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2yeux2oreilles - Page 163

  • Soirée littérature érotique

    "Ce n'est pas le plaisir, c'est le mouvement qu'il imprime, c'est le changement qu'il demande, harcèle et devant lequel il retombe, brisé, rompu, couronné d'une jouissance, liquéfié, achevé, béat, mais la volupté cache sa défaite."
    Paul Valéry In cahiers, II Éros

     

    Lectures de textes érotiques de Georges Bataille, Anaïs Nin, Henry Gougaud, Stephen Vizinczey (Louis Calaferte) par la Cie Enascor : Anne Véronique Brodsky, Lionel Rondeau et Julien Avril, mise en musique de Romain Volpe.

     

    Soirée littérature érotique demain, mardi 18 mars, à 20h30 au café littéraire :

    l'Ogre à Plumes

    49-51, rue Jean-Pierre Timbaud

    Paris 11ème

    M° Parmentier

     

    On peut manger sur place ou dans un des restaurants sénégalais de la rue, par exemple à l'île de Gorée au n° 70 ...

     
  • Bonne nuit mon chéri

    Elle dit :

    « Pendant des années, je lui ai dit bonne nuit avant de dormir. Parce que chaque nuit peut être la dernière. Et puis, un jour j’en ai eu marre. Maintenant je me couche sans dire bonne nuit, et ça me rend malade."

    A ce moment là, j’ai eu envie de l’embrasser. Elle avait les larmes aux yeux. Tant d’espoirs déçus, d’élans retenus. Tant d’amour. Juste une petite phrase. Est-ce que c'est si désagréable de mettre un sourire sur son visage ?

  • Commence à me gonfler sérieux...

    Ce midi, en soupirant, je pensais « Faudrait que je me calme là ». Et puis, je me suis posé la question : « Ai-je envie de me calmer ? ». La réponse est non.

    J’ai envie d’aller au conflit et de lui dire qu’il commence sérieusement à me gonfler. C'est la saison.

    Je sais qu’il le faut, d'ailleurs, parce que maintenant, dès qu’il débarque dans mon bureau ou que je vois son nom apparaître sur mon téléphone, je me raidis, je serre les dents et que mon agacement est de plus en plus perceptible, quand je ne le fusille pas du regard.

    Ca fait un moment que ça monte. Je l’aimais bien pourtant, quand il est arrivé. Et de fait, il est plutôt sympa. Il me faisait sourire, en réunion, dans son jean ajusté, ses santiags et  sa chemise ouverte sur chaînes en or qui brillent, à la Pacino. Il ne lui manquait pas grand-chose pour être élégant, à côté de mon big boss, bien plus jeune mais bourré de tics, et tout raide dans son costard à rayures.

    Sa première grave erreur, ça a été d’essayer de se la jouer paternaliste avec moi. Je n’aime pas ça en général, je ne l’accepte pas du tout dans le travail, et encore moins d’un homme qui est mon boss et pourrait presque être mon père.  Il m’a dit un truc un jour, et là, je me suis promis « toi mon coco, je vais te la faire ravaler, celle-là ».

    Une de ses vérités préférées, c’est « dans une meute, il y a toujours un dominant ». Sous-entendu, lui, bien sûr. La première fois qu’il nous l’a servie à table, j’ai grincé des dents. Meute, dominant, s’il se considère comme un animal, moi non.

    La rupture est venue le jour où il a fait un méga coup de vice à un de mes jeunes collaborateurs. Mon collab’ est venu me voir, paniqué. Il se voyait déjà viré. Comme je suis très rancunière, j’ai résolu le problème à ma façon.

    Ensuite, j’ai commencé à boycotter les déjeuners parce qu’il avait choisi comme bouffon du roi un collègue que j’aime beaucoup mais qui n’a pas de répondant. L’entendre, lui, charrier un mec dévoué et compétent sur le ton du « T’es un peu con, mon garçon » parce qu’il est calme et plutôt rêveur, et voir les autres glousser comme des groupies dès que le chef balançait une vanne, ça me faisait pas rire et je me retenais même difficilement de les envoyer chier à sa place. Y’a des moments où je me fais vraiment violence.

    Et là, depuis quelques semaines, je ne fais même plus semblant. J’en ai marre de sa mauvaise foi, de ses ronds de jambe, que ce soit toujours nous qui avons mal compris et jamais lui qui s’est planté. Il a des méthodes de dressage à la militaire que je ne supporte pas.  

    Donc ça va péter. De toute façon, j’ai décidé de refuser la mascarade de l’entretien d’évaluation annuelle cette année. Je ne suis plus à ça près …

  • Mott street

    free music

    J’aurais dû aller courir, tiens. J'ai hésité, renoncé. Le soleil était absent, je manquais d’énergie. J’ai préféré me caler sur ma chaise longue en cuir, dans mon pyjama japonisant. « Breakfast tea », confiture de fraises maison sur des crumpets farineux malencontreusement rebaptisés « muffins »par ED, tiens, ça me donne des envies de bagels au cream cheese.

    Et me voilà à New York, lors de mon premier voyage, le nez en l’air. Bagels, carrot cakes, pastrami sandwiches, canards laqués de Mott street.

    Le téléphone sonne, un ami, je l’écoute en buvant mon thé brûlant du bout des lèvres. Il raconte une étreinte passionnée. Ca me fait rêver de dos tournés, de moues boudeuses, de peaux qui se frôlent comme par inadvertance, de mains qui s’égarent vers des chemins connus, d’odeurs, de souffles, les yeux fermés, la bouche ouverte. Je raccroche un peu plus tard et là, bam, sans crier gare, des idées noires, ou plutôt grises.

    Alors je me grise, dans un bar quelconque, d’un kir puis deux, au sirop de rose, c’est doux, ça me fleurit la bouche, et mes paupières sont comme deux pétales buvant l’eau du ciel.

    Sur l’écran de mes 17 ans, une gamine rejoue mes errances. Ses yeux sont secs et ses mots déshumanisés me font l’effet d’un coup de poing. « Mignonnet », a dit ma copine, en sortant. Non, pas du tout. Pathétique, désespérant, triste à pleurer. Je me souviens, comme si c’était hier, de mes nuits sans sommeil, du gâteau d’anniversaire que j’ai soufflé, le cœur serré. Trop jeune, trop vieille, toujours trop. J’ai repris mon vélo qui avait pris la pluie, lui. Selle mouillée, fesses mouillées, pas de lumière, pas de gilet, pas de casque. Pas bien, Sophie. Suffit d’une fois, on dit.

    Et puis, sur un autre écran, un preux chevalier, jailli non pas d’une forêt légendaire, mais tombé d’un olivier, vole à mon secours. Il me fait rire, éclater de rire même. Vous savez comment on dit « spéculum » en provençal ? Escartefigue ….  
  • Münsingen (2)

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    Il y a 2 jours, je dînais chez mon amie Esperanza, momentanément célibataire et sans enfants. Après avoir évoqué la soirée de samedi dernier et le concert des Starloozes, je lui racontai mes récentes retrouvailles, sur un site internet, avec d’anciens camarades de classe.

    Après un garçon dont je ne suis même pas sûre que nous ayons partagé la même classe à Châteaudun, tranche de ma vie que j’ai raconté , ce sont mes amis d’Allemagne qui réapparaissent soudain.

    Mon enfance dans le camp militaire de Münsingen, au cœur d'une forêt du Jura souabe, est une des plus belles périodes de ma vie, surtout en raison du cadre exceptionnel dans lequel je grandissais et de mon immersion, après la Nouvelle-Calédonie, en pays étranger, ce qui allait constituer le terreau de mon goût pour la différence. Difficile aussi parce que c’est là, entre 7 et 13 ans, que ma personnalité s’est construite.

    En lisant une note de Lancelot, je me suis souvenue aussi de la cruauté des enfants entre eux. Des blessures que j'ai infligées plus que de celles que j’aurais subie, parce qu’étant gamine, j’étais assez meneuse et rarement chahutée. Sauf pendant la courte période où j’ai porté des lunettes et qu’on m’appelait «serpent à sonnettes ». Je reparlerai dans un prochain billet de ces mots et gestes qu’on regrette encore, des années après.

    A Münsingen, ma suprématie résidait dans le fait que j’avais réussi à faire gober aux gosses de la cité-cadres que je n’étais pas la fille de mes parents mais un être venu d’ailleurs aux supers pouvoirs. Comment ? Il faudrait le leur demander mais je crois me souvenir que la raison principale de cette adoration venait de mes bras. Figurez-vous que depuis toujours, j’ai un super pouvoir que je dois à ma très grande souplesse : j’arrive à passer mes bras joints au-dessus de ma tête et jusqu’aux fesses sans plier les coudes. Vous suivez ? Sinon, c’est pas grave, je fais des démo sur demande ;)

    Ma souplesse me permettait donc de m’enrouler et me contorsionner comme personne, et quand il fallait se faufiler dans une ouverture étroite ou aller explorer un bunker au fin fond de la forêt, j’étais toujours volontaire. Je me la pétais grave, quoi. Sur ce plan-là, je n’ai pas beaucoup changé.

    Téméraire, casse-cou, souvent perchée dans les arbres ou à me battre avec les garçons qui nous fouettaient les fesses à coups de branches (les salauds !), je rendais le mythe de Super Sophie plus crédible en courant au ralenti avec le bruit de fond, comme Super Jaimie. Trop marrant quand j’y repense !

    Notre occupation favorite était la construction de cabanes et les bagarres avec les petits allemands auxquels je dois une partie de mon vocabulaire. Je sais au moins dire « grosse merde » et « trou du cul » dans cette langue. Pour les cabanes, on avait de quoi faire, en pleine forêt.

    Notre cité-cadres avait la forme d’un U et se trouvait sur une petite butte. Nous étions des FFA (Forces Françaises en Allemagne) et à ce titre, les voitures de nos parents avaient des plaques bleues.

    D’un côté de la cité, en contrebas, le camp militaire, son foyer, son cinéma, l’économat, l’école primaire où allait mon petit frère, le mess des « souzoff’ », le vaguemestre, la chapelle et les baraquements dans lesquels s’entassaient les bidasses. Une ville dans la ville où langue et argent étaient français. De l’autre côté, dans un bois qui nous paraissait immense, se dressait le château du colonel, lieu hautement mystérieux que nous n’étions autorisés à investir qu’à Pâques pour y chercher des œufs. Et puis, en contrebas, la caserne de gendarmerie et l’école primaire.

    J’ai eu 2 maîtres d’école qui faisait la classe dans la même salle aux CE1, CE2, CM1 et CM2. L’un d’eux, M. Masson, un moustachu tonitruant qui fumait la pipe, était adepte du coup de pied au cul. Il en mettait de violents à sa fille, G., j’en garde un souvenir horrifié, et nous on se prenait souvent des claques.  Ensuite, il y eut M. Gonin qui fut beaucoup moins impulsif.

    L’hiver était ma saison préférée. Je descendais en luge à travers le bois et sous un mètre de neige, le toit de notre école se chargeait de stalactites. A la récré, on faisait des glissades sur la glace de la cour et on se battait à coups de boules de neige. Le soir, après l’école, on se laissait tomber en arrière dans la neige et on restait là de longues minutes à regarder le ciel blanc résonnant du coassement de nombreux corbeaux noirs. On n’avait pas froid dans nos combinaisons et bottes fourrées. Moi, j’avais une paire de bottes en poil de vache dont j’étais très fière. Les flocons de neige glacée fondaient doucement sur nos visages. Aujourd’hui, ces oiseaux que d’autres trouvent laids et lugubres m’évoquent immanquablement d’heureux souvenirs. Je me souviens aussi qu’on avait construit un igloo avec des boîtes en bois, à l’arrière de l’école. L’odeur associée à cette époque est, outre celle de la pipe, celle de l’encre qu’utilisait les maîtres pour imprimer des feuilles.

    La première à m’avoir contactée, c’est Nathalie Je ne sais pas quels souvenirs elle a de cette période. Moi je me souviens que même si on était copines, notre groupe d’enfants n’était pas gentil avec elle. Nathalie était un peu « bouboule » comme on dit et elle était la proie de moqueries cruelles. C’était une gamine réservée qui par moments entrait dans des accès de violence dont j’ai fait les frais, un soir après l’école. Elle m’a mis un coup de rondin et je suis rentrée chez moi avec un bel œuf sur le front. J’ai failli m’en reprendre une quand ma mère m’a traînée chez la sienne pour lui faire constater l’étendue des dégâts et qu’elle a appris que Nathalie m’avait castagnée parce que je me moquais d’elle, avec d’autres. C’est peut-être cet épisode qui a fait qu’aujourd’hui, je supporte mal qu’on se moque du physique de quelqu’un.

    Nathalie se souvient, comme moi, de cette anecdote. Il y en a une autre qu’elle a peut-être oubliée. Elle avait trouvé dans la poubelle familiale une BD porno appartenant à son père. Format livre de poche, c’était une Gulliver au féminin, avec tout ce qu’il faut là où il faut - comme dirait Tonnegrande -, qui se faisait attraper et ligoter au sol par une bande de lilliputiens pervers. Un de mes premiers grands émois sexuels, on devait avoir 10 ans.

    Après Nathalie, la « mafia de Münsingen » se recompose lentement.

    Catherine, dont le nom m’est bien connu mais le visage oublié, m’envoie un mail où elle reparle de nos parties de saut à l’élastique et de marelle et aussi d’un petit blond dont nous aurions toutes les 2 été amoureuses. Le petit blond, je m’en souviens très bien, il avait un nom exotique venu de l’Est, mais pas de souvenir d’avoir été amoureuse de lui. Tiens, justement, je retrouve le petit blond en question, qui habite dans mon département et confirme « Non, non, à Münsingen, c’est moi qui étais amoureux de toi ».

    Ah bon ? Faut croire que mon incapacité à voir qu’un garçon s’intéresse à moi ne date pas d’hier …

    A suivre …