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2yeux2oreilles - Page 115

  • La Cuisine du Marché à Figeac

    Figeac. Après ma journée et avant de rejoindre mon hôtel, sur les bords du Célé, je me détend chez le coiffeur. Une charmante jeune femme aux cheveux rouges (spéciale dédicace à Zorg) me shampouine en confiant sa nostalgie du port méditerranéen où elle est née. « Ici, pour nous, c’est le pôleu Nord ! ». Elle trouve les Lotois froids et le canard ne la console pas ; à chacune de leurs visites, ses sœurs ont pour mission de lui ramener une glacière remplie de poissons. Ses enfants sont ravis, eux, et font beaucoup plus d’activités qu’à Marseille.

    Il est 19h15 quand je quitte mon hôtel et traverse le Célé. Je me dirige vers le centre-ville, longeant l’église Saint-Sauveur où des odeurs chaudes – et inexpliquées –  d'écurie emplissent la rue. Débouchant place Champollion où se trouve le musée du même nom (le célèbre égyptologue naquit ici), je grimpe jusqu’à l’église Notre-Dame-du-Puy d’où je contemple, assise sur un banc, les toits rouges et les façades beiges des maisons médiévales, couvertes de lierre, de Figeac.

    La ville est quasi-déserte, la plupart des restaurants fermés. Après un détour par la place des Ecritures où je ne croise rien d'autre que 3 chats craintifs, je m’apprête à rejoindre l’autre rive et à m’attabler à la Table de Marinette quand j’avise une ardoise posée sur le sol, à quelques pas de l’église Saint-Sauveur. Je m’avance, le restaurant est bondé, j’y entre et la patronne improvise une table. Je sens des regards désolés se fixer sur moi qui dîne seule au milieu des groupes. Je souris intérieurement en repensant à cette question qu’on me pose souvent « Mais tu ne t’ennuies pas toute seule, le soir, au restaurant, à l’hôtel ?» Pourtant, ce soir, ces regards me gênent et je me plonge dans la carte 2007 des « 1000 tables et auberges de France ». J’aime parcourir les cartes, de France ou du monde, retrouver les endroits où j’ai vécu plus ou moins longtemps, et rêver d’ailleurs.  

    Cette fois c’est la carte du restaurant que je parcours et celle-ci m’inspire des pensées érotiques. Impatiente qu’on vienne prendre ma commande, je me livre à mon occupation favorite : regarder,  écouter et sentir.

    Face à moi, deux hommes aux cheveux argentés. Le plus âgé des 2, une écharpe noire autour du cou, jette régulièrement un regard dans ma direction. Je les devine anglais.

    A ma droite, 2 couples d’allemands très allemands : pull bordeaux, godillots de marche, les chaussettes qui vont avec et pour l’un des hommes, cheveux longs dans la nuque sur calvitie évidente. Un jeune couple d’amoureux près de la cheminée, une famille près de la fenêtre, un berger allemand sous la table.

    La porte du restaurant s’ouvre sur un groupe d’hollandais. Je le sais parce qu’ils parlent fort et un des types, grand évidemment, se plante devant moi et me fixe en attendant qu’on leur trouve une table. Sont chiants les touristes, ce soir, c’est quoi leur problème, y’a pas de femmes seules en Hollande ?

    La patronne m’amène une mise en bouche (ahhh la jolie expression, je m’en pâme d’avance, suis vachement émotive ce soir) puis l’entrée, belle comme une paire de jambes féminine : un obélisque croustillant de confit de canard, linguinis de légumes à l'huile de sésame et vinaigrette pimentée au soja. C’est pas un putain de programme érotique, ça ?

    Premier soupir d'extase de votre incorrigible gourmande . Ça croustille, ça fond, la salade verte frise de plaisir sous la dent et les feuilles d’endive en pleurent d’émotion. Moi aussi.  Deuxième soupir : je regrette amèrement l'oubli, ce matin, de mon téléphone portable à Paris, ce qui m’empêche d’immortaliser la merveille que j’ai sous les yeux. Le regard embué de gratitude, j’observe les deux cuisiniers, l’un crâne rasé, jeune, l’autre arborant de majestueuses moustaches et coiffé d’une vrai toque de chef, qui virevoltent sous mes yeux. La cuisine est ouverte, les produits cuits devant nous.

    L’entrée n’était qu’un préliminaire. La patronne, tout sourire dehors, dépose devant moi LE plat : un suprême de canette fermière rôtie du pays de Rouergue au jus de myrtilles, sur une galette croustillante d’orge aux fruits secs. Quoi vous dire d’autre que ce que j’ai dit à la patronne quand elle vint récupérer l’assiette vide « C’est une expérience inoubliable. C’était tellement bon qu’à la première bouchée, j’ai eu un frisson ». Elle a ri : « C’’est une canette qui vient d’une ferme voisine … Et vous avez aimé l’orge pelé ? »

    Mes voisins allemands contemplent d’un air dubitatif le dessert feuilleté qu’on a posé devant eux. « Ah ça vous change de la Forêt Noire, hein, mes cocos» pensé-je en moi-même. « Régalez-vous » dit la patronne en posant un aérien pastis aux fruits de saison flambé au Calvados, praline de noix et caramel au sel de Guérande.

    Une heure et demie après mon arrivée, je me déleste d’une vingtaine d’euros et quitte à regret « La cuisine du marché », ancienne cave à vins restaurée et superbement tenue par Santiago, chef espagnol à moustaches, et sa charmante épouse.

    Dans la rue, je chemine derrière mes 2 anglais. Celui qui s’appuie sur une canne se tourne vers moi « Bonchoir madame, je vu reconnais ». Il tente le français et nous nous accordons sur l’anglais. Il confirme mon impression, qu’il a trouvé triste de me voir dîner seule et a hésité à m’inviter à leur table. Mes 2 anglais n’en sont pas, en fait ils sont hollandais et nous traversons ensemble le Célé en bavardant quelques minutes, juste le temps pour moi d’apprendre qu'un écrivain hollandais porte le même nom que moi (pas vraiment étonnant) et que la ville de Den Haag (la Haye en français) a le statut de village. De retour à l’hôtel, je vérifie cette étonnante information, .  

    Après Loriol et Aigues-Mortes, Figeac aura été ma troisième plus belle expérience gustative. Si vos pas vous mènent dans les rues de cette jolie ville, ayez une pensée émue pour moi ! Une soirée ici, une seule, et déjà je ne vis plus que pour le jour où je reviendrai m’attabler dans ce fabuleux restaurant. Merci, monsieur Santiago !

    La cuisine du marché au 15 rue Clermont à Figeac (46). Tél : 05.65.50.18.55.

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  • La photo à la con du jour

    Regardez bien la photo ci-dessous.

    Cette table est mise en vente sur Ebay. Comment pouvez-vous savoir que c'est un homme qui la vend ?

    Allez, réfléchissez bien, mes cailles. Si vous trouvez, vous pouvez mettre un com' mais envoyez-moi la réponse par mail, SVP.

    Sinon, réponse avant minuit (après mon ciné).

    Table sur Ebay .jpg
  • Voir le KB et mourir

    J'ai rendez-vous à la Comète, au Kremlin-Bicêtre. Je pensais finir vers 17h mais mes clients sont adorables et nous nous quittons à 19h. Tout juste si on va pas boire un apéro au bistrot du coin. Ils n'ont pas entendu mon soupir de soulagement quand nous avons éteint les PC, ne savent pas que je stresse depuis la mi-juillet à la perspective de cette semaine avec euxj, ni qu'ils ont été les cobayes de ma première formation sur ce nouvel outil que j'ai découvert un mois avant eux. Dans le taxi qui roule sur le périphl, je reçois des sms d'un collègue et de mon commercial qui me félicitent. Putain de semaine !

    Hier soir, j'ai commencé à me détendre à Paris Carnet avec Boug'Oh!91, Igor et Deftones que j'ai récupéré devant la FNAC de Saint-Lazare. Ce mec me fait mourir de rire. Que du bonheur que d'écouter ses histoires de petites culottes en bouffant des lasagnes. 

    Ce soir, je papote 5 bonnes minutes des ravages de l'alcool avec le taxi qui me dépose devant la Comète. "Ca va picoler ce soir, alors?" dit-il en rédigeant ma note. "Non, non, pensez-vous", je réponds. A l'heure qu'il est, j'ai 2 demis, 1 marsala, une bouteille de rouge (à 3) et 2 amaretti dans le cerveau. En terrasse, je retrouve la nouvelle coupe de cheveux new wave de Nicolas (on dirait le chanteur de A-HA, "Take on me", vous vous souvenez?), Tonnegrande et une inconnue. C'est Christine du blog Alluvions, de passage à Paris. On discute, on rigole, je reluque le nouveau serveur de la Comète, décidément top canon et Tonnegrande pique une crise de jalousie. Trop mignon. Il embrouille gentiment le serveur et comme celui-ci ne comprend pas le soudain cynisme de notre gentleman guyanais, je balance. "Il est jaloux parce que vous êtes jeune et beau et qu'il est vieux et ... usé". Quand je règle une tournée, il glisse "On aura l'occasion de se revoir". je fais croire à Nicolas et Tonnegrande que j'ai pécho son numéro de portable. Ils marchent à fond, j'adore.

    C'est l'heure de notre restau en amoureux et je pars bras dessus-bras dessous avec Nicolas tandis que Tonnegrande nous sourit, du trottoir opposé. Nous entrons au Fratello's, un restaurant italien sur la N7. Je mange très rarement dans des restaurants italiens. C'est comme les chinois, peu de bons pour beaucoup de médicocres. Mais le Fratello's, j'aime beaucoup. Le service y est discret et parfait, la musique jazzy de qualité et la nourriture raffinée. Je dîne à côté de Nicolas et face à Tonnegrande. Je vais pas vous raconter nos conversations, l'alcool nous rend ridiculement émotifs.

    Il est minuit quand je me retrouve à l'arrêt de bus. "7 minutes d'attente" affiche lle panonceau. J'envoie un sms à Nicolas, pour le rassurer. J'appelle un ami qui fait le Ramadan et erre dans les rues de Paris, complètement décalqué. Je monte dans le bus désert, le conducteur me balance un grand "bonsoir" et je m'assied à l'avant. Une jeune fille blonde, en jeans et baskets, est debout à côté du conducteur. A sa façon à lui de faire le kéké au volant de son bus et sa façon à elle de basculer d'une hanche sur l'autre, je devine qu'ils ssont amoureux. Il boit à la bouteille qu'elle lui tend. J'imagine que si je n'étais pas là, ils se feraient des bisous aux feux rouges. Je l'envie un instant et m'imagine amoureuse d'un chauffeur de bus. Je ferais le tour de Paris avec lui, la nuit. Ca me met de bonne humeur.  

    Convention-Jaurés. 2 stations de métro parisiennes à l'opposé l'une de l'autre. On s'attarde à des détails à la con quand on est un peu gaie.

    Le conducteur croise un de ses collègues et s'arête quelques instants, pour échanger des balivernes. "T'es au courant, y'a eu un suicide sur la 7, à Pierre et Marie Curie. Allez, bonne soirée, ma poule!".

    Je suis toujours seule dans le bus. 7 minutes après mon départ du KB, il me dépose près de chez moi.  En descendant, je lance "Merci, bonsoir" mais les amoureux s'en foutent. Moi aussi, d'ailleurs, j'ai une méchante envie de pisser.

  • Choisissez un nom dans la liste

    Hier j’ai appris qu’une pratique qui me semblait être d’une autre époque avait encore lieu. Celle de proposer à certains étrangers, lors de leur naturalisation, de franciser leur prénom. Certains étrangers, j’insiste là-dessus, parce qu’il semble que si on invite Salim à devenir Henri, Vladimir, lui, peut conserver son prénom.

    Je pensais que cette pratique ridicule s’était appliquée aux premières générations d’immigrés et qu’elle était révolue depuis bien longtemps.  Je m’imagine à leur place, si on m’invitait à devenir Michoko au Japon ou Bintou en Afrique … Avec ma physionomie, ce serait d’un comique !

    Celle de mes connaissances qui m’apprit ceci hier se révoltait aussi du fait que son employeur, par ailleurs, lui avait demandé de ne plus se présenter sous son prénom. « Ca fait mieux auprès des clients » fut l’argument apporté.

    Il serait grand temps que ce pays cesse de s’attacher aux apparences pour juger les personnes sur ce qu’elles sont.

    PS : En faisant des recherches sur ce sujet, j'ai trouvé un billet qui m'a semblé intéressant. C'est ici.