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Gens (d'ici et d'ailleurs) - Page 22

  • Rencontre avec B.

    Il avait répondu juste à la plupart des questions de mon test de compatibilité. En tout cas, il était passé à travers les questions éliminatoires. J’avais répondu à son test, moi aussi, et il m’avait envoyé un mail en me disant que je m’en étais plutôt bien sortie. Pas de photo sur son profil mais sa description physique et celle de son style de vie me convenaient. Dans son mail, il précisait, sans doute à cause de mon goût des voyages, qu’il était prof d’anglais.

    Un soir, nous avons chatté très cordialement une quinzaine de minutes puis il a proposé de s’appeler. On est restés 4 heures au téléphone, je crois que ça ne m’est jamais arrivé de ma vie, et à plus forte raison avec un inconnu.

    Le courant passait étonnamment bien, on a parlé couple, boulot, famille etc. Il a vécu 8 ans avec une femme qui est partie avec un de ses potes. S’intéresse à plein de choses, fait du sport et de la moto. On convient de se retrouver 2 jours plus tard pour boire un verre. Il propose de m’envoyer sa photo mais je préfère laisser le charme agir.

    Le choix de la tenue à porter, avant chaque premier rendez-vous avec un homme, est toujours un petit casse-tête. Féminine sans être aguicheuse, basique sans être stricte. J’opte pour ma petite robe fétiche en laine verte. Un col roulé aurait pourtant été plus approprié, avec la satanée grippe qui m’est tombée dessus samedi.

    Rendez-vous est pris à la porte d’Italie, à mi-chemin entre chez lui et chez moi. J’arrive avec 20 minutes d’avance, un exploit pour ceux qui me connaissent … Il faut dire que j’étais assez pressée de le rencontrer, mon rencart brun aux yeux verts.

    Je patiente et me marre intérieurement en me surprenant à guetter le moindre type qui semble attendre quelqu’un. Justement, j’en repère un qui fait les 100 pas, visiblement nerveux, et je me dis « Pourvu que ce ne soit pas lui… ». J’appelle B. pour voir si le type en question répond au téléphone, ce n’est pas le cas. Ouf.

    Quelques instants plus tard, un beau brun se dirige vers moi et là, je pense « Mmmm, ce serait bien que ce soit celui-là … » mais non, il s’engouffre dans le métro.

    En attendant B., j’envoie des sms à mon pote JM dont les réponses me font littéralement éclater de rire. Il est marié depuis plus de 10 ans et mes anecdotes de célibataire, que je lui raconte au cours de nos dîners mensuels, l’amusent beaucoup. Finalement, un type se dirige vers moi avec un sourire, c’est l’homme avec lequel j’ai rendez-vous. Bon, à priori, pas le genre de mec qui me fait flasher. Habillé sans recherche, il lui manque cet air délicieusement carnassier qui fait frémir l’échine des gazelles de mon espèce.

    On s’attable autour d’un verre au Spoutnik, le bar où je viens habituellement avec mon pote Dyvyne. D’ailleurs, ça me fait penser que ça fait un bail qu’on ne s’est pas fait une de nos soirées festives, lui et moi. On s’est ratés plusieurs fois, il faut que je le relance …

    La conversation avec B. démarre un peu laborieusement.

    Par moments, B. me parle en regardant par-dessus ses lunettes, comme le faisait mon grand-père. C'est pas le tic le plus sexy pour un homme encore jeune. La musique latina est remplacée par du ragga un peu trop bruyant et on émigre au Merle Moqueur. De toute façon, vu que j’ai le nez complètement bouché, je pourrais tout aussi bien boire de l’eau. Là, plus au calme, on arrive mieux à discuter. Il a le même humour cru que mon pote Dyvyne, j’aime bien.  Me raconte ses quelques rencontres l’année dernière, dont une femme qui disait avoir quelques kilos de trop et en avait plusieurs dizaines en superflu. Les femmes s’enlèvent souvent des kilos si elles sont dans la catégorie « rondes et plus » et les petits hommes ajoutent des centimètres à leur taille. Les deux n’hésitent pas à publier des photos datant de 10 ans pour se rajeunir.  

    Finalement, je l’emmène au Papagallo, dans la rue des Cinq Diamants. Faudra que j’arrête de prendre des moules chez eux, elles ne sont vraiment pas terribles.

    Nous nous séparons dans le métro. J’espère qu’il n’a pas flashé non plus et qu’on deviendra amis. Sur le chemin du retour, j’envoie un sms à mon pote Oh!91 : « Pas flashé mais sympa. Vivement l’astre lumineux. »

  • Aux hommes de ma vie

    P.,

    J’ai toujours senti, viscéralement, que ton indifférence envers moi masquait trop d’amour. On déteste souvent les gens qui nous sont trop semblables. Ils nous renvoient nos souffrances et nos peurs. Je suis reconnaissante de ce que tu m’as transmis. L’écoute, l’humilité, la sensibilité, le goût des mélodies. J’aurais voulu que tu soies heureux et que tu cesses de te punir.

    J.,

    Je n’oublierai jamais ce mercredi d’octobre où tu m’as abandonnée. Je ne te t’avais pas demandé grand-chose, pourtant. Juste d’être là, à la sortie, et de m’accompagner jusqu’à chez moi. Je t’ai attendu longtemps, très longtemps sur ce trottoir. Je suis rentrée seule. Dans la cuisine, fenêtre ouverte, elle pleurait. Je me suis couchée, je ne voulais pas parler, rien d’autre que le sommeil. J’étais encore une enfant. C’est peut-être ce jour-là que j’ai appris qu’on est toujours seul.

    GP.,

    « Si je la quitte, elle retournera d’où elle vient, au ruisseau » disais tu, sans doute pour justifier ta lâcheté. Non seulement t’a –t-elle fait payer son orgueil froissé, pendant ces longs mois d’agonie où elle te tenait à sa merci, mais elle t’a enterré et survécu, longtemps.

    H.,

    Du thé, des livres et des petits pois carottes à la vapeur. Misanthrope, révolté et triste.

    J’espère que tu as trouvé l’amour. Je suis presque sûre que tu parles de moi avec mépris. Tu détestais tous les gens que tu n’aimais plus.

    S.,

    A la vie, à la mort. C’est comme ça que je t’aime.

    M.,

    Je n’oublierai jamais ce jour d’hiver où tu m’as abandonnée. Ta souffrance était grande et tes mots ont lacéré mon cœur à jamais. Je n’ai rien demandé, cette fois. J’essayais de ne pas entendre mais tu insistais. Alors, je n’ai plus entendu que ça. Sur le parking, j’ai pleuré. Je me suis couchée, j’ai souri, j’ai fait semblant. Je n’étais plus une femme. C’est ce jour là que je me suis souvenue qu’on est toujours seul.

    O.,

    Tu m'as réconciliée avec moi-même mais je ne t’estime pas. Tu es un tricheur et un lâche. De la race de ceux qui n'ont aucun scrupule.

    JM.,

    Toi tu m’aimes pour la vie.Tellement et avec une indulgence si indéfectible que parfois ça m’est insupportable. Tu es comme un enfant qui pleure parce qu’il a trouvé au fond de la poubelle le collier de nouilles offert à maman. S’il y a une personne sur cette Terre qui m’aime comme je suis, c’est toi.

     

     

  • Feargus, my dearest Irish friend

    I miss you so much. I’ve been looking for you all these years and sending mails but G. told me that you could hardly read now. I keep faith, however. I don’t know if you stayed in England , returned to Ireland or moved to the country of your loved one. One day, in Dublin , I hope I’ll bump into you. Tears will then fall down my eyes. We’ll go for a pint in an old and dark pub, down in Rathmines or along the Liffey.

    Will you see the tears of joy rolling down my cheeks or will the disease have won and made you a blind man?

    I never realized how much I cared for you until I lost your trace. I am sad not to have told you that I love you. You moved me like very few people do.

    I miss your soft and calm voice, your accent as clear as crystal, your hand on my arm when we walked together, that evening. I miss the diluted blue of your eyes and the way you looked at things. I remember that wonderful evening when we shared an Indian meal in my apartment. You were sitting on the floor and you started talking about Irish history. You told the british colonization, the brutal oppression of your justice and language, the fight for independence, and all of us were quiet and listening to you. You were speaking slowly to make sure my brother and sister would understand everything, and they did. They were “drinking your words”. I loved the pride that you had about your country and people. I miss your free spirit, your wisdom and your delightful humour.

    That evening, you told us why your local pub was called “The Hole in the wall”.  Since then, I’ve been waiting for the day when you’ll take me there. We’ll talk for hours while sipping the black stuff. Like in the old days, Feargus.

     

  • Biscuits de Noël en Allemagne

    baba2f6257640e7f2c4a74f348f18e44.jpgBien que je rentre des tropiques et ai du mal à réaliser que c'est bientôt Noel, n'empêche, samedi prochain, je pars le fêter en famille. Nous avons discuté hier soir avec Igor et O. des traditions de Noel. Igor pense que nous n'avons pas de traditions en France, or dans le Nord et l'Est, on fête la Saint-Nicolas et en Provence, il y a les santons et les treize desserts. Si je connais assez bien l'Est et le Nord, la Provence, je n'y connais rien ! En Hongrie, Noel est différent apparemment mais j'ai pas trop compris en quoi, à part une histoire de soupe de poissons à 16h. En Allemagne ou j'ai grandi, la tradition veut qu'on confectionne plein de biscuits à l'approche de Noel. Ma mère a conservé cette tradition et chaque année, nous vidons ses boîtes en fer blanc avec une gourmandise non dissimulée. Moi je prépare chaque année des ginger breads que j'offre à mes amis. Ferez-vous partie des chanceux qui en dégusteront ? Sinon, en voici la recette :

    Pour 50 gâteaux environ
    Préparation 20 minutes
    ; Cuisson 1/4 d'heure
    Eléments de base : (l'unité de mesure est la tasse à café)
    2 tasses à kfé de sirop de sucre de canne - 2,5 tasses de sucre semoule - 8 tasses de farine - 2 tasses de beurre en pommade - 1 tasse de crème fraîche - 2 cuillerées à kfé de gingembre en poudre - 2 cuillerées à kfé de canelle - 2 clous de girofle
    Mélanger le sirop de sucre de canne, le sucre en poudre, la farine tamisée, le beurre fondu, la crème fraîche, le gingembre, la canelle et les clous de girofle (qui seront retirés avant cuisson).
    Travailler la pâte et la laisser reposer une journée au frais.
    Le lendemain, étendre la pâte au rouleau puis la découper à l'aide de moules de diverses formes.
    Déposer les biscuits bien espacés sur une plaque farinée et cuire de 12 à 15 minutes à 230°C, th. 7.
    Ces biscuits refroidis se conservent plusieurs jours dans une jolie boîte hermétique.

    J'ai également trouvé une multitude de recettes sur ce site.

  • Stéphane

    Il s’appelle Stéphane, il a 41 ans aujourd'hui.

    Dimanche, je sortais d’un brunch gargantuesque avec un ami quand il s’est écroulé devant nous, sur le boulevard Saint-Germain.

    Sa main tremblait, j’ai d’abord cru à une crise d’épilepsie. Quand je me suis agenouillée, il a refusé que j’appelle les secours. Il a ouvert les yeux et chuchoté « Non, n’appelez pas, je veux juste parler, s’il vous plaît ».

    Il est resté allongé un moment, pour reprendre des forces, tandis qu’une jeune femme courait lui acheter à manger et à boire (merci à elle). Puis, nous l’avons aidé à s’asseoir. Il était épuisé par le manque de sommeil et la faim, tout ce qu'il répétait, c'était : "Je veux juste parler, s'il vous plaît, quelques minutes." . Stéphane n’est pas encore abîmé. Il précise mais je l’ai compris, qu’il ne boit pas. Je lui demande de tenir aussi longtemps que possible, de ne pas tomber dans l’alcool parce qu’alors, c’est la fin. L’alcool fait oublier le froid et l’indifférence alentour et un matin, on ne se réveille pas. Stéphane répond à mes questions mais ses réponses, je les connais déjà. Pas de centres d’hébergement parce qu’on le tabasse et lui pique ses affaires. Pas de potes dans la rue pour ne pas tomber dans la picole et les embrouilles. Pas d’aides des assoc’, parce qu’il n’est pas « prioritaire ». Prioritaire, c’est sans doute quand tu es devenu un animal, à l’article de la mort, plus assez conscient pour réfléchir. Putain, comment ça te fout les boules de regarder dans les yeux un homme qui essaie de ne pas sombrer, qui pourrait être ton frère. Stéphane, lui, il n’a plus de sœur, elle est morte avec ses parents dans un accident de voiture il y a 15 ans. Comment le 5ème pays le plus riche du monde peut laisser faire ça ?

    Sur ce bout de trottoir, il n’y avait plus que nous 3. Stéphane posait des questions sur nos boulots, nos vies. Il a voulu nous raconter comment il était arrivé là.

    Il y a encore un an, Stéphane avait un appart’, une femme et un boulot. Il était commercial indépendant et passait son temps en bagnole. Jusqu’au jour où son crédit de points est arrivé à zéro et où il a perdu son permis. Plus de permis, plus de boulot. Indépendant donc pas de droit au chômage. Sa femme le quitte, il ne peut plus payer les traites de son crédit auto, on le saisit et c’est la rue. Quand je dis « Ca va vite, on est pas à l’abri », il me répond « Les gens ne savent pas ». Moi je sais, et Nicolas aussi. Stéphane dit que ça lui ferait plaisir qu'on aille boire un café ensemble. Il a une bonne bouille, Stéphane, il sourit encore. Nous avons passé près de 2 heures avec lui, à parler de choses et d’autres, à rire aussi.

    Ne jamais oublier. L’autre, c’est moi.