Dimanche matin. Les quelques secondes de montée des marches dans mon pyjama léger me fait sentir tout le piquant du froid glacial. Ce midi, repas landais de rôti de magrets de canard fourrés de belles tranches de foie gras et surmonté de figues et brocolis arrosés de miel. Après le café qui se prolonge délicieusement, nous allons en ville. Boby nous emmène dans le joli espace fleuri Van Gogh où fut interné l’artiste puis nous furetons longuement dans les rayons de la librairie Actes Sud. Il faudra vraiment que je revienne … C’est un bonheur de visiter la ville avec un passionné d’histoire tel que Boby. Malgré le froid mordant, nous ne pouvons résister à sa joie visible de nous faire découvrir un détail dans la façade, une cour cachée recélant des trésors ou de partager des souvenirs de promenade avec Monique. Dans le quartier de l’Hauture, le préféré de Boby, nous admirons la major avant d’emprunter une superbe rue pavée, l’ancienne rue des Baptêmes, pour descendre jusqu’aux Arènes. De là, Boby nous entraîne jusqu’au théâtre antique d’Arles, datant d’avant JC, et nous admirons la représentation de l’édifice imposant et majestueux qu’il fut avant d’être endommagé.
En attendant nos invités, nous retournons au chaud dans la maison accueillante. Notre luciole rayonne de bonheur. Tandis que O. s'entretient avec Gilles, je découvre, troublée, que mon histoire et celle de M. ont des similitudes. Par moments, je surprend le regard un peu distrait de Boby. Largué ou rêveur ? Heureux, je crois, tout simplement du bonheur de voir réunis ce groupe qui est d'abord là pour lui. Au dessert, son regard se voile d'une tristesse qui ne m'échappe pas. Je me penche, le serre, l'embrasse. Je sais. Nous vivons nos derniers instants ensemble. Bientôt, ce sera la dernière nuit ensemble. Le lendemain matin, lever aux aurores pour nous accompagner jusqu'en Avignon. Sur le quai, les conversations se veulent légères mais notre sensible luciole a déjà disparu, elle ne veut pas que nous voyions ses yeux briller. Dans le train, je dors beaucoup et je pense à lui que nous avons laissé. J'ai hâte de le revoir et d'entendre sa voix rugueuse rire comme celle d'un enfant. En septembre, tu as dit ?