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2yeux2oreilles - Page 166

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    free music

     

    Un jour d'été, sur une plage de Crozon déserte. 

    J'ai 13 ans, j'écoute cette chanson en boucle. Face à la mer, j'hurle dans le vent iodé qui me pique la gorge.

    L'avenir m'appartient et je fixe un horizon ouvert sur la vie.

    Comme aujourd'hui.

  • Quand Wajdi et Oh!91 jouent à "Qui a la plus grosse"

    O : D’où tu m’as sorti tes temps de natation ?

    W : C’était une estimation. T’as fini par les atteindre ?

    O : Non, j’ai enchaîné grippes et tendinites.

    W : Mdr

    En lisant ce dialogue il y a quelques jours, j’ai piqué une crise de fou-rire devant mon écran. Je me revoyais, il y a quelques mois, dans le bassin d’une piscine avec mon ami Oh !91 qui après avoir jeté un œil sur le chrono, enchaînait les longueurs. Il tentait de relever le défi que lui avait lancé notre ami le boxeur.

    Pourtant, j’ai essayé de te dissuader, tu t’en souviens, Oh!91 ?

    A chaque fin de chronométrage, tu soufflais « Putain, comment il fait ce petit con ? »

    Je te regardais d’un œil mi agacé mi amusé en te disant « Laisse tomber, c’est du bidon ses temps, il fait ça pour te provoquer, j’suis sûre qu’il nage même pas … ».

    Mais non, tu ne voulais pas m’écouter. Ah, l’orgueil masculin !

    Hier soir, quand en te retrouvant dans le bassin, je t’ai rappelé ce dialogue entre vous et que tu as réalisé que tu t’étais battu contre des performances virtuelles, on est partis dans une crise de fou-rire comme jamais encore.

    « T’as failli te taper un lumbago avec ses conneries », je t’ai dit.

    Te voir plié en deux de rire, accroché au rebord, au point d’en avoir mal au crâne, crois-moi, Oh!91, ça m’a fait un bien fou. Autant qu’à toi. Dans le silence de la piscine, on a fait du bruit en cascade. Les nageurs imperturbables jetaient des coups d’œil intrigués aux deux barges qui se fendaient la poire comme des gamins. Il a duré longtemps, ce rire libérateur, presque désespéré, qui nous réconciliait avec la réalité. Et tu sais quoi ? Je me suis surprise à regretter qu’il soit pas là pour se marrer avec nous, avant que je lui fasse boire la tasse.

    Ah ! Au fait, Oh!91, tu me dois toujours une bouteille de champagne, mon salaud. Si t’as cru m’endormir, c’est raté …

  • Jean-Pierre Aumont

    Décidément, c’est la journée …

    En ce moment, comme souvent, il y a un tournage de film dans notre bâtiment. Des fois, on se demande si on bosse ici ou si la boîte s’est transformée en studio. Mon boss n’en peut plus de faire le kéké auprès des assistantes de prod’ toutes jeunettes.

    On m’a demandé d’afficher le logo d’une société extérieure sur les écrans de notre accueil, pour le tournage d’une scène ce matin. Je balance ma programmation hier, tranquille, je la montre aux assistantes du régisseur, tout va bien.

    Ce matin, je croise mon boss en arrivant, je lui dis que le logo est en place et que je balance le mail d’info aux salariés , pour ne pas qu’ils s’étonnent. A 10h30, je reçois un appel de l’assistante de prod’ qui me demande si mon boss m’a informée que le tournage est annulé. « Je l’ai appelé hier soir pour lui dire que notre acteur principal est souffrant, et que le tournage est reporté, vous pouvez donc supprimer l’affichage » dit-elle.

    Comme mon boss se fait un malin plaisir à nous prendre en faute quand on oublie un truc, même sans importance (il est pas méchant, juste un peu moqueur), quand il est passé dans mon bureau, je lui fait remarquer qu’il ne m’avait pas prévenue du changement, en me croisant ce matin, et que le mail d’info était parti. Il a bredouillé 2-3 trucs et notamment que l’acteur, Jean-Pierre Aumont, était souffrant.

    Une fois reparti, A., la quinqua qui bosse avec moi (celle qui me ramène des frometons, accessoirement) me dit : »C’est qui, Jean-Pierre Aumont ? ». Je lui réponds « J’sais plus, c’est un vieux ». Quelques minutes plus tard, elle me dit « Ben, il est mort ! ».

    Moi, absorbé dans mon boulot (si, si !), je réponds « Qui ? ».

    « Ben, Jean-Pierre Aumont ! C’est écrit sur internet : décédé le 30 janvier 2001 »

    Crise de fou-rire et conneries en rafale :

    « Ben, au moins, il souffre plus ! »

    « A ce stade, il est plus vieux, il est momifié.. »

    J’ai hâte de retrouver mon boss à la cantine ce midi.

    Je vais lui dire « Au fait, Jean-Pierre Aumont, on risque de l’attendre longtemps, il est mort il y a 7 ans … »

  • 2 ans déjà !

    2yeux2oreilles a 2 ans aujourd’hui.

    Que dire en ce jour étrange, pour plein de raisons qui n’ont rien à voir avec cet anniversaire ? Je vais essayer de faire abstraction de mes préoccupations pour me consacrer à ce billet.

    Tout d’abord, c’est passé vite !

    Je suis toujours inspirée, les 2 yeux et 2 oreilles grands ouverts et je n’ai aucune intention d’arrêter. Besoin de faire des pauses, parfois, tout au plus.

    Que m’apporte mon blog ? Je n’y cherche pas de réponses sur moi-même, contrairement à d’autres.

    C’est d’abord le plaisir d’écrire, que j’éprouve à chaque premier mot d’un billet.

    Plus récemment, le plaisir de jouer avec les mots en maniant, avec une certaine dextérité semble-t-il, métaphores et symboles. Ma façon à moi de transformer la confidence en jeu.

    Celui de sourire, rire franchement même parfois, ou bouillir en lisant vos commentaires.

    De bouder aussi, ça je sais bien faire.

    Le plaisir de découvrir vos univers et vos mots. D’être touchée en plein cœur. D’avoir envie de vous rencontrer et de l’avoir fait, quand c’était possible.

    Qu’elles soient restées virtuelles ou devenues réelles, j’ai fait de merveilleuses rencontres, vécu des émotions fortes et de beaux moments de tendresse avec vous, hommes et femmes de tous âges.

    Certain(e) s pourraient être mes frères, sœurs, parents, amants, amis.

    Certain(e) s le sont. Et certains ne le seront jamais.

    Merci d’être vous.

  • A toi je suis soumise

    Il m'a prise dès le réveil. Encore endormie, roulant tantôt sur le dos, le visage tourné vers lui, paisible, tantôt sur le ventre, le nez dans les oreillers chargés de mon odeur, je sentais son énergie apaisante irradier la chambre obscure. Ensuite, comme chaque dimanche, je me suis réveillée doucement en m’évadant vers des contrées lointaines qu’il visite souvent, tout en buvant un thé aux oranges et en mordant dans des tartines croustillantes. M’étirant comme un chat au réveil, j’ai savouré sa présence discrète, promesse d’une journée réussie.

    Je me suis habillée léger en ce matin de février. Ma peau au sortir de l’hiver avait faim de ses caresses, je voulais lui offrir ma blancheur virginale pour qu’il y imprime son empreinte. A chaque retrouvailles, il m’embrasse d’abord doucement, m’effleure avec délicatesse. Il sait que sous le feu de sa passion, mes yeux s’allument de mille reflets dorés. Ce n’est que quand il sent sa propre odeur sur moi, quand ma peau chauffée à son contact et gorgée de plaisir exhale une odeur de cuir chaud vanillé qu’il commence à me mordre. Avec le temps, j’ai appris à le quitter juste à temps, avant que le plaisir ne laisse place à la douleur.

    Plus tard, sur mon vélo, j'ai filé dans les rues, traversant les carrefours à toute allure et évitant de justesse les piétons imprudents. Sur la jolie place d'un square, près d'un manège d'enfants, il était là. Ses lèvres étaient fraîches comme un baiser à la neige.

    Nous nous sommes retrouvés à la terrasse d’un café. Il était face à moi et je me retenais de fermer les yeux pour savourer la chaleur qui montait à mes joues. Son regard balayait avec gourmandise chaque parcelle de mon épiderme laiteux. Il s'immiscait dans le creux de mes seins dont j’ai regretté le décolleté trop sage, caressait les boucles sur ma nuque et rosissait mes joues charnues qui parfois appellent les morsures. Ce contact léger et constant, si troublant, me donna envie de glisser au fond de mon siège, de renverser la tête en arrière et d’offrir mon cou à sa bouche impérieuse. Mais je me connais. Je n’arrive pas à m’arrêter quand il commence à me posséder. Mon trouble eût été trop visible et le spectacle indécent aux yeux de nos voisins de table.

    Vers 16h, il m’avait plongée dans un état de torpeur et de bien-être tel que j’ai eu envie de lui, encore. J’avais beau essayer de me hâter pour le retrouver, je me déplaçais lentement, toute alanguie par la torpeur dans laquelle il m’avait plongée. Il ne me restait plus que quelques heures pour profiter de lui. Je cherchais un endroit où nous serions enfin seuls, tranquilles. Sur le toit terrasse d’un centre commercial déserté, à l’abri des regards, je me suis allongée devant lui. J’ai enfin pu fermer les yeux et me laisser aller sous ses caresses. Il était moins intense, déjà, peut-être triste de notre séparation imminente.

    Quand il a disparu, j’ai eu froid. Un froid glacial. J’ai rangé mon livre, croisé les bras sur mon manteau et le menton rentré, les épaules contractées, j’ai marché dans les rues qui s’assombrissaient.

    J'ai alors repensé à une jolie phrase lue ailleurs.

    « Mais j’ai su à cet instant que l’hiver était mort et que bientôt nous fêterons son enterrement.

    Et j’avais le sourire aux lèvres. »