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Gens (d'ici et d'ailleurs) - Page 19

  • Mes soeurs

    Sa jeunesse, sa fraîcheur, ses cigarettes, son chat, ses longs cheveux noirs et bouclés, sa voix rauque et son prénom qui est celui de ma sœur de sang. Je serai toujours son irlandaise. Elle a été la première de mes sœurs virtuelles.

    Ses mots improbables, tricotés d’émotions, sa noirceur, parfois, ses angoisses, souvent, sa présence discrète, sa chaleur qui manque quand elle part, comme un chat qui pose sur vous ses coussinets de velours rose. Son sourire de gamine, ses photos coquines, ses « et je t’embrasse fort ». Elle m’a conquise sans que je m’en aperçoive, elle est devenue celle qui compte.  

    Sa silhouette longiligne, son profil de statue grecque, ses boucles noires (encore !), sa longue main qui lance un baiser du fond d’un taxi sur la rue de Rivoli, et moi qui marche seule, au soleil, rêveuse, avec dans la bouche la saveur moelleuse des pancakes et les yeux qui brillent du bonheur de ces moments volés, entre deux avions.

    Ses yeux de chat, sublimes sous la visière du casque, sa discrétion, son charme irrésistible, sa voix si sensuelle à laquelle j’aime laisser des messages. Elle est belle, fragile, émouvante. Elle a un nom d’homme mais la grâce d’une princesse au petit pois.

    Ses chaussures, son humour, ses baisers ailés qui m’agaçaient avant que je ne la rencontre et que je découvre qu’elle était tout sauf cucu la praline. Une bonne dose d’autodérision et du romantisme qui pointe, ça et là. La vraie bonne copine, sans rivalités, sans chichis, celle qui te prend entre 4 yeux, comme un mec. C’est son côté garçon manqué qui me séduit le plus.

    Son élégance, son rire cristallin, ses yeux fermés quand elle danse, sa folie quand elle sautille dans tous les sens et que je dois la traîner dehors. Y'en a pas une pour rattraper l'autre, dans ses moments-là. Ses carnets d'écriture, sa sensibilité, ses rêves de prince charmant, sa façon de se réfugier dans mes bras quand elle est malheureuse. Elle m'a peut-être trouvée dure, parfois mais ma tendresse pour elle est sans limites. 

    La maturité m'a rendue plus sereine. J'ai grandi entourée de frères et ces femmes sont mes soeurs, désormais.

  • Autour de ZORG

    Hier soir, au 1er étage du Chao Ba, découvert grâce à Orpheus et avec Lancelot, puis arrosé avec Sélène, Violaine et Chambre 419 (d’ailleurs, c’est quand la prochaine ?), 6 blogueurs trinquent au plaisir d’être ensemble. Et aussi à Bougrenette, à l’absence omniprésente.   

    On m’avait confié une mission délicate. Préférence de ZORG : un endroit « où on peut grignoter debout et s’il y a de la musique c’est encore mieux », requête du Papillon aux ailes pailletées de rouge : « vers le 8ème ou Clichy ». Dans notre groupe de blogueurs, j’étais la seule à avoir un blog à prédominance culinaire. La plupart se rencontraient pour la première fois et 2 d’entre eux ne connaissaient aucun de nous : Deftones75, le petit nouveau de la blogosphère (qui m'imaginait grande et sèche, ahum) et Caliste, que j’avais croisé ici et là mais jamais lu.

    On n’a pas grignoté debout et il n’y eut pas de musique ; j’avais pourtant une furieuse envie de danser. Que dire ? J’ai beaucoup ri, entre Deftones75 et VéroPapillon qui pense à se reconvertir en blog animalier. Des histoires de hérisson, de jogging sans soutif et de poitrine de veau, et des paillettes qui voyagent des chaussures aux joues sans qu’on comprenne bien comment (j’ai bien ma p’tite idée, moi….)

    Comme PrincessOnLine arborait une peau parfaitement hâlée, on a parlé d’autres voyages, aussi, le Maghreb, l’Asie, l’Europe du nord, la Suisse (tiens ?).

    Plus tard, autour d’un repas servi par un jeune homme attentionné (quand le service est bon, je le dis aussi, malheureusement je dois tenir secret le nom du restaurant car c’est le QG de P.O.L.), les conversations se firent à peine plus sérieuses.

    A ce que je sais, nous étions plusieurs, ce matin, à être encore sur un petit nuage. Le virtuel n'est savoureux que s'il rend possible le réel.

    Si Boug’ avait été là, on aurait eu un super montage photos avec des regards, des chaussures et des décolletés, velus ou non. Pour ma part, je crois que je vais organiser plus souvent ce genre de soirée.

  • Pourquoi j'ai jamais passé mon BAFA

    enfant-2.jpgBrest, un jeudi soir, il y a quelques semaines. Fatiguée de ma journée (mais surtout, je l’avoue, de mes virées nocturnes sur les routes de Bretagne), je me réfugie contre le hublot. Peu après, l’hôtesse se penche vers moi :

    « Madame, ça ne vous dérange pas si je place 2 enfants non accompagnés à côté de vous ? » Je pense « Et merde, je ne vais pas pouvoir pioncer tranquille » mais je réponds « Non, non, bien sûr ! ». Une gamine blonde aux joues rebondies, une dizaine d’années, s’installe à côté de moi. Visiblement intimidée, elle regarde droit devant elle. Un garçon, à peine plus vieux, cheveux en brosse, s’affale côté couloir. Nous décollons.

    Les gamins déballent les pochettes de jeux offertes par la compagnie tandis que je me plonge dans un magazine. Ma voisine de gauche ne cesse de m’observer en souriant timidement. « Comment tu t’appelles ? » je lui demande. Dix minutes plus tard, Coralie m’a eue. Me voilà en train de jouer au jeu des sept différences tandis qu’Arthur se lâche et braille, très fier de lui « Ben moi je sais comment on fait l’amour ! Tous les soirs j’entends un monsieur et une dame qui font l’amour au-dessus de ma chambre ». Coralie pouffe. Ils ne me lâcheront plus jusqu’à « l’arrivée au point de stationnement », comme dit l’hôtesse. J'ai la tête comme une pastèque et me voilà entourée d’une ribambelle de gosses qui m’escortent jusque dans l’aérogare. J’ai l’impression d’être la mère d’une famille nombreuse et je le dis à l’employé d’AF qui les guide vers leurs parents. Arthur n’en rate pas une et avec un grand sourire : « Ben oui, les enfants, le papa et la maman », dit-il en nous désignant tous les deux …

    Ce soir, Montpellier, aux alentours de 19h. Fatiguée de ma journée (mais surtout je l’avoue, de mes virées nocturnes dans Béziers, Port la Nouvelle et Sète), je rejoins la rangée 16.

    Un gamin joufflu, bouclé et constellé de taches de rousseur me jette un coup d’œil par-dessus sa console de jeux. Hormis les taches de rousseur, on dirait le fils naturel de Nicolas. Un siège nous sépare. « Ouf, il devrait me foutre la paix, celui-là ! » pensé-je en me plongeant dans un roman japonais. J' ai renoncé à bosser ; après le décollage, je dormirai sans doute. Sauf que ... Après le décollage, l’hôtesse se penche sur la rangée suivante « Ben alors ma toutoune, qu’est ce qui se passe ? » Je devine une petite fille contre le hublot. « Tu veux venir dans la rangée de devant, avec le petit garçon qui voyage seul, lui aussi ? »

    Pour ceux qui ont suivi, ça veut dire à côté de moi. Contre toute attente, dans la minute qui suit, la gamine m’enjambe. Océane a des yeux d’un bleu profond dans un visage hâlé. Je ne lâche pas mon bouquin. Elle n’a qu’à faire la causette à Emmanuel. Bientôt, un reniflement répété, à ma droite, me tire de mon livre. Emmanuel me fixe d’un œil interrogateur genre « Ca va pas trop, à côté ». Bon, ben c’est encore mort pour que je me repose …

    Je referme mon bouquin et me penche vers elle :

    « Ca va ? » Elle lève ses beaux yeux bleus pleins de larmes vers moi : « Bof »

    « Tu habites à Montpellier ou à Paris ? » « A Montpellier ». « Tu pars en vacances à Paris ? » « Ben, c’est mon père qui fête son mariage ». « Ah c’est bien, tu vas manger plein de gâteaux ce week-end ! » (je sais, je sais, on se refait pas, dans le mariage, ce que je préfère, c’est la pièce montée … et je ne parle pas de la mariée).

    Elle hausse les épaules. Une larme roule sur sa joue duvetée. Merde, j’ai gaffé.  Quelle chienlit de faire la conversation à des gamins ! Heureusement, les hôtesses et leur chariot de boissons et snacks font diversion :

    « Ca va mieux, on dirait ! » s’exclame l’une d’elle en entendant babiller les deux gosses. Je confirme : « Ah oui, ça va beaucoup mieux …C’est toujours moi qui me les tape, les UM », je lui dis, avec un sourire goguenard. Elle rit : « Ah zut ! Je suis désolée, vous voulez changer de place ? ». « Non, non, ça va aller, à quoi serviraient les passagères qui voyagent seules, sinon ? » Nous discutons du métier quelques instants. « Et, sans vouloir être indiscrète,  vous faîtes quoi, maintenant ? » demande-t-elle. « Ne vous inquiétez pas, la reconversion est possible », lui dis-je dans un clin d’œil.

    A ma droite, Océane déballe sa pochette surprise. Je me surprends à guetter avec excitation à quoi on va jouer aujourd’hui (ben oui, vous vous avez peut-être encore de l’espoir mais moi, à ce stade, j’ai déjà compris). Alors, voyons voir ce qu’on a aujourd’hui … : un jeu de dames / échecs magnétiques et des cartes de QCM écologiques. Je me coucherai moins conne ce soir, je suis désormais imbattable sur le délai de dégradation d’un mouchoir, une peau de banane, une canette de soda ou un chewing-gum abandonnés dans la nature.

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    Bien sûr, pendant le voyage, les deux gamins me racontent leur vie. Le frère d’Emmanuel a sauté d’une falaise de 10 mètres. « Quand tu sautes d’une falaise de 10 mètres, t’as le choix entre t’exploser la tronche sur les rochers ou tomber dans l’eau et faire un plat, ben mon frère il a choisi le plat ».  La maison d’Océane compte 4 chiens, 4 ordinateurs et 5 télés « ben ouais, normal, on est riches » répond-elle devant mes yeux écarquillés de surprise.  Puis : « Tu te rends compte, ça fait déjà 6 ans que mon papy est mort ». « Moi mon papy, c’est la personne la plus gentille que je connaisse au monde », dit Emmanuel. Et les deux mômes de vanter les vacances chez Mamie où on fait ce qu’on veut « tranquille », on peut jouer à la DS touuuuuute la journée et se lever à 5h du matin si on veut. La belle-mère d’Océane lui a confisqué sa DS tout un été et elle n’a « rien eu à faire d’autre que de dormir ». Moi la seule DS que je connais, c’est la bagnole décrété voiture officielle de la présidence par de Gaulle. Je suis vraiment out.

    Arrivés à Orly, je retrouve mes deux gamins flanqués de leurs papas. Je me retiens de lancer à celui d’Océane « Et tu remets ça, t’as le moral, mon pote ! »

  • Faisait pas un temps à mettre 3 blogueuses dehors ...

    Le Café du Rendez-Vous, bel endroit pour une rencontre avec Gicerilla, initiée par Bougrenette, la fédératrice. On m'avait confié la mission (pourquoi moi, on se le demande) de dégoter un endroit "savoureux, sympathique et pas trop cher" pour un brunch paresseux.

    C'était un beau dimanche ensoleillé, j'étais d'excellente humeur et prête à dévorer un sanglier après mon jogging hebdomadaire. Le Café du Rendez-Vous, j'étais passé devant à maintes reprises, et j'avais repéré la carte, fort gourmande (j'ai appris depuis que son nom vient du fait qu'il fut un lieu de rencontre des résistants du sud de Paris pendant la seconde guerre mondiale).

    Nous fûmes d'abord prises en charge par une jeune femme aux pommettes rouges, souriante. Qu'on se le dise : le service est irréprochable au Café du Rendez-Vous. 

    Lorsque nous avons commandé un brunch comportant une farandole de festivités, elle nous a dit "Vous avez toute l'après-midi pour le savourer!"

    Réflexion plutôt surprenante vu l'affluence et quand on sait qu'habituellement, les restaurateurs ont pour principal souci de nous faire déguerpir au plus vite pour encaisser le plus de couverts possible.

    Nous ne sommes pas des femmes compliquées. La même commande pour toutes les trois. La jeune femme fut relayée par un homme fort sympathique, la cinquantaine. Quand je demandai son prénom, il répondit "Je porte chance". J'essayai de deviner ... Feràchval ? Trèfle ?

    "On me trouve à Noël"... Guy

    Guy nous apporta un panier de viennoiseries, des tartines beurrées, du pain, un « smoothie *» à la banane et une assiette d'oeufs au plat sur du bacon. Nous avons dévoré le tout, recommandé du café, bavardé, ri. Ca a bien pris une heure. Repues, on nous débarrasse pour nous amener ... des planches de charcuterie et fromage. Nous poussâmes de grands cris de surprise "Ah, on avait oublié qu'il y avait les planches ! Si j'avais su, je ne me serais pas gavée de pain". Moi j'ai réussi à presque tout finir, on dira que c'est parce que j'avais couru avant de venir...

    Après les planches, nous eûmes encore droit à de jolis gobelets en porcelaine blanche contenant de la compote de pommes, des yaourts et des Granola.

    "Faut qu'on marche", dit Gicerilla. Guy nous a raccompagnées jusqu'à la porte, distribuant au passage des cartes du restaurant (je reviendrai, pour sûr). On a remonté l'avenue jusqu'à Port-Royal, je me suis arrêté, comme à chaque fois, devant la statue du maréchal Ney, brandissant son épée, statue érigée à l'endroit même où on le fusilla . Je l'aime particulièrement, cette statue, je la trouve majestueuse.

    Marechal_Ney_Statue_(879)[1].jpg

    Presqu'en face, le bâtiment si laid du CROUS, puis le surprenant édifice en briques rouges abritant l'Institut d'Art et d'Archéologie, classé monument historique. 

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    Il s'y tenait une petite fête, à en juger par les mélodies de zouk que j'ai entendues en collant mon oreille aux portes d'entrée. La lumière baignait les toits de Paris de reflets dorés, le froid était vif et rougissait le nez de Boug'. Plus loin encore, nous sommes entrées dans le jardin du Luxembourg. Sur le boulevard Saint-Michel, mon oeil alerte fut attiré par un drôle de bonhomme. Juché sur de curieux patins à roulettes, un type en culotte rouge, avec une sorte de képi sur la tête, était plongé dans des BD. J'appelle discrètement les filles, et paf! en photo, le papy. Intriguées par ses patins à roulettes, Gicerilla l'aborde pour lui demander ce que c'est. Ce sont des freins, dit-il, ça me permet de freiner les pieds en parallèle, comme avec des skis. La classe !

     

    Nous sommes maintenant frigorifiées, la balade n'est plus agréable, les bouts de pied gelés, il est temps de rentrer se mettre au chaud. 

    Le Café du Rendez-Vous, c'est au 2, avenue du général Leclerc (01.43.21.34.05)

    Note : Toutes les photos chez l’inimitable Boug’

    * A propos des smoothie : Je ne supporte pas cette nouvelle mode d’appeler « smoothie » des cocktails de jus de fruits ou légumes !

  • Tourment d'amour

    Conversation saisie dans le métro, entre deux amis, à chemin vers la quarantaine :

    « Tu sais quoi, notre problème, c’est qu’on a épousé des prudes et que maintenant on voudrait des cochonnes. Pourtant, c’est nous qui les avons choisies, nos femmes prudes ! »

     « Oui, c’est ça, quand on était jeunes, les femmes qui aimaient le cul nous faisaient peur. On s’amusait avec elle mais pour nous, ce n’était pas des filles sérieuses. On a épousé des femmes prudes et rassurantes, et maintenant on s'emmerde avec elles. C'est seulement à notre âge qu'on comprend que les femmes qui aiment le cul sont des femmes qui aiment la vie ! »