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2yeux2oreilles - Page 114

  • Méditation des heures de pointe

    9h00 dans une des gares les plus saturées de Paris. Je zigzague entre les gens pour atteindre mon quai. Le train, proche du départ, est bondé et nous sommes tous écrasés les uns contre les autres. Le quotidien du bétail francilien, quoi.

    Je saisis une barre métallique et le train s’ébranle. Je sens que la femme à ma gauche, contre le strapontin, à laquelle mon bras tendu barre le passage, est agacée (comme nous tous). Elle souffle et soupire, moi je surveille mes arrières, lestée de chaque côté de ma sacoche d'ordinateur qui pèse une tonne et de mon sac à main qui glisse de mon épaule.

    Après quelques minutes, la femme dit « excusez-moi » d’un ton excédé et fait un geste me signifiant que je ne lui laisse pas d’espace. J’hausse un sourcil méprisant genre « qu’est ce qui t’arrives, ma grande, tu débarques de la planète Mars ? ». Du coup, elle boude et sortant un bouquin de son sac, nous tourne le dos pour le lire. Ah ben oui, la pauvre chérie, c’était donc ça ! Elle ne pouvait pas lire son livre ! Ça m’hallucine toujours, moi, les gens qui s’entêtent à lire dans les transports en commun bondés. Le pire étant ceux déplient leur journal sur le visage des autres voyageurs, alors qu’il n’y a pas 5 centimètres de distance entre eux, comme s’ils étaient dans leur salon.

    Là, par curiosité, j’en profite pour lire le titre de son livre, par-dessus son épaule : « Méditer pour ne plus déprimer ».

    Je comprends mieux.

  • Entre potes à l'Entrepôt

    Samedi matin, 10h30, SMS : "Je serai un peu en retard". Je tourne le coin de ma rue. Après un sourire joyeux, l'inquiétude :"Est-il plus en retard que moi, ce qui voudrait dire que je peux prendre le bus .... ou est-il juste un tout petit peu en retard et je chope un taxi?".

    Je l'appelle. Il est à une station de notre rendez-vous. "J'arrive !"je crie dans le téléphone. Je vous vois déjà ricaner, z'êtes vraiment mauvaises langues (enfin, pas tous ....), ceci n'est pas un mensonge, j'arrive c'est vrai, j'ai juste omis de préciser dans combien de temps.  Quelques minutes plus tard, il m'appelle "T'es où?". "Dans le taxi"."Ah d'accord, t'es encore plus en retard que moi, en fait!"

    Assis sur une bite un plot en béton, il pianote sur son I-Phone, beau comme un coeur dans sa chemise claire. Il sort un sac de sa sacoche "J'ai ta mini-jupe, tu la veux maintenant ou je la garde". MA mini-jupe en jean ! P'tain comment je suis contente de la retrouver ma nouvelle meilleure amie ! "C'est vrai que ça faisait un peu désordre dans ton appart', ma mini-jupe, on risquerait de te prendre pour un bi", je lui dis en rigolant.

    A l'heure du déjeuner, je lui fais découvrir la cuisine de Félicie, aussi. Et comme il semble heureux de découvrir ce quartier qu'il ne connaît pas, on part faire les boutiques de stocks de la rue d'Alésia, puis passage dans ma boutique de thés. Je l'entraîne dans les rues de mon quartier de villégiature, jusqu'à proximité de la place de Catalogne, où se dressent les constructions de Ricardo Bofil. 

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    Et la place où, m'échappant de mon minuscule studio sur cour, les soirs d'été, je lisais des soirées entières :
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    Et puis, je lui ai offert un verre à la terrasse de l'Entrepôt, déserte à cette heure. La lumière était belle, j'avais l'impression d'être à une fête champêtre.
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    A l'intérieur, sous les loupiotes, se tenait un Café Bilingue et comme je posais des questions et que la discussion s'enflammait autour des difficultés du plurilinguisme,, on m'a tendu une carte de visite, alors voilà.
    Nous nous nommes quittés et j'ai retrouvé une amie dans un des cafés orientaux de la rue de la Gaîté pour un sahlab crémeux à la canelle, la vache qu'est ce que c'est bon ce truc, faut que je me lance !
  • La petite fille de Monsieur Linh

    Conseillé par une de mes clientes, déniché dans les rayonnages de ma médiathèque municipale deux jours plus tard. Dans l'avion qui me ramène de Brest, j'écrase une larme. Ma voisine allemande demande : "Vous l'avez fini votre bouquin ? La fin est ... incroyable, j'ai dû la relire plusieurs fois pour être sûre d'avoir compris".

    "La petite fille de Monsieur Linh", de Philippe Claudel, amitié pudique et bouleversante entre deux solitudes qui ne parlent pas la même langue. Témoignage de la folie des guerres et de la souffance des émigrants. Extrait choisi :

    "Les deux amis s'en vont. Ils descendent le chemin qui se coule dans la forêt. L'air embaume la terre humide et la fleur de frangipanier. Les mousses ressemblent à des coussins brodés de jade et les bambous frémissent des bruissements de mille oiseaux. (...) Dans les rizières, les femmes en chantant repiquent les jeunes pousses de riz. Leurs pieds disparaissent dans la mare chaude et boueuse. Des buffles méditent, la tête basse, tandis que des pique-boeufs paradent en ébouriffant leurs plumes blanches. Des enfants tentent d'attraper des grenouilles en poussant de grands cris et en frappant l'eau avec des baguettes de saule.

    "Que c'est beau ! s'exclame le gros homme. 

    - C'est mon pays...", dit Monsieur Linh en faisant un geste de la main comme s'il en était le seigneur.

    Lorsqu'ils arrivent en vue du village de Monsieur Linh, ils sont déjà suivis par toute une troupe d'enfants que le vieil homme apostrophe et réprimande. Mais il n'y a pas de méchanceté dans ses mots car ces enfants qui piaillent, cette troupe brune aux yeux noirs, aux cheveux d'encre qui narguent le soleil, aux ventres rebondis, aux sourires de lait et aux pieds nus, ce sont les jeunes pousses, les aubes des lendemains, les ruisseaux de sève de son pays, de sa terre qu'il aime et porte au plus profond de son être.

  • En 2 mots : Démerdez-vous !

    Guichet Informations de la SNCF hier, 18h30, à la station Parc des Expositions de Villepinte. Rideau tiré aussi pour le guichet de vente de billets, en pleine heure de pointe et un jour où 4 salons se déroulent à proximité.

    Une affiche indique pourtant "guichet de vente ouvert de 7h45 à 21h45" ... et nous sommes une vingtaine à faire la queue devant la seule machine automatique. Bienvenue en France !

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