Il avait répondu juste à la plupart des questions de mon test de compatibilité. En tout cas, il était passé à travers les questions éliminatoires. J’avais répondu à son test, moi aussi, et il m’avait envoyé un mail en me disant que je m’en étais plutôt bien sortie. Pas de photo sur son profil mais sa description physique et celle de son style de vie me convenaient. Dans son mail, il précisait, sans doute à cause de mon goût des voyages, qu’il était prof d’anglais.
Un soir, nous avons chatté très cordialement une quinzaine de minutes puis il a proposé de s’appeler. On est restés 4 heures au téléphone, je crois que ça ne m’est jamais arrivé de ma vie, et à plus forte raison avec un inconnu.
Le courant passait étonnamment bien, on a parlé couple, boulot, famille etc. Il a vécu 8 ans avec une femme qui est partie avec un de ses potes. S’intéresse à plein de choses, fait du sport et de la moto. On convient de se retrouver 2 jours plus tard pour boire un verre. Il propose de m’envoyer sa photo mais je préfère laisser le charme agir.
Le choix de la tenue à porter, avant chaque premier rendez-vous avec un homme, est toujours un petit casse-tête. Féminine sans être aguicheuse, basique sans être stricte. J’opte pour ma petite robe fétiche en laine verte. Un col roulé aurait pourtant été plus approprié, avec la satanée grippe qui m’est tombée dessus samedi.
Rendez-vous est pris à la porte d’Italie, à mi-chemin entre chez lui et chez moi. J’arrive avec 20 minutes d’avance, un exploit pour ceux qui me connaissent … Il faut dire que j’étais assez pressée de le rencontrer, mon rencart brun aux yeux verts.
Je patiente et me marre intérieurement en me surprenant à guetter le moindre type qui semble attendre quelqu’un. Justement, j’en repère un qui fait les 100 pas, visiblement nerveux, et je me dis « Pourvu que ce ne soit pas lui… ». J’appelle B. pour voir si le type en question répond au téléphone, ce n’est pas le cas. Ouf.
Quelques instants plus tard, un beau brun se dirige vers moi et là, je pense « Mmmm, ce serait bien que ce soit celui-là … » mais non, il s’engouffre dans le métro.
En attendant B., j’envoie des sms à mon pote JM dont les réponses me font littéralement éclater de rire. Il est marié depuis plus de 10 ans et mes anecdotes de célibataire, que je lui raconte au cours de nos dîners mensuels, l’amusent beaucoup. Finalement, un type se dirige vers moi avec un sourire, c’est l’homme avec lequel j’ai rendez-vous. Bon, à priori, pas le genre de mec qui me fait flasher. Habillé sans recherche, il lui manque cet air délicieusement carnassier qui fait frémir l’échine des gazelles de mon espèce.
On s’attable autour d’un verre au Spoutnik, le bar où je viens habituellement avec mon pote Dyvyne. D’ailleurs, ça me fait penser que ça fait un bail qu’on ne s’est pas fait une de nos soirées festives, lui et moi. On s’est ratés plusieurs fois, il faut que je le relance …
La conversation avec B. démarre un peu laborieusement.
Par moments, B. me parle en regardant par-dessus ses lunettes, comme le faisait mon grand-père. C'est pas le tic le plus sexy pour un homme encore jeune. La musique latina est remplacée par du ragga un peu trop bruyant et on émigre au Merle Moqueur. De toute façon, vu que j’ai le nez complètement bouché, je pourrais tout aussi bien boire de l’eau. Là, plus au calme, on arrive mieux à discuter. Il a le même humour cru que mon pote Dyvyne, j’aime bien. Me raconte ses quelques rencontres l’année dernière, dont une femme qui disait avoir quelques kilos de trop et en avait plusieurs dizaines en superflu. Les femmes s’enlèvent souvent des kilos si elles sont dans la catégorie « rondes et plus » et les petits hommes ajoutent des centimètres à leur taille. Les deux n’hésitent pas à publier des photos datant de 10 ans pour se rajeunir.
Finalement, je l’emmène au Papagallo, dans la rue des Cinq Diamants. Faudra que j’arrête de prendre des moules chez eux, elles ne sont vraiment pas terribles.
Nous nous séparons dans le métro. J’espère qu’il n’a pas flashé non plus et qu’on deviendra amis. Sur le chemin du retour, j’envoie un sms à mon pote Oh!91 : « Pas flashé mais sympa. Vivement l’astre lumineux. »