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2yeux2oreilles - Page 169

  • Un dimanche matin

    Tu me réveilles en te lovant derrière moi. A travers l'épais rideau de velours, je devine le soleil. Une belle journée. Je me tourne vers toi, avec un sourire. Tu as compris. "On va courir? ".

    Dix minutes plus tard, après un verre d'eau, on marche jusqu'au stade. Plusieurs coureurs sont déjà là. On étire nos muscles engourdis et puis on part. Bizarrement, on a la même foulée. Tu ne me parles pas parce que tu sais que je n'arrive pas à parler et courir en même temps. Ca m'essouffle. Les gens qui nous croisent te regardent, parce que tu es beau. Moi c'est clair, je ne suis pas à mon avantage, décoiffée, pas maquillée et surtout rouge comme une écrevisse. Ils doivent croire que je vais faire un malaise. La première fois, toi-même tu t'es inquiété. "Ca va ?" tu m'as demandé.  

    45 minutes plus tard, on finit en marchant et en soufflant. Toi, tu fais des moulinets avec tes bras. Tu es en sueur, le dos trempé, moi non, mais presque violette. On rit. On s'étire pendant de longues minutes. En repartant on est légers. Après une bonne douche, tu grilles des toasts et du bacon. T'as un super timing pour tout cuire en même temps, les oeufs, le pain, le bacon. Moi j'oublie régulièrement le bacon dans le four et tu râles parce que c'est du biscuit. Je m'occupe du thé. On mange avec appétit en regardant "Grands gourmands". Ce soir, on se fera un ciné, sûrement.

    Avance rapide.

    Je me réveille et allume mon portable. 10h, ça va, une bonne heure pour se réveiller un dimanche. J'allume la télé, je regarde dehors, un beau soleil. Une belle journée d'hiver. Je vais aller nager, tiens. Je file dans la cuisine, plus de pain, par bonheur, mon coloc' a encore des toasts. Je sors le beurre du frigo, j'en mets 2 dans le four, position grill. Coupe 4 tranches de fromage. Je surveille les toasts, faut pas que ça crame sinon j'aurai rien à manger. Je réchauffe du café et pose le tout sur un plateau en inox "Lenôtre" récupéré au boulot. Me remets sous la couette après avoir stabilisé le plateau sur mon lit. Ca m'étonne encore de ne jamais l'avoir renversé dans mon lit. Je bouquine en attendant que "Echappées belles" commence. Une vieille dame inconnue parle à l'écran, elle est belle, digne, écrivain apparemment, ancienne prof. Elle parle de la Grèce, de la démocratie, de son jardin, du bonheur, des nouvelles qu'elle écrit encore. Je n'arrive plus à me concentrer sur "Le maître et Marguerite", je laisse tomber le bouquin et écoute la vieille dame. Jacqueline de Romilly, elle s'appelle, la classe !

    "Echappées belles" m'emmène au Maroc, aujourd'hui. A Ouarzazate, précisément, ou la population vit du cinéma et du tourisme. Oasis, dunes, sourires, danses, femmes qui tissent, artisans fiers de ce qu'ils font, entrepreneurs soucieux de faire du tourisme intelligent, un touriste qui dit, ému "Ils nous prennent pour des rois, mais ce sont eux, les rois". Ca me rappelle un brouillon de billet sur le tourisme, faudra que je le publie un de ces jours.

    Sitôt l'émission terminée, je passe sous la douche vite fait, enfile un col roulé et saute sur mon vélo, direction la piscine. "Exceptionnellement fermée jusqu'à 14h". ! "Fais chier" je marmonne entre mes dents, j'étais trop motivée pour faire du sport. Je ne reviendrai pas à 14h, j'ai envie de faire du sport, maintenant. Bon, je vais en profiter pour aller au marché, tiens, et acheter du poisson. Tant pis, j'y vais comme ça, genre saut du lit, pourvu que je n'y croise pas l'homme de ma vie. Vous avez remarqué que c'est souvent quand on se sent invisible qu'on se fait draguer ? Je gare mon vélo sur le trottoir d'en face et j'envoie un sms à mon ex-collègue Lionel "Si t'as envie d'un café, je suis au marché". J'y crois pas trop vu qu'en général il n'est pas encore réveillé à cette heure-là. Je décide d'attendre les promos de fin de marché en buvant un café. Les petites nanas qui tiennent le stand de café sont très sympas. Il y a là deux potes, la quarantaine, qui discutent d'un air absorbé, une mère de famille qui a posé son gosse sur le comptoir, un couple d'amoureux qui boivent leur café les yeux dans les yeux, encore tout émerveillés de la nuit qu'ils viennent de passer, sans doute. Je feuillette des brochures de voyage, Samarcande (c'est ou? ah oui, Ouzbekistan, waouh ça a l'air trop beau), Lisbonne (tiens, Jean-Pascal, qu'est ce qu'il devient, pas de chance, je parle à son répondeur), Budapest, Prague, Dublin (c'est marrant, ils font un circuit de visite de tous les incontournables que je n'ai jamais visités là-bas, à part l'usine Guinness ...). Les maraîchers commencent à remballer leurs marchandises. Je vais chez le poissonnier, celui qui a de beaux yeux bleus, je demande à sa collègue comment cuire les harengs frais. Il me taquine comme chaque semaine "quand est-ce qu'on mange ensemble ?". Quand tu ne seras plus marié, je lui réponds avec un clin d'oeil. Je remonte sur mon vélo, arrive chez moi, mon coloc est réveillé et tout excité. "T'es prête, Fiso, à écouter le son qu'on a enregistré hier soir?". Toujours prête, Fiso. On danse pendant que je lui raconte mon après-midi au hamam avec Esperanza et que je me plains de la piscine fermée. P'tain, faut que je fasse du sport, pas possible que j'attaque la semaine comme ça. "Bon, c'est décidé, je vais courir, à plus".

    Baskets, sweat à capuche, les clés du biper et de mon U autour du cou, lecteur MP3 dans la poche, je remonte sur le vélo. Je vais sûrement pas courir longtemps, vu que ça fait plusieurs mois que j'ai arrêté à cause d'un début de douleur au genou gauche et que je suis presque à jeun, mais c'est pas grave, j'ai juste envie de respirer le froid mordant, de sentir le soleil et l'odeur de la mousse. Nova a décidé de passer du reggae, pas top pour le jogging, je me mets d'abord Mika, puis ça me saoûle alors j'écoute les morceaux de FM que j'ai enregistrés. Y'a Sade qui essaie de me foutre le cafard avec "King of sorrow". Pas cette fois, ma belle, j'ai déjà donné l'autre jour. Daft Punk qui me booste sur "Around the world", je zappe Moriarty et "Jimmy", superbe mais trop lent là, tout de suite, je m'envole sur Collie Buddz et son "Blind to You Hater'z" qui déchire. Je croise des couples, je les envie de courir ensemble, même sans parler, juste entendre le souffle de l'autre à côté, rassurante béquille quand on faiblit. Je tourne le visage vers le soleil. Je suis triste de courir seule et fière d'avoir continué, seule, et d'y trouver le même plaisir, même sans toasts et bacon après. J'aimerais bien prendre le petit déj avec quelqu'un. Juste pour pas manger seule. Lui, là, tiens, avec son bonnet enfoncé sur les yeux, j'aime bien son style, il a des airs de Rocky, massif, boxeur même si ça se trouve.

    Quand j'arrête, j'ai fait 6 tours de parc. 1 heure de course. Je suis trop fière, j'aurais jamais cru tenir aussi longtemps. Je m'étire, lègère, en regardant le ciel bleu. Ca va être une bonne semaine, je le sens.

    free music
  • Big up pour les Starloozes

    Ca fait plusieurs semaines que je découvre au fur et à mesure des enregistrements, les dernières compositions des Starloozes. A chaque retour d'enregistrement, mon coloc' me fait écouter le dernier morceau enregistré, sur lequel ils ont posé les cuivres, le chant etc. J'ai d'abord eu les versions instru, et puis au fur et à mesure, les instruments se sont ajoutés, et ça déchire grave ! Du reggae, bien sûr, mon préféré étant "El Dub", trop smooth, et puis aussi des morceaux bien funky dans le style de "T plays it cool", ci-dessus, bijou de Marvin Gaye sur la BO de "Trouble Man".

    Je connais déjà tous les morceaux par coeur, ça veut dire qu'au prochain concert, je vais déchirer en chauffeuse de salle moi aussi.

    La bonne nouvelle du jour, que j'ai eu en rentrant de mon jogging, c'est qu'ils seront en concert les samedis 1er mars et 26 avril au pub O'Gradys à Saint-Ouen. Je vous le rappelerai d'ici là, bien sûr. Ca fait près d'un an qu'ils n'ont pas fait de concert et que j'attends avec impatience de pouvoir y emmener Oh!91 et y retrouver d'autres amis. Donc j'suis trop contente !

  • Les Tolstoi

    6b1e6c0304b0a13da5f49a6a82a31c35.jpgHier soir, j'ai entraîné mon ami "Dyvyne", grand adepte de la littérature russe, au théâtre des deux Portes, ancienne école du mime Marceau, ou se jouait la pièce "Les Tolstoi, journal intime". Je dois préciser que je n'ai jamais lu un seul roman de Tolstoi et je ne connais rien de sa vie.

    Basée sur les lettres et journaux intimes de Léon et Sonia (qui s'appelait Sophia en fait, j'y tiens), cette pièce met en scène 2 comédiens époustouflants. Déjà, quelle drôle d'idée que ces journaux intimes que chacun des époux s'échangeaient et lisaient chaque soir ! C'est complètement à l'opposé de l'idée même d'intimité, pour moi.

    J'ai découvert Léon Tolstoi et ai eu envie de le lire, enfin. Un Tolstoi attendrissant, très porté sur la chose ("Quelle virilité, mon mari, à 60 ans !" s'écrie Sonia), amoureux de sa femme jusqu'à la fin de sa vie, qui rêve de solitude et d'abstinence sexuelle, mais est incapable de s'y résoudre. Des rôles physiques, sans doute épuisants (la pièce dure près de 2 heures et demie), des larmes, des cris, des plaintes, des "Que je suis malheureuse" suivis de "Comme je t'aime, mon mari".

    Sonia, sa femme, qui nous confie avec un sourire mutin : "c'est arrivé ! je suis encore enceinte! " (ils eurent douze enfants). Elle le hait et l'aime tout à la fois, à travers tous ses errements, même quand il plonge dans le mystique. Un moment grandiose, vraiment, et très émouvant. Beaucoup d'érotisme dans ces caresses et ces baisers échangés. Le théâtre, c'est vraiment magique.

    «Si un homme a beaucoup plus qu'il ne faut, c'est que d'autres manquent du nécessaire.»
    [ Léon Tolstoï ]

  • La métanalyse

    Mercredi soir, je suis allée suivre une conférence sur "la famille olympienne' à l'Entrepôt, le ciné-resto-concert du 14ème, ou j'ai mes habitudes. Il s'agissait d'une présentation par sa créatrice, Marielle Garel, d'une méthode de thérapie - la métanalyse - "élaborée à partir de la technique d'amplification de Jung". Ou soigner maux physiques, questions, dépression par les mythes. Marie Louise Von Franz, collaboratrice de Jung, s'est intéressé aux contes, et en particulier ceux de Grimm.

    La psychogénéalogie, vous connaissez ? L'influence de l'histoire de votre famille sur votre vie, vos choix, votre psychologie, vous y croyez ? Dans mon cas, rien de particulier mais j'ai déjà lu ou entendu des anecdotes troublantes sur d'autres familles.

    Dans la galerie de l'Entrepôt, entourés des oeuvres apaisantes de Philippe Desloubières et Cécylia Olszewska, j'ai d'abord été frappée par l'étrange personne qu'est Marielle. J'aime analyser la première impression que me laissent les gens que je rencontre. Certains cachent une sensibilité trop grande derrière des armures diverses, froideur, maquillage, vêtements stricts, d'autres au contraire sont à nu. J'ai observé Mme Garel, la cinquantaine passée, toute vêtue de noir, une sorte de sarouel que je n'imaginerais sur personne d'autre qu'elle et surtout pas sur moi, cheveux rougeoyants, rouge à lèvres sombre, presque noir. Le genre de personne que j'éviterais, d'instinct, dans un lieu public. Et pourtant. Elle a posé sur moi ses yeux bleus pétillants, et son regard m'a troublée (c'est drôle comme en ce moment je suis sensible aux regards), elle souriait d'un vrai sourire et au fur et à mesure qu'elle présentait son parcours, théâtre, morphopsychologie, travail avec les enfants, astrologie, je lui ai trouvé quelque chose d'une petite fille émouvante. Et puis, elle a évoqué la mort de son mari il y a 3 ans et je lui ai trouvé beaucoup de courage d"avoir continué à aller vers les autres, sans lui.

    Revenons à la métanalyse. Marielle s'intéresse particulièrement aux mythes olympiens, une structure patriarcale qu'elle trouve parfaitement adaptée à nos sociétés occidentales.

    Sur un tableau, elle a retracé l'origine de l'Olympe et transposé dans le monde moderne l'histoire des dieux. Le père qui refuse de voir ses enfants et les empêche d'avoir une existence propre (Ouranos), la mère universelle, Gaia, qui pousse son fils, Cronos, à castrer le père et prendre sa place. Cronos reproduit le même schéma que son père, et par peur d'être détrôné par ses enfants, les dévore tous (dans nos sociétés actuelles, c'est par exemple, un père qui met une telle pression à ses enfants qu'ils échouent tous). Marielle affirme que souvent d'ailleurs, l'aîné a du mal à reprendre la succession du père. Cronos dévore tous ses enfants, sauf le dernier, Zeus, que Rhéa sauve en le confiant aux Naiades. Le dernier, dit Marielle, est souvent le préféré d'une fratrie. Zeus pour éviter lui aussi d'être détrôné par ses enfants, tue sa femme, Métis, pour devenir la mère de ses enfants et ainsi éviter la mort du père. L'enfant qui naît est une fille, certes, mais une fille avec un cerveau d'homme : Athéna, déesse de l'intelligence et de la guerre. Marielle compare Athéna aux femmes intellos ou politiciennes d'aujourd'hui.

    Cette soirée était intéressante même si je l'ai surtout perçue comme une mise en bouche trop superficielle. Elle m'a donné envie, non pas de m'intéresser à cette technique, qui me paraît un peu gadget, mais de relire l'histoire de la mythologie grecque.

    Je me demande d'ailleurs pourquoi je me suis toujours si peu intéressée aux mythes et contes. C'est un fait. En tout cas, je vais profiter de mon passage à la bibli aujourd'hui pour emprunter "Ma vie"de Jung.

  • Les petits rêves rient

    Ce matin, je voyage. Oh!91 me fait rêver de thé à la menthe en Syrie et de chocolat chaud coiffé de crème fouettée en Hongrie, je somnole sur un lit de jasmin à Tlemcen avant de me perdre avec Aïn dans Fès. Ou plus simplement, à 3 heures de train, en Arles comme ils disent là-bas, je me penche au-dessus d’un pot de confiture de citres qui cède en faisant « ploc » avant de siroter une mauresque bien fraîche en discutant de petites choses qui font du bien au coeur.  

    Bon, c’est pas le tout, mais il me reste 3 semaines de vacances à prendre avant fin mai.

    J’ai envie de voir la mosquée bleue s'allumer d'un toit d' Istanbul. De sauter dans un tramway de Lisbonne pour un endroit sombre où mes yeux se rempliront d'eau en écoutant du fado.

    Et vous, vous avez envie d’aller où, là, tout de suite ?