagai" a-t-il répondu.
    Mmmm ! Les sushis de vernis, ce joli coquillage rouge-orangé, dont je suis friande depuis mon voyage express au pays du Soleil Levant.
    "Tu m'en mets 2?"
    Mon pote T. me regarde, amusé, en dégustant ses brochettes.
    Peu après, Isao me passe mon plateau où 2 sushis brillants m'attendent.
    Je les admire quelques instants et quelque chose d'inhabituel attire mon attention.
    Je soulève le plateau à hauteur de mes yeux et tape mon pote du coude "Hé regarde, je rêve ou bien ?"
    J'avoue, j'ai hésité quelques instants mais celui-là a fini comme les autres, dans mon estomac.
    T. s'est marré mais j'en connais quelques-uns devant lesquels je ne mangerai plus d'akagai.
    Je vous laisse faire vos déductions grâce au petit film souvenir que j'ai réalisé :


     

      

  • C'était supportable alors je me suis tu

    Je m'appelle Mabrouck Rachedi. A l'école déjà, la maîtresse m'appelle Rachid "parce que c'est plus facile que mon drôle de nom". Quand un  -vrai - Rachid squatte les bancs de ma classe, elle me rebaptise Marc. Deux années à s'entendre appeler d'un autre prénom à un si jeune âge, ça marque. C'était supportable et je me suis tu.

    (...)

    Pour sortir dans les boites branchées, j’ai essayé toutes les combinaisons : en costume, en vêtements de marque, en habits hype ; en petit comité ou à plusieurs ; seul avec une fille ou avec plusieurs filles. Aucune ne marchait si lesdites filles n’étaient pas blanches et si possible blondes. Devenu analyste financier dans une société de bourse, j’ai pu sortir avec un jean pourri, en bande de 20, et en compagnie uniquement masculine.  J’étais le seul « usual suspect » (encore mon allure indéfinissable) parmi des Blancs alors j’étais « au mieux » Blanc, « au pire » le bon Arabe. C’était supportable alors je me suis tu.

    (...)

    Pas facile de trouver un travail en France alors pour se donner du courage, un ami et moi démarchons ensemble cette grande banque qui a décidé de monter un grand rendez-vous de l’emploi. (...) De fait, nous sommes invités à déposer notre CV et on nous promet de nous rappeler plus tard. Mon ami aura droit à un entretien personnalisé, moi non. La grande différence de nos CV est que j’ai obtenu des mentions là ou il n’en a pas eu. Ah oui, j’oubliais qu’il s’appelle Sébastien. Mais bon, c’était supportable alors je me suis tu.

    (...)

    Je cours plutôt pas mal quand je suis en forme. Ce jour-là j’étais en très grande forme, dévalant mon parcours habituel à toute berzingue. Les yeux ébahis des badauds témoignent que je suis en train de réaliser une belle performance quand je suis arrêté par la police montée. Qu’est-ce que je fais à courir dans un parcours… de jogging ? (...) Comme la plupart des gens autour de moi, j’ai la fantaisie de chasser la performance sans mes papiers car je suis à deux pas de mon domicile. Mais moi, on me plaque contre un mur et me demande mon identité. C'était supportable alors je me suis tu.

    (...)

    On s’étonne que je ne boive pas d'alcools et que je ne mange pas de porc. Je peux comprendre l’ignorance alors j’essaie d’expliquer mon héritage culturel. Mais la surprise persiste : je suis cultivé (parait-il car je suis écrivain), je suis sociable, j’ai la blague facile. Allez Mabrouck, du mangera bien du sauciflard ou un coup de rouge pour être un bon camaraaadeuuh. C’est véniel, ce n’est pas méchant, c’est arrivé une bonne centaine de fois dans ma vie. C’était supportable alors je me suis tu.

    (...)

    Aujourd’hui je suis aux Etats-Unis pour un programme d’écriture internationale regroupant des écrivains de 36 nationalités. Aux yeux de tous, je suis le Français. On me renvoie toutes les caricatures, du béret à Edith Piaf, de la baguette de pain à l’intellectuel germanopratin… Et même au sauciflard et au vin. Je souris du sublime paradoxe de n’avoir jamais été aussi français, pays de ma naissance, qu’à l’étranger. Et là, tandis que j’écris ces lignes, j’ai le mal du pays. Mon pays. La France.

    (...)

    Me taire était une erreur. Bout à bout, la séquence des événements à un sens, celui d’une bête immonde dont le ventre est encore fécond. Ce n’est pas supportable alors parlons-en.

    Retrouvez le billet complet sur le blog de Mabrouck Rachedi :

  • Dix points de suture quand même ...

    Dans la série "soiréee tranquilles qui dégénèrent", y'avait déjà eu celle-là. Je viens de vivre ma deuxième.

    20h22, alors que je traverse la galerie commerciale en direction de chez moi, je visualise mon frigo où se battent en duel du jambon de Vendée, des conserves provençales et un reste de charlotte aux pommes. Il fait doux, les terrasses sont animées, pas envie de manger chez moi, et seule, surtout. Je peste contre mon seul et unique ami de la ville dont le téléphone est, comme d’habitude, sur répondeur (oui, toi, le roi du déhanché 70’s en chemise tergal rose, si tu me lis, tu m’énerves !)

    J’appelle mon ami du lycée, fraîchement divorcé et vivant désormais – le veinard – à 2 pas de Toritcho. Aide-soignant le jour, videur la nuit, je ne crois pas trop à la probabilité qu’il soit libre mais j’essaie quand même. Il décroche et je ne perds pas de temps.

    « T’es chez toi ? Oui ? T’as mangé ? Non ? On se fait des brochettes chez Toritcho ? Super ! Je pose mon ordi chez moi et je repars ». Il propose de me récupérer en scooter sur la route, pour gagner du temps.

    4 minutes plus tard, alors que j’ouvre la porte de mon appart’, le téléphone sonne. C’est S., mon autre pote du lycée.

    « Ca va Fiso, je te dérange pas ? » « Non, j’arrive à l’instant chez moi » « Ah, t’es sur Paris ? A tout hasard, tu ne serais pas en voiture ce soir ? » « Ben non, qu’est ce qu’il t’arrive ? »

    « Ben écoute, j’ai commencé un nouveau boulot aujourd’hui, dans un resto, et je me suis ouvert la main avec un couteau.  Je dois me faire opérer demain matin à Longjumeau mais impossible de conduire mon scooter, je ne peux pas rentrer chez moi. Faudrait que quelqu’un me dépose chez moi ». « Bon, écoute, y’a T. qui est en route pour me récupérer, il a une caisse, ça devrait pas poser de problèmes, on passe la récupérer chez lui et on arrive dès que possible »

    20 minutes plus tard, T. gare son scoot’ au milieu d’un méga embouteillage et me tend un casque en s’écriant « J’ai la dalle ! ».  « Heu, changement de programme, ma biche, y’a S. qui a besoin de nous ». Je lui explique la situation. « Mais je n’ai plus de caisse, je l’ai vendue ! » Merde. Je sors mon portefeuille, allo Caisse Commune, une voiture dispo à 100 mètres et moins de 45 minutes plus tard, je me gare sauvagement rue Saint-Honoré.

    Le voilà notre cuistot en herbe, la main bandée, tout couillon. On convient qu’il monte avec moi et que T. enfourche son scooter pour le ramener chez lui. Je charrie S. « Tu m’avais dit que tu étais une burne en cuisine mais là, ça dépasse tout ce que j’imaginais ! Premier jour de boulot et le mec s’ouvre la main ! »

    Il est plus de 22h quand nous entrons aux urgences de la clinique SOS Mains de Longjumeau. Une belle clinique toute neuve de 2 ans et demi, apprendrai-je ensuite du veilleur de nuit avec lequel je tape la discute. Dans le couloir où nous attendons S., nous tendons l’oreille. « A priori, le tendon n’est pas touché mais je crains que le nerf le soit. Une infirmière va vous emmener dans votre chambre et nous vous opérons demain matin ».

    S. est déprimé de dormir là, lui qui croyait nous accompagner au resto. Nous on est déprimés parce qu’il est 23h, on meurt de faim et il n'est même plus question d’aller au resto.

    Je sors de l'autoroute peu avant minuit et propose à T. de passer chez moi faire un attentat dans le frigo mais il est claqué. Il rigole « Il nous a pourri notre soirée au resto ! Il nous les fera toutes, celui-là ! » Je suis vannée moi aussi, je gobe 2 tomates et des figues fraîches du jardin de Pap’s et vais me coucher. La tête que je avoir demain !