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2yeux2oreilles - Page 128

  • La rage (aux dents)

    Y’a des moments dans la vie où on doit se rendre à l’évidence : on est une pauvre petite chose fragile face à la douleur.

    J’ai de la chance, la douleur physique me frappe rarement. Alors du coup, je suis réfractaire aux médicaments (et aux docteurs de façon générale), persuadée que je suis de pouvoir surmonter la douleur toute seule comme une grande. Faut vraiment que je sois sur le flanc pour pousser la porte d’un cabinet médical.

    Il y a quelques semaines, je me suis décidé à prendre rendez-vous chez le dentiste. J’y suis abonnée depuis l’âge de 6 ans, je m’en souviens vaguement de cette première fois dans le fin fond de la Beauce où nous vivions alors. Mes parents m’avaient emmenée en urgence dans un immeuble chez un dentiste asiatique. Les années suivantes, j'étais le cobaye attiré des bidasses apprentis dentistes de la garnison de Munsingen.

    Quand je prends rendez-vous chez un dentiste pour une visite de routine, comme tout le monde, j’en prends pour au moins 3 mois de rendez-vous hebdomadaires. Alors je traîne la patte.

    Ma dentiste est très sympa. Son premier avantage c’est que son cabinet est quasiment en-dessous de chez moi, ça me permet de bloguer peinarde en pyjama jusqu’à l’heure du rdv.

    Elle est sexy, ma dentiste, une belle brune longiligne en mini-jupe, et elle est très bavarde. Je connais beaucoup de sa vie et comme elle est curieuse, elle en connaît un peu de la mienne aussi. On a des discussions vachement intéressantes. 

    C’est d’ailleurs frustrant parce qu'ayant la bouche pleine de ses doigts, je ne peux qu’ émettre des sons indistincts.

    La dernière fois, elle m'a dévitalisé une dent qui m'emmerde depuis des années et elle m'a prescrit du Di antalvic à prendre en cas de douleur. "Surtout, n'attendez pas si vous avez mal, la douleur ne va jamais en s'atténuant".

    Je suis sortie de chez elle, j'ai attendu, pas mal le jour même, ni le lendemain, tout va bien me suis-je dit, et je n'ai pas acheté le médoc. La Sécu ne pourra pas m'accuser de lui creuser le trou.

    J'ai bien senti que la gêne passagère durait un peu plus longtemps que les deux jours prévus mais je n'ai pas réagi. Ma dent, elle, oui.

    Dans la nuit de jeudi à vendredi, la douleur est arrivée, d'un coup, lancinante, torturante, et m'a fait passer une nuit blanche, à me taper la tête contre les murs. Les pauvres cachets de paracétamol que j'avais dans mes placards me laissaient une ou deux heures de répit au cours desquelles je m'endormais, avec la sensation d'avoir le coeur qui battait dans la dent, et je me réveillais en sursaut.

    Le vendredi matin, je suis arrivée ventre à terre à la pharmacie. Devant ma mine défaite et mes traits tirés, la pharmacienne m'a donné un verre d'eau pour que j'avale illico presto le cachet qui atténuerait ma douleur.

    Au boulot, j'ai prévenu que je risquais de n'être pas très joviale ce jour-là.

    Le midi, c'était notre repas de Noël, j'ai mangé mes sushis comme une pauvre petite vieille, le moindre contact avec ma dent m'arrachait des bonds.

    Heureusement que les brownies étaient assez fondants, eux. Dans la matinée, j'ai appelé ma dentiste, elle pouvait essayer de me prendre à 19h.

    Pour couronner le tout, quand les collègues ont branché le vidéoprojecteur sur mon ordinateur pour la réunion, il s'est éteint et n'a plus voulu redémarrer, même en mode sans échec. On l'a emmené aux urgences lui aussi, verdict : Windows grillé. J'aurais vraiment dû rester chez moi.

    Le soir, ma boss me libère à 16h vu que je tenais à peine debout, je reprends les transports avec un vieil ordi de dépannage qu'on m'a prêté pour pouvoir bloguer bosser ce week-end.

    Arrivée dans ma rue, j'appelle ma dentiste qui m'annonce qu'elle peut me prendre tout de suite entre 2 rdv. Elle ouvre la porte, je lui dis que je n'ai jamais été aussi heureuse de la voir (je changerai d'avis une fois allongé sous le néon). Elle m'a fait un mal de chien, je vous passe les détails, j'en aurais chialé.

    Arrivée chez moi, Boug' m'appelle toute guillerette "Ca va ma poule ?" , je peux à peine lui parler tellement j'a mal, j'appelle ma mère (ben oui, je fais toujours ça quand j'ai envie de me faire plaindre), lui ai laissé un message tellement lugubre qu'elle a cru que quelqu'un était mort. Quand elle a rappelé chez moi, j'étais partie, elle s'est dit "bon, si elle est déjà repartie en vadrouille, c'est que ça va mieux".

    En fait, ça n'allait pas tellement mieux mais j'avais un rendez-vous que je ne pouvais rater sous aucun prétexte, avec un frisé rondouillard pour lequel j'ai beaucoup d'affection (t'as vu, je n'ai pas écrit "gros") à la Comète, célèbre bistrot du KB. Arrivée là, une agréable surprise m'attendait : Tonnegrande (qui répond désormais au surnom d'Obama). Toujours aussi élégant et agréablement parfumé, il était en bien meilleure forme que la dernière fois que je l'ai vu. 

    Le truc chiant avec mon nouveau boulot, c'est que le bureau est à l'exact opposé de la Comète. Ça fait que j'avais pas vu mes deux chouchous depuis près de 2 mois.

    Divyne, mon pote rencontré sur Meetic et KBzeur lui aussi , nous a rejoint. Il a la même coupe de cheveux que Nicolas -si on peut appeler ça une coupe- et ça lui va super bien.  On dirait vraiment 2 frangins, ils sont tous les deux bretons en plus, sauf que Nicolas a les cheveux gris et que Divyne a une tonsure. 

    J'ai carburé au jus d'abricot, antibiotiques obligent, pris des nouvelles des uns et des autres. Notre conversation passionnante m'a donné de belles idées de billets que j'espère exploiter ici même prochainement.

    Ils ont même réussi à me faire rire et oublier que j'avais mal aux dents.

    Merci les copains !

     

  • Laurent Vignais expose ses sculptures à Versailles

    J’avais découvert les sculptures longilignes en acier de Laurent Vignais à la biennale d’art contemporain où mon ami Igor exposait, en février dernier, ses magnifiques mosaïques colorées et empreintes d’africanité.

    Laurent expose ses œuvres à Versailles jusqu'au 18 décembre. Il vous reste quelques jours !

    (…) J'entaille, j'enlève, je déplace

    l'émotion naît lentement du recommencement

    l'œuvre est ce qui reste

    de ce grand chambardement

    des corps et des regards façonnés du tremblement d'émotion

    scellés d'un trait de fusion.

    Chargés d'humanité

    ils portent en eux les bribes de nos propres existences."

    Laurent Vignais

     

    WEBClint.jpg

     

    Là, au-dessus, c'est "Clint", prêt à dégainer.

    Ca se passe à la galerie de l’école des Beaux-Arts, 11 rue Saint-Simon à Versailles (en semaine de 16h30 à 19h et le samedi de 15h à 19h).

     

  • La phrase du jour

    De Philippe Petit, funambule :

    "Les vrais artistes ne se conforment pas aux règles. Moi je ne respecte pas les lois de la pesanteur, je n'allais pas respecter celles des hommes."

    Et une interview de lui. Il me fascine, "l'inverseur d'émotions" ! Pas vous ?

     

  • Un jeune homme de 90 ans ...

    Un vieux monsieur monte à bord du bus bondé. Lorsque celui-ci redémarre, il est projeté au centre du véhicule et trottine, jambes écartées. Sa posture, le sourire amusé sur ses lèvres et le bonnet en laine gris et rouge enfoncé sur son crâne lui confère quelque chose de comique. Un homme assis sur les strapontins latéraux tente de l’agripper au passage, mais trop tard, et il se dirige vers le fond du bus. Je suis déjà debout et viens à sa rencontre. Je l’attrape par le bras et tente, brinquebalant au rythme des secousses, un sac à un bras et mon p’tit vieux à l’autre, de le diriger vers mon siège désormais libre. Nous sommes deux, maintenant, à tanguer au milieu de tous et à en rire. Il plonge son regard bleu dans le mien et s’écrie « Je suis pris en charge par le plus beau chapeau du bus ! ».

    J’éclate de rire et le hisse difficilement sur le siège. Il continue de me parler tout en clignant des yeux, on dirait vraiment un enfant, il a un regard plein de malice. Une sorte d’Albert Jacquard. Il me fait même rougir. « C’est vrai, vous êtes toute vêtue de couleurs printanières », continue-t-il. « C’est pour conjurer le mauvais temps ? »

    « Exactement ! Le soleil, c’est dans la tête », je lui réponds, avec un clin d’ oeil. Et c’est vrai qu’à cet instant, dans ce bus à la lumière blafarde, il fait 35 degrés, on se croirait au bord d’une plage à siroter des cocktails. Même les gens autour de nous ont changé, ils nous écoutent, leurs yeux sourient. La jeune femme brune à ma gauche a ôté ses écouteurs et se marre franchement.  

    Il pointe un doigt vers le ciel : « Vous n’avez pas oublié, de toute façon, que le soleil brille toujours, au-dessus des nuages ? » « Je ne l’oublie jamais ! » Il continue de s’émerveiller sur mon chapeau de feutre gris, je plaisante sur son bonnet de lutin. Après quelques instants, je tourne la tête, un peu embarrassée et puis, à l’arrêt suivant, un autre homme s’arrête devant moi avant de descendre et me dit quelque chose de très gentil. Un échange qui n’arrive jamais dans la foule parisienne, sauf pour ceux qui ouvrent leurs yeux et leurs oreilles.

    Exactement le genre de choses dont je t’ai parlé, Ain, en buvant un verre avec toi à Paris Carnet, avant que tout le monde n’arrive.

    Je croise le regard de la jeune femme brune et lui lance « Décidément, c’est ma soirée, faut pas que je rentre chez moi, je vais appeler les copains et sortir ! ». Elle acquiesce. Le vieux monsieur est maintenant plongé dans un journal, plongé c’est le mot, il a le nez collé dessus et les yeux écarquillés. Mon arrêt approche, je me penche vers lui, juste assez pou sentir une vague odeur d’urine, et lui souhaite une bonne soirée. Il soulève son bonnet.

    Je ne suis pas ressortie ce soir-là. J’avais eu mon content de chaleur humaine. J'ai pensé avec un sourire que peut-être, il aurait aimé rencontrer ma mémé aux chaussettes aubergine. Elle aurait abandonné sa canne pour s'appuyer sur son bras et leurs jambes cagneuses auraient arpenté de concert les trottoirs parisiens.

    Ne croyez pas les gens, moroses, qui vous disent que les grandes villes sont inhumaines et que la solidarité n’existe plus. Arrêtez juste de fixer le bout de vos chaussures et vous vous rendrez compte que les miracles n’en sont pas. C’est vous qui les faîtes.

  • Un week-end culturel


    podcast

     

    Après une sortie difficile de la capitale, la Mégane dorée dont on m’a confié les clés file sur l’autoroute. J’ai emmené quelques CD, « Astor Piazolla Remixed », "Voyage en Tziagnie" et une compil « Porno Chic ».

    Sur la n°2, "Intentions" de Kevin Yost, que vous pouvez écouter ci-dessus (attention, mélodie hautement planante), le passager s'agite. "C'est exactement la musique que j'adorrre !" s'écrie, en roulant les "r", mon partenaire de danse préféré depuis le concert de Gotan Project auquel nous avions assisté ensemble, sur le lac d'Enghien les Bains.

    Quelques heures plus tard, lorsque nous pénétrons, transis de froid, dans la maison colorée chauffée au poêle, point de cris d’enfants. Ils dorment déjà. Du bon vin, un délicieux poulet fermier au cidre, décidément il cuisine  comme un chef. Je la refais. J’ai apprécié le vin, j’ai trouvé le poulet délicieusement parfumé, je pense que mon ami cuisine très bien.  Ca ne va pas être évident de tirer les leçons du test « Quel juge êtes-vous ? » …

    Samedi matin, une petite fille descend l’escalier en colimaçon. Je fais semblant de dormir sous mon sac de couchage et elle se dandine devant moi. J’ouvre un œil, elle m’embrasse. Peu de temps après, son petit blondinet de frère, hilare, se rue vers le salon transformé en dortoir. Je ne me lasse décidément pas de l’entendre m’appeler « Choufi ».

    Samedi soir, un spectacle de danse contemporaine d’Alain Patel, à l’Opéra de Lille : « Pitié ! » ou « La passion selon saint Matthieu » de J.S. Bach, réorchestré. J’ai été émue par les chanteurs et la musique, impressionnée par le travail des corps et leur expression. Je n’ai pas « adoré » mais j’ai trouvé ça intéressant.

    Le lendemain, retour sur Paris, juste à temps pour écouter un ami du Rainbow Symphony Orchestrajouer à l’espace des Blancs-Manteaux. J’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir des suites de « Carmen », seul opéra que je possède dans ma collection de disques, ainsi que Gershwin et « Un Américain à Paris », qu’il composa après sa rencontre avec Ravel. J’écoutai souvent cette pièce dans le car qui m’emmenait le dimanche soir, à l’aube de l’adolescence, vers mon pensionnat à Baden-Baden.

    Après le concert, nous avons bu un vrai chocolat chaud dans un café voisin. Puis une autre halte à l’Imprévu Café, rue Quincampoix, pour un vin chaud entre filles, cette fois.