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Gens (d'ici et d'ailleurs) - Page 23

  • Tornade hivernale

    Conversation sur MSN hier vers 19h, avec une amie :

    C. dit : Je mets ma robe à pois ! Celle en laine, il faut vraiment pas de petit bidon !!

    C. dit : Reste à trouver les chaussures, et pour moi, ce n'est pas une mince affaire !!!

    C. dit : Quoi que ça fait un peut sérieux...

    C. dit : La dernière fois que je l'ai mise, c'était pour un séminaire.... Hummm... J'hésite.... Mais il faut que je parte dans 20 mn !

    Fiso dit : lol

    Fiso dit : je peux pas t'aider ma biche, sauf si t'as une webcam lol

    C. dit : Ouais, je sais bien ! La webcam, elle est pas installée pour le moment...

    Aaahhh, horreur, malheur ! J'ai du poil aux pattes !

    Fiso dit : mdr

    tu t'en fous tu mets un collant non ?

    C. dit : Et mon collant vient de se filer...

    C. dit : Je repars à la pêche aux collants noir 25 deniers !!

    Fiso dit : tu m'éclates !

    C. dit : Oui mais il faut les bottes pour cacher les oilps !
    Alors j'ai un collant "control top" : horrible, ça gaine...Sinon, j'ai que du marron, du gris ou du chataigne !!! Arrrgggghhhh...........
    Faut pas que les bas me lâchent !
    Imagine, les bottes, elles me déchirent les bas, et je me retrouve sans collants, avec mes poils aux pattes !
    Parce qu'elles ont une fermeture éclair, et parfois,; ça nique les collants ! Si si !!!
    Je vous le donne en mille; elle s'est pointée en pantalon noir. Je l'ai rencontrée très récemment, ma copine C. J'aime son côté bourgeoise délurée et gaffeuse, sa façon de bondir sur la piste de danse, avec moi. Hier soir, elle m'avait invitée à la soirée d'anniversaire d'un couple qu'elle a rencontré cet été et pas revus depuis. Elle a fait très fort, comme d'hab.
    Un garçon jovial lui saute dessus : "C. ! Ah ben t'es là ! Cool de te voir !"
    Elle: "Ben oui, c'est R. qui m'a invitée !
    Lui : "R. ? Lequel ?
    C. : "Ben R. ! C'est son anniversaire, ce soir !" 
    Lui : "Ben ... c'est moi ! Ah, tu ne m'as pas reconnu? "
    Je vous le dis, cette fille, c'est de la bombe !
  • Couleur aubergine

    Elle surgit au coin de ma rue, appuyée sur une canne. Silhouette voûtée mais digne.

    Je m'amuse de ses brindilles arquées, habillées de chaussettes hautes couleur aubergine d'ou jaillissent des genoux pointus. J'aime bien les petites mémés. Je leur trouve souvent une élégance qui manque aux femmes plus jeunes. Celle-ci vient à ma rencontre et je pressens déjà que nous allons nous parler. C'est un phénomène dont je n'ai pris conscience que récemment mais auquel je m'abandonne à chaque fois avec délice. Comme si j'étais une sorte d'aimant à la fois apaisant et vivifiant qui fait du bien aux gens. Un puits de vie, comme l'a si joliment écrit Olivier.

    Parvenue à ma hauteur, elle ralentit, cherche mon regard et s'exclame:"Ah! J'ai eu une frayeur un instant, je me demandais ou était passée ma canne". Je m'arrête et laisse échapper un rire attendri tout en l'observant avec un intérêt non dissimulé.

    Sa peau distendue tombe sur ses joues et de fins cheveux grisonnants s'échappent de la toque en fourrure enfoncée sur son crâne. Son maigre cou de volatile dégarni est couvert d'une écharpe en laine jaune. Du tricoté main sans doute.

    Encouragée par mon sourire, elle continue "C'est pareil des fois avec mes lunettes, je les cherche alors que je les ai sur le nez!"

    Je débite des niaiseries "Ben oui, c'est drôle". "C'est pas facile vous savez!" dit-elle en souriant. "En tout cas, lui dis-je, vous êtes très élégante". "C'est vrai ?, minaude-t-elle comme une adolescente. J'ai 82 ans, ma chérie! "

    "Et bien vous êtes une très belle femme".

    " Vous aussi, vous êtes très mignonne".

    Un silence gêné a suivi. Instant furtif et magique de tendresse entre deux inconnues que 46 années séparent. J'ai eu envie de lui proposer un chocolat chaud dans un café proche. Je l'ai sentie hésitante aussi, comme me quittant à regret, chacune prisonnière de ses pudeurs respectives.

    En la regardant s'éloigner d'un pas mal assuré dans la lumière blafarde des lampadaires, seule et vulnérable, j'ai aimé penser qu'elle avait moins froid.

     

     

  • Poésie du ch'Nord

    Un mec à la tronche amochée, rencontre un copain à lui.

    -   Qu’o qui t’arrive à tyzote, te n’a eune gueule toute abimée !

    -   Ch’est m’femme qui m’avot mis eun coup d’gigot congelé dans m’geule …

    Ch’étot hier, m’femme elle étot lô en minijupe, et elle s’pinche dans l’congélateur pour prinde quequecosse.

    Alors myzote ch’sais pô c’qui m’ô pris, j’onno pô pu résister et vla ti pô que j’lô prise par derrière … Elle gueulot, elle gueulot comme une vaque, alors myzote j’continuô toudis eud plus belle.

    Et pis elle attrape eun gigot congelé et vlà ti pô que cteu folle dingue là, elle m’colle un coup sur m’gueule avec.

    -   Bah brun alors, elle aime pô l’sexe t’femme ?

    -    Si mais pô à Auchan …

    PS : On attend la version bretonne de Nicolas chez Leclerc …

  • Mon amie

    J'ai peu d'amies. A., dont le prénom signifie "espoir" et que j'ai connue au lycée. On avait 17 ans et on a mis longtemps à s'apprivoiser. On se croyais différentes mais au fond on était pareilles. La colère a construit notre indépendance. Je ne parle pas souvent d'elle parce qu'elle lit mon blog et qu'elle est pudique.

    Mon autre amie, celle dont j'ai envie de parler ce soir parce que je viens de passer une heure avec elle au téléphone, je l'ai rencontrée il y a presque 4 ans. A un moment ou j'étais en pleine détresse, devenue une étrangère pour moi-même. Incapable d'afronter les questions, peur d'être jugée, mes amis n'ont parlé qu'à mon répondeur pendant un an. Mes parents étaient loin, heureusement, et ma fratrie me laissait tranquille. On a toujours été pudique dans la famille. J'aurais voulu hiberner dans un trou et je n'arrivais même pas à faire une nuit complète. L'hiver 2003, je ne l'oublierai jamais. C'est l'hiver ou j'ai eu le plus froid de ma vie.

    Dans ce brouillard, I. croise ma route. Derrière la battante, je découvre une sensibilité exacerbée et un sens de l'écoute immense. Petit à petit, elle me raconte son histoire, similaire à la mienne, et ses blessures : manque de confiance, peur de l'abandon, sacrifices. Et puis la révolte, violente, inattendue. Le remords, comme un couteau qu'on s'enfonce et qu'on remue dans la plaie. Cette blessure là, il fallait être une femme et l'avoir vécu pour la comprendre. Alors pour la première fois, je me confie à une femme. On pleure ensemble sur nos questions sans réponse. Et puis, après de longs mois, les larmes commencent à laisser la place aux rires, au fur et à mesure qu'on se pardonne nos fautes imaginaires.

    Aujourd'hui, I. cherche toujours l'amour. J'ai souvent du mal à comprendre pourquoi ses rapports avec les hommes sont si passionnels. Notre différence, c'est qu'elle en a peur. Moi, je me nourris d'eux. Je vois ce qui nous rapproche, pas ce qui nous éloigne. Ils ont les valeurs que je ne trouve pas chez mes soeurs et qui sont miennes : la fraternité et la loyauté. Mais y'a toujours une exception à la règle. La mienne s'appelle Isabelle.

     

  • Chez Tonnegrande

    Tonnegrande nous attendait hier, dans sa jolie maison au sud de Paris. Idir et Karim, les gentils patron de l'Aéro, m'ont invitée à laisser mon vélo dans l'arrière-salle de leur bar ou je retrouvais le groupe et nous avons pris le bus tous ensemble. Il y avait Deblais, Jim qui sortait d'une soirée et n'avait pas dormi de la nuit (et pourtant rayonnant dans sa veste blanche), le vieux Jacques, Nicolas, Eric de CDLM, tout aminci, et une nouvelle très sympa, Marie, amie de Deblais.

    A l'arrivée chez Tonnegrande, nous avons installé tables et tréteaux dans le jardin. Sur la table, nous avons disposé les nombreux plats et marmites. Tonnegrande, visiblement très heureux de nous faire découvrir la cuisine de chez lui (et il y a de quoi), nous expliqua la composition de chaque plat, un à un. En attendant qu'il en fasse un bel exposé sur son blog ressucité, je vais tâcher de retranscrire ce que j'ai appris hier. Découvrir la cuisine et la culture d'un pays inconnu est toujours une fête pour moi. Je suis très attachée aux traditions et au savoir qu'on se transmet de génération en génération.

    Nous avons commencé par deux belles salades.  Une de poulet boucané à la sauce chien, agrémentée de gombos, tomates et oignons blancs : .

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    La même au poisson boucané :

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    Nous avons siroté les 3 sortes de rhums que Tonnegrande avait rapporté de son voyage : la belle Cabresse, la Cayennaise et le Coeur de Chauffe.  Tonnégrande nous a appris que l'usage voulait qu'on n'utilise qu'une cuillère pour mélanger rhum et sirop arrangé, et qu'on se la passe de convive en convive, ce que nous avons fait. Ci-dessous une vue plongeante sur le sirop arrangé, saupoudré d'anis étoilé et canelle.

     

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    Admirez l'attention de l'assemblée à la présentation faite par Tonnegrande. Ca c'est avant l'apéro ... après ça se gâte.

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    Devant nos airs interrogatifs, Tonnegrande nous a expliqué comment manger la kassave et le kwak, tous deux issus du manioc. La kassave, qui est une galette de manioc, se réhydrate en versant un peu d'eau dessus. On s'en sert pour saisir entre ses doigts poisson et poulet boucanés. Le kwak qui ressemble à une semoule grossière d'un beau jaune se réhydrate également à l'eau. Tonnegrande m'a suggéré d'écraser un avocat et de le mélanger au kwak. Cela fait une belle pâte que l'on relève d'un peu de piment et on dépose la salade de boucané dessus. C'est tout bonnement délicieux !

    Nous avons ensuite soulevé le couvercle des grosses marmites qui trônaient sur la table. J'ai servi l'assemblée : riz blanc et colombo de porc nappé d'une belle sauce crémeuse aux pommes de terre, aubergines, concombre piquant, oignons et tomates. Djibril nous avait rejoints et nous avons dégusté les punchs ramenés spécialement pour l'occasion : punch coco licoreux (merci la belle-maman de Tonnegrande), punch comou (c'est un fruit du palmier) et punch cachuète. Marie et moi sommes tombées d'accord pour attribuer la palme d'or au punch comou.

    Nous avons parlé de gastronomie et de Guyane, bien sûr.

    Tonnegrande nous a ainsi appris qu' être invité à déguster un bouillon d'awara est une grande marque d'estime. Ce plat, traditionnellement préparé à Pâques, est une sorte de pot au feu qui mijote dans un bouillon coloré constitué de la pâte d'awara, un fruit du palmier. Si vous voulez suivre en images la confection de ce plat qui semble délicieux, c'est ici. Il y a aussi plusieurs recettes guyanaises  (au passage, j'ai noté une fricassée de lézard). A noter aussi : les accras sont antillais, en Guyane, on appelle normalement ces beignets des marinades.

    Tonnegrande n'était pas retourné en Guyane depuis son départ, il y a 7 ans. Beaucoup de choses ont changé et pas en mieux, semble-t-il. L'exploitation de gisements d'or, découverts en 1992, une catastrophe écologique pour les belles forêts guyanaises. Le déversement de mercure dans ces chantiers à ceil ouvert provoque désormais de terribles malformations chez les nouveaux-nés des peuples vivant aux embouchures des fleuves. Cette ruée vers l'or a amené une immigration massive de Brésiliens et Haitiens, ce qui pose beaucoup de problèmes en termes de sécurité. L'instauration de frontières ne respecte pas la culture ancestrale de ces peuples qui ont toujours eu l'habitude de naviguer d'une rive à l'autre, en fonction des ressources naturelles. Les amérindiens sont devenus des clowns pour touristes. Le seul peuple guyanais qui, selon Tonnegrande, a réussi à préserver sa culture, est le peuple Noir-Marron. Ces descendants d'esclaves ont reconstitué leur mode de vie africain sur le fleuve Maroni et ses affluents.

    Claude, merci encore pour ce moment de partage et de convivialité. Je sais que tu as passé de nombreuses heures derrière les fourneaux pour nous et je t'en remercie. J'espère que nous avons fait honneur à ton hospitalité. Quand à moi, je vais me remettre en contact avec Laura, repartie en Guyane il y a peu, et tâcher de programmer un voyage là-bas pas plus tard que l'année prochaine !  

    A la tienne, Claude !

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